La Coupe du Monde 1998 : Le Triomphe Historique de la France sur son Sol 🏆
La Coupe du monde de football de 1998, seizième édition de cette compétition planétaire, s’est déroulée en France du 10 juin au 12 juillet. Cet événement a marqué un tournant historique pour le football français, avec une victoire retentissante de l’équipe nationale, connue sous le nom des « Bleus ». Organisée pour la seconde fois par la France après l’édition de 1938, cette Coupe du monde fut la première à réunir trente-deux équipes en phase finale. Au-delà de l’aspect sportif, ce Mondial a généré des discussions profondes sur ses impacts sociaux, économiques et politiques, souvent regroupées sous le terme d’« effet Mondial ».
Contexte et Préparatifs d’un Événement Mondial 🌍
L’organisation d’une Coupe du monde est un projet de grande envergure qui nécessite des années de préparation. La France a navigué à travers un processus de candidature rigoureux pour s’assurer le droit d’accueillir ce prestigieux tournoi.
La Candidature Française et la Désignation du Pays Hôte 🗳️
L’intention de la Fédération française de football (FFF) d’organiser une nouvelle Coupe du monde avait été signifiée à la FIFA dès le 21 juillet 1983 par son président de l’époque, Fernand Sastre. Initialement envisagée pour 1990, cette candidature fut reportée à 1998 en raison de la présence de l’Italie dans la course pour l’édition précédente. En novembre 1986, le nouveau président de la FFF, Jean Fournet-Fayard, a réaffirmé la volonté de constituer un dossier de candidature pour le Mondial 1998. La candidature française fut officiellement validée par le président de la République, François Mitterrand, dans un courrier adressé à la FIFA le 26 janvier 1989. Un comité de candidature fut créé la même année par la FFF, avec le slogan évocateur : « All of France wants the World Cup » (La France entière veut la Coupe du monde).
Sept pays se sont initialement portés candidats en janvier 1991 auprès de la Fédération internationale de football association (FIFA) : l’Angleterre, le Brésil, le Chili, la France, l’Inde, le Maroc, le Portugal et la Suisse. Après le retrait de quatre nations, seules la France, le Maroc et la Suisse sont restées en lice en septembre 1991. Le projet marocain, initié dès 1983 par Abderrazak Mekouar du Wydad AC, avait reçu le soutien du Roi Hassan II et avait déjà postulé pour l’édition 1994, terminant derrière les États-Unis mais devant le Brésil. Le ministre de la Jeunesse et des Sports marocain, Abdellatif Semlali, avait alors préparé un deuxième dossier pour 1998.
La désignation officielle du pays hôte a eu lieu le 2 juillet 1992 au siège de la FIFA à Zurich, un événement retransmis en direct à la télévision en France. Au premier tour, c’est la France qui a obtenu l’organisation du tournoi, avec douze voix contre sept pour le Maroc.
Le Comité d’Organisation et les Figures Clés 🤝
La FIFA a délégué l’organisation de la Coupe du monde 1998 à la Fédération française de football. La FFF a alors créé le Comité français d’organisation (CFO) le 10 novembre 1992, chargé de superviser tous les aspects de l’événement. Ce comité était dirigé par deux co-présidents : Fernand Sastre, l’ancien président de la FFF et initiateur de la candidature française, et Michel Platini, une figure emblématique du football et champion d’Europe 1984. Une commission de la FIFA, présidée par Lennart Johansson (également président de l’UEFA de 1990 à 2007) et ayant pour vice-président l’Argentin Julio Grondona (également vice-président de la FIFA), assurait la liaison entre le CFO et l’instance mondiale du football. Tragiquement, le début de la Coupe du monde a été endeuillé par la disparition de Fernand Sastre, qui est décédé d’un cancer le matin du 13 juin 1998.
