Le Mont Rushmore : Plus qu’un Visage, une Histoire Monumentale et Ses Ombrages ⛰️🇺🇸
Le Mont Rushmore, emblème incontournable du paysage américain, est bien plus qu’une simple sculpture monumentale. C’est un pan de l’histoire des États-Unis gravé dans la roche, un pôle d’attraction touristique majeur et un sujet de controverses profondes. Situé au cœur des Black Hills, dans le Dakota du Sud, ce mémorial de granite attire des millions de visiteurs chaque année, chacun venant contempler les visages colossaux de quatre présidents américains qui ont marqué l’histoire de la nation. Plongeons dans l’univers de cette œuvre titanesque, de sa géologie à ses implications culturelles et historiques.
Un Géant de Granite au Cœur des Black Hills 🏞️
Le Mont Rushmore se dresse majestueusement dans le massif des Black Hills, une chaîne de montagnes située dans le sud-ouest du Dakota du Sud. Administrativement, il se trouve sur le territoire de la ville de Keystone, à environ 3,5 kilomètres au sud-ouest, et à 30 kilomètres au sud-sud-ouest de Rapid City, une ville plus importante de la région. Le mémorial s’étend sur une vaste superficie de 5,17 kilomètres carrés et culmine à une altitude de 1 745 mètres. Les sculptures elles-mêmes sont situées à une altitude d’environ 1 700 mètres, tandis que les bâtiments d’accueil pour les visiteurs se trouvent une centaine de mètres plus bas, à environ 1 600 mètres d’altitude.
Le paysage environnant est caractérisé par un relief vallonné et boisé, typique des Black Hills, offrant une vue imprenable sur les sommets environnants. Bien que le mont Rushmore soit un sommet notable, son proéminence, mesurée à 123 mètres, indique qu’il n’est pas le plus élevé de son voisinage immédiat, le sommet le plus proche étant à seulement 1,8 kilomètre à l’ouest.
L’ensemble des eaux de pluie qui tombent sur le Mont Rushmore s’écoulent vers le Battle Creek, un affluent de la rivière Cheyenne. Cette dernière, à son tour, se jette dans la rivière Missouri, qui fait partie du vaste bassin versant du fleuve Mississippi, le plus grand système fluvial d’Amérique du Nord.
La Toponymie : Entre Racines Autochtones et Histoires Coloniales 📜
Avant de prendre son nom actuel, le Mont Rushmore était connu sous diverses appellations, révélant la richesse de son histoire et des peuples qui l’ont habité. Les Amérindiens Lakotas (Sioux), qui considéraient cette montagne comme un lieu sacré, la nommaient Tȟuŋkášila Šákpe, signifiant « six grands-pères », ou encore Igmútȟaŋka Pahá, la « montagne du cougar ». Les colons, quant à eux, lui attribuèrent des noms descriptifs tels que Cougar Mountain, Sugarloaf Mountain, Slaughterhouse Mountain ou Keystone Cliffs.
Le nom qui prévaut aujourd’hui, Mont Rushmore, lui fut officiellement attribué en 1930. Il rend hommage à Charles E. Rushmore, un avocat de New York, qui remarqua la montagne lors d’une expédition d’exploration en 1885. Cette rencontre fortuite avec le paysage, en compagnie de David Swanzey et Bill Challis, a ainsi inscrit le nom de cet avocat dans l’histoire d’un monument qui deviendrait une icône mondiale.
La Géologie : Les Fondations d’un Chef-d’œuvre Perpétuel 🗿💎
La montagne du Mont Rushmore est principalement composée de granite, une roche ignée intrusive. Ce massif de granite constitue un batholite, une formation géologique massive et courante dans la région des Black Hills. Ce batholite est inséré dans des roches plus anciennes, des schistes, formées il y a environ 1,6 milliard d’années, durant le Précambrien. Le refroidissement de ces roches en fusion a donné naissance à diverses inclusions minérales, notamment du quartz, du feldspath, de la muscovite et de la biotite. Des dykes de pegmatite, des filons de roche claire, sont également visibles et contribuent aux variations de coloration des visages sculptés des présidents.
L’histoire géologique du Mont Rushmore est celle d’une formation et d’une résilience remarquables. Le granite a subi une érosion significative durant le Précambrien, mais il fut ensuite recouvert de roches sablonneuses pendant le Cambrien, ce qui le protégea de l’érosion pendant des millions d’années. Il y a environ 70 millions d’années, la zone fut soulevée à une altitude impressionnante de 6 000 mètres au-dessus du niveau de la mer, résultat de la poussée générée par le mouvement de la plaque tectonique nord-américaine. L’érosion ultérieure a progressivement abaissé la hauteur moyenne de la région à environ 1 200 mètres aujourd’hui, tout en dégageant les zones de transition entre le granite et le schiste noir sous le visage de George Washington.
