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11 Octobre 1924 : André Breton publie le manifeste du surréalisme

Posted on octobre 11, 2025octobre 13, 2025 By Lordkelvin765@gmail.com Aucun commentaire sur 11 Octobre 1924 : André Breton publie le manifeste du surréalisme

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Le Surréalisme : Histoire, Définitions et Techniques Révolutionnaires 🎨

Le surréalisme, mouvement poétique et artistique majeur du XXe siècle, se distingue par son ambition de libérer les forces psychiques de l’individu, en échappant au contrôle strict de la raison, et de remettre en question les valeurs établies. Né directement de la révolte incarnée par le mouvement dada à la fin de la Première Guerre mondiale, le surréalisme est caractérisé par sa transdisciplinarité, englobant la poésie, la peinture, le dessin, la musique, la photographie, le cinéma, l’objet et le collage. Il met en avant l’importance de la collaboration entre ses membres.

Le mouvement se définit par une attitude inexorable de sédition et de défi et cherche à réaliser l’union du réel et de l’imaginaire.


Les Origines et la Définition Fondamentale du Mouvement (Origines, Définition, Manifeste)

La Définition Fondatrice d’André Breton

La définition essentielle du surréalisme est donnée par André Breton en 1924, dans le premier Manifeste du surréalisme. Il le décrit comme un « automatisme psychique pur ».

Cet automatisme a pour but d’exprimer « le fonctionnement réel de la pensée », que ce soit verbalement, par écrit, ou de toute autre manière. Cette expression doit se faire en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, se situant ainsi en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. Pour Breton, le surréalisme repose sur la conviction qu’une réalité supérieure existe dans certaines formes d’associations qui étaient auparavant négligées. Parmi ces formes se trouvent notamment la toute-puissance du rêve et le jeu désintéressé de la pensée.

Le surréalisme se plaît aux rapprochements inattendus et inconciliables entre des termes, afin de faire jaillir un sens neuf ou, selon les termes de Breton, une « lumière particulière, lumière de l’image ». Le mouvement aspire à « ruiner définitivement tous les autres mécanismes psychiques » pour s’y substituer dans la résolution des principaux problèmes de la vie.

L’Étymologie : De Rimbaud à Apollinaire 📜

Le terme « surréalisme » lui-même a une histoire qui précède la fondation officielle du mouvement. L’idée de percevoir la face cachée des choses, une « autre réalité », était déjà présente chez Arthur Rimbaud (1854-1891), qui désirait être un « voyant » ou visionnaire. Guillaume Apollinaire (1880-1918) a poursuivi les tentatives de Rimbaud, cherchant cette réalité invisible et mystérieuse.

Le substantif « surréalisme » apparaît pour la première fois en mars 1917 dans une lettre d’Apollinaire à Paul Dermée. Apollinaire préférait ce mot à « surnaturalisme », qu’il avait initialement employé, car il le trouvait plus maniable et il n’existait pas encore dans les dictionnaires. C’est le poète Pierre Albert-Birot qui convainquit Apollinaire, en mai 1917, de sous-titrer sa pièce Les Mamelles de Tirésias un « drame surréaliste » plutôt qu’un « surnaturaliste ». On notera que l’artiste PICABIA a également évoqué un « superréalisme » en mai 1924, dans la revue 391.

Le concept fut divulgué publiquement par Apollinaire dans la plaquette de présentation qu’il rédigea pour la première de Parade, un ballet réaliste présenté le 18 mai 1917 au théâtre du Châtelet à Paris. Ce spectacle total associait un orchestre d’Erik Satie, un décor de Pablo Picasso, des chorégraphies cubistes de Léonide Massine, et l’essai d’un poète (Jean Cocteau) de s’exprimer sans paroles.

Apollinaire explique que cette « alliance nouvelle » aboutit, dans Parade, à une sorte de « sur-réalisme » qu’il voyait comme le point de départ d’un esprit nouveau. Il pensait que ce mouvement séduirait l’élite et modifierait « de fond en comble les arts et les mœurs dans l’allégresse universelle », souhaitant qu’ils soient à la hauteur des progrès scientifiques et industriels. Ce manifeste contenait déjà des éléments qui seraient plus tard reprochés au surréalisme par ses détracteurs : la rupture avec le traditionalisme, l’élitisme, la modernité, ainsi que l’industrialisme, à l’instar des futuristes.

