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15 Juillet 1904 : Mort d’Anton Tchekhov. Comment son voyage dans le bagne de Sakhaline a influencé son écriture ?

Posted on juillet 15, 2025juillet 15, 2025 By Lordkelvin765@gmail.com Aucun commentaire sur 15 Juillet 1904 : Mort d’Anton Tchekhov. Comment son voyage dans le bagne de Sakhaline a influencé son écriture ?

Anton Tchekhov : Vie, Œuvre et Héritage d’un Géant de la Littérature Russe ✍️🇷🇺

Anton Tchekhov (également orthographié Tchékhov), de son nom complet Anton Pavlovitch Tchekhov, est une figure emblématique de la littérature et du théâtre russes de la fin du XIXe siècle. Né à Taganrog, en Russie, le 17 janvier 1860 (29 janvier selon le calendrier grégorien), il s’éteint le 15 juillet 1904 à Badenweiler, en Allemagne. Malgré une vie relativement courte, marquée par la maladie, Tchekhov a laissé une empreinte indélébile sur la scène littéraire mondiale, étant reconnu pour sa capacité à dépeindre la vie provinciale russe avec une profondeur et une acuité psychologique remarquables.

Au-delà de son rôle de dramaturge et d’écrivain, Tchekhov a mené de front une carrière de médecin, une profession qui a profondément influencé son regard sur la société et les individus, nourrissant son œuvre de réalités humaines complexes. Ses pièces de théâtre, telles que La Mouette, La Cerisaie et Oncle Vania, sont des classiques intemporels, régulièrement jouées et étudiées à travers le monde.

Enfance et Jeunesse : Les Racines d’un Esprit Libre 👨‍👦‍👦🏡

Contexte Familial et Social 👪

Anton Pavlovitch Tchekhov voit le jour en 1860 dans la ville portuaire de Taganrog, située au bord de la mer d’Azov, dans le sud de la Russie. Sa famille, bien que n’étant pas issue de l’aristocratie, a des racines profondes dans le servage. Son père, Pavel Iegorovitch Tchekhov (1825-1898), est le fils d’un serf du gouvernement de Voronej, lequel a acquis son affranchissement en 1841 auprès du comte A. D. Tchertkov. Pavel Iegorovitch est décrit comme un homme violent et d’une religiosité excessive, tenant une petite épicerie et un commerce de produits coloniaux à Taganrog.

Sa mère, Evguenia Iakolevna Morozova (1835-1919), est la fille de commerçants négociants en draps de la région de Morchansk, également issus d’une ancienne famille de serfs. Elle épouse Pavel à l’âge de dix-neuf ans et ensemble, ils élèvent six enfants : cinq garçons, Alexandre (1855-1913), Nikolaï (1858-1889), Anton (1860-1904), Ivan (1861-1921), et Mikhaïl (1865-1936), ainsi qu’une fille, Maria (1863-1957). Une seconde fille, Evguenia, est décédée en bas âge.

La famille Tchekhov vit dans des conditions difficiles, marquées par la pauvreté et les restrictions. Les faibles revenus du magasin sont attribuables à l’inaptitude du père à gérer l’épicerie et au déclin économique du port de Taganrog, causé par l’ensablement de la baie dans la seconde moitié du XIXe siècle. Les enfants, y compris Anton, sont contraints d’aider très tôt au magasin. De plus, ils doivent se rendre quotidiennement aux cours de chant du chœur de l’église, où leur père officie comme chantre. Anton Tchekhov décrira à maintes reprises son père autoritaire. La famille réside alors dans la maison Gnoutov, une petite bâtisse de plain-pied située Politzeïskaïa oulitsa (rue de la Police) à Taganrog. En 1869, la famille déménage dans une nouvelle maison sur Monastyrskaïa oulitsa (rue du Monastère).

Éducation et Expériences Précoces 📚🎭

Malgré les difficultés financières, les Tchekhov attachent une grande importance à l’éducation de leurs enfants. À l’âge de huit ans, Anton est admis en classe préparatoire au lycée n°2 de garçons de Taganrog, qu’il fréquente de 1869 jusqu’à l’obtention de son diplôme en 1879. Il y rencontre Lev Philippovitch Wolkenstein, avec qui il tissera une amitié durable. Anton se révèle être un élève plutôt moyen, ayant même redoublé deux fois (en 3e et 5e classe). Ses résultats scolaires s’expliquent par la charge de travail continue imposée aux frères – chanter au chœur, travailler au magasin – et par les méthodes d’instruction autoritaires de l’Empire russe de l’époque. Ces souvenirs de lycée inspireront Tchekhov, notamment dans son récit L’Homme à l’étui (1898).

En tant que lycéen, le jeune Anton, initialement perçu comme discret et réservé, révèle un humour prononcé et un grand intérêt pour le théâtre et la littérature. Il se forge une réputation de farceur, usant de commentaires satiriques et de tours pendables, comme affubler ses professeurs de surnoms humoristiques. Pendant leur rare temps libre, les frères Tchekhov fréquentent le théâtre municipal de Taganrog et mettent en scène leurs propres pièces comiques dans un théâtre qu’ils ont construit chez eux.