Cette composition géologique particulière a été un facteur déterminant dans le choix du site par le sculpteur Gutzon Borglum. Le granite du Mont Rushmore ne s’érode en effet que de 2,5 centimètres tous les 10 000 ans, une caractéristique qui en fait un matériau exceptionnellement durable pour une sculpture monumentale. Sa solidité est également suffisante pour supporter le poids considérable des sculptures, assurant ainsi leur pérennité pour les générations futures.
Le Climat : Des Conditions Météorologiques Marquées 🌬️❄️☀️
Le Mont Rushmore est caractérisé par un climat continental humide, avec des variations saisonnières prononcées. La région reçoit annuellement environ 460 mm de précipitations, une quantité qui est inégalement répartie tout au long de l’année. Les mois de mai et juin sont généralement les plus pluvieux, tandis que les hivers sont froids et secs. Durant la saison estivale, le relief montagneux favorise l’apparition d’orages, qui sont souvent brefs mais peuvent être d’une grande violence.
Les relevés météorologiques, basés sur les normales climatiques de 1991 à 2020 et les extrêmes enregistrés depuis 1962, offrent un aperçu détaillé des conditions climatiques :
- Températures minimales moyennes (°C): Elles varient de −7,6 °C en février à 15,1 °C en juillet.
- Températures moyennes (°C): Les moyennes mensuelles s’étendent de −2,6 °C en février à 20,5 °C en juillet, avec une moyenne annuelle de 7,6 °C.
- Températures maximales moyennes (°C): De 2,4 °C en février à 25,9 °C en juillet, pour une moyenne annuelle de 12,8 °C.
Les extrêmes de température sont également significatifs :
- Record de froid (°C): Le record de froid a atteint −39 °C en janvier.
- Record de chaleur (°C): Le record de chaleur est de 38 °C, enregistré en juillet.
En ce qui concerne les précipitations, les données montrent une variabilité entre les mois, avec des totaux annuels qui peuvent varier (613 mm selon un relevé spécifique). La région reçoit également des chutes de neige, avec un total annuel d’environ 151 cm, les mois de février, mars et avril étant les plus enneigés. Le nombre de jours avec précipitations est d’environ 101,5 par an, et les jours de neige sont au nombre de 26,5 en moyenne.
Ces conditions climatiques, avec leurs variations de température et de précipitations, influencent à la fois l’érosion naturelle du site et les conditions de travail pour l’entretien du monument, contribuant à la particularité de son environnement.
Faune et Flore : Un Écosystème Montagnard Riche 🦌🌳
La faune et la flore du Mont Rushmore sont représentatives de la biodiversité des Black Hills environnantes, formant un écosystème montagnard riche et équilibré.
La Faune 🦊🦅
Le ciel au-dessus du Mont Rushmore est le domaine de plusieurs espèces d’oiseaux, notamment :
- L’Urubu à tête rouge.
- Le majestueux Pygargue à tête blanche, symbole national des États-Unis.
- Divers rapaces du genre Accipiter.
- Des sittelles et des pics, qui animent les forêts de conifères.
Au sol, une variété de mammifères peuple le mémorial et ses environs :
- Les tamias.
- Les mouffettes et les porcs-épics.
- Les ratons laveurs et les castors.
- Les coyotes.
- Les mouflons canadiens (Bighorn Sheep).
- Le lynx roux.
Les deux ruisseaux qui drainent le site, nommés « Grizzly Bear » et « Starling Basin », sont également des habitats pour des espèces aquatiques, abritant notamment l’omble de fontaine, un poisson prisé. Une particularité de la faune locale est la présence de la chèvre des montagnes Rocheuses, une espèce introduite en 1924, offerte par le Canada au parc d’État Custer, voisin du Mont Rushmore. Ces chèvres se sont échappées et ont depuis colonisé toute la région du mémorial, s’adaptant parfaitement à l’environnement.
La Flore 🌲🌼
La végétation du Mont Rushmore et de ses basses altitudes est dominée par les conifères, avec une prédominance du pin Ponderosa. On trouve également d’autres espèces d’arbres comme les chênes, les épicéas et les peupliers, contribuant à la diversité forestière. Neuf espèces différentes d’arbrisseaux sont aussi présentes, ajoutant à la richesse du sous-bois.