Apollinaire revint sur le concept en mai 1917, admirant les décors de Picasso. Il voyait dans le « sur-réalisme » le point de départ de manifestations d’un esprit nouveau qui modifierait les arts. Il s’efforçait d’accomplir dans les lettres et dans les âmes cette même tâche « surréaliste » que Picasso avait accomplie en peinture.

L’Usage Populaire et la Cohérence du Mouvement

Malgré la rigueur initiale de sa définition, le mot « surréalisme » est devenu, selon Gérard Durozoi, « victime de sa fausse popularité ». Il est souvent utilisé pour qualifier tout fait un peu bizarre ou inhabituel sans rigueur. Cependant, Durozoi insiste sur le fait que le surréalisme est exemplaire par sa cohérence et la constance de ses exigences. Alain et Odette Virmaux, quant à eux, estiment que cette évolution sémantique n’est pas déviante, restant en accord avec le mot puisque les surréalistes manifestaient une « prédilection pour l’humour noir et le nonsense ».


Les Fondements Philosophiques et Psychiques (Freud, Marx, Rêve) 🧠

Le surréalisme ne s’est pas construit ex nihilo ; il s’est appuyé sur de vastes influences issues de la littérature, de l’art et de la science, visant à « changer la vie » et à « transformer le monde ».

L’Héritage des Précurseurs Littéraires et Artistiques

L’inspiration du mouvement remonte au XIXe siècle. Parmi les précurseurs littéraires figurent :

  • Le « super naturalisme » de Gérard de Nerval.
  • Le « surhumain » de Friedrich Nietzsche.
  • Le décadentisme (ou déclinisme) de Charles Baudelaire et de Stéphane Mallarmé.
  • Le romantisme allemand de Jean Paul, dont les rêves préfigurent l’écriture automatique, et d’Hoffmann.

L’auteur ayant le plus inspiré les écrivains surréalistes est Lautréamont. Arthur Rimbaud et Guillaume Apollinaire sont également cités régulièrement parmi les poètes des générations immédiatement précédentes. Dans le domaine de la prose et du théâtre, Alfred Jarry a exercé une grande influence.

Dans la tradition picturale, les surréalistes se sont inspirés de Jérôme Bosch, parfois qualifié de proto-surréaliste. Plus récemment, ils ont tiré inspiration de Gustave Moreau et Odilon Redon. André Breton aimait d’ailleurs visiter le musée Gustave-Moreau à Paris. Les premières œuvres plastiques du mouvement s’inscrivaient dans la continuité des innovations du cubisme, tout en intégrant des éléments de l’art abstrait et du futurisme. Ils admiraient l’œuvre de Pablo Picasso, qui fut proche de plusieurs membres du groupe, ainsi que de Giorgio de Chirico, Marc Chagall, et Vassili Kandinsky, auquel Breton rend hommage dans le premier Manifeste.

L’Influence Cruciale de Marx et de Freud

L’aventure surréaliste repose sur l’appropriation de trois pensées fondamentales :

  1. Celle d’Arthur Rimbaud (« changer la vie »).
  2. Celle de Karl Marx (« transformer le monde »).
  3. Les recherches de Sigmund Freud.

Breton s’est passionné pour les idées de Freud, qu’il a découvertes en 1917 dans les ouvrages des Français Emmanuel Régis et Angelo Hesnard. De ces lectures, Breton a tiré la conviction qu’il existait un lien profond unissant le monde réel et le monde sensible des rêves, ainsi qu’une forme de continuité entre l’état de veille et l’état de sommeil, visible notamment dans l’écriture automatique.

Pour Breton, l’analogie entre le rêveur et le poète (déjà présente chez Baudelaire) est dépassée. Il voyait le surréalisme comme une quête de l’union du réel et de l’imaginaire, affirmant : « Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue ».

Même si le surréalisme voyait Freud comme un saint patron, le psychanalyste lui-même ressentait une grande méfiance envers les représentants du mouvement jusqu’à sa rencontre avec Salvador Dalí le 19 juillet 1938. Suite à cette rencontre, Freud avoua qu’il avait été jusque-là enclin à considérer les surréalistes « comme des fous absolus (disons à 95% […]) ». Cependant, la technique incroyable de Dalí et l’intérêt analytique de son œuvre l’amenèrent à changer d’avis.


