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20 Aout 1890 : Naissance de l’écrivain américain H.P. Lovecraft

Posted on août 20, 2025août 20, 2025 By Lordkelvin765@gmail.com Aucun commentaire sur 20 Aout 1890 : Naissance de l’écrivain américain H.P. Lovecraft

Liens vers le livre de Michel Houellebecq H. P. Lovecraft: Contre le monde, contre la vie :

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H.P. Lovecraft : Plongée dans l’Esprit du Maître de l’Horreur Cosmique 🌌

Howard Phillips Lovecraft (prononcé : /ˈhaʊɝd ˈfɪlɪps ˈlʌvkɹæft/), né le 20 août 1890 et décédé le 15 mars 1937 dans sa ville natale de Providence, Rhode Island, demeure une figure emblématique de la littérature américaine. Reconnu pour ses récits fantastiques, d’horreur et de science-fiction, souvent regroupés sous l’appellation de weird fiction, Lovecraft a façonné un univers singulier qui continue d’influencer des générations d’artistes.

Son œuvre est intrinsèquement liée à la notion d’horreur cosmique. Cette philosophie centrale postule l’insignifiance de l’être humain à l’échelle d’un cosmos profondément étranger et indifférent. Les protagonistes de ses récits, souvent des individus rationnels, se retrouvent irrémédiablement confrontés à des vérités terrifiantes qui menacent leur santé mentale. Lovecraft est également inextricablement associé au Mythe de Cthulhu, une expression popularisée par August Derleth, qui décrit l’ensemble des mythes et entités créés par l’auteur. Pour Lovecraft lui-même, il s’agissait d’un « panthéon noir », d’une « mythologie synthétique » ou d’un « cycle de folklore synthétique », visant à démontrer que l’univers n’est absolument pas anthropocentrique, et que l’humanité n’est qu’une forme de vie insignifiante parmi une hiérarchie infinie. Ses écrits, profondément pessimistes et cyniques, remettent en question les idéaux du Siècle des Lumières, du romantisme et de l’humanisme chrétien. Les héros lovecraftiens, loin de toute gnose ou mysticisme, vivent des aperçus involontaires et dévastateurs de la véritable horreur de la réalité.

Bien que son lectorat fût limité de son vivant, la réputation de Lovecraft a considérablement grandi au fil des décennies. Il est désormais considéré comme l’un des écrivains d’horreur les plus influents du XXe siècle, aux côtés d’Edgar Allan Poe, exerçant une influence considérable sur les générations suivantes d’écrivains. Stephen King lui-même l’a salué comme « le plus grand artisan du récit classique d’horreur du vingtième siècle ».

Biographie : Une Vie au Cœur de l’Horreur Cosmique 🌌

La vie de H.P. Lovecraft, marquée par la solitude, les difficultés financières et une santé fragile, a profondément nourri son œuvre et ses thèmes récurrents.

Jeunesse et Influences Précoses 👶

Lovecraft voit le jour le 20 août 1890, à 9h du matin, dans la résidence familiale située au 194 Angell Street à Providence, Rhode Island. Fils unique de Winfield Scott Lovecraft, un commerçant de bijoux, et de Sarah Susan Phillips Lovecraft, dont la lignée américaine remonte à 1630, il naît de parents mariés tardivement pour l’époque. Un événement tragique marque sa petite enfance : en 1893, alors qu’il n’a que trois ans, son père est atteint de démence lors d’un voyage d’affaires à Chicago. Ramené à Providence, il est interné au Butler Hospital, où il décède en 1898. Lovecraft attribuera la mort de son père à une « fatigue nerveuse », mais il est aujourd’hui quasi certain que la cause réelle était une paralysie générale, très probablement due à la syphilis. Il est incertain si le jeune Lovecraft était au courant de la nature de la maladie paternelle, mais sa mère l’était probablement, ayant même reçu des doses préventives d’arsenic.

Après l’hospitalisation de son père, Lovecraft est élevé par sa mère, ses deux tantes (Lillian Delora Phillips et Annie Emeline Phillips) et son grand-père maternel, Whipple Van Buren Phillips, tous résidant dans la demeure familiale. Lovecraft se révèle un enfant surdoué, récitant des poèmes par cœur dès l’âge de trois ans et écrivant ses premières œuvres à six ans. Son grand-père joue un rôle crucial en l’encourageant à lire et en lui fournissant des classiques comme Les Mille et Une Nuits, Age of Fable de Thomas Bulfinch, et des versions pour enfants de l’Iliade et de l’Odyssée. Ce même grand-père stimule son imagination en lui racontant ses propres histoires gothiques, marquant profondément le jeune Lovecraft.

Enfant, Lovecraft est fréquemment malade, une condition qu’il attribuait à des causes physiologiques, bien qu’elle puisse avoir eu une composante psychosomatique. L’idée qu’il aurait souffert de syphilis congénitale a été invalidée. Sa santé médiocre et son caractère effronté l’empêchent de fréquenter l’école avant l’âge de huit ans, et il n’y reste qu’un an. Pendant cette période, il se consacre à une lecture assidue d’écrits scientifiques et astronomiques. Quatre ans plus tard, il intègre le lycée de Hope Street. Lovecraft aurait également souffert très tôt de terreur nocturne, un trouble paroxystique rare, qui influencera considérablement ses travaux futurs.

