Ernest Hemingway : Plongée dans la Vie et l’Œuvre d’une Légende Littéraire ✍️

Ernest Hemingway est bien plus qu’un simple écrivain ; il est une icône, une figure emblématique dont la vie d’aventurier a souvent rivalisé avec la puissance de ses fictions. De ses blessures de guerre à ses Prix Nobel et Pulitzer, en passant par ses romances tumultueuses et son rôle controversé pendant la Seconde Guerre mondiale, Hemingway a forgé un héritage qui continue de fasciner. Cet article vous propose un voyage approfondi dans l’existence complexe et l’œuvre révolutionnaire de l’homme au style minimaliste mais percutant.

🏡 Les Racines d’un Géant : Enfance et Jeunesse à Oak Park (1899-1917)

Ernest Miller Hemingway voit le jour le 21 juillet 1899 à Oak Park, une paisible banlieue de Chicago, dans l’Illinois. Fils de Clarence Hemingway, un médecin respecté, et de Grace Hall, une musicienne accomplie, Ernest est le deuxième d’une fratrie de six enfants. Ses parents, appréciés au sein de la communauté conservatrice d’Oak Park, lui offrent une éducation soignée. Le prénom « Ernest » lui vient de son grand-père maternel, Ernest Hall. Curiosité notable, l’écrivain confessait ne pas aimer son prénom, l’associant à l’image du héros naïf de la pièce d’Oscar Wilde, L’Importance d’être Constant.

La maison familiale, une demeure de sept chambres, disposait d’un studio de musique pour sa mère et d’un cabinet dentaire pour son père. Bien qu’adulte, Hemingway ait affirmé haïr sa mère, le biographe Michael Reynolds souligne qu’il reflétait son énergie et son enthousiasme. L’insistance de sa mère à lui enseigner le violoncelle fut une source de conflit, mais Hemingway reconnut plus tard que ces leçons de musique lui avaient été utiles pour son écriture, notamment pour élaborer la « structure contrapuntique » de Pour qui sonne le glas.

C’est dans la nature que se forge une part essentielle de sa personnalité. La famille possédait une résidence d’été, Windemere, sur les rives du lac Walloon, dans le Michigan. Là, sous la tutelle de son père, le jeune Ernest apprend à chasser, à pêcher et à camper, des activités qui lui inculquent une passion durable pour l’aventure en plein air et la vie dans des régions reculées. Son dixième anniversaire marque un moment clé, puisque son père lui offre son premier fusil de chasse en 1909.

À partir de 1913, Hemingway étudie à la High School d’Oak Park. Il y développe un intérêt pour la littérature, découvrant des auteurs majeurs comme Shakespeare, Dickens et Stevenson. Il s’implique activement dans la vie sportive et culturelle de son école, et dès 1916, ses premières histoires et poèmes sont publiés dans les revues littéraires scolaires Tabula et Trapeze.

Après l’obtention de son diplôme en 1917, Ernest Hemingway fait un choix qui allait marquer le début de sa carrière : il renonce aux études supérieures pour devenir journaliste. C’est son oncle paternel, Alfred Tyler Hemingway, qui l’influence dans cette voie, le menant au Kansas City Star. Ce poste de reporter sera sa première immersion dans le monde de l’écriture professionnelle, façonnant déjà son approche concise du reportage.

🩸 Le Baptême du Feu : La Première Guerre Mondiale et ses Séquelles (1917-1921)

L’entrée en guerre des États-Unis, le 6 avril 1917, marque un tournant pour le jeune Hemingway. Initialement refusé pour l’incorporation militaire en raison d’un problème oculaire, il parvient à s’engager en avril 1918 dans la Croix-Rouge italienne en tant qu’ambulancier. Après un voyage transatlantique, il débarque à Bordeaux, rejoint Paris, puis Milan, où il arrive le 6 juin.

C’est sur le front italien, près de Fossalta di Piave, le 8 juillet 1918, que Hemingway est grièvement blessé. Alors qu’il distribue du chocolat et des cigarettes aux soldats en pleine nuit, un tir de mortier le blesse aux jambes, tuant un camarade et en blessant gravement deux autres. Alors qu’il tente de ramener un camarade blessé vers l’arrière, il est de nouveau touché par un tir de mitrailleuse, avant de parvenir à un poste de secours et de s’évanouir.