L’Évolution Historique : De l’Âge d’Or à la Dispersion

Bien que Breton ait condamné la partialité du savoir historique et le culte du passé, et ait interrogé le concept du temps, les surréalistes ont paradoxalement cherché à fonder historiquement leur mouvement, devenant eux-mêmes les premiers historiographes en consignant les dates et les événements marquants.

De Dada à l’Émergence du Mouvement Structuré

Le surréalisme trouve ses racines immédiates dans le courant qui se développe après 1917, suite à Parade, où Cocteau et Apollinaire réfléchissent à un « esprit nouveau ». Apollinaire a retravaillé Les Mamelles de Tirésias (rédigé en 1903) pour y insérer des provocations et des éléments découlant des sensibilités de l’époque (comme un kiosque à journaux parlant).

Ce courant s’est nourri de la période dada, puis a trouvé une nouvelle concrétisation avec la pièce de Jean Cocteau, Les Mariés de la tour Eiffel, en 1921. Cocteau y utilisait un amalgame d’absurde et de music-hall, poussant la pataphysique d’Alfred Jarry. Les artistes, débordant Dada mais nourris par lui, ont alors cherché des idées nouvelles.

Après avoir été séduits par le dadaïsme, les surréalistes s’en sont démarqués en rupture. Ils croyaient que le surréalisme susciterait l’arrivée de nouvelles valeurs, ce que les dadaïstes, absolus dans leur dénonciation, n’acceptaient pas. Le dadaïsme n’a pas survécu à une querelle relative à l’engagement politique, suscitée par la Révolution soviétique et la menace d’une nouvelle guerre.

En 1924, le surréalisme est officiellement né avec la publication du premier Manifeste du surréalisme par André Breton. Breton cherchait à agir sur la société ou, à défaut, sur l’individu, tout en évitant l’embrigadement. Salvador Dalí, bien que plus tard opportuniste, affirmait que le surréalisme « changerait le monde ».

L’Âge d’Or (1924-1940) et les Figures Clés 🌟

La période allant de 1924 à 1940 est considérée comme l’âge d’or du surréalisme. De nombreuses œuvres majeures sont publiées dans la foulée du Manifeste :

  • Louis Aragon : Le Libertinage et Le Paysan de Paris (1926).
  • Antonin Artaud : L’Ombilic des limbes.
  • André Breton : Les Pas perdus et Poisson soluble.
  • Paul Eluard : Mourir de ne pas mourir.
  • Benjamin Péret : Immortelle maladie.

En peinture, le premier peintre surréaliste fut Max Ernst, qui venait déjà du mouvement dada et pratiquait notamment la technique du collage. Dès 1924, Joan Miro et André Masson rejoignent le groupe, de même qu’Yves Tanguy. Bien que rassemblés par le désir de créer des formes nouvelles, en particulier en mobilisant le thème du rêve, ces peintres avaient des pratiques très diverses.

La photographie surréaliste a été d’abord représentée par Man Ray, lui aussi issu du groupe dada à Paris. Brassaï intègre le groupe en 1924. Éli Lotar et sa compagne Germaine Krull arrivent à Paris en 1924 et participent au groupe. Germaine Krull a connu le succès dès 1925 avec son portfolio Metal, qui présentait des fragments de ponts transbordeurs ou de machineries de la tour Eiffel avec des cadrages audacieux et en contre-plongée, déconnectés d’une vision réaliste.

En 1925, les membres se réunissaient soit chez André Breton, soit rue du Château (dans le 14e arrondissement de Paris), où cohabitaient Marcel Duhamel, Jacques Prévert et Yves Tanguy. C’est lors d’une de ces réunions de la rue du Château qu’est inventée la pratique du cadavre exquis.

Crises et Dissensions Internes

La fin des années 1920 fut marquée par les premières tensions au sein du groupe, notamment concernant l’adhésion au Parti Communiste Français. Certains membres jugés « bourgeois » sont exclus en 1929, dont René Daumal et Roger Gilbert-Lecomte, qui ont fondé Le Grand Jeu.

Les exclus ripostèrent violemment en publiant le pamphlet Un Cadavre (titre repris d’un pamphlet surréaliste de 1924 contre Anatole France). Ce pamphlet accusait André Breton de dérive sectaire et autoritaire.