Période de Crise et Débuts Littéraires 📝

La mort de son grand-père maternel le 28 mars 1904 affecte énormément Lovecraft. En raison d’une mauvaise gestion du patrimoine, la famille se retrouve presque sans le sou et doit déménager au 598 Angell Street. Cette perte déroute tellement Lovecraft qu’il envisage même le suicide. En 1908, juste avant de recevoir son diplôme, il subit une crise qu’il qualifiera plus tard de « dépression nerveuse ». Il ne recevra jamais son diplôme, bien qu’il ait longtemps prétendu le contraire. S. T. Joshi, dans sa biographie, suggère que l’une des causes principales de cette dépression fut l’incapacité de Lovecraft à maîtriser les mathématiques, une matière essentielle pour son rêve de devenir astronome professionnel. Cet échec, qui l’empêcha d’étudier à la Brown University, sera une source de déception et de honte durable pour lui.

Lovecraft écrit déjà de la fiction dans sa jeunesse, avec la première ébauche de son plus ancien conte conservé, La Bête dans la caverne, rédigée au printemps 1904 et achevée le 21 avril 1905. De 1908 à 1913, il se consacre principalement à la poésie. Durant cette période, il vit comme un ermite, n’ayant de contact qu’avec sa mère. Cette réclusion prend fin après qu’il ait contacté Argosy, un « pulp magazine », pour critiquer la fadeur des histoires d’amour de l’un de ses écrivains populaires. Un débat s’ensuit dans les colonnes du magazine, attirant l’attention d’Edward F. Daas, président de la United Amateur Press Association (UAPA). Daas invite Lovecraft à rejoindre l’association, ce qu’il fait le 6 avril 1914. Son engagement est rapide et intense : il est élu premier vice-président en juillet 1915, rédacteur en chef en juillet 1917, puis président fin juillet 1917. L’UAPA revitalise Lovecraft et l’encourage à publier des poèmes et des essais. En 1915, il lance son propre fanzine, The Conservative, et crée un club de correspondance l’année suivante.

En 1917, stimulé par ses correspondants, il revient à la fiction, écrivant « La Tombe » et « Dagon », cette dernière étant sa première œuvre publiée professionnellement dans The Vagrant en novembre 1919, puis dans Weird Tales en 1923. À cette époque, il commence à se constituer un vaste réseau de correspondants, faisant de lui l’un des épistoliers les plus prolifiques du siècle. Parmi ses contacts notables figurent Robert Bloch, Clark Ashton Smith et Robert E. Howard.

Mariage, New York et Dépression 💔

En 1919, après une longue période de dépression, la mère de Lovecraft est internée au Butler Hospital, tout comme son mari avant elle. Malgré cela, elle correspond fréquemment avec son fils, et ils restent très proches jusqu’à son décès le 21 mai 1921, des suites de complications après une opération de la vésicule biliaire. Lovecraft est effondré par cette perte.

Quelques semaines plus tard, Lovecraft participe à un congrès de journalistes amateurs à Boston, où il fait la rencontre de Sonia Greene. Née en 1883, elle est d’origine juive et ukrainienne. Ils se marient le 3 mars 1924, dans la chapelle Saint-Paul à Manhattan, New York, avant d’emménager à Brooklyn. Les tantes de Lovecraft sont peu enthousiasmées par cette union, désapprouvant que leur neveu épouse une commerçante (Greene était propriétaire d’une chapellerie).

Initialement, Lovecraft apprécie New York, mais le couple est rapidement confronté à de graves difficultés financières. Greene perd son commerce et sa santé décline. Lovecraft, ne parvenant pas à gagner suffisamment d’argent, voit sa femme déménager à Cleveland pour trouver du travail. L’auteur vit alors seul dans le quartier de Red Hook et en vient à détester profondément la ville, une situation qu’il dépeint dans sa nouvelle semi-autobiographique Lui. L’écrivain Michel Houellebecq considère ce sentiment décourageant d’incapacité à conserver un emploi au milieu d’une population immigrée dense (totalement inconciliable avec l’image que Lovecraft avait de lui-même en tant qu’Anglo-Saxon) comme le facteur ayant transformé son racisme en une peur absolue, qu’il exprimera dans la nouvelle Horreur à Red Hook.

Quelques années plus tard, Lovecraft et Sonia divorcent à l’amiable, bien que la procédure ne soit jamais complètement finalisée. Le 17 avril 1926, Lovecraft retourne vivre à Providence.

Retour à Providence et Apogée Créative 📈

De retour à Providence, Lovecraft s’installe au 10 Barnes Street, dans une « maison brune et spacieuse de style victorien », où il résidera jusqu’en 1933. C’est d’ailleurs cette adresse qui est celle du Dr Willett dans L’Affaire Charles Dexter Ward. Cette période, les dix dernières années de la vie de l’auteur, est aussi la plus prolifique. C’est à ce moment qu’il publie la quasi-totalité de ses écrits les plus connus grâce à Weird Tales, notamment Les Montagnes hallucinées. Il travaille également comme prête-plume sur des textes tels que Le Tertre, La Mort ailée, Prisonnier des Pharaons (pour Harry Houdini), et Le Journal d’Alonzo Typer.

Dernières Années et Décès 🥀

Malgré ses efforts et sa productivité, Lovecraft ne parviendra jamais à gagner suffisamment d’argent. Il doit déménager avec sa dernière tante dans un logement plus petit et inconfortable. Il est profondément affecté par le suicide de Robert E. Howard en 1936, avec qui il entretenait une relation épistolaire intense. La même année, un cancer de l’intestin lui est diagnostiqué, aggravé par la malnutrition. Il vivra dans une douleur constante jusqu’à sa mort, survenue le 15 mars 1937.

Le nom de Lovecraft est initialement gravé sur le monument familial, aux côtés de ses parents et du reste de sa famille. Cependant, cela ne suffit pas à ses admirateurs, et en 1977, un groupe de particuliers collecte des fonds pour lui offrir sa propre stèle. Y sont inscrits son nom, ses dates de naissance et de décès, ainsi que la célèbre phrase : « JE SUIS PROVIDENCE » (« I AM PROVIDENCE »), un aphorisme retrouvé dans ses lettres.