Le Tournoi de France 1997 : Une Répétition Générale 🏟️
En guise de préparation à l’organisation de l’événement principal, un tournoi amical, baptisé le Tournoi de France, a été disputé du 3 au 11 juin 1997. Ce tournoi a réuni quatre équipes de renom : l’Angleterre, le Brésil, la France et l’Italie. Il a été organisé sous la forme d’une poule unique, où chaque équipe jouait trois matchs, le vainqueur étant celle qui terminait en tête. C’est l’équipe d’Angleterre qui a remporté ce tournoi préparatoire, grâce à des victoires contre l’Italie et la France, malgré une défaite face au Brésil.
Aspects Socio-Économiques et Commémoratifs ✨
L’organisation d’un événement d’une telle ampleur s’accompagne de diverses manifestations et initiatives.
- Manifestations et Spectacles : Les Géants de Paris Le 9 juin 1998, à la veille du match d’ouverture de la Coupe du monde, un grand spectacle a été organisé dans les rues de Paris : une procession de quatre géants. Cette manifestation, orchestrée par Jean-Pascal Lévy-Trumet, a même fait l’objet d’une retransmission télévisée de plus de quatre heures sur la chaîne TF1. Chaque géant, mesurant environ vingt mètres de hauteur, était censé représenter un continent : Ho pour l’Asie, Moussa pour l’Afrique, Pablo pour l’Amérique et Roméo pour l’Europe. Cependant, le spectacle fut considéré comme un fiasco télévisuel en raison de la lenteur excessive de la procession (2 km/h) et n’a pas atteint la mobilisation populaire espérée, n’attirant que 200 000 spectateurs au lieu du million attendu. Le quotidien Libération a même titré ironiquement « Un défilé de poupées gonflantes ». Le devenir de ces structures massives fut également mouvementé : les armatures furent rapidement recyclées. En 2002, une enquête du journal Le Monde a révélé que la tête de Ho, pesant près d’une demi-tonne, avait été volée et brûlée dans le 13e arrondissement de Paris pendant l’été 1998. Le sort de la tête de Moussa est resté inconnu après la faillite d’une entreprise normande qui l’avait récupérée. La tête de Pablo a été retrouvée en 2002 sur une propriété privée aux Loges-en-Josas. Quant à la tête de Roméo, elle fut exposée pendant un mois sur un parking de centre commercial avant d’être installée à Soisy-sous-Montmorency, après que l’équipe de football locale eut remporté le tournoi dont elle était le prix.
- Monnaies Commémoratives et Timbres-Poste 💰 Pour marquer l’événement, douze pièces de monnaie, allant de 10 à 500 francs et fabriquées en métal précieux, ont été frappées en 1998. Onze de ces œuvres ont été conçues par Joaquin Jimenez. La Poste a également émis treize timbres-poste commémoratifs créés par l’illustrateur Louis Briat. Dès décembre 1995, un timbre représentait un terrain de football et le logotype de l’événement. En 1996 et 1997, dix timbres ont été émis en trois fois, chacun dédié à l’une des dix villes accueillant des matchs de la Coupe, arborant les couleurs de l’équipe de football locale et montrant une action de jeu. Ces dix timbres ont été regroupés dans un bloc-feuillet en janvier 1998, organisé autour d’une photographie aérienne du Stade de France. Un timbre de forme ronde, le premier en France, représentant un ballon bleu sur un patchwork de drapeaux du monde, a été émis le 2 mars 1998. Ce même timbre a été réémis avec la mention « Champion du monde FRANCE » dans les jours suivant la victoire finale.
- Slogan et Musique Officielle 🎶 Le slogan officiel de la Coupe du monde 1998 était : « C’est beau un monde qui joue ». Ce slogan mettait en avant la philosophie des organisateurs, qui privilégiaient « l’esthétique » du jeu « par rapport à la taille » de l’événement. La chanson officielle du tournoi était « La copa de la vida », interprétée par Ricky Martin. L’hymne officiel, intitulé « La Cour des grands », a été interprété par la chanteuse belge Axelle Red et le chanteur sénégalais Youssou N’Dour. Ils ont chanté ce titre lors du tirage au sort à Marseille le 4 décembre 1997, et de nouveau lors de la cérémonie d’ouverture le 10 juin 1998 au Stade de France.