Les prairies et les zones boisées sont égayées par une variété de fleurs sauvages, parmi lesquelles le muflier, le tournesol et la violette. En altitude, la flore devient naturellement plus clairsemée, s’adaptant aux conditions plus rudes.
La couverture végétale joue un rôle essentiel dans la protection des sols contre l’érosion, un aspect crucial pour la préservation du site. Des barrages naturels retiennent également l’eau de pluie, assurant ainsi un approvisionnement en eau constant pour les animaux tout au long de l’année. De plus, la roche sédimentaire sous-jacente abrite des nappes aquifères qui restituent leur eau par des sources, contribuant à la vitalité de l’écosystème.
La région est également sujette aux feux de forêt, avec une occurrence moyenne d’un incendie tous les 27 ans, comme en témoignent les traces laissées sur les troncs des vieux arbres. Ces incendies sont généralement mineurs, à quelques exceptions près, et font partie du cycle écologique naturel de la forêt.
L’Histoire d’un Mémorial : De l’Idée aux Sculptures Colossales 🏗️📜
L’histoire du Mont Rushmore est une saga de vision, de défis techniques et de controverses. Elle commence bien avant la première dynamite, avec les peuples autochtones et leurs liens profonds avec cette terre.
L’Occupation Autochtone et la Question des Terres 🦅
Avant toute idée de mémorial, le Mont Rushmore était un lieu sacré pour les autochtones, en particulier les Amérindiens Lakotas. Il faisait partie intégrante de l’itinéraire du chef Lakota Black Elk (Cerf Noir) lors d’un voyage spirituel important qui le mena au sommet d’un pic voisin portant aujourd’hui son nom.
Cependant, l’histoire de cette région est aussi marquée par les conflits. Après une série de batailles, dont la célèbre Bataille de Little Bighorn entre 1876 et 1877, les États-Unis, attirés par les richesses de l’Ouest, conquirent les territoires qui avaient été accordés aux autochtones par le traité de Fort Laramie de 1868. Cette rupture du traité et la perte des terres sacrées constituent le fondement de la controverse qui entoure encore aujourd’hui le Mont Rushmore. Il est à noter que, historiquement, les Lakotas eux-mêmes avaient conquis cette région par la force en chassant les tribus Cheyennes en 1776, ce qui complexifie la narration historique des droits territoriaux.
La Genèse de la Sculpture : Un Projet Fou 🛠️
L’idée de sculpter la montagne émerge pour la première fois en 1923, sous l’impulsion de l’historien Doane Robinson. Son objectif principal était de favoriser le tourisme local dans la région des Black Hills du Dakota du Sud.
En 1924, Robinson parvient à convaincre le célèbre sculpteur Gutzon Borglum de visiter la montagne pour évaluer la faisabilité d’un tel projet. Borglum n’était pas un novice en matière de sculptures monumentales ; il avait déjà réalisé un immense bas-relief pour un mémorial célébrant les chefs des États confédérés sur la montagne Stone Mountain en Géorgie.
Le plan original de Robinson prévoyait de sculpter les aiguilles granitiques des Needles, également dans les Black Hills. Cependant, Borglum se rend rapidement compte que la roche érodée de cette formation est trop friable pour supporter la sculpture et ses détails complexes. Son choix se porte alors sur le Mont Rushmore, qu’il apprécie pour sa hauteur et son excellente exposition au soleil, des critères cruciaux pour une œuvre de cette envergure. C’est en voyant le Mont Rushmore que Borglum prononce cette phrase emblématique : « L’Amérique défilera le long de cette ligne d’horizon ».
Le Lancement Officiel et le Choix des Présidents 🇺🇸
Après de longues négociations impliquant le président américain Calvin Coolidge et une délégation du Congrès, le projet reçoit enfin l’approbation officielle. Une commission nationale du mémorial du Mont Rushmore est autorisée et lancée le 3 mars 1925. Le président Coolidge insiste personnellement pour que, en plus de George Washington, deux républicains et un démocrate soient sculptés, assurant ainsi une représentation politique équilibrée.
Les travaux de sculpture débutent le 4 octobre 1927 et se poursuivent jusqu’au 31 octobre 1941. Durant cette période, Gutzon Borglum et une équipe de 400 ouvriers se sont attelés à la tâche colossale de sculpter les quatre visages, chacun mesurant 18 mètres de hauteur. L’objectif était de commémorer les 150 premières années de l’histoire des États-Unis à travers ces figures présidentielles.
Les présidents ont été choisis par Borglum en fonction de leurs rôles respectifs dans la sauvegarde et l’expansion du territoire national :
- George Washington (1732-1799) : Il représente la naissance de la nation en tant que premier président des États-Unis.