Les problèmes financiers de son père s’aggravent dans les années 1870, en partie à cause d’une mauvaise opération immobilière. Au printemps 1876, il doit déclarer sa faillite, ce qui, à l’époque, expose à la menace d’une incarcération. Contraint de céder son commerce, le père fuit secrètement à Moscou, où ses deux fils aînés, Alexandre et Nikolaï, étudient déjà depuis l’été 1875. Quelques mois plus tard, la mère et les deux plus jeunes enfants les rejoignent, tandis qu’Anton et Ivan restent à Taganrog pour poursuivre leurs études.

Dès lors, Anton se retrouve livré à lui-même. La famille à Moscou vit dans une profonde misère, sans revenu régulier. La maison de Taganrog est cédée à un créancier. Anton loue seul un coin dans cette maison, tandis qu’Ivan trouve refuge chez une tante avant de partir lui aussi pour Moscou à l’automne 1876. Anton se prépare assidûment au baccalauréat, subvient à ses besoins en donnant des leçons particulières et en liquidant le reste des biens de ses parents, envoyant une partie de ses maigres revenus à sa famille à Moscou. À partir de 1877, il fréquente régulièrement la récente bibliothèque publique de Taganrog.

Des années plus tard, Tchekhov évoquera avec lucidité cette période de sa vie et son passage précoce à l’âge adulte dans une lettre à son éditeur, Alexeï Souvorine: « Ce que les écrivains nobles prenaient gratuitement à la nature, les écrivains roturiers l’achètent au prix de leur jeunesse. Ecrivez donc un récit, où un jeune homme, fils de serf, ancien commis épicier, choriste à l’église, lycéen puis étudiant, entraîné à respecter les grades, à embrasser les mains des popes, à vénérer les pensées d’autrui, reconnaissant pour chaque bouchée de pain, maintes fois fouetté, qui a été donner des leçons sans caoutchoucs aux pieds, qui s’est battu, qui a tourmenté des animaux, qui aimait déjeuner chez des parents riches, qui fait l’hypocrite avec Dieu et les gens sans aucune nécessité, par simple conscience de son néant, montrez comment ce jeune homme extrait de lui goutte à goutte l’esclave, comment un beau matin, en se réveillant, il sent que dans ses veines coule non plus du sang d’esclave, mais un vrai sang d’homme ». Ce passage poignant illustre la conscience de Tchekhov de ses origines modestes et de son cheminement personnel pour se libérer des entraves de son éducation et de son héritage social.

Études et Premiers Pas Littéraires : Entre Médecine et Écriture 🩺📝

Le Choix de la Médecine 🎓

À l’été 1879, Anton réussit brillamment l’ensemble de ses examens et obtient son diplôme. Il postule alors pour une bourse mensuelle de 25 roubles offerte par la municipalité de Taganrog, qu’il obtient en août 1879. Le 8 août 1879, il arrive à Moscou, accompagné de deux camarades, Saveliev et Zemboulatov, avec l’intention de commencer des études de médecine, un projet qu’il nourrit depuis longtemps.

Son parcours à l’université Lomonosov de Moscou, où il s’inscrit à la faculté de médecine, dure de septembre 1879 à l’été 1884, date de l’obtention de son diplôme. Durant cette période, la famille Tchekhov déménage plusieurs fois, devant se contenter, surtout au début, de logements trop exigus pour sept personnes. Ces conditions de vie précaires rendent difficile la préparation de ses examens pour Anton. Cette situation le conforte dans l’idée de se consacrer à l’écriture dès ses premières années d’études, voyant en elle une source de revenus essentielle pour soutenir sa famille.

Les Débuts d’Auteur et les Obstacles ✒️

Les prémices de la carrière d’auteur de Tchekhov remontent à son adolescence à Taganrog, où il s’essaie à l’écriture de petits textes, parodies, anecdotes et histoires drôles. Inspiré par son frère aîné Alexandre, qui réalise déjà quelques piges pour des journaux humoristiques à Moscou, Anton envoie sans succès plusieurs de ses textes courts (dont aucun n’a été conservé) à diverses rédactions moscovites.

En 1878, Tchekhov rédige sa première pièce de théâtre, intitulée Sans Père, dédiée à Maria Iermolova, une actrice renommée qu’il admire. Cependant, la pièce ne rencontre pas un accueil favorable à Moscou en raison de ses multiples remaniements tardifs. Elle est même considérée comme perdue avant de réapparaître en 1920 sous forme de manuscrit sans titre. Publiée pour la première fois en 1923, elle est désormais connue à l’étranger sous le titre de Platonov.

Tchekhov lui-même a souvent mentionné les années 1878-1880 comme le véritable début de sa carrière littéraire dans ses lettres, sans toutefois pouvoir en préciser le moment exact. Les premières publications conservées datent de 1880, année où il réussit, après plusieurs tentatives infructueuses, à publier dix nouvelles humoristiques dans la revue pétersbourgeoise Strekosa (La Libellule). Parmi elles, figure Lettre de Stepan Vladimirovitch, propriétaire de la région du Don, à son savant voisin, le docteur Friedrich, parue le 9 mars 1880.

En 1881 et 1882, il publie davantage dans diverses revues humoristiques et satiriques, plus ou moins connues, telles que Boudilnik (Le Réveille-Matin), Moskva (Moscou), Zritel (Le Spectateur) et Svet i teni (Lumière et ombres). Une lettre d’août 1883, adressée au rédacteur d’une revue et accompagnant des nouvelles, témoigne des conditions difficiles dans lesquelles Tchekhov écrivait à ses débuts : « J’écris dans les pires conditions. Devant moi se tient mon travail non littéraire, se rappelant à moi impitoyablement, le bébé d’un parent venu en visite crie dans la pièce d’à côté, dans une autre pièce mon père lit à voix haute à mère L’Ange scellé de Nikolaï Leskov. […] Mon lit borde celui de mon cousin venu en voyage, qui vient constamment me parler de médecine. […] J’ai la malchance, d’être médecin, et il n’y a personne qui ne se sente obligé de s’entretenir de médecine avec moi. […] Une situation sans équivalent ».