Couverture Médiatique et Sponsoring 📺
La couverture médiatique de l’événement a été immense, touchant un public mondial. Les images et le son de la compétition étaient fournis aux télévisions et radios par la société TVRS 98, le radiodiffuseur officiel du tournoi. En France, Radio France a même créé une station éphémère dédiée, « 98 Radio France », sous l’impulsion de Gilbert Denoyan et la direction de Jean Morzadec et Jacques Vendroux. Les matchs de la Coupe du monde ont été retransmis dans 200 pays. Au total, 818 photographes ont été accrédités pour le tournoi. Une tribune était spécifiquement réservée aux médias pour chaque rencontre, atteignant son maximum pour la finale, avec la présence de 1 750 reporters et 110 commentateurs de télévision. En termes de sponsoring, Coca-Cola était un partenaire officiel de la Coupe du monde 1998, et la FIFA avait un partenaire marketing, ISL Worldwide, pour gérer les activités commerciales autour de l’événement.
Le Parcours de l’Équipe de France vers le Sacre 🇫🇷
Le chemin de l’équipe de France vers le titre à domicile n’a pas été des plus aisés. Bien que la France ait remporté la finale sur un score net de trois à zéro contre le Brésil, son parcours précédent avait suscité des interrogations et révélé des difficultés.
Une Phase de Groupes Solide mais Questionnée 🤔
L’équipe de France a terminé première de son groupe lors du premier tour, enchaînant trois victoires. Les matchs de poule se sont joués contre des équipes considérées comme de faible niveau : l’Arabie Saoudite, le Danemark et l’Afrique du Sud. Malgré ces victoires, l’animation offensive des Bleus, un point faible depuis plusieurs mois, continuait de poser problème. Les journaux sportifs critiquaient le style de jeu rigide défendu par le sélectionneur Aimé Jacquet, le « football-champagne » n’étant plus à l’ordre du jour. La France n’avait concédé que 2 buts en 6 rencontres avant la finale, dont un sur pénalty contre le Danemark, soulignant une solide défense mais une attaque moins prolifique.
Des Éliminatoires Semés d’Embuches 💪
Après la phase de groupes, le parcours en phase à élimination directe a été particulièrement tendu et a mis en lumière les capacités de résistance de l’équipe.
- Huitièmes de finale : Contre le Paraguay La France a rencontré des difficultés pour battre le Paraguay en huitièmes de finale. La victoire n’a été acquise que grâce à un but en or marqué en prolongations par Laurent Blanc.
- Quarts de finale : Contre l’Italie Le quart de finale contre l’Italie a été un autre test majeur. L’équipe n’a pas réussi à marquer pendant le temps réglementaire et les prolongations, et a dû attendre la séance des tirs au but pour éliminer l’Italie sur un score de 4-3.
- Demi-finales : Contre la Croatie En demi-finale, la France a affronté la Croatie. Bien que l’équipe partait favorite, elle ne l’a emporté qu’avec un but d’écart (2-1). La victoire a été rendue possible par un doublé inattendu de Lilian Thuram, ses seuls buts de sa longue carrière internationale. Un problème supplémentaire s’est posé avant la finale avec l’absence pour suspension du libéro Laurent Blanc, comme le soulignait Frank Lebœuf.
La Finale Historique : Brésil 0 – 3 France ⚽
Le point culminant de la compétition fut la finale, un match qui allait marquer l’histoire du football français.
Le Cadre de la Rencontre 🏟️
La finale de la Coupe du monde de football 1998 s’est déroulée le 12 juillet 1998 au Stade de France à Saint-Denis. Le coup d’envoi a été donné à 21h00. Ce match a opposé le Brésil et la France, devant une affluence de 80 000 spectateurs. L’arbitre de la rencontre était Saïd Belqola.