- Thomas Jefferson (1743-1826) : Il symbolise l’expansion de la nation, notamment grâce à l’acquisition de la Louisiane à la France en 1803.
- Abraham Lincoln (1809-1865) : Il incarne la préservation de la nation pour son rôle crucial durant la Guerre de Sécession.
- Theodore Roosevelt (1858-1919) : Il représente le développement de la nation, notamment par la construction du canal de Panama, qui permit de relier l’Est et l’Ouest du pays par voie maritime.
Les Travaux et les Défis de la Sculpture 👷♂️💥
En 1933, le Service national des parcs (National Park Service) prend le mémorial sous sa juridiction, apportant un soutien crucial au projet en améliorant les infrastructures. Par exemple, une voie ferrée est améliorée pour faciliter l’accès des ouvriers au sommet de la montagne, optimisant ainsi l’efficacité des travaux.
La réalisation des visages fut un processus long et complexe, non sans difficultés :
- Le visage de Washington fut le premier achevé, inauguré le 4 juillet 1934.
- La sculpture de Thomas Jefferson nécessita deux tentatives de la part de Borglum. Sa première tentative, à droite de George Washington, fut compromise par un défaut dans le granite, forçant le sculpteur à effacer ce premier essai à coups d’explosifs en 1934. Le deuxième portrait de Jefferson, cette fois-ci à gauche de Washington, fut inauguré en 1936.
- Le visage d’Abraham Lincoln fut inauguré le 17 septembre 1937.
- Enfin, le visage de Theodore Roosevelt fut inauguré en 1939.
Un fait remarquable de la construction est qu’aucun ouvrier n’a trouvé la mort durant les travaux, ce qui est une prouesse notable pour l’époque et les techniques utilisées, incluant le creusement de la roche parfois à la dynamite. Le coût total de l’œuvre s’éleva à 989 992,32 dollars.
Le Projet Inachevé et la Vision de Borglum 🏗️💭
Le projet initial de Gutzon Borglum était plus ambitieux que ce que nous voyons aujourd’hui. Il prévoyait de réaliser non seulement les visages, mais aussi le haut du tronc des quatre présidents. Cependant, l’insuffisance des fonds sonna la fin des travaux, et seules les têtes furent achevées.
Borglum avait également imaginé la création d’un panneau géant avec des lettres dorées de 2,44 mètres de hauteur, reprenant des faits historiques majeurs tels que la Déclaration d’Indépendance, la Constitution américaine, l’achat de la Louisiane, et sept autres acquisitions territoriales comme l’Alaska ou le Texas. Cette vision d’un « panneau de l’histoire » témoigne de son désir de graver l’essence même de la nation dans la roche.
L’atelier du sculpteur (Sculptor’s Studio), qui abrite aujourd’hui une exposition de moules en plâtre et d’outils ayant servi à la réalisation de la sculpture, fut construit en 1939 sous la direction de Borglum. Gutzon Borglum décéda d’une embolie en mars 1941, laissant son fils, Lincoln Borglum, poursuivre le projet. Mais le manque de fonds persistant mit un terme définitif aux travaux peu après.
La « Chambre des Archives » : Un Héritage Caché 🕰️🔒
Une des ambitions les plus fascinantes de Borglum était la création d’une chambre creusée dans la roche, destinée à servir de « Chambre des Archives » ou « Hall of Records ». Sa construction, planifiée par Borglum, dut être interrompue en 1941 faute de fonds et ne reprit jamais.
Cependant, la volonté de Borglum fut partiellement honorée en 1998. Un coffre en teck, protégé par une couche de titane et enchâssé dans la roche à l’entrée de la chambre originelle, fut déposé. Ce coffre contient seize panneaux en porcelaine émaillée. Ces panneaux fournissent des explications essentielles :
- Comment le Mont Rushmore a été choisi comme site des sculptures.
- Qui les a réalisées.
- Les raisons ayant conduit au choix des quatre présidents.
- Une brève histoire des États-Unis.
Borglum avait initialement prévu d’y placer le texte de la Déclaration d’Indépendance, de la Constitution, de l’histoire américaine, et les biographies des quatre présidents ainsi que la sienne. La plaque de pierre qui scelle le dépôt porte une citation emblématique de Borglum, reflétant sa vision de pérennité : « […] permettez-nous de placer ici, gravé en grand, aussi près que possible du ciel, les mots de nos dirigeants, leurs visages, pour montrer à la postérité quelle sorte d’hommes ils étaient. Priez ensuite pour que ces archives résistent jusqu’à ce que seuls le vent et la pluie les emportent par usure. ».