Le ton auto-dérisoire et plaisant de cette lettre est caractéristique de sa correspondance de l’époque. Le travail d’écriture est non seulement entravé par le logement et les conditions de vie précaires, mais aussi par les rétributions aléatoires des rédactions. De plus, Tchekhov doit faire face à des contraintes rédactionnelles strictes, comme l’obligation de ne pas dépasser cent lignes pour les histoires publiées dans la revue Oskolki (Les Éclats) de N. A. Leïkine. La censure d’État représente un obstacle majeur. Durant les années 1880, à la suite de l’assassinat de l’empereur Alexandre II, une sélection implacable et arbitraire est imposée avant toute publication dans la presse russe. Ainsi, son premier livre édité, le recueil de nouvelles Farces (en russe : Шалость), achevé en 1882, est refusé par la censure et est depuis considéré comme perdu.

Malgré l’obtention de son diplôme de médecine après cinq ans d’études, Tchekhov est considéré comme un étudiant très moyen et peu assidu. Bien qu’il montre un enthousiasme pour les sciences naturelles et un intérêt pour l’enseignement de Darwin (manifesté dans une lettre de 1886), il privilégie son activité d’écrivain, qui lui procure des revenus. Il envisage cependant d’écrire une thèse sur l’histoire de la hiérarchie sexuelle dans la nature et une autre sur « La Médecine en Russie ».

Se sentant responsable de sa famille, installée à Moscou après la faillite de son père, Tchekhov cherche à augmenter ses revenus en publiant des nouvelles dans divers journaux, utilisant une multitude de pseudonymes. Parmi les plus connus figure Antocha Tchékhonté, le surnom donné par l’un de ses professeurs, mais aussi des noms plus fantaisistes comme Le frère du frère, L’homme sans rate ou Jeune vieillard. Avant sa nomination comme médecin en septembre 1884, il parvient à publier plus de deux cents récits, chroniques littéraires et parodies. Certaines des nouvelles écrites à cette époque figurent encore aujourd’hui parmi ses œuvres les plus célèbres, notamment les satires La Mort d’un fonctionnaire, Une fille d’Albion, Le Gros et le Maigre (toutes de 1883), et Un caméléon (1884). À l’été 1884, son premier livre officiellement publié voit le jour : Les Contes de Melpomène (en russe : Сказки Мельпомены), un recueil de six récits.

Une Période d’Intense Créativité (1884–1889) : L’Éclosion d’un Talent 🌟📖

La Pratique Médicale et l’Inspiration 🧑‍⚕️

En juin 1884, Tchekhov achève ses études de médecine. La famille passe l’été dans le spacieux logement de fonction de son frère Ivan à Voskressensk, près de Moscou (aujourd’hui Istra), où Ivan est professeur. C’est là que Tchekhov commence à exercer la médecine. Il consulte des patients au dispensaire et à l’hôpital du zemstvo (assemblée provinciale) de la petite ville voisine de Zvenigorod. Il participe également à des examens de médecine légale et pratique des autopsies. En réalité, Tchekhov soigne ses patients bénévolement, car peu d’entre eux peuvent le rémunérer convenablement. Il reconnaît que ses écrits lui rapportent plus que sa pratique médicale.

Cette situation perdure les années suivantes, même lorsque la famille Tchekhov acquiert une propriété à la campagne où Tchekhov continue de soigner des paysans. En dehors des mois d’été passés dans leur logement de Moscou, Tchekhov examine volontiers les nombreux parents et connaissances de la famille. Il décrit cette réalité avec une ironie mordante dans une lettre à son oncle : « Je travaille tant et plus. Tous les jours je dois dépenser plus d’un rouble en calèche. J’ai beaucoup d’amis et du coup aussi beaucoup de patients ». Il ajoute, concernant les difficultés à percevoir des honoraires : « Une moitié d’entre eux ne paie pas. Les autres donnent parfois cinq, parfois trois roubles par consultation ».

Reconnaissance et Évolution du Style 📈

L’activité de médecin de Tchekhov lui fournit une matière abondante pour ses récits. La deuxième moitié des années 1880 est une période de production littéraire intense. En 1885, il publie cent trente-trois textes ; ce nombre s’élève à cent douze en 1886, puis diminue à soixante-quatre en 1887. La plupart de ses récits sont encore publiés sous pseudonymes à cette époque.

Tchekhov jouit déjà d’une certaine reconnaissance dans les cercles littéraires, notamment grâce à ses publications dans la célèbre Peterbourskaïa Gazeta (le Journal de Pétersbourg) depuis avril 1885. Une invitation de la rédaction d’Oskolki en décembre 1885 marque un tournant dans sa situation, l’amenant à effectuer sa première visite à Saint-Pétersbourg.