En réponse à cette désunion, Breton publia le Second manifeste du surréalisme en 1929, dans le but de réaffirmer les principes initiaux et de rassembler les membres. Cependant, la désunion a persisté, entraînant de nombreux pamphlets interposés et l’exclusion de Robert Desnos, par exemple.

Le Surréalisme au Cinéma 🎬

Ces mêmes années ont vu l’émergence du cinéma surréaliste. Antonin Artaud a écrit le scénario du premier film surréaliste, La Coquille et le Clergyman de Germaine Dulac (1927). Cependant, Artaud estima que l’œuvre ne reflétait pas son travail, ce qui provoqua un chahut des surréalistes lors de la présentation du film au studio des Ursulines.

En 1929, Luis Buñuel et Salvador Dalí ont réalisé Un Chien andalou, qui fut salué par le groupe. L’année suivante, la censure du film de Buñuel L’Âge d’or a provoqué la constitution d’un fort bloc surréaliste derrière elle. Ce film est sans doute le seul qui ait fait l’unanimité dans le groupe.

Le Phénomène Dalí et la Méthode Paranoïaque-Critique

Après son entrée par le cinéma, Salvador Dalí est surtout devenu célèbre comme peintre. Il s’inscrit dans la pratique surréaliste avec sa toile Le Grand Masturbateur (1929).

Dalí a ensuite développé sa méthode « paranoïaque-critique », qui a suscité l’admiration d’André Breton et qui lui a permis de produire ses tableaux les plus célèbres. Bien qu’il ait régulièrement été mis en marge du mouvement (notamment pour son admiration affichée pour Adolf Hitler), il a continué à collaborer aux revues surréalistes.

La Révolution de l’Objet Surréaliste

Le début des années 1930 a marqué la naissance d’un véritable courant de sculpture surréaliste. Ce développement est dû en partie au ralliement d’Alberto Giacometti au groupe et à son œuvre Boule suspendue, qui a fortement impressionné Breton et Dalí.

Le thème de l’objet est devenu central dans le groupe, après une réflexion des années 1920 davantage centrée sur l’image. Un numéro entier de la revue Le Surréalisme au service de la révolution fut consacré à ce thème.

S’inspirant de l’œuvre de Giacometti, Dalí a lancé le concept d’« objets à fonctionnement symbolique ». L’œuvre Objet scatologique à fonctionnement symbolique en est un exemple. Plusieurs surréalistes (Breton, Dalí, Gala, Valentine Hugo) ont alors pratiqué l’assemblage d’objets par associations libres et sous l’égide de l’ambiguïté . Giacometti, cependant, préférait l’expression « objets muets et mobiles » ou « objets désagréables, à jeter » pour qualifier ses propres productions, telles que Femme égorgée .


L’Exil et la Poursuite Posthume (Dispersion, Après Breton) ✈️

La Dispersion due à la Seconde Guerre Mondiale

Le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale a contraint les membres du mouvement à se disperser. Max Ernst, citoyen allemand, fut d’abord interné dans des camps français.

Plusieurs membres se sont réfugiés à Marseille, sous l’aile du Centre américain de secours dirigé par Varian Fry et Daniel Benedite. Autour d’André Breton, s’y sont retrouvés de nombreux artistes comme Victor Brauner, Oscar Dominguez, Max Ernst (après sa libération), Jacques Hérold, Wilfredo Lam, André Masson et Hans Bellmer.

D’autres surréalistes se sont réunis à New York, bénéficiant de l’aide de Peggy Guggenheim, qui avait épousé Max Ernst en 1941. En 1942, l’exposition Art Of This Century au Musée Guggenheim a exposé de nombreux surréalistes. André Breton a aidé Peggy Guggenheim à établir le catalogue de cette exposition, qui fut préfacé par Hans Arp et Piet Mondrian.

Pendant ce temps, Salvador Dalí s’est rendu aux États-Unis, cherchant la notoriété, et s’est converti au catholicisme, abandonnant le groupe surréaliste.

Durant les années 1940, l’activité surréaliste aux États-Unis s’est poursuivie, notamment autour de la revue VVV, fondée par André Breton avec Marcel Duchamp et Max Ernst.

La Reformation et les Nouvelles Dissensions

Après son retour d’exil à la fin de la Seconde Guerre mondiale, André Breton a tenté de réunir de nouveau les membres. De nouvelles recrues sont apparues, dont Jean-Pierre Duprey, Julien Gracq, André Pieyre de Mandiargues et Stanislas Rodanski. Des femmes ont été acceptées comme membres du groupe, en particulier Joyce Mansour.