Les Équipes et leurs Compositions 📋
- Brésil : Les tenants du titre Le Brésil, qualifié après avoir battu les Pays-Bas aux tirs au but en demi-finale (1-1 après prolongation, 4-2 aux tirs au but), avait initialement aligné son équipe type pour la finale. Cependant, une situation particulière a précédé le match : la première feuille de match communiquée à la presse annonçait Edmundo et non Ronaldo à la pointe de l’attaque. Il s’est avéré après la rencontre que Ronaldo était en réalité très incertain pour la finale, ayant été victime d’un curieux malaise avec perte de connaissance le matin même du match. La composition du Brésil était la suivante :
- Gardien de but : 1 Cláudio Taffarel
- Défenseurs : 2 Cafu, 3 Aldair, 4 Júnior Baiano (averti à la 33e minute), 6 Roberto Carlos
- Milieux : 5 César Sampaio (remplacé à la 73e minute), 8 Dunga (Capitaine), 10 Rivaldo, 18 Leonardo (remplacé à la 46e minute, à la mi-temps)
- Attaquants : 20 Bebeto, 9 Ronaldo
- Remplacements : 19 Denílson (entré à la 46e minute, à la mi-temps), 21 Edmundo (entré à la 73e minute)
- Sélectionneur : Mário Zagallo
- France : Le pays hôte et ses choix tactiques L’équipe de France a dû faire face à la suspension de Laurent Blanc, un joueur clé en défense centrale. Aimé Jacquet, le sélectionneur, l’a remplacé poste pour poste par Frank Lebœuf. Pour le reste, l’entraîneur a conservé son schéma traditionnel à trois milieux récupérateurs, déjà utilisé à l’Euro 1996 et depuis le quart de finale contre l’Italie. Didier Deschamps évoluait dans l’axe, tandis que Christian Karembeu et Emmanuel Petit étaient décalés sur les côtés. Zinédine Zidane s’est vu confier l’animation du jeu, et Youri Djorkaeff évoluait dans un rôle libre en soutien de Stéphane Guivarc’h, seul en pointe, qui avait été préféré à Christophe Dugarry. La composition de la France était la suivante :
- Gardien de but : 16 Fabien Barthez
- Défenseurs : 15 Lilian Thuram, 8 Marcel Desailly (carton jaune à la 48e minute, carton rouge à la 68e minute), 18 Frank Lebœuf, 3 Bixente Lizarazu
- Milieux : 7 Didier Deschamps (Capitaine, averti à la 39e minute), 19 Christian Karembeu (averti à la 56e minute, remplacé à la 57e minute), 17 Emmanuel Petit, 10 Zinédine Zidane, 6 Youri Djorkaeff (remplacé à la 74e minute)
- Attaquant : 9 Stéphane Guivarc’h (remplacé à la 66e minute)
- Remplacements : 14 Alain Boghossian (entré à la 57e minute), 21 Christophe Dugarry (entré à la 66e minute), 4 Patrick Vieira (entré à la 74e minute)
- Sélectionneur : Aimé Jacquet
- Assistants : Mark Warren, Achmat Salie
- Quatrième arbitre : Rahman Al-Zaid
Le Déroulement du Match : Une Domination Française ⚡
Le ballon officiel de la finale est exposé au musée national du sport. Dès le coup d’envoi, les Français ont pris le contrôle du milieu de terrain. Dès la troisième minute, Stéphane Guivarc’h, bien servi par Zinédine Zidane, a obtenu une première occasion de but, mais son tir n’a pas été cadré.
Alors que le match tendait à s’équilibrer et que le Brésil se procurait plusieurs occasions, notamment un centre au-dessus de la transversale de Roberto Carlos à la 20e minute et une tête de Rivaldo à la 24e minute, les Bleus ont remis la pression sur leur adversaire.