Dans la capitale, il fait la connaissance de figures influentes, dont l’éditeur Alexeï Souvorine, avec qui il signe rapidement un contrat aux conditions très avantageuses. Il rencontre également le romancier à succès Dmitri Grigorovitch, qui, jouissant d’une grande autorité dans le monde littéraire russe, perçoit en Tchekhov un talent exceptionnel. Grigorovitch conseille à Tchekhov, quelques mois plus tard, d’abandonner ses pseudonymes. Tchekhov suit ce conseil : à partir de 1886, il collabore étroitement avec Souvorine et publie de nombreux nouveaux récits sous son vrai nom dans Novoïe Vremia (Temps nouveaux), le journal de Souvorine, alors l’un des plus diffusés du pays.

Une partie de ses nouveaux récits est publiée dans la revue mensuelle modérément libérale Rousskaïa Mysl (La Pensée russe). Son second recueil de nouvelles, Récits bariolés, est publié en 1886. De 1885 à 1887, les Tchekhov passent leurs étés à Babkino, près de Voskressensk, dans la propriété des Kisselev, amis de la famille. Son frère Mikhaïl est persuadé que la beauté des paysages de Babkino, les parties de pêche joyeuses et la cueillette des champignons ont contribué à l’épanouissement du talent d’Anton. Tchekhov y puise de nombreux motifs pour ses œuvres futures, comme en témoignent des récits tels que La Lotte, Le Chasseur (tous deux de 1885), La Sorcière (1886) ou Volodia (1887), dont les actions se déroulent dans un cadre très similaire.

Cependant, l’évolution de Tchekhov ne se limite plus aux textes humoristiques. Il écrit de plus en plus de récits abordant des thèmes graves, voire dramatiques, et soulevant des problèmes de société propres à la province russe de cette époque, un trait qui deviendra caractéristique de l’ensemble de son œuvre. Parmi ces récits dramatiques de la seconde moitié des années 1880, on compte des œuvres comme Aniouta, La Nuit de Pâques, Mauvais caractères (toutes de 1886) ou Fièvre typhoïde (1887).

Un voyage entrepris en février 1887 dans sa région natale lui fournit de nombreux autres thèmes. Il rend visite à des parents à Taganrog, Novotcherkassk, et d’autres localités du sud de la Russie, traversant les somptueux paysages de la steppe, du Don et de la mer d’Azov. Bien qu’il déplore ultérieurement l’arriération et le manque de culture de cette région, la beauté de ses vastes paysages l’inspire profondément. C’est le cas des nouvelles La Fortune, parue en 1887, et surtout La Steppe, publiée en 1888, saluée pour ses descriptions minutieuses et authentiques des paysages.

La Maladie et son Impact 💔

Dès sa vingtième année, quatre ans avant 1884, Tchekhov ressent les premiers signes de la phtisie, une forme pulmonaire de la tuberculose. En décembre 1884, il connaît sa première crise d’hémoptysie, la maladie qui l’emportera en 1904.

Le Voyage Révélateur à Sakhaline (1889–1890) : Un Tournant Humain et Littéraire 🚢🏝️

À la fin des années 1880, le nombre de textes publiés par Tchekhov diminue par rapport aux années précédentes. En février 1888, il écrit : « La Steppe m’a demandé tant d’énergie, que je ne peux toujours pas me consacrer sérieusement à autre chose ». De 1888 à 1889, Tchekhov publie seulement deux douzaines de récits, nouvelles (dont Jour de fête et Une banale histoire) et pièces de théâtre (comme les pièces en un acte L’Ours et Une demande en mariage).

La popularité croissante de l’auteur réjouit sa famille, qui entrevoit la possibilité de sortir de la misère grâce à ses nouvelles œuvres. Cependant, cette popularité rend le travail plus difficile pour Tchekhov, de plus en plus occupé par la rédaction, la relecture de manuscrits (les siens et ceux d’autres), et la préparation de ses futures publications. À partir de mai 1888, il s’installe dans une datcha louée à Louka, près de Soumy (gouvernement de Kharkov), chez la famille Lintvariov, qui lui inspirera Le Sauvage et Oncle Vania. En 1889, il y installe toute sa famille dans la maison principale du domaine. Il y soigne les malades et explore la région. Le travail progresse lentement, une situation aggravée par la mort prématurée de son frère aîné, Nikolaï, emporté par une tuberculose foudroyante en juin 1889. Nikolaï est enterré sur le domaine.

La Décision de Partir et ses Motivations Profondes 💡

À la fin de l’année 1889, la lecture des travaux de son jeune frère Mikhaïl, alors étudiant en droit, sur le droit pénal et la vie pénitentiaire dans l’Empire russe, pousse Tchekhov à entreprendre soudainement un voyage vers l’Extrême-Orient russe, en Sibérie et sur l’île de Sakhaline. Son objectif est de témoigner de la réalité de cette province isolée et du katorga (« bagne ») situé sur cette île-prison. Début 1890, il étudie assidûment les publications scientifiques sur Sakhaline et se prépare pour un voyage qu’il estime devoir durer six mois. Tchekhov rejette avec énergie toutes les tentatives de ses proches et amis de le dissuader de partir. Dans une lettre à Souvorine, il explique : « Vous écrivez […], que les gens n’ont que faire de Sakhaline, qu’elle n’intéresse personne. Est-ce exact ? Sakhaline ne saurait être inutile et sans intérêt que pour une société qui n’y déporterait pas des milliers d’individus et ne dépenserait pour cela des millions. […] Sakhaline est un lieu de souffrances intolérables comme seul l’homme peut en supporter ».