L’Entretien et les Améliorations Modernes 🔧🚿
Dans les années 1990, d’importants travaux ont été réalisés pour améliorer les infrastructures d’accueil des visiteurs, incluant un musée, une maison du tourisme et des sentiers balisés, afin d’optimiser l’expérience des millions de personnes qui visitent le site chaque année.
L’entretien d’une telle œuvre monumentale est un défi continu. Chaque année, des ouvriers cordistes escaladent les sculptures pour les inspecter et effectuer des travaux de maintenance. Le 8 juillet 2005, la société allemande Kärcher, célèbre pour ses nettoyeurs haute pression, a mené une opération marketing spectaculaire en nettoyant la sculpture avec de l’eau pressurisée et chauffée à 95 °C, ravivant ainsi l’éclat des visages.
Controverses : Le Revers de la Médaille 💔✊
Malgré son statut d’icône nationale, le Mont Rushmore est un sujet de controverse majeur, en particulier pour les Amérindiens Lakotas. Cette discorde est profondément enracinée dans l’histoire de la conquête des terres de l’Ouest et les traités brisés.
La Perte des Terres Sacrées 💔
Pour les Lakotas, le Mont Rushmore est situé sur des terres qui leur ont été retirées de force après une série de guerres contre l’État fédéral américain, notamment entre 1876 et 1877. Ces terres avaient pourtant été garanties à la nation Lakota par le traité de Fort Laramie de 1868. Les Lakotas considèrent ces collines comme sacrées, une dimension spirituelle qui rend la présence du mémorial d’autant plus offensante. Comme mentionné précédemment, la complexité de cette histoire est accrue par le fait que les historiens suggèrent que les Lakotas eux-mêmes avaient conquis la région par la force en chassant les tribus Cheyennes en 1776.
Les Protestations et les Accusations de Racisme ✊
La frustration et le sentiment d’injustice ont mené à des actes de protestation. En 1971, des membres de mouvements autochtones ont occupé le monument pour manifester leur désapprobation, le rebaptisant symboliquement « Mont Crazy Horse ». À cette occasion, le chaman John Fire (connu sous son nom autochtone Cerf Boiteux) a prié sur la montagne pour commémorer la promesse non tenue des Blancs à la suite de la rupture du traité.
Pour certains, le monument revêt un caractère raciste. Les quatre présidents sculptés étaient en fonction lors de l’acquisition des terres ancestrales appartenant aux autochtones, ce qui peut être interprété comme une indication de la supériorité des Blancs sur les nations autochtones. La construction d’un tel monument sur des collines sacrées fut profondément choquante pour de nombreux Amérindiens.
De plus, le sculpteur Gutzon Borglum lui-même est une figure controversée, ayant été membre du Ku Klux Klan, une organisation suprémaciste blanche. Cette affiliation passée ajoute une couche supplémentaire de malaise et de critiques à l’égard du monument.
Le Crazy Horse Memorial : Une Réponse Monumentale 🐎
Le Mont Rushmore reste un sujet de discorde, même si un directeur d’origine autochtone a été nommé à la tête du parc en 2004, une étape visant à apaiser certaines tensions.
En réponse directe à la construction du Mont Rushmore et pour affirmer le caractère sacré de la région pour les autochtones, un autre mémorial est actuellement en construction non loin de là, dans les Black Hills : le Crazy Horse Memorial. Cette sculpture monumentale représente le célèbre chef autochtone Crazy Horse, le regard tourné vers l’Est, par-dessus la crinière de son mustang, en direction des terres où ses guerriers sont morts. Ce monument est destiné à surpasser en taille le Mont Rushmore une fois achevé, symbolisant la fierté et la résilience des peuples autochtones.
Le projet du Crazy Horse Memorial est financé par la fondation Crazy Horse Memorial Foundation, qui a refusé toute aide financière du gouvernement fédéral américain, un geste fort marquant son indépendance et sa portée symbolique. Le sculpteur d’origine polonaise Korczak Ziółkowski, aidé du chef autochtone Henry Standing Bear, a débuté la réalisation de cette œuvre en 1948, après avoir acheté la montagne sur ses propres deniers. Ziółkowski est décédé en 1982 à l’âge de 77 ans, sans voir son œuvre achevée. Néanmoins, ses descendants continuent le travail, estimant qu’il pourrait encore durer une cinquantaine d’années, perpétuant ainsi un héritage de résistance et de mémoire.
Les Rajouts Hypothétiques : Un Débat Persistant 🤔
La question d’ajouter de nouveaux visages au Mont Rushmore est un débat récurrent, alimenté par l’imagination populaire et des considérations politiques. Bien qu’il ait été affirmé que la sculpture actuelle était définitive et que la roche ne permettait plus l’ajout d’un nouveau visage, le progrès technique pourrait rendre la chose concevable à l’avenir.