- Le premier but (27e minute) : Zidane de la tête À la 27e minute, suite à un coup de pied de coin concédé par Roberto Carlos, l’Équipe de France a inscrit son premier but. Sur un tir d’Emmanuel Petit, Zinédine Zidane, à six mètres au premier poteau, a placé une tête piquée en extension au centre du but, trompant Taffarel.
Un moment clé s’est produit à la 30e minute lorsque le gardien français Fabien Barthez a réalisé une sortie spectaculaire, passant au-dessus de Ronaldo dans un choc avec l’attaquant brésilien. Alors que la première mi-temps touchait à sa fin, l’équipe de France a marqué un deuxième but, à nouveau sur corner.
- Le deuxième but (45+1e minute) : Doublé de Zidane Tiré par Youri Djorkaeff, le ballon a été dévié dans le but brésilien par Zinédine Zidane au premier poteau. Le joueur français s’est retrouvé démarqué suite à une glissade du Brésilien Dunga, permettant à Zidane de réaliser un doublé juste avant la pause.
Dès l’entame de la seconde période, le sélectionneur brésilien Mário Zagallo a décidé de renforcer son attaque. Léonardo, milieu de terrain relayeur et ancien joueur du Paris Saint-Germain, a cédé sa place à l’attaquant Denílson. Les Brésiliens sont devenus de plus en plus pressants, créant une occasion lorsque Ronaldo, décalé par une transversale de Roberto Carlos, s’est retrouvé en position de frapper au but quasiment à bout portant. Cependant, Fabien Barthez a bien fermé l’angle et a bloqué la frappe de l’attaquant brésilien, qui semblait particulièrement amorphe depuis le début de la rencontre.
À la 67e minute, Marcel Desailly, un joueur d’importance pour la défense française, a reçu un second carton jaune pour un tacle irrégulier sur Cafu, après une montée sur le côté droit du terrain, entraînant son exclusion. En conséquence, Aimé Jacquet a réagi en remplaçant Youri Djorkaeff par le milieu défensif Patrick Vieira. Emmanuel Petit, dont ce n’était pas la position habituelle, a alors évolué en tant qu’arrière central pour compenser l’expulsion de Desailly.
En supériorité numérique, les Brésiliens ont multiplié les attaques, d’autant qu’un attaquant supplémentaire, Edmundo, était entré en jeu. Cependant, malgré certaines tentatives, dont une frappe de Denílson sur la barre transversale, l’équipe brésilienne n’est pas parvenue à marquer de but. De son côté, l’attaquant français Stéphane Guivarc’h s’est procuré une nouvelle occasion à la 63e minute, mais son tir est passé au-dessus du but de Taffarel.
- Le troisième but (90+3e minute) : Petit scelle la victoire Alors que le match touchait à sa fin, Lilian Thuram a concédé un corner. Cependant, Christophe Dugarry a récupéré le ballon et est parti en contre-attaque. Il a passé le ballon à Patrick Vieira, qui l’a immédiatement transmis à Emmanuel Petit, esseulé. Le joueur français a effectué une frappe croisée et a trompé Taffarel, qui était venu à sa rencontre, inscrivant ainsi le troisième but de l’Équipe de France. Ce but a scellé la victoire et a fait de la France la championne du monde de football pour la première fois de son histoire.
Statistiques et Records du Match 📊
La finale de la Coupe du monde 1998 a été riche en statistiques et en records significatifs.
- Le troisième but inscrit par Emmanuel Petit lors de cette finale est également le 1 000e but marqué dans l’histoire des Bleus.
- Le score de 3-0 est historique puisqu’il représente le plus grand écart jamais observé lors d’une finale de Coupe du monde sans que l’équipe adverse n’ait inscrit de but. Ce n’est pas le plus grand écart de tous les temps (il y a eu 5-2 en 1958 entre le Brésil et la Suède, et 4-1 en 1970 entre le Brésil et l’Italie), mais c’est la plus grande différence de buts sans encaissement.