Dans cette même lettre, il ajoute un passage étonnant révélant une motivation plus personnelle : « De plus, j’estime que ce voyage, qui représentera un effort physique et intellectuel de six bons mois, m’est nécessaire : je suis ukrainien et j’ai déjà commencé à m’abandonner à la paresse. Il faut se mater ».

Le Périple et la Découverte de l’Horreur 🛤️⛓️

Le 21 avril 1890, Tchekhov quitte Moscou. Son voyage aller dure près de trois mois et s’effectue par une combinaison de transports :

  • En train jusqu’à Iaroslavl.
  • En bateau à vapeur sur la Volga jusqu’à Nijni Novgorod et Kazan, puis sur la Kama jusqu’à Perm.
  • En calèches à travers l’Oural, Iekaterinbourg, la Sibérie occidentale, Tioumen, Tomsk, Krasnoïarsk et Irkoutsk, jusqu’au lac Baïkal et au fleuve Amour, puis Blagovechtchensk, Khabarovsk, Nikolaïevsk.
  • De Nikolaïevsk, il prend le bateau pour la côte nord de Sakhaline.

Durant le trajet à travers l’Oural et le lac Baïkal, il emprunte des routes de montagne (le célèbre trakt sibérien) très peu carrossables ou par endroits interrompues par les inondations printanières. Les nombreuses lettres que Tchekhov envoie à ses proches et amis durant ce voyage pénible fourmillent de détails sur ce parcours.

Tchekhov loue à plusieurs reprises la beauté des paysages de la Sibérie et de l’Extrême-Orient, ainsi que l’esprit de liberté des habitants. Cependant, il dénonce également la pauvreté et l’arriération des régions traversées.

Tchekhov séjourne trois mois sur l’île de Sakhaline, de juillet à octobre 1890. Il visite de nombreuses prisons, ayant obtenu les autorisations nécessaires de l’administration de l’île. Tchekhov est autorisé à tout voir, à l’exception des prisonniers politiques. Il y consulte les malades quand il le peut et recense l’ensemble de la population de l’île, estimée alors à 10 000 habitants, à l’exception des autochtones (Nivkhes, Aïnous et Oroks). En septembre, il résume ainsi son travail dans la partie nord de l’île : « Je ne sais quel parti j’en tirerai, mais j’ai fait énormément de choses. Il y aurait de quoi écrire trois thèses. Je me levais tous les jours à cinq heures du matin, je me couchais tard et chaque jour la pensée de tout ce que je n’avais pas encore fait, me mettait dans un état de tension extrême. […] à propos, j’ai eu la patience, de recenser toute la population de Sakhaline. J’ai fait le tour de tous les villages, je suis entré dans chaque isba, j’ai parlé à chacun ; […] il n’y a pas un seul bagnard ou un seul colon à Sakhaline qui ne se soit entretenu avec moi ».

Le voyage de retour s’effectue par voie maritime via le Pacifique, l’océan Indien (avec une escale mémorable à Ceylan où il se remémore le paradis, les palmeraies et les femmes bronzées), le canal de Suez, la Méditerranée, la mer Noire et Odessa. Ce retour dure plus d’un mois et demi. Tchekhov utilise ses impressions de ce voyage dans le récit Goussiov (1890), qu’il écrit en partie à bord du bateau. Cependant, il ne consacrera que peu de pages à la description directe du bagne dans ses œuvres ultérieures, se concentrant plutôt sur des récits comme Les Garces (1891), En déportation (1892), ou Un meurtre (1895).

Les Conséquences du Voyage sur l’Œuvre 🌍

Tchekhov rentre à Moscou début décembre 1890. En 1893, il publie un essai majeur intitulé L’Île de Sakhaline, qu’il décrit comme « un véritable enfer ». Ce livre dépeint de façon bouleversante, sous la forme d’un récit de voyage, la vie misérable aux confins de l’Empire russe. Il y décrit les mauvais traitements infligés aux détenus, la corruption et la prostitution enfantine, qui constituent la réalité quotidienne du bagne. La publication de cet ouvrage fait sensation dans l’Empire russe et conduit le ministère de la Justice à diligenter une commission d’enquête immédiate pour faire la lumière sur les pires exactions dans cette région.

Boris Zaitsev, biographe de Tchekhov, considère le séjour à Sakhaline comme un tournant décisif dans son œuvre : « Ce voyage a été une révélation. La pauvreté des gens, le bagne et sa cruauté l’ont convaincu d’agir pour le bien ». Selon Zaitsev, après ses écrits humoristiques, les œuvres suivantes de Tchekhov sont empreintes de compassion : « Après Sakhaline, se développa cet amour de l’homme (le 2ème commandement) qui avait toujours animé Tchekhov. De là sont issues les œuvres de Melikhovo… ». Ce voyage marque donc une profonde maturation artistique et humaine chez l’écrivain, le poussant vers des thèmes plus graves et une vision plus engagée de la société.

La Vie à Melikhovo (1892–1899) : Ancrage et Dramaturgie 🏞️🎭

L’Installation et l’Engagement Communautaire 🏠🤝

Afin de se soustraire à l’agitation qui l’entoure depuis son retour de Sakhaline, Tchekhov entreprend un premier voyage en Europe centrale et occidentale avec Souvorine au printemps 1891. Il visite Vienne, Venise (qu’il apprécie particulièrement), Florence, Rome et Paris. L’été suivant, la famille passe ses mois dans l’une de leurs propriétés délaissées près d’Aleksine, au bord du fleuve Oka, en Russie centrale. Tchekhov y poursuit son travail sur L’Île de Sakhaline, un livre dont l’écriture est difficile, nécessitant de nombreuses recherches scientifiques et statistiques. Son état de santé se dégrade continuellement durant cette période.