Le Mythe du « Reclus de Providence » Réévalué 🗺️

Après la guerre, la vie de Lovecraft fut souvent perçue à travers son profond attachement à Providence, donnant naissance à l’expression « Reclus de Providence ». Il était dépeint comme une personne très sédentaire, ne quittant jamais la Nouvelle-Angleterre, sa ville, sa maison, voire sa chambre, une image véhiculée par sa biographie Larousse.

Ce jugement a cependant été révisé à partir des années 1990, grâce à l’étude approfondie de son importante correspondance. Contre les idées reçues, Lovecraft était en réalité bien entouré par ses amis et voyageait beaucoup en Amérique du Nord, se rendant à plusieurs reprises à Québec, et naviguant entre le Canada et la Floride. Sa pauvreté était le principal facteur limitant ses déplacements, comme en témoignent ses astuces pour voyager à moindres frais, en utilisant les premiers et derniers ferries ou bus. Mais il tenait à se déplacer régulièrement, et François Bon a même déclaré avoir rarement vu un écrivain avec une telle « bougeotte », s’attachant à voyager du printemps à l’automne. Cette image révisée montre un Lovecraft bien plus dynamique et ouvert sur le monde qu’il n’y paraissait.

L’Œuvre de H.P. Lovecraft : Un Héritage Cosmique 📖

L’influence de Lovecraft s’étend bien au-delà des frontières de la littérature, imprégnant la culture populaire mondiale.

Généralités et Influence Globale 🌐

Le nom de Lovecraft est intrinsèquement associé à l’horreur. Ses écrits, en particulier ceux du Mythe de Cthulhu (un terme jamais employé par Lovecraft lui-même, mais popularisé par August Derleth), ont eu une influence considérable sur des auteurs partout dans le monde. Des éléments lovecraftiens se retrouvent désormais dans une multitude de médias : romans, films, musique, bandes dessinées, dessins animés et jeux vidéo. De nombreux écrivains contemporains de renom, tels que Stephen King, Bentley Little, Joe R. Lansdale, Alan Moore, Neil Gaiman et Charles Stross, ont cité Lovecraft comme une source d’inspiration majeure pour leurs œuvres.

Le « Lovecraft Circle » et la Prolifération du Mythe 🤝

Malgré cette influence posthume massive, Lovecraft n’a jamais connu la célébrité de son vivant. Ses histoires étaient publiées dans de grands pulp magazines comme Weird Tales, mais son nom restait peu connu du grand public. Cependant, il entretenait une correspondance régulière avec d’autres écrivains tels que Clark Ashton Smith et August Derleth, qui devinrent de bons amis bien qu’ils ne se soient jamais rencontrés. Ce groupe de correspondants est connu sous le nom de « Lovecraft Circle ». Ils se sont librement inspirés des éléments des histoires de Lovecraft (noms de lieux, de dieux, de livres occultes), une pratique que l’auteur appréciait.

Après la mort de Lovecraft, le Lovecraft Circle perdure. August Derleth, en particulier, fut le plus prolifique de ces écrivains à contribuer au Mythe. Cependant, ses contributions sont pour le moins controversées. Alors que Lovecraft considérait son panthéon de dieux comme un simple outil littéraire pour exprimer le nihilisme et l’horreur cosmique, Derleth créa une mythologie structurée, avec des guerres entre entités où les dieux bénéfiques enfermaient Cthulhu et ses serviteurs sous terre ou sous les océans. Cette interprétation, plus manichéenne et moins désespérée que la vision originale de Lovecraft, a marqué le Mythe pendant des décennies. Lovecraft, lui, évoquait avec humour ses propres créations comme des « Yog-Sothotheries ».

Les Phases Créatives de Lovecraft ✍️

Certains critiques ont identifié trois phases distinctes dans les écrits de Lovecraft, bien que l’auteur lui-même ne les ait jamais formulées en ces termes, se demandant : « J’ai eu ma période Poe, ma période Lord Dunsany, mais, hélas, à quand ma période Lovecraft ? ».

Ces phases sont :

  • Les histoires macabres (≈1905-1920).
  • Le cycle onirique (≈1920-1927).
  • Le Mythe de Cthulhu (≈1927-1935).

Certains critiques voient peu de différences entre le cycle onirique et le Mythe de Cthulhu, soulignant le recours fréquent au Necronomicon et aux dieux dans les deux. Une explication avancée est que le cycle onirique relève davantage de la fantasy, où les éléments surnaturels apparaissent souvent dans leur propre sphère d’existence, distincte de la nôtre. Le Mythe de Cthulhu, en revanche, tend à matérialiser ses horreurs sur le même plan que celui des humains, les rendant plus tangibles et menaçantes.