- Pour le Brésil, cette défaite 3-0 a été la plus large subie en phase finale de Coupe du monde jusqu’à la demi-finale de 2014 contre l’Allemagne (1-7 à l’Estádio Mineirão de Belo Horizonte).
L’Après-Match : Célébrations et Controverse de l' »Effet Mondial » 🎉
La victoire de la France en Coupe du monde a déclenché une vague d’euphorie nationale et a initié des débats sur ses répercussions à long terme.
L’Euphorie Nationale et les Célébrations Spontanées 🥳
Quelques instants après le coup de sifflet final, le commentateur Thierry Roland a prononcé une phrase restée célèbre exprimant sa joie : « Vous le croyez ça ? L’équipe de France est championne du monde en battant le Brésil 3-0 ! Deux buts de Zidane, un but de Petit, je crois qu’après avoir vu ça, on peut mourir tranquille. Enfin, le plus tard possible, mais on peut. Ah c’est superbe. Quel pied, ah quel pied ! Oh putain ! Olalala ! ».
Des rassemblements sans précédent ont eu lieu dès le coup de sifflet final dans toutes les villes françaises. Sur les Champs-Élysées, dans la nuit du 12 juillet, 1,5 million de personnes y ont afflué pour célébrer la victoire. Ce rassemblement est apparu comme le plus grand rassemblement populaire sur cette avenue depuis le défilé du général de Gaulle à la Libération le 26 août 1944.
Cependant, cette soirée festive a été endeuillée par des incidents tragiques. Un grave accident de la circulation est survenu lorsqu’une voiture s’est retrouvée immobilisée au milieu de la foule, l’avenue n’ayant pas été entièrement fermée à la circulation. La conductrice, décrite comme étant d’une santé mentale instable et ayant cédé à une crise d’angoisse, a paniqué et a démarré en trombe dans la foule, blessant 80 personnes, dont 11 gravement. L’une des victimes, un directeur de société tchèque, est décédé des suites de ses blessures. Une autre « voiture folle », conduite par un avocat anglais ivre, a fait une dizaine de victimes sur les Champs-Élysées ce même soir, l’avocat ayant été incarcéré six jours. Les Champs-Élysées se sont transformés en hôpital de campagne vers 3 heures du matin et ont été désertés par la suite.
Les Honneurs Officiels et les Retrouvailles 🎖️
Le lendemain de la finale, le 13 juillet 1998, plus de 500 000 personnes sont venues rendre hommage aux Bleus, qui ont remonté l’avenue des Champs-Élysées dans un bus à impériale. Les joueurs et leur famille ont ensuite été reçus au palais de l’Élysée par le Président de la République, Jacques Chirac. Le 14 juillet, jour de la fête nationale française, les champions du monde ont été faits chevaliers de la Légion d’honneur.
La vie de groupe des joueurs de l’équipe de France pendant la compétition a été relatée dans un film documentaire intitulé « Les Yeux dans les Bleus ». Réalisé par Stéphane Meunier, le film offre une immersion dans la vie de l’équipe, filmée à l’aide d’une petite caméra pendant toute la durée du tournoi.
L' »Effet Mondial » : Réalité ou Mythe ? 🤔
L’expression « effet Mondial » a souvent été utilisée pour décrire un impact positif de la victoire sur l’économie et la société française. Cependant, des études rétrospectives et des analyses de sociologues et d’historiens ont nuancé cette perception, voire ont remis en question la pérennité et la profondeur de cet « effet ».
Impact Économique : Entre Dopage et Construction Médiatique 💰
Un « effet Mondial » a souvent été évoqué pour qualifier un impact positif sur l’économie française, notamment par un dopage de la croissance et une amélioration du moral des ménages. Néanmoins, des études rétrospectives ont montré l’absence de « miracle économique » attribuable directement à cet événement, et ont même attribué ce supposé effet économique à une « construction médiatique ». Malgré cela, un effet ponctuel est considéré comme indéniable. La presse sportive a vu sa diffusion augmenter, et les droits télévisés ont connu une inflation bénéfique pour les clubs professionnels, qui ont vu leur nombre d’abonnés et de spectateurs augmenter. Les partenaires commerciaux des Bleus (les marques) ont également bénéficié de retombées positives.