En novembre 1891, Tchekhov souffre de crises de toux et d’autres symptômes de refroidissement, qui ne lui laissent aucun répit. Pourtant, il s’active bénévolement ces mois-là, participant à la récolte de fonds pour les victimes de la famine dans la région de Nijni Novgorod et aidant à la répartition de cette aide. Au printemps 1892, il participe aux secours apportés aux paysans du gouvernement de Voronej, également victimes de mauvaises récoltes et de famine. Son expérience dans ces régions touchées par la famine le pousse à exprimer son refus de considérer la bienfaisance comme un remède universel aux maux de la société, notamment dans son récit Ma femme, paru fin 1891.

Le besoin croissant d’une résidence d’été stable, où il pourrait travailler sereinement, pousse Tchekhov à acquérir une vaste propriété pour lui et sa famille au printemps 1892. Il s’agit de Melikhovo, près de Lopasnia, dans l’ouïezd (district) de Serpoukhov, au sud de Moscou. La propriété est alors dans un état d’abandon total. En mars, la famille quitte son appartement de Moscou pour s’installer à Melikhovo.

Une fois installé, Tchekhov renoue avec la médecine, soignant souvent gratuitement les paysans de Melikhovo. Il coordonne également bénévolement les mesures sanitaires prophylactiques face à la menace grandissante d’une épidémie de choléra. Son expérience de médecin lui fournit une grande partie de la matière pour une de ses œuvres majeures, la nouvelle La Salle n° 6 (1892).

À partir de 1894, Tchekhov intensifie ses actions bénévoles à Melikhovo et dans le périmètre du zemstvo. Il fonde des dispensaires et finance la construction de plusieurs écoles populaires dans le district de Serpoukhov. Il envoie également d’importantes dotations de livres à la bibliothèque de sa ville natale, Taganrog, ainsi qu’aux écoles de Sakhaline, ces livres étant offerts en partie par les éditeurs et en partie de sa propre bourse.

Le Temps des Grandes Pièces 🎭✨

Dans les années 1890, Tchekhov se consacre de plus en plus à la dramaturgie. En 1887, il assiste à la création de sa première grande pièce, Ivanov. Entre 1888 et 1889, il écrit plusieurs petites pièces en un acte, ainsi que L’Homme des bois, qui, une fois remaniée en 1896 sous le titre d’Oncle Vania, devient une de ses pièces importantes et l’une des plus connues aujourd’hui.

À Melikhovo, il achève en 1895 l’écriture de son drame La Mouette. Créée en octobre 1896 à Saint-Pétersbourg avec Vera Komissarjevskaïa dans le rôle principal, la pièce est initialement un échec. Elle sera cependant reprise en 1898 par Constantin Stanislavski et Vladimir Nemirovitch-Dantchenko au Théâtre d’art de Moscou, où elle connaîtra un succès retentissant.

De cette époque datent également plusieurs récits et nouvelles célèbres, parmi lesquels Le Moine noir, Le Violon de Rothschild (tous deux de 1894), La Maison à mezzanine (1896) et Les Moujiks (1897). Dans Les Moujiks, dont l’intrigue se déroule dans le district de Serpoukhov, Tchekhov se révèle un observateur singulier et très pessimiste de la vie paysanne, au point que l’œuvre doit faire l’objet de modifications ordonnées par la censure.

La Santé Déclinante et les Voyages 🤒✈️

En mars 1897, à Moscou, Tchekhov souffre d’une grave hémoptysie qui le contraint à rester à l’hôpital plusieurs semaines. C’est aussi la première fois qu’il consulte pour sa tuberculose, qu’il avait tenté de soigner lui-même jusqu’alors. Dès lors, plusieurs médecins lui conseillent de passer les mois d’hiver en Crimée, presqu’île de la mer Noire réputée pour son climat tempéré, ou dans d’autres pays du sud de l’Europe. Tchekhov suit ce conseil et voyage à l’automne 1897 pendant plusieurs mois sur la côte méditerranéenne française. Il passera ainsi beaucoup de temps à Nice pendant les hivers 1897-1898 et 1900-1901.

En septembre 1898, il se rend à Yalta en Crimée et y achète un mois plus tard une parcelle pour y faire construire une nouvelle propriété. Après le décès de son père en 1898, la propriété de Melikhovo, de moins en moins fréquentée, est finalement vendue à l’été 1899.

Suite à un désaccord avec Souvorine, Tchekhov signe début 1899 un nouveau contrat avec l’éditeur d’origine allemande Adolf Marx. Pour 75 000 roubles, Marx acquiert les droits de son œuvre, à l’exception des pièces de théâtre. Avec cet argent, Tchekhov fait construire une petite maison, la « Datcha blanche », sur le terrain acquis à Aoutka, près de Yalta. Tchekhov s’y installe à la fin de l’été 1899.