Sources d’Inspiration Majeures 💡

Lovecraft a puisé dans diverses sources pour forger son style et ses thèmes uniques :

  • Edgar Allan Poe : Dès ses débuts, Lovecraft est fortement influencé par le côté macabre de Poe et son style d’écriture, caractérisé par des atmosphères lugubres et des peurs rampantes.
  • Lord Dunsany : La découverte des histoires de Dunsany, avec leurs dieux résidant dans un plan onirique, a fait évoluer la direction de Lovecraft, l’orientant vers des concepts plus vastes et moins directement horrifiques.
  • La Science et ses Progrès : Une source d’inspiration majeure fut la science elle-même (biologie, astronomie, géologie, physique). Ces avancées lui ont renforcé l’idée que l’Homme est encore plus insignifiant, impuissant et condamné dans un univers matérialiste et mécanique. La science est la clé de voûte de son « cosmicisme » et de son propre athéisme. Le XXe siècle, avec sa confiance croissante en la science, a ouvert de nouvelles perspectives et a donné corps à l’horreur en décrivant l’inaptitude de l’homme à expliquer l’univers. Dans La Couleur tombée du ciel, l’incapacité de la science à comprendre une météorite mène au chaos. Lovecraft, dans une lettre à James Morton en 1923, s’est même attardé sur la théorie de la relativité d’Einstein, concluant que le cosmos devenait une vaste plaisanterie. Les personnages de L’Appel de Cthulhu sont confrontés à une architecture « anormale, non euclidienne, aux senteurs répugnantes des sphères et de dimensions qui ne sont pas les nôtres ».
  • Arthur Machen : Après 1923, les récits de Machen, évoquant la survivance d’un mal primitif dans des temps modernes, réalistes et mystiques, ont constitué une ultime influence.

Lovecraft est aussi à l’origine de l’un des outils horrifiques les plus connus de la fiction : le Necronomicon, le grimoire secret de l’Arabe fou Abdul al-Hazred. L’impact de ce livre fictif est tel que certains critiques ont cru que l’auteur avait fondé tous ses écrits sur des mythes et des croyances occultes existantes. De fausses éditions du livre ont même été commercialisées, témoignant de sa puissance évocatrice.

Les Thèmes Profonds de Lovecraft : Miroir de l’Angoisse Humaine 🧠

Les récits de Lovecraft sont tissés de thèmes sombres et récurrents qui reflètent une vision du monde pessimiste et déshumanisante.

Le Savoir Interdit : La Folie en Perspective 🤯

Au cœur de l’œuvre de Lovecraft se trouve la notion de savoir interdit. Dans l’ouverture de « L’Appel de Cthulhu – I. L’horreur d’argile », Lovecraft écrit :

« Ce qu’il y a de plus pitoyable au monde, c’est, je crois, l’incapacité de l’esprit humain à relier tout ce qu’il renferme. Nous vivons sur une île placide d’ignorance, environnée de noirs océans d’infinitude que nous n’avons pas été destinés à parcourir bien loin. Les sciences, chacune s’évertuant dans sa propre direction, nous ont jusqu’à présent peu nui. Un jour, cependant, la coordination des connaissances éparses nous ouvrira des perspectives si terrifiantes sur le réel et sur l’effroyable position que nous y occupons qu’il nous restera plus qu’à sombrer dans la folie devant cette révélation ou fuir cette lumière mortelle pour nous réfugier dans la paix et la sécurité d’un nouvel obscurantisme. ».

Les héros de Lovecraft sont inévitablement poussés à opérer cette « imbrication » de connaissances, faisant de ce processus un ressort littéraire essentiel. Cependant, lorsque de telles « fenêtres » s’ouvrent, l’esprit du protagoniste-enquêteur est presque toujours détruit. Ceux qui rencontrent les manifestations « vivantes » de l’incompréhensible sombrent souvent dans la folie, comme le personnage éponyme de La Musique d’Erich Zann. Ce récit met en scène un joueur d’alto fou et muet dont la fenêtre d’appartement est la seule à offrir une vue au-delà d’un mur cachant des caractéristiques inexplicables et horribles. Les personnages qui tentent d’utiliser ce savoir interdit sont systématiquement condamnés. Leurs travaux peuvent attirer des créatures maléfiques ou les détruire par les monstres qu’ils ont eux-mêmes créés, comme dans Herbert West, réanimateur, où un scientifique ramène des morts à la vie, qui, choqués et déments, finissent par se venger de leur « sauveur ».

Influences Extraterrestres sur l’Humanité : Culte et Horreur 👽

Les entités du Mythe de Lovecraft sont souvent vénérées par des serviteurs humains ou humanoïdes. Cthulhu, par exemple, est adoré par des cultes eskimos au Groenland et par des cercles vaudous en Louisiane. Ces dévots servent d’outil narratif à Lovecraft, permettant de révéler des informations de manière diffuse et de construire la tension, sans que les créatures elles-mêmes, trop puissantes et terrifiantes pour être vaincues par des humains (et dont la rencontre engendre irrémédiablement la folie), ne mettent fin prématurément à l’histoire.

Culpabilité Héritée et Destin Inéluctable ⛓️

Une autre idée récurrente chez Lovecraft est l’impossibilité pour les descendants d’une lignée d’échapper aux marques laissées par les crimes de leurs aïeux, indépendamment de l’éloignement temporel et géographique. Ce thème est exploré dans des œuvres telles que Les Rats dans les murs, La peur qui rôde, Arthur Jermyn, L’Alchimiste, Le Cauchemar d’Innsmouth et L’Affaire Charles Dexter Ward.

Les personnages de Lovecraft sont souvent incapables de contrôler leurs propres actions ou de changer le cours de leur destin. Certains pourraient facilement fuir, mais cette possibilité ne se présente jamais ou est compromise par des forces obscures, comme dans La Couleur tombée du ciel et La Maison de la sorcière. De plus, fuir ou mourir ne sert bien souvent à rien (Le Monstre sur le seuil, Je suis d’ailleurs). Dans certains cas, la fatalité concerne l’humanité entière, sans aucune échappatoire possible, comme dans Dans l’abîme du temps.