Néanmoins, les dissensions ont continué. Une bagarre fut même déclenchée par Breton lors d’une conférence de Tristan Tzara en 1947 . La plupart des surréalistes yougoslaves de la revue Témoignages ont intégré le gouvernement du maréchal Tito . En Tchécoslovaquie, Zavis Kalandra fut exécuté par le pouvoir stalinien, et Karel Teige s’est suicidé lors de son arrestation . Breton s’est alors retiré dans le Lot .

Des revues ont continué à être créées pour maintenir le groupe, telles que Néon (1948-1949), Médium (1952-1953), et La Brèche (1961-1965) . Cependant, aucun nouveau texte majeur n’a été publié, et l’influence du surréalisme est devenue plus diffuse . Des ralliements se sont produits, comme celui du poète mexicain Octavio Paz (futur prix Nobel de littérature) en 1950.

La littérature strictement issue du groupe a diminué en importance, mais une influence non négligeable a commencé à se diffuser. Par exemple, Boris Vian n’a jamais été membre du mouvement, mais son œuvre L’Écume des jours est fortement imprégnée de surréalisme . Certains surréalistes, comme Colette Peignot (morte en 1938 et en marge du mouvement), ont vu leur œuvre découverte essentiellement dans les années 1970, naissant ainsi posthumes .

Le Surréalisme après la Mort de Breton (1966)

La mort d’André Breton, le chef de file du groupe, en 1966, a provoqué de grands bouleversements dans le mouvement en France.

Trois ans plus tard, Jean Schuster a officiellement signé l’acte de décès du mouvement dans un article du quotidien Le Monde intitulé « Le Quatrième Chant ». Cette décision brutale a été refusée par la majorité des membres du groupe. Pour de nombreux surréalistes stupéfaits, la décision de Schuster était fondée sur une manipulation politique liée à son engagement pro-cubain . Jean-Louis Bédouin a publié un article de protestation virulent dans Le Monde , et Vincent Bounoure a lancé l’enquête interne Rien ou quoi ?, qui a révélé l’écartèlement du groupe sur la question de la dissolution.

Malgré cette déclaration de décès, l’aventure surréaliste fut poursuivie par ceux qui refusaient la dissolution, y compris Jean-Louis Bédouin, Vincent Bounoure, Robert Benayoun, Jorge Camacho, Gherasim Luca, Marianne van Hirtum, Jacques Abeille, et Ludwig Zeller. Ils ont continué leurs activités dans des publications comme le Bulletin de liaison surréaliste (10 numéros entre 1970 et 1976), dirigé par Bédouin , puis dans les deux numéros de Surréalisme (janvier et juin 1977) . Dans ces revues, on retrouvait, aux côtés de Bounoure, des noms tels que Michel Zimbacca, Joyce Mansour, Jorge Camacho, Michaël Löwy et Yves Elléouët . Après la mort de Vincent Bounoure en 1996, le Groupe surréaliste de Paris (réuni autour de Michel Zimbacca) a animé la revue S.U.R.R. jusqu’en 2005 . L’activité de ce groupe parisien se poursuit aujourd’hui, notamment à travers des expositions et une nouvelle revue, Alcheringa.

Parallèlement, les anciens membres qui avaient accepté la dissolution (autour de Gérard Legrand, José Pierre et Jean Schuster) ont publié la revue Coupure au début des années 1970. Toutefois, certains auteurs de Coupure se sont opposés à leur tour à Schuster et Pierre pour se rassembler autour de Radovan Ivšić et Pierre Peuchmaurd, rejoints par Jean Benoit, Georges Goldfayn, Gérard Legrand, Toyen et Annie Le Brun.

Sarane Alexandrian, un autre des derniers compagnons de Breton, tout en considérant la mort du surréalisme historique comme acquise, a constaté que rien ne l’avait remplacé. Il a créé et animé la revue Supérieur inconnu (1996-2011) pour tenter de fédérer les forces surréalistes en France.