Les Dernières Années en Crimée (1899–1904) : Amour, Solitude et Chef-d’œuvre Final 🏖️❤️

Yalta, un Refugium Contraint 🏡

À Yalta, Tchekhov fait la connaissance et se lie d’amitié avec plusieurs auteurs réputés de l’époque, dont l’écrivain révolutionnaire engagé Maxime Gorki. Cependant, malgré son implication constante en tant que médecin bénévole, il déplore l’atmosphère provinciale et désolée de Yalta, qui ne lui rappelle en rien la vie mondaine et culturelle de Moscou ou de Saint-Pétersbourg. En janvier 1899, peu après son installation dans sa nouvelle demeure, il écrit à un ancien camarade de classe : « Voilà maintenant une semaine, qu’il pleut sans discontinuer, et je dois crier d’ennui et d’aide. Combien je perds, en vivant ici ! ». Pour lutter contre la morosité de la vie provinciale, Tchekhov lit régulièrement les journaux de Moscou et de Saint-Pétersbourg, suivant avec un intérêt évident les manifestations étudiantes et les troubles politiques de la capitale, qu’il perçoit comme les prémices d’une révolution imminente dans tout le pays.

En 1898, il traverse une crise morale, publiant Les Groseilliers, une œuvre qui s’apparente à un procès du bonheur.

L’Amour pour Olga Knipper 💑

Malgré une santé de plus en plus fragile, Tchekhov continue de voyager à Moscou. En septembre 1898, il assiste à une répétition d’une nouvelle mise en scène de La Mouette au Théâtre d’art de Moscou. C’est là qu’il fait la connaissance de l’actrice Olga Knipper (1868–1959), qui jouera par la suite souvent les premiers rôles dans ses pièces présentées dans ce théâtre.

Tchekhov et Olga Knipper se rencontrent à plusieurs reprises, tant à Moscou qu’en Crimée, où la troupe du Théâtre d’art est en tournée au printemps 1900. L’auteur, qui ne peut rencontrer l’actrice que brièvement, trouve en elle son grand amour. S’ensuit une correspondance abondante et quasi ininterrompue depuis leur première rencontre. Ils se marient à Moscou le 25 mai 1901. Redoutant une cérémonie grandiose, Tchekhov choisit une union secrète, sans en informer leurs proches, en présence des quatre témoins exigés par la loi. Le couple restera sans enfant, Olga Knipper ayant une fausse couche la même année.

Les époux se voient très rarement, Tchekhov devant rester en Crimée pour raisons de santé tandis qu’Olga continue de jouer à Moscou. Une lettre de Tchekhov à sa femme, datée du 27 septembre 1900, témoigne de cette relation à distance : « […] je ne sais plus ce que je dois te dire, sinon ce que je t’ai déjà dit dix mille fois et qu’apparemment tu veux encore entendre, que je t’aime – et rien de plus. Si nous ne sommes pas ensemble en ce moment, cela n’est ni de ta faute, ni de la mienne, mais celle du démon, qui fait que je dois me débattre avec les bacilles et toi avec l’amour de l’art ». Malgré le ton anodin que l’auteur utilise pour ne pas alarmer ses proches, cette lettre laisse entrevoir la gravité de son état de santé.

Les Œuvres Ultimates et la Fin du Parcours 🕊️

En Crimée, Tchekhov écrit deux de ses pièces les plus importantes : Les Trois Sœurs (1900) et La Cerisaie (1903). C’est également dans sa maison de Yalta que sont conçus les récits De l’amour (1898), Dans la combe, La Dame au petit chien (tous deux de 1899) et L’Évêque (1902). Le travail littéraire à Yalta avance cependant difficilement. Entre 1899 et 1902, Tchekhov doit se consacrer à la compilation de son œuvre pour les éditions Marx. Pour les nombreux visiteurs de sa datcha, il paraît très fatigué, souffrant d’hémoptysies, d’accès de fièvre et de difficultés respiratoires de plus en plus fréquentes. Il tente sans succès d’enrayer sa tuberculose galopante par des voyages à l’étranger (notamment à Nice) et par une cure de koumiss (« lait de jument »), mais ces tentatives ne parviennent pas à stopper une maladie alors considérée comme incurable.

La dernière sortie officielle de Tchekhov, déjà profondément affaibli par la maladie, a lieu lors d’un hommage au Théâtre d’art de Moscou, à l’occasion de la première de sa dernière pièce, La Cerisaie, en janvier 1904. Tchekhov a alors 44 ans. Le dernier récit qu’il écrit, La Fiancée, est achevé dès le printemps 1903.

Début juin 1904, Tchekhov et sa femme se rendent en Allemagne, une fois de plus pour se faire soigner et consulter le docteur Karl Ewald, spécialiste des maladies pulmonaires. Après un court séjour à Berlin, le couple se dirige vers la station thermale de Badenweiler, dans la Forêt-Noire, recommandée par un médecin moscovite d’origine allemande. Tchekhov y écrit quelques lettres à destination de Moscou, décrivant la vie ordonnée et aisée, mais souvent ennuyeuse et « sans talent » des Allemands.

Après une amélioration passagère de son état de santé, Tchekhov est victime de plusieurs crises cardiaques à la mi-juillet. La dernière survient dans la nuit du 15 juillet, peu de temps avant sa mort. Olga Knipper décrit ainsi les derniers instants de Tchekhov dans ses mémoires : « Peu après minuit, il se réveille et fait appeler un médecin pour la première fois de sa vie. […] Le docteur étant arrivé, il demande un verre de champagne. Anton Pavlovitch se lève et dit solennellement en allemand au médecin qui était à son chevet (il connaissait seulement très peu d’allemand) : « Ich sterbe… » (« je meurs… ») puis il prend le verre, se tourne vers moi, […] dit : « cela fait longtemps que je n’ai plus bu du champagne… », ayant bu son verre tranquillement, il se coucha sur le côté gauche et se tut à jamais ».