Une Civilisation Menacée : Décadence et Corruption 🏙️

Lovecraft était familier avec les travaux du théoricien conservateur allemand Oswald Spengler, auteur de l’essai Le Déclin de l’Occident. Les thèses pessimistes de Spengler sur la décadence de l’Occident moderne ont profondément influencé la vision globalement passéiste de Lovecraft. On retrouve par exemple l’idée d’un délabrement cyclique dans Les Montagnes hallucinées. S. T. Joshi, dans sa biographie H. P. Lovecraft: The Decline of the West, souligne le rôle prépondérant de Spengler dans la formation de la pensée politique et philosophique de Lovecraft. Lovecraft lui-même écrivait à Clark Ashton Smith en 1927 : « C’est ma conviction et ce l’était déjà bien avant que Spengler n’appose le sceau de la preuve académique sur ce point, que notre ère mécanique et industrielle est une ère tout à fait décadente ».

Lovecraft explore fréquemment l’idée d’une civilisation se battant contre des éléments plus barbares et primitifs. Dans certaines histoires, cette lutte se déroule à un niveau individuel, où la plupart de ses protagonistes, même cultivés, sont corrompus par une influence obscure et effrayante. Dans de tels récits, la « malédiction » est souvent héréditaire, soit à cause d’une ascendance non humaine (Faits concernant feu Arthur Jermyn (1920), Le Cauchemar d’Innsmouth (1931)), soit à cause d’une influence magique (L’Affaire Charles Dexter Ward (1927)). L’avilissement physique et mental vont souvent de pair, et ce thème du « sang corrompu » pourrait faire écho à l’histoire de la propre famille de l’écrivain, en particulier la mort de son père.

Dans d’autres récits, c’est toute la société qui est menacée par une entité barbare. Parfois, il s’agit d’une menace externe concernant une race réduite à néant par la guerre (Polaris). D’autres fois, c’est un petit groupe d’humains qui tombe dans la décadence et régresse (La Peur qui rôde). La plupart du temps, de tels récits décrivent des mondes civilisés progressivement détruits par une plèbe maligne manipulée par des forces inhumaines.

Race, Ethnicité et Classe : Un Aspect Controversé 🚩

Les opinions de Lovecraft sur la race, l’ethnicité et la classe sociale sont un aspect particulièrement sombre et controversé de son héritage. Les descendants d’Européens non anglo-saxons sont fréquemment dénigrés dans son œuvre, notamment les immigrants hollandais des Catskill Mountains, qu’il assimile aux « white trash du Sud ».

S. T. Joshi commente ces récits en affirmant qu’« on ne peut pas nier la réalité du racisme dans les récits de Lovecraft, ce qui en fait un très bon documentaire d’époque, et de qualifier de typique « pour son époque » car il apparaît que l’auteur voulait un point de vue très prononcé dans ses récits ». Selon l’écrivain Michel Houellebecq, auteur d’une biographie de Lovecraft, « C’est la haine raciale qui provoque chez Lovecraft cet état de transe poétique où il se dépasse lui-même dans le battement rythmique et fou des phrases maudites ; c’est elle qui illumine ses derniers grands textes d’un éclat hideux et cataclysmique ».

Lovecraft, anthropologue amateur dans sa vie privée, a mené des recherches approfondies, comme en témoigne sa volumineuse correspondance. Cela l’a amené à adhérer à diverses idéologies : le teutonisme, l’anglo-saxonisme, le nativisme et le fascisme. Il était également un admirateur d’Adolf Hitler, dont il lut Mein Kampf d’une traite dès sa parution en anglais. Il développa ces opinions dans ses correspondances, notamment dans un courrier adressé à Robert Bloch en octobre 1933.

Voici quelques exemples frappants de ses opinions et descriptions :

  • Sur les Juifs : Dans une de ses lettres, Lovecraft écrit : « La masse des Juifs contemporains est sans espoir, du moins en ce qui concerne l’Amérique. Ils sont le produit d’un sang étranger et sont les héritiers d’idéaux, de pulsions et d’émotions étrangers qui excluent pour de bon leur totale assimilation… De notre côté, il y a une répugnance à nous faire frissonner quand il s’agit de la plupart des races sémites… Ainsi, où que le Juif errant erre, il devra se satisfaire de sa propre société jusqu’à ce qu’il disparaisse ou qu’il soit balayé par une explosion soudaine due à notre détestation pour lui. Je me suis déjà senti capable d’en massacrer une vingtaine ou deux dans les bouchons du métro de New York ».
  • Dans L’Appel de Cthulhu : Le narrateur décrit un groupe de prisonniers métis vénérant Cthulhu comme « tous les prisonniers avaient démontré leur appartenance à une espèce bâtarde, vile et mentalement aberrante. Ils étaient pour la plupart marins, une aspersion de nègres et de mulâtres en provenance des Caraïbes ou du Cap-Vert qui offrait une teinte vaudou au culte. Cependant, avant que bien des questions ne soient posées, il devint apparent qu’il y avait quelque chose de plus profond et plus vieux que du fétichisme nègre. Aussi avilies et ignorantes qu’elles étaient, ces créatures s’accrochaient avec une ténacité surprenante à l’idée centrale de leur foi répugnante ».
  • Sur l’« Homme évolué » : Dans une lettre datant du 23 janvier 1920, Lovecraft écrit : « Pour l’homme évolué (l’apex de l’évolution organique sur Terre) quel type de réflexion est plus approprié que celui qui occupe seulement ses facultés les plus élevées et qui lui sont le plus exclusives ? Le Sauvage primaire ou le singe ne se contentent que de chercher leurs semblables dans leur forêt natale ; l’Aryen exalté devrait lever les yeux vers les mondes astraux et penser à sa relation avec l’infini !!! ».
  • Dans Herbert West, réanimateur : Dans la partie « Six coups de feu au clair de lune », Lovecraft décrit un Afro-Américain possédé, récemment décédé, comme : « Il était répugnant, une chose qui ressemblait à un gorille avec des bras anormalement longs que je ne pouvais m’empêcher d’appeler « pattes de devant » et un visage qui évoquait les secrets indicibles du Congo et le martèlement des tam-tams sous une lune sinistre. Le corps devait être encore pire vivant, mais le monde recèle tant de choses hideuses ».
  • Ses propres affiliations politiques : D’après H.P. Lovecraft, Selected Letters, il se revendiquait comme : « Tory, Czariste, Junker, Patricien, fasciste, oligarchiste, nationaliste et militariste ».