Plusieurs présidents ont été proposés comme cinquième visage du Mont Rushmore, à travers des sondages d’opinion et des enquêtes universitaires :
- Le nom le plus fréquemment demandé est celui de Franklin Roosevelt, souvent considéré comme l’un des meilleurs présidents des États-Unis.
- En 1937, une demande a été déposée, sans succès, auprès du Congrès des États-Unis pour que l’effigie de la féministe Susan B. Anthony soit ajoutée au monument. Ce refus montre la réticence historique à déroger au choix initial de Borglum et aux personnages exclusivement masculins.
- Il a également été envisagé d’ajouter l’effigie de John Fitzgerald Kennedy, puis celle de Ronald Reagan, ce dernier ayant été activement soutenu par un certain nombre de militants républicains.
Ces discussions reflètent le désir constant de la nation d’adapter ses symboles pour y inclure de nouvelles figures marquantes, tout en soulignant les défis pratiques et idéologiques d’une telle entreprise sur un monument déjà établi.
Le Tourisme : Un Moteur Économique Majeur 💰✈️
Le Mont Rushmore n’est pas seulement un monument historique ; c’est aussi un moteur économique essentiel pour l’État du Dakota du Sud. Le tourisme constitue la seconde activité économique de l’État, et le mémorial en est le principal catalyseur, attirant plus de deux millions de visiteurs chaque année. Cette affluence souligne l’attrait universel et l’importance culturelle du site.
Pour accueillir et éduquer ces millions de visiteurs, le Mount Rushmore National Memorial dispose de plusieurs infrastructures :
- Le musée Lincoln Borglum : Nommé en l’honneur du fils du sculpteur, il est équipé de deux salles de projection de 125 places chacune. Il propose un film de 13 minutes qui retrace l’histoire du mont, offrant un aperçu concis et informatif.
- Un sentier balisé : Ce chemin traverse une forêt de pins et relie le musée au Sculptor’s Studio.
- Le Sculptor’s Studio : Ce lieu explique en détail les méthodes de construction du monument et les défis rencontrés. Une projection de 30 minutes y est également proposée, permettant aux visiteurs de mieux comprendre le processus artistique et technique.
- Illumination nocturne : Chaque soir, le monument est illuminé pendant deux heures, offrant une perspective différente et une atmosphère magique aux visiteurs.
Ces installations sont conçues pour enrichir l’expérience des visiteurs, leur permettant d’apprécier la grandeur du monument tout en découvrant son histoire complexe et les efforts extraordinaires déployés pour sa création et sa préservation.
Le Mont Rushmore dans la Culture Populaire : Un Symbole Omniprésent 🎬🎮🎶
En raison de son importance emblématique et de son image immédiatement reconnaissable, le Mont Rushmore a transcendé son statut de mémorial pour devenir un symbole omniprésent dans la culture populaire, servant de décor ou d’inspiration pour une multitude de films, séries d’animation, publicités et diverses représentations artistiques.
Au Cinéma 🎥
Le Mont Rushmore a souvent été exploité par le cinéma pour son impact visuel et symbolique :
- Son utilisation la plus célèbre est sans doute la séquence finale de La Mort aux trousses (North by Northwest) d’Alfred Hitchcock en 1959, mettant en scène Cary Grant et Eva Marie Saint dans une course-poursuite mémorable sur les visages des présidents.
- Les visages des présidents ont été régulièrement modifiés ou remplacés par ceux d’envahisseurs conquérants pour créer un effet dramatique ou comique :
- Dans ** Superman 2**, le général Zod et ses complices utilisent leurs super-pouvoirs pour remplacer les quatre visages par les leurs.
- De la même façon, dans le film ** Mars Attacks! de Tim Burton**, les Martiens utilisent leurs soucoupes volantes pour retravailler les effigies présidentielles en quelques secondes, les remplaçant par des visages extraterrestres.
- Le monument a également subi des altérations brutales et des destructions dans divers scénarios :
- Dans le film ** Team America, police du monde**, le QG de l’escouade est situé à l’intérieur du mont Rushmore et est ensuite dynamité par Michael Moore.
- Dans le téléfilm ** Cyclone Catégorie 7 : Tempête mondiale**, des infiltrations d’eau dues à des tornades provoquent l’écroulement de la tête de George Washington, dont la chute entraîne la mort du garde du parc.