Tchekhov est transporté par chemin de fer à Moscou et inhumé le 22 juillet 1904, aux côtés de son père, au cimetière de Novodiévitchi, en présence d’une forte affluence.

Héritage et Commémorations : L’Immortalité d’un Génie 🌍🏆

Reconnaissance Posthume et Honneurs 🏅

De son vivant, Anton Tchekhov est récompensé à trois reprises. En octobre 1888, il reçoit le prix Pouchkine du département de littérature russe de l’Académie des Sciences, doté de 500 roubles, pour son recueil Dans le crépuscule, qu’il avait dédié au romancier Dmitri Grigorovitch. Fin 1899, Tchekhov est honoré du 3e grade de l’ordre de Saint-Stanislas pour son dévouement à la cause de l’enseignement public dans le district de Serpoukhov. Bien qu’il n’ait pas été opposé à cet hommage, il n’en fait mention dans aucune de ses lettres. En janvier 1900, Tchekhov est élu membre d’honneur de la section Belles-Lettres de l’Académie des Sciences. Il abandonnera ce titre seulement deux ans plus tard, de même que Vladimir Korolenko, en protestation contre l’annulation arbitraire et politique de l’élection de Maxime Gorki.

Le 25 juillet 1908, quatre ans après sa mort, le premier mémorial dédié à Tchekhov est érigé à Badenweiler. Il s’agit d’une première pour un écrivain russe en dehors de son pays. Le Théâtre d’art de Moscou organise une représentation au bénéfice de son financement. En 1918, peu avant la fin de la Première Guerre mondiale, le mémorial est fondu pour fabriquer des armes. Ce n’est qu’en 1992 qu’un nouveau buste, offert par les amis de Tchekhov de l’île Sakhaline en souvenir de sa visite, est déposé sur le socle. En 1998, le musée littéraire « Salon Tchekhov » est inauguré dans l’aile de la prairie de la maison de cure de Badenweiler, abritant de nombreuses lettres et documents originaux datant du séjour de l’écrivain en Allemagne.

Les Lieux de Mémoire 🏛️

En Russie et dans les pays de l’orbite soviétique, le nom de Tchekhov a été donné à des rues dans de nombreuses villes. Plusieurs lieux portent également son nom :

  • L’ancien village de Lopasnja, près de Moscou, où était située la principale propriété des Tchekhov, est devenu la ville de Tchekhov.
  • Le village de Tchekhov sur l’île de Sakhaline.
  • Un lieu de cure près d’Oufa, où Tchekhov et sa femme avaient acquis un terrain en 1901, porte le nom de Tchekhovo.
  • En 1987, une station du métro de Moscou, la station Tchekhovskaïa, est nommée en son honneur. Elle se trouve non loin d’une maison où les Tchekhov ont résidé avant de partir pour la province.

Plusieurs musées sont dédiés à Anton Tchekhov :

  • Un musée Tchekhov est situé dans une autre des anciennes résidences des Tchekhov, rue Sadovaïa-Koudrinskaïa, à Moscou. La famille y a vécu au second étage de 1886 à 1890. Le musée a été ouvert en 1954 et inauguré par sa veuve, Olga Knipper.
  • La propriété de Melikhovo a été transformée en musée Tchekhov dix ans auparavant, en 1944. Il porte le titre officiel de réserve nationale A. P. Tchekhov et abrite, parmi un fonds de 20 000 pièces, des peintures originales d’Isaac Levitan et de son frère Nikolaï.
  • Un musée existe également à Yalta, en Crimée, dans la maison surnommée la « Datcha blanche », construite selon ses propres plans sur le terrain acquis en 1898. Le jardin est maintenu dans l’état souhaité par Tchekhov, qui y exerçait sa passion du jardinage. Le musée conserve l’état exact des lieux (jusqu’à la disposition de sa table de travail) au moment de sa mort en 1904, sous la surveillance de sa sœur Maria, qui a dirigé le musée jusqu’à son décès en 1957. Une annexe de ce musée se trouve dans une villa de Hourzouf, près de Yalta, où Tchekhov a rédigé Les Trois Sœurs.
  • D’autres musées Tchekhov sont situés à Taganrog (dans l’ancien magasin de son père Pavel Iegorovitch et dans le lycée qu’il a fréquenté), dans les villes d’Alexandrovsk-Sakhalinsk et de Ioujno-Sakhalinsk sur l’île de Sakhaline, et dans la ville ukrainienne de Soumy, dans la datcha où les Tchekhov ont passé les étés de 1888 et 1889.

L’Influence Durable sur la Littérature Mondiale 🌐

En 1990, à l’occasion du 130e anniversaire de sa naissance, Tchekhov a été immortalisé par une pièce commémorative soviétique d’un rouble. En 2010, la Russie a émis une série de timbres commémoratifs de son œuvre et un monument à son effigie a été inauguré à Rostov-sur-le-Don.

L’œuvre d’Anton Tchekhov, caractérisée par sa psychologie subtile, son observation aiguë des mœurs et son sens profond de l’humanité, continue d’influencer des générations d’écrivains, de dramaturges et de cinéastes à travers le monde. Sa capacité à dépeindre les petites tragédies et les joies fugaces de la vie ordinaire, souvent teintées d’une mélancolie douce-amère, lui assure une place éternelle parmi les plus grands maîtres de la littérature universelle.

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