Religion : Athéisme et Cosmologie Personnelle 🛐

La fiction lovecraftienne est souvent caractérisée par la croyance en de redoutables entités aux pouvoirs inconcevables, parfois vénérées comme des divinités. Cependant, Lovecraft rejette l’idée d’un dieu aimant et protecteur dans nombre de ses textes. Dans les récits du Mythe de Cthulhu, il expose de nombreux mythes sur l’origine de l’homme qui sont diamétralement opposés à ceux du Livre de la Genèse. Ses héros accordent plus de crédit à la science qu’aux Écritures.

En 1932, il écrit à Robert E. Howard : « Tout ce que je dis c’est que je pense qu’il est franchement improbable qu’il y ait quoi que ce soit qui ressemble à une volonté cosmique centrale, à un monde spirituel ou à un être éternel. Il s’agit là des idées les plus absurdes et les plus injustifiées que l’on puisse avoir à propos de l’univers et je ne suis pas assez pinailleur pour prétendre que je ne les vois pas comme autre chose que de fieffées idioties. Dans l’idée, je suis agnostique, mais comme je préfère me ranger du côté des preuves tangibles, on doit me classer parmi les athées ». Ce passage souligne son athéisme matérialiste et son rejet de toute forme de spiritualité traditionnelle, préférant la logique et les preuves tangibles.

Topographie Lovecraftienne : Les Paysages de l’Horreur 🏘️

Lovecraft a souvent situé ses récits dans sa Nouvelle-Angleterre natale, mélangeant habilement lieux réels et fictifs pour créer une atmosphère d’authenticité et d’horreur rampante.

Endroits réels 🏞️

De nombreux lieux mentionnés dans ses œuvres sont des localisations existantes, contribuant à ancrer ses récits dans une réalité troublante :

  • Binger, Oklahoma.
  • Copp’s Hill, Boston, Massachusetts.
  • Red Line.
  • Pawtuxet (désormais intégré à Cranston, Rhode Island).
  • Newburyport, Massachusetts.
  • Ipswich, Massachusetts.
  • Rowley, Massachusetts.
  • Bolton, Massachusetts.
  • Salem, Massachusetts.
  • Brattleboro, Vermont.
  • Albany, New York.
  • Plusieurs endroits de sa ville natale de Providence, Rhode Island, notamment la maison supposément hantée de Halsey, Prospect Terrace, et les bibliothèques John Hay et John Carter Brown de la Brown University.
  • Le Danvers State Hospital, à Danvers, Massachusetts, est supposé être la source d’inspiration principale de l’asile psychiatrique d’Arkham dans Le Monstre sur le seuil.
  • Catskill Mountains, New York.

Lieux fictifs 👻

C’est dans ses lieux fictifs que Lovecraft a construit son univers mythique, souvent des villes de Nouvelle-Angleterre frappées par des horreurs insondables :

  • La Miskatonic University dans la ville fictive d’Arkham, Massachusetts.
  • Dunwich, Massachusetts.
  • Innsmouth, Massachusetts.
  • Kingsport, Massachusetts.
  • Aylesbury, Massachusetts.
  • Martin’s Beach.
  • Le fleuve Miskatonic.

Ces lieux, qu’ils soient réels ou imaginaires, sont devenus emblématiques de l’horreur lovecraftienne, renforçant le sentiment que le danger peut surgir de n’importe quel coin de l’ordinaire.

Influences Littéraires et l’Héritage de Lovecraft 🌟

L’œuvre de Lovecraft est le fruit d’influences diverses et son impact sur la culture est immense, bien au-delà des adaptations directes.

Auteurs Influencés : Un Panthéon Personnel 📚

Lovecraft a été influencé par des auteurs tels que Arthur Machen, Lord Dunsany, Edgar Allan Poe et Abraham Merritt. Pendant un temps, on a cru qu’il avait pu être influencé par le travail de Gertrude Barrows Bennett, également connue sous son nom de plume, Francis Stevens, en lui attribuant par erreur le pseudonyme de Swift, mais cette information a été démentie.

Lovecraft se voyait lui-même comme un homme du XVIIIe siècle. Son style d’écriture, en particulier dans ses lettres, fait écho à celui des écrivains anglais du Siècle des Lumières comme Joseph Addison et Jonathan Swift. Il allait même jusqu’à emprunter des tournures de phrases particulières à cette époque littéraire. Par ailleurs, même s’il s’opposait à l’idée que se faisaient les Lumières de la capacité de l’homme à comprendre l’univers, ses lettres montrent qu’il était d’accord avec des contemporains comme Bertrand Russell.

Il appréciait également Algernon Blackwood, citant Le Centaure dans le premier paragraphe de L’Appel de Cthulhu. Parmi les livres de sa bibliothèque (Lovecraft’s Library de S. T. Joshi), on trouvait The Seven Who Were Hanged (Les Sept Pendus) de Leonid Andreïev et Un étrange manuscrit découvert dans un cylindre en cuivre de James De Mille.