- Le Mont Rushmore a servi de lieu de découverte mystérieuse, comme dans le film ** Benjamin Gates et le Livre des secrets**, où Benjamin Gates (interprété par Nicolas Cage) y découvre la légendaire Cibola, une cité d’or.
Dans l’Animation 📺
Le monument est une source d’inspiration fréquente dans les univers de fiction animés, soit en tant que tel, soit comme base pour des monuments similaires :
- Dans le manga ** Naruto**, on retrouve une réplique du mont Rushmore où les visages des présidents sont remplacés par ceux des différents Hokage que le village de Konoha a connus, un hommage culturel.
- Dans le dessin animé ** Jackie Chan** (épisode L’Antidote), Valmont, le chef de la Main noire, y piège Jackie avec un faux talisman empoisonné, les deux hommes se retrouvant face à face sur le monument.
- De même, dans le film d’animation ** Astérix et les Indiens**, les têtes des présidents américains sont remplacées par celles des chefs indiens du film, adaptant le symbole à un contexte différent.
- Un dessin animé de Tex Avery datant de 1941 montre, à côté des quatre têtes, celles de Franklin Delano Roosevelt et d’Alf Landon avec les mentions « for the Democrats » et « for the Republicans », illustrant l’actualité politique de l’époque.
- Le court-métrage d’animation ** Panique au pique-nique**, avec le lapin Roger Rabbit, se termine par la destruction du monument.
- Dans le dessin animé ** Albator, le corsaire de l’espace**, l’épisode 3 présente les visages des présidents très endommagés et entourés d’immenses gratte-ciel, une vision post-apocalyptique.
- Dans la série animée ** Denis la Malice** (épisode 5 : Denis président des U.S.A), Denis explore l’intérieur du mont et se fait sculpter son visage sur le buste de Washington, un gag enfantin.
- Dans les séries animées ** Ben 10**, la montagne cache le quartier-général et l’armurerie hightech des plombiers, lui conférant un rôle de base secrète.
- La série télévisée ** Les Simpson** a de multiples fois parodié ou utilisé le Mont Rushmore dans diverses situations :
- Dans l’épisode 19 de la saison 11, Folie homérique, Bart s’écrie : « J’ai toujours rêvé d’aller voir le mont Rushmore ! », mais Lisa le coupe et dit : « C’est dans le Dakota du Sud », soulignant une erreur géographique amusante.
- Dans l’épisode 10 de la saison 13, Proposition à demi indécente, Homer et Lenny travaillent dans un champ pétrolifère, et Lenny montre à Homer le « mont Carlmore », une sculpture du visage de Carl qu’il a réalisée.
- Dans l’épisode 12 de la saison 14, La Reine de l’orthographe, les habitants de Springfield sculptent le visage de Lisa dans une montagne de la même manière que le mont Rushmore.
- Dans un épisode de la saison 15, Homer écrase « sans faire exprès » des maquettes du Capitole et du mont Rushmore.
- Dans un gag du canapé de la saison 20, les visages des présidents sont remplacés par les visages des Simpson, une signature de la série.
- Dans la série d’animation Disney ** Phinéas et Ferb**, pour l’anniversaire de Candice, Phinéas et Ferb décident de sculpter la tête de leur sœur sur le mont Rushmore, une fantaisie enfantine.
- Dans l’épisode 38 de la saison 12 de ** Pokémon** (Un Togepi facétieux !), les visages représentent les quatre membres de la Team Rocket : Giovanni, Jessie, James et Miaouss.
- Dans le film ** L’Âge de glace 4 : La Dérive des continents**, Scrat crée sans le vouloir le mont avec son visage dans diverses expressions, un moment comique et emblématique.
- Dans la série d’animation ** Invincible**, Samantha Eve Wilkins (Atom Eve) et Mark « Invincible » Grayson affrontent le Doc Sismique au pied du mont Rushmore (saison 1 épisode 3 : Qui c’est qui est moche ?). Alors que la tête d’Abraham Lincoln s’est décrochée du bloc de roches après que Doc Sismique a actionné ses bracelets sismiques, Invincible parvient à la rattraper et à la replacer, démontrant la puissance des héros.
Dans la Littérature et la Musique 📚🎶
Le Mont Rushmore a également inspiré des œuvres dans d’autres formes d’art :
- Le monument est au cœur du roman ** Collines noires (Black Hills)** de l’écrivain américain Dan Simmons, paru en 2010. Le livre donne des détails sur son élaboration et décrit les difficiles conditions de travail des dynamiteurs, offrant une perspective plus humaine sur la construction.
- L’album ** In Rock du groupe de rock Deep Purple** a remplacé les quatre présidents du monument par les cinq membres du groupe sur sa pochette, créant une image iconique pour le rock.