Retombées Sportives : Un « Mini Baby-Boom » Éphémère 👶
Les retombées sportives directes de la victoire ont été jugées transitoires. Les clubs de jeunes ont certes accueilli un « mini baby-boom », avec une augmentation de 12 % de licenciés, mais cette impulsion a été de courte durée.
Impact Sociologique : Le Mythe de la « France Black Blanc Beur » 🤝
L’impact sociologique de cet « effet Mondial » est souvent perçu comme relevant du mythe. Le sociologue Karim Souanef a montré comment les journalistes français se sont unis pour refléter un sentiment de concorde nationale, promouvant l’image d’une France « Black Blanc Beur ». Cette image était censée réconcilier deux France séparées et être « représentative de la France des provinces, des DOM-TOM et de l’ancien empire colonial ». Selon Souanef, cette interprétation journalistique, qui révélait une « desportivisation » de l’information au profit d’une surpolitisation de l’événement footballistique, a été réalisée par un « usage intensif et collectif de représentations stéréotypées tendant à imposer de nouveaux schèmes de représentations à l’opinion publique ».
Plusieurs voix se sont élevées pour nuancer ou contredire cette vision idyllique.
- Dominique Sopo, président de SOS Racisme, a estimé que le gouvernement Jospin « aurait pu se servir de cette victoire en Coupe du monde comme d’un levier, pas simplement comme d’un cache-sexe montrant une belle image de la France à vendre aux touristes ». Il a regretté l’absence de politique volontariste des pouvoirs publics pour capitaliser sur cet élan, estimant que continuer à parler d’« effet Mondial » relève d’une forme d’escroquerie.
- Gilles Clavreul a soutenu que « penser qu’une équipe de France diverse par ses origines va rendre la société plus harmonieuse et plus tolérante relève de la pensée magique ». Pour lui, le sport de haut niveau n’est pas représentatif de la société car « une équipe nationale, c’est la conjonction de talents individuels hors normes, de parcours où la chance a sa part (…) et d’un système de formation, d’entraînement, de sélection et de compétition qui repose à la fois sur des acteurs publics, des clubs, des investisseurs, etc. ».
- À l’inverse, le professeur de philosophie Éric Deschavanne a vu des valeurs intégratrices dans le football, estimant que « l’équipe de France de foot est devenue un vecteur d’identification nationale, et qu’elle représente en conséquence un symbole de la communauté nationale ». Il a considéré que « le 12 juillet 1998 incarne le rêve français de l’intégration réussie », contrastant cela avec « Knysna, le cauchemar de la dislocation » (faisant référence à un événement ultérieur dans l’histoire de l’équipe de France).
- L’essayiste spécialiste du sport Marc Perelman a analysé la victoire comme une « footballisation » de la société plutôt que comme un moyen de lutte antiraciste grâce au football. Il a affirmé que même si la « footballmania » envahissait la structure de l’État, les idées d’universalité et d’égalité étaient loin d’être servies par ce sport, qui ne jouerait aucun rôle pour endiguer le racisme « qui dévore la société française ».
- L’historien Frédéric Attal a conclu que les effets bénéfiques sur l’intégration n’ont probablement pas eu lieu parce que l’ambivalence entre « valorisation des identités particulières ou au contraire fusion dans un collectif qui fasse abstraction de ces différences » n’était pas dissipée.