Lovecraft : Une Influence Immense sur la Culture Populaire 🎭

Au-delà de simples adaptations, Lovecraft et ses récits ont exercé un impact profond sur la culture populaire, étant loués par de nombreux écrivains contemporains. Une partie de l’influence de l’auteur fut directe, Lovecraft étant l’ami et le correspondant d’August Derleth, Robert E. Howard, Robert Bloch et Fritz Leiber.

D’autres auteurs et artistes ont été profondément influencés par Lovecraft, parmi lesquels : Clive Barker, Stephen King, Alan Moore, Neil Gaiman, John Carpenter, Dan O’Bannon, Stuart Gordon, Guillermo del Toro, Junji Itō et H. R. Giger. L’écrivain argentin Jorge Luis Borges a écrit sa nouvelle There are more things en mémoire de Lovecraft, annotant son œuvre « A la memoria de Howard P. Lovecraft ». Michel Houellebecq a consacré une biographie littéraire à Lovecraft, intitulée Contre le monde, contre la vie, essai sur Lovecraft. Joyce Carol Oates a rédigé une introduction à une anthologie de récits de Lovecraft. En 2005, la prestigieuse Library of America a publié un volume dédié à Lovecraft, le qualifiant d’écrivain américain canonique.

Le mythe de Cthulhu, en particulier, a été une source d’inspiration pour les auteurs du monde entier. On retrouve des éléments lovecraftiens dans une myriade de formes d’expression :

  • Romans et nouvelles.
  • Films.
  • Musique.
  • Jeux de rôle papier.
  • Jeux vidéo.
  • Bandes dessinées.
  • Dessins animés.

En outre, « des versions fictionnelles de H. P. Lovecraft, des personnages basés sur Lovecraft ainsi que des références explicites à Lovecraft en tant qu’auteur d’histoires du mythe de Cthulhu » apparaissent dans plusieurs fictions.

Éditions de l’Œuvre : Perpétuer l’Héritage 📚

Pendant la majeure partie du XXe siècle, les éditions définitives de la prose de Lovecraft (notamment At the Mountains of Madness and Other Novels, Dagon and Other Macabre Tales, The Dunwich Horror and Others, et The Horror in the Museum and Other Revisions) ont été publiées par Arkham House, une maison d’édition dont l’objectif premier était de publier ses travaux. Aujourd’hui, Penguin Classics a également publié trois volumes : The Call of Cthulhu and Other Weird Stories, The Thing on the Doorstep and Other Weird Stories et, plus récemment, The Dreams in the Witch House and Other Weird Stories. Ces collections, éditées par S. T. Joshi, étaient pour la plupart disponibles aux éditions Arkham, à l’exception de Dans l’abîme du temps, précédemment sorti chez Hippocampus Press. En 2005, la prestigieuse Library of America a également publié un volume de ses écrits, édité par Peter Straub.

La poésie de Lovecraft a été rassemblée dans The Ancient Track: The Complete Poetical Works of H. P. Lovecraft, tandis que ses premiers écrits et ses essais philosophiques, politiques et littéraires peuvent être retrouvés dans Miscellaneous Writings. Son essai intitulé Supernatural Horror in Literature, d’abord publié en 1927, est une étude historique du genre de l’horreur littéraire et est disponible sous le titre : The Annotated Supernatural Horror in Literature.

Les Lettres : Fenêtre sur un Esprit Unique 💌

Bien que Lovecraft soit principalement connu pour ses œuvres de fiction, la majeure partie de ses écrits est constituée de lettres. Ces correspondances volumineuses traitent d’une multitude de sujets, allant de la fiction à l’art, en passant par la politique et l’histoire.

Lovecraft avait l’habitude d’antidater parfois ses lettres de 200 ans, donnant l’impression qu’elles avaient été écrites avant la révolution américaine, un conflit qui offensait son anglophilie. Le fait d’en antidater certaines conférait un statut ambigu à ces lettres, à mi-chemin entre le document et la fiction. Selon lui, les XVIIIe et XXe siècles étaient les « meilleurs » : le premier pour sa noblesse, le second pour ses avancées scientifiques.

Jeune, Lovecraft écrivait peu de lettres. En 1931, il avoua : « Dans ma jeunesse, je n’écrivais quasiment jamais de lettres — remercier quelqu’un pour un cadeau relevait tellement du supplice que j’aurais plutôt écrit une pastorale de 250 vers ou un traité de 20 pages sur les anneaux de Saturne » [38, SL 3.369–70]. Son intérêt initial pour l’épistolaire remonte à sa correspondance avec son cousin Phillips Gamwell et surtout à son engagement dans le journalisme amateur.

Lovecraft a clairement exprimé que l’écriture de lettres était pour lui un moyen important d’élargir sa perspective sur le monde : « J’ai accès à des dizaines de points de vue différents qui ne se seraient jamais dévoilés à moi autrement. Mon appréciation du monde et mes inclinations se sont accrues et beaucoup de mes points de vue sur la société, la politique et l’économie ont évolué en fonction d’un savoir également plus grand » [39, SL 4.389].

Aujourd’hui, cinq maisons d’édition ont publié des lettres de Lovecraft, dont Arkham House avec ses cinq volumes de Selected Letters. Les autres éditeurs incluent Hippocampus Press (Letters to Alfred Galpin et al.), Night Shade Books (Mysteries of Time and Spirit: The Letters of H. P. Lovecraft and Donald Wandrei et al.), Necronomicon Press (Letters to Samuel Loveman and Vincent Starrett et al.), et la University of Tampa Press (O Fortunate Floridian: H. P. Lovecraft’s Letters to R. H. Barlow). L’Ohio University Press a également publié Lord of a Visible World: An Autobiography in Letters (édité par S. T. Joshi et David E. Schultz) en 2000, un ouvrage où les lettres sont classées par thèmes (adolescence, voyage).