Il est important de noter que dans la plupart des autres pays touchés par le surréalisme (Royaume-Uni, États-Unis, Tchécoslovaquie), les groupes existants n’ont guère été affectés par la décision de Jean Schuster de 1969 et ont continué leurs activités sans interruption. Le groupe tchécoslovaque, en particulier (avec Vratislav Effenberger, Martin Stejskal, Jan Švankmajer, Eva Švankmajerová, Pavel Řezníček), a même réapparu après le Printemps de Prague dans le contexte hostile d’un pouvoir totalitaire.


Techniques et Procédés de Création Surréalistes 🛠️

Le surréalisme a développé une gamme de procédés visant à contourner la raison et à puiser directement dans l’inconscient, le rêve et le hasard.

L’Automatisme Psychique Pur

L’écriture automatique est un mode d’écriture cherchant à échapper aux contraintes de la logique. Elle vise à laisser s’exprimer la voix intérieure inconsciente, déviant ainsi l’inconscient de la pensée. Le principe est d’écrire ce qui vient à l’esprit, sans se préoccuper du sens.

Breton, dans le Manifeste du Surréalisme (1924), décrivait la méthode :

« Faites-vous apporter de quoi écrire, après vous être établi en un lieu aussi favorable que possible à la concentration de votre esprit sur lui-même. Placez-vous dans l’état le plus passif, ou réceptif, que vous pourrez. Faites abstraction de votre génie, de vos talents et de ceux de tous les autres. Dites-vous bien que la littérature est un des plus tristes chemins qui mènent à tout. Écrivez vite sans sujet préconçu, assez vite pour ne pas vous retenir et ne pas être tenté de vous relire. La première phrase viendra toute seule, tant il est vrai qu’à chaque seconde il est une phrase, étrangère à notre pensée consciente, qui ne demande qu’à s’extérioriser… ».

Par l’écriture automatique, les surréalistes cherchaient à donner une voix aux désirs profonds refoulés par la société. L’objet surréaliste ainsi obtenu a pour effet de déconcerter l’esprit, de le « mettre en son tort », ce qui peut permettre la résurgence des forces profondes. Pour Breton, l’image surréaliste authentique est un symbole. Il comparait la démarche du surréalisme à celle de l’ésotérisme, car elle maintient un système de comparaison dynamique, livrant à l’homme les rapports susceptibles de relier les objets les plus éloignés, et découvrant partiellement le symbolisme universel.

Récit de Rêve, Cadavre Exquis et Sommeil Hypnotique 💭

Les récits et analyses de rêves sont une technique fondamentale, consistant à décrire ses rêves afin de trouver le « fil conducteur » qui les relie à la réalité.

Des jeux d’écriture collectifs basés sur le hasard étaient également pratiqués. Le plus célèbre est le cadavre exquis. Dans ce jeu, les participants écrivent à tour de rôle une partie de phrase sur une feuille, sans savoir ce que les précédents ont écrit. Un ordre syntaxique strict doit être respecté : nom-adjectif-verbe-COD-adjectif. Le résultat est une phrase grammaticalement correcte mais absurde, dont le nom vient de la première phrase obtenue : « Le cadavre — exquis — boira — le vin — nouveau ».

De plus, pendant les séances de sommeil hypnotique, les participants notaient leurs délires et hallucinations, parfois induits par la prise de drogues ou d’alcool.

Une forme d’écriture moins connue est l’écriture sexualisée. Certains surréalistes, comme André Breton, considéraient que le moment de l’acte sexuel correspond à un instant où les pulsions dominent, révélant ainsi les désirs profonds. Ces moments pouvaient être combinés à une pratique artistique désinhibée ; Breton écrivait lorsqu’il faisait l’amour, pensant que ses meilleures œuvres étaient issues de ces instants.

La Méthode Paranoïaque-Critique de Dalí

En opposition aux techniques automatiques, la méthode paranoïaque-critique a été développée par Salvador Dalí. Elle est définie comme « une méthode spontanée de connaissance irrationnelle, basée sur l’objectivation critique et systématique des associations et interprétations délirantes ».

Patrice Schmitt a noté que, selon Dalí, la paranoïa est aux antipodes de l’hallucination en raison de son caractère actif. Elle est à la fois méthodique et critique, possède un sens précis et une dimension phénoménologique, s’opposant à l’automatique comme le cadavre exquis. Faisant le parallèle avec les théories de Lacan, Schmitt a conclu que le phénomène paranoïaque est de type pseudo-hallucinatoire. Les techniques d’images doubles (sur lesquelles Dalí travaillait depuis L’Homme invisible, 1929) étaient particulièrement aptes à révéler le fait paranoïaque.