Retombées Politiques : Un Boost de Popularité Transitoire 📈
Les retombées politiques de l’« effet Mondial » ont également été ponctuelles. L’effet transitoire sur les problèmes de l’extrême droite française a été résumé dans un dessin politique de Plantu publié dans L’Express après la victoire. Ce dessin montrait un collaborateur consolant Jean-Marie Le Pen en disant : « Ne pleure pas, Jean-Marie ! Si ça se trouve, la finale du prochain Mondial, ce sera peut-être Nigeria-Cameroun », ce qui faisait tomber Le Pen de sa chaise à la renverse, illustrant l’ironie face à la diversité de l’équipe. L’« effet Mondial » a eu un impact éphémère sur l’opinion des Français à l’égard de l’exécutif : le président de la République Jacques Chirac a immédiatement regagné 15 points de cote de popularité, et le Premier Ministre Lionel Jospin 10 points.
L’Héritage et les Commémorations de France 98 🌟
La victoire de 1998 a laissé un héritage durable, avec des commémorations et des initiatives pour maintenir l’esprit de cette période.
L’Association France 98 et les Matchs Caritatifs 🎗️
Après la victoire de l’équipe de France, l’association France 98 a été créée. Elle rassemble la plupart des joueurs de l’équipe victorieuse de la Coupe du monde 1998 et organise régulièrement des matchs à vocation caritative.
Les Anniversaires de la Victoire : 2008 et 2018 🗓️
- Le 10e Anniversaire (2008) : Un match de gala Pour célébrer le dixième anniversaire de la victoire française en Coupe du monde, une rencontre a été organisée entre l’équipe France 98 et une sélection mondiale. L’idée initiale d’un « remake » de la finale entre la France et le Brésil n’a pu se concrétiser car la sélection brésilienne ne souhaitait pas « revivre le cauchemar » de 1998. Le match entre France 98 et la sélection mondiale a eu lieu au Stade de France, dix ans jour pour jour après le sacre de 1998, devant 78 000 spectateurs. L’équipe France 98 était dirigée par Aimé Jacquet et comprenait tous les champions du monde 1998, à l’exception d’Emmanuel Petit qui a refusé de participer à l’événement. L’équipe du reste du monde était dirigée par Arsène Wenger et Hristo Stoitchkov. La rencontre s’est terminée sur un score de 3-3, avec trois buts marqués dans les toutes dernières minutes du match. Les buteurs pour France 98 furent Zinédine Zidane (66e minute), Ludovic Giuly (89e minute), et Bernard Diomède (90+1e minute), tandis que pour la Sélection mondiale, Emilio Butragueño (25e minute), Pedro Miguel Pauleta (70e minute), et Davor Šuker (90e minute) ont marqué.
- Le 20e Anniversaire (2018) : Un « Match de Légende » et un doublé historique Vingt ans après le premier sacre, le 15 juillet 2018, l’équipe de France a remporté la Coupe du monde en Russie. Cette victoire a été d’autant plus symbolique que le sélectionneur était Didier Deschamps, qui avait été le capitaine de l’équipe victorieuse en 1998. Avec cette nouvelle victoire, Didier Deschamps est devenu le troisième joueur de l’histoire à remporter la compétition à la fois en tant que joueur et en tant que sélectionneur. Une autre rencontre commémorative, un « Match de Légende » entre France 98 et une Sélection Fifa 98, a eu lieu le mardi 12 juin 2018 à la Paris La Défense Arena de Nanterre. Ce match s’est soldé par une victoire de France 98 sur le score de 3 à 2. Les buts pour France 98 ont été inscrits par Thierry Henry (22e minute), Zinédine Zidane (50e minute), et Vincent Candela (67e minute). Pour la Sélection Fifa 98, les buteurs furent Fernando Morientes (18e minute) et Gaizka Mendieta (60e minute).
En somme, la Coupe du monde 1998 en France représente bien plus qu’une simple victoire sportive. C’est un événement qui a profondément marqué la mémoire collective, suscitant des célébrations grandioses et des réflexions sur l’identité nationale, les valeurs sociétales et l’impact réel des succès sportifs sur le long terme.