- Dans le livre ** Le Complot contre l’Amérique de Philip Roth**, le jeune Philip possède un timbre représentant le monument, intégrant le symbole dans un récit alternatif de l’histoire américaine.
Dans les Jeux Vidéo 🎮
L’hommage au Mont Rushmore est également présent dans le monde du jeu vidéo, souvent avec une touche humoristique ou fantastique :
- Dans le jeu ** Mario Party 3**, les têtes des personnages sont sculptées une fois le mode aventure terminé, une récompense ludique.
- Dans le jeu ** Pilotwings 64**, une réplique du mont Rushmore se trouve dans la zone Little States (basée aux États-Unis). La tête de George Washington a été remplacée par Mario, et si le joueur tire ou atterrit dessus, elle se change pour prendre l’apparence de celle de Wario, ajoutant une interaction amusante.
- Dans le jeu éducatif ** Lapin Malin CE1 : Le Défi des pirates**, le mont apparaît sous le nom de mont Meule de Gruyère, et les têtes des présidents américains sont remplacées par celles des pirates, transformant le monument en un élément de jeu éducatif.
- Dans le jeu ** Brütal Legend** développé par Double Fine Productions, le mont apparaît sous le nom de mont Rockmore. Il est possible de changer les têtes de la sculpture facilement grâce à une autre sculpture en forme de main mimant les cornes, célèbre signe de la main utilisée notamment par les fans dans les concerts de heavy metal, un clin d’œil à la culture rock.
- Dans le jeu ** Sam and Max Hit the Road** développé par LucasArts, une partie de l’enquête se déroule au mont Rushmore, où Sam et Max sont amenés à faire du saut à l’élastique à partir des narines d’un des quatre présidents, un gag loufoque typique.
- Dans le jeu de stratégie ** Command and Conquer : Alerte rouge 3** sorti en 2008, le clone robotique du président des États-Unis construit une base secrète dans le mont Rushmore, lui donnant un rôle stratégique.
- On peut également apercevoir le mont Rushmore dans une des cinématiques du jeu ** Hitman: Absolution** sorti en 2012, ajoutant une touche de réalisme au cadre.
- Le mont Rushmore est dynamité par les nazis dans une bande-annonce de ** Wolfenstein: The New Order**, montrant une destruction symbolique forte.
- Dans le jeu ** Les Schtroumpfs**, une référence au mont Rushmore est présente dans le niveau « La Descente » avec des têtes de Schtroumpfs sculptées dans la glace en arrière-plan, une adaptation mignonne.
- Dans le jeu ** Metal Gear Solid 4**, Big Boss et ses trois clones (dont Solid Snake) sont représentés à l’image du mont Rushmore sur le sous-marin Outer Heaven, une référence visuelle complexe.
- Dans le jeu ** Zombie Tsunami**, un niveau du jeu se passe au mont Rushmore, là où les zombies ont attaqué la ville, l’intégrant dans un scénario de catastrophe.
Conclusion : Un Symbole Complexe et Éternel 🌟🤔
Le Mont Rushmore demeure une icône puissante des États-Unis, une œuvre d’ingénierie et d’art monumentale qui retrace cent cinquante ans de l’histoire américaine à travers les visages de ses présidents les plus influents. Sa grandeur et sa présence visuelle indéniable en font une attraction touristique majeure, attirant des millions de personnes désireuses de témoigner de leur propre regard à la grandeur du pays.
Cependant, comme toute œuvre d’art chargée d’histoire, le Mont Rushmore n’est pas sans ses ombres. Sa construction sur des terres sacrées pour les Lakotas, la figure controversée de son sculpteur, et l’histoire des traités brisés teintent ce symbole de complexité et de douleur. Le débat sur son interprétation et sa signification pour les différentes communautés de la nation persiste, comme en témoigne la construction du Crazy Horse Memorial, une réponse monumentale et symbolique des peuples autochtones.
Au-delà des controverses, le Mont Rushmore continue d’inspirer, de provoquer la réflexion et de s’inscrire dans le tissu culturel mondial à travers ses innombrables apparitions dans le cinéma, l’animation, la littérature et les jeux vidéo. Il incarne la persévérance humaine, la vision artistique et l’histoire tumultueuse d’une nation, se dressant comme un témoignage éternel des défis et des triomphes du passé américain. Sa présence immuable dans le paysage du Dakota du Sud continue de susciter l’admiration, la réflexion et la conversation, garantissant que le Mont Rushmore reste bien plus qu’une simple sculpture : un véritable pan de l’histoire vivante.