L’Empreinte Internationale du Surréalisme 🌍

Malgré sa centralité parisienne initiale, le surréalisme a connu une diffusion et une adaptation internationales notables.

Europe Occidentale et Centrale

En Belgique, le surréalisme a connu une fortune particulière dans la littérature francophone. Paul Nougé, dont la poésie était très ludique, a fondé un centre surréaliste à Bruxelles en 1924 avec Camille Goemans et Marcel Lecomte. Un autre groupe important, Rupture, s’est créé en 1932 à La Louvière, autour d’Achille Chavée. Le surréalisme belge se distinguait du groupe parisien par sa prise de distance vis-à-vis de l’écriture automatique et de l’engagement politique. L’écrivain et collagiste E. L. T. Mesens était l’ami de René Magritte.

En Espagne, l’influence du surréalisme s’est exercée à la fin des années 1920, en dépit de la méfiance suscitée par l’irrationalisme de l’écriture automatique. Ramón Gómez de la Serna définissait ses rapprochements insolites, les greguerias, comme « humour + métaphore ». Le courant « ultraïste » a influencé les poètes de la « Génération de 27 », notamment Federico García Lorca, Rafael Alberti, Vicente Aleixandre et Luis Cernuda.

Aux Pays-Bas, le photographe Emiel van Moerkerken fut l’artiste surréaliste le plus important dans les années 1930 et 1940. Inspiré par ses connaissances à Paris (Brassaï, Dalí, Breton), il a introduit le surréalisme dans son pays.

En Tchécoslovaquie, le « poétisme » tchèque, qui s’affirme dès 1924 avec un manifeste de Karel Teige, peut être considéré comme une première phase du surréalisme. Teige concevait la poésie comme une création intégrale donnant libre cours à l’imagination et au sens ludique. Les représentants les plus éminents furent Jaroslav Seifert et Vítězslav Nezval, dont Soupault a souligné l’audace des images.

Les principes surréalistes se sont également retrouvés en Scandinavie et en URSS. Le mouvement yougoslave entretenait des contacts étroits avec le courant français grâce à Marko Ristić.

En Pologne, le surréalisme a été revendiqué comme source d’inspiration par l’Alternative orange, un groupe artistique d’opposition. Leur fondateur, le Major Waldemar Fydrych, a proclamé le Manifeste du surréalisme socialiste. Ce groupe utilisait l’esthétique surréaliste dans sa terminologie et donnait une large place à l’acte spontané, organisant des happenings et peignant des graffiti absurdes.

Le Surréalisme en Asie et en Amérique Latine

Le surréalisme japonais présente une particularité : il ne s’inscrit pas dans la continuité du dadaïsme. Contrairement à la France, la quasi-totalité des écrivains dadaïstes (groupe MAVO) ne sont pas devenus surréalistes, et inversement. Les figures marquantes incluent les écrivains Junzaburō Nishiwaki, Shūzō Takiguchi et Katsue Kitazono, et les peintres Harue Koga, Ichirô Fukuzawa et Noboru Kitawaki. Le photographe et poète Kansuke Yamamoto est également important.

Parmi les romanciers, Kōbō Abe a laissé les œuvres les plus marquantes. Dans le domaine des mangas, une ouverture à l’emploi de tournures surréalistes a été réalisée avec l’œuvre Nejishiki de Yoshiharu Tsuge (publiée en 1968), qui a obtenu un appui écrasant de la génération du Zenkyōtō (l’équivalent de Mai 68).

En Amérique latine, l’écrivain majeur de la Bolivie au XXe siècle, Jaime Sáenz, a porté le flambeau du surréalisme. Il l’a fait plus en héritier libre et indépendant qu’en sectateur fanatique .

La francophonie d’outre-mer a trouvé en Jean Venturini, poète franco-marocain révolté et rimbaldien, un porte-parole original et indépendant .


En conclusion, bien que le surréalisme ait connu une perte de prestige après 1940 et des tentatives de dissolution officielle après la mort de Breton en 1966, il a continué d’exister comme groupe et à exercer une influence profonde et diffuse sur l’art et la pensée à travers le monde. Le mouvement est resté notablement actif dans plusieurs pays, prouvant sa résilience bien au-delà de son centre parisien initial.

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