Droit d’Auteur : Complexités et Controverses 📜

Le statut du droit d’auteur concernant les travaux de Lovecraft, surtout les plus récents, est particulièrement délicat. Lovecraft avait désigné le jeune R. H. Barlow comme son exécuteur littéraire, mais cela ne fut pas mentionné dans son testament. Sa tante s’en occupa néanmoins, et Barlow reçut effectivement la charge de l’héritage littéraire massif et complexe de Lovecraft après le décès de celui-ci.

Barlow déposa la majeure partie de l’œuvre de Lovecraft (y compris ses correspondances) à la John Hay Library et tenta de s’organiser pour conserver les autres écrits de l’auteur. Cependant, August Derleth, un écrivain plus âgé et mieux établi, se posa en rival pour contrôler l’héritage de Lovecraft. En conséquence, il y eut une confusion légale quant à la détention des droits.

Tous les travaux publiés avant 1929 sont tombés dans le domaine public aux États-Unis. Les écrits de Lovecraft seront tous dans le domaine public en 2032 dans leurs versions initiales (cela ne concerne pas les traductions françaises). Néanmoins, des désaccords persistent quant à savoir qui détenait ou détient quels droits. En avril 2008, la question se posait encore de savoir si des droits d’auteur existaient toujours pour les travaux publiés après 1923, tels que L’Appel de Cthulhu et Les Montagnes hallucinées.

La question est de savoir si les droits sur les travaux de Lovecraft ont été renouvelés en fonction du Copyright Act of 1976 américain, qui concerne les œuvres créées avant le 1er janvier 1978. Avant cette loi, la durée des droits d’auteur était calculée à partir de la date de publication et non de la vie de l’artiste. Sans intervention, toutes les œuvres seraient tombées dans le domaine public. La loi de 1976 a renouvelé les droits de manière rétroactive pour une période de 47 ans, et le Sonny Bono Copyright Term Extension Act de 1998 a ajouté 20 ans de plus, portant le total à 95 ans à partir de la date de publication. Si ces droits ont été renouvelés, ils sont toujours actifs aux États-Unis.

En Europe, la Directive européenne sur l’harmonisation de certains aspects du droit d’auteur et des droits voisins dans la société de l’information (1993) a étendu les droits d’auteur à 70 ans après la mort de l’auteur. Ainsi, l’œuvre de Lovecraft est tombée dans le domaine public dans les 27 pays de l’Union européenne le 1er janvier 2008.

Les actionnaires d’Arkham House, August Derleth et Donald Wandrei, ont souvent affirmé détenir les droits sur les travaux de l’auteur. Le 9 octobre 1947, Derleth acquit tous les droits pour Weird Tales. Cependant, depuis 1926 au plus tard, Lovecraft avait réservé les droits de toutes les rééditions de ses œuvres publiées par Weird Tales. De plus, même si Derleth avait été en possession des droits, rien ne prouve que ceux-ci aient été renouvelés.

S. T. Joshi, dans sa biographie H. P. Lovecraft: A Life, conclut que les prétentions de Derleth étaient « certainement fictives » et que les travaux de Lovecraft publiés par la presse amateur sont probablement tombés dans le domaine public. Les droits auraient pu être accordés à son seul héritier en vie en 1912 : sa tante, Annie Gamwell, décédée en 1941. Les droits sont donc passés à Ethel Phillips Morrish et Edna Lewis, qui ont signé un document autorisant Arkham House à rééditer les travaux de Lovecraft tout en conservant les droits. Là encore, rien ne dit que ces droits aient été renouvelés.

Indépendamment des problèmes légaux, Lovecraft a toujours encouragé les autres à réutiliser ses idées et à les enrichir. Après sa mort, de nombreux écrivains ont ainsi contribué à l’étoffement du Mythe. Par exemple, Chaosium, l’éditeur du jeu de rôle L’Appel de Cthulhu, est propriétaire d’une marque commerciale intitulée « L’Appel de Cthulhu » destinée à ses jeux. Un autre éditeur de jeux, TSR, Inc., le premier éditeur de AD&D, avait inclus dans l’un des premiers suppléments du jeu une section intitulée Deities & Demigods (1980) qui portait sur le Mythe de Cthulhu ; cette section fut plus tard supprimée.

Conclusion : L’Héritage Persistant de l’Horreur Cosmique ✨

Howard Phillips Lovecraft, figure complexe et souvent controversée, a légué au monde un héritage littéraire dont la portée continue de s’étendre. Sa vision pessimiste du cosmos, où l’humanité est insignifiante face à des entités indifférentes et terrifiantes, a créé une forme d’horreur intellectuelle et existentielle unique. Bien que sa vie fût marquée par la solitude, la maladie et les difficultés financières, Lovecraft a réussi à construire un univers narratif d’une richesse et d’une influence inégalées, culminant dans le célèbre Mythe de Cthulhu.

L’étude de sa biographie révèle un homme en perpétuelle quête de connaissance, malgré ses propres démons et ses opinions sociales et raciales problématiques. Ses correspondances, tout autant que ses fictions, offrent un aperçu précieux de son esprit et de ses réflexions profondes sur l’art, la science et la condition humaine.

Aujourd’hui, Lovecraft est universellement reconnu comme un maître de l’horreur, dont les thèmes du savoir interdit, de la culpabilité héritée et de la civilisation menacée résonnent avec les angoisses contemporaines. Son œuvre, désormais accessible à un public mondial, continue d’inspirer des créateurs dans tous les domaines artistiques, prouvant que l’écho de ses « Yog-Sothotheries » résonnera encore longtemps dans les abysses de l’imaginaire collectif.

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