Cette expérience traumatisante mais formatrice lui inspire un de ses romans les plus célèbres, L’Adieu aux armes. Sa convalescence de plus de trois mois dans un hôpital de Milan est également le théâtre d’une romance passionnée avec une infirmière américaine, Agnès von Kurowsky, de huit ans son aînée. Cette relation servira de modèle pour le personnage de Catherine Barkley dans son œuvre. Après sa sortie de l’hôpital, Hemingway s’engage même dans l’armée italienne. Cependant, la réadaptation à la vie civile après une telle épreuve s’avère difficile pour lui.

En mars 1921, il continue son travail de journaliste, cette fois auprès des troupes grecques, témoignant de la violence des affrontements à Inönü, en Anatolie, durant la guerre gréco-turque.

🇫🇷 La Génération Perdue : Paris, l’Écriture et les Influences (1922-1927)

Novembre 1920 marque un nouveau chapitre professionnel pour Hemingway : il est engagé comme correspondant étranger pour le Toronto Star. C’est dans ce cadre qu’il déménage à Paris en janvier 1922, s’installant avec sa première épouse, Hadley Richardson, qu’il a épousée le 3 septembre 1921. Le couple vit au troisième étage du 74, rue du Cardinal-Lemoine, dans le Quartier Latin.

La période parisienne est cruciale pour le développement d’Hemingway en tant qu’écrivain. C’est là qu’il fait la connaissance de figures majeures du modernisme. Il fréquente la célèbre librairie Shakespeare and Company et rencontre Gertrude Stein, qu’il considère comme sa mentor avant leur brouille. Stein est une figure centrale qui lui fait rencontrer non seulement des peintres comme Pablo Picasso, Joan Miró et Juan Gris, mais aussi les « expats » américains qui forment ce qu’elle baptise la « Génération Perdue ». Cette expression désigne les artistes, écrivains et intellectuels ayant atteint l’âge adulte durant la Première Guerre mondiale, et dont les œuvres reflètent souvent un sentiment de désillusion et de perte de sens. Parmi ces personnalités, on compte Ezra Pound, James Joyce, Sherwood Anderson, T. S. Eliot, et bien sûr, F. Scott Fitzgerald, rencontré pour la première fois fin avril 1925 au Dingo Bar, un lieu de passage obligé pour de nombreux artistes de l’époque. Hemingway mentionnera ce lieu dans son livre Paris est une fête.

C’est à partir de cette période parisienne qu’il se consacre intensément à l’écriture. Sous l’influence de Gertrude Stein et Ezra Pound, il développe son style caractéristique : des récits très concentrés, un style dépouillé et laconique, qui témoignent de son expérience de la vie et de la mort.

En tant que correspondant du Toronto Star, Hemingway voyage régulièrement entre Paris, Toronto et Chicago. Il participe même à la diffusion clandestine du roman Ulysse de James Joyce aux États-Unis, en passant un volume à la fois aux frontières entre 1923 et 1924.

Après un recueil de nouvelles moins populaire (De nos jours), Hemingway publie son premier roman, Le soleil se lève aussi, en 1926. Ce livre devient rapidement un best-seller, établissant sa réputation sur la scène littéraire. Le titre fait référence à l’Ecclésiaste et aborde le thème central de la génération perdue : des jeunes désaxés évoluent dans un monde absurde, incapables de combler le vide de leur existence.

En 1927, après avoir divorcé de Hadley Richardson, Hemingway épouse Pauline Pfeiffer, sa deuxième femme. Ils se marient à la mairie du 14e arrondissement de Paris, puis en l’église Saint-Honoré-d’Eylau dans le 16e arrondissement.

⚔️ De l’Individualisme à l’Engagement : Guerres et Grandes Œuvres (1927-1940)

Le deuxième roman d’Hemingway, L’Adieu aux armes, publié en 1929, revient sur son expérience de la Première Guerre mondiale. Sorti onze ans après la fin du conflit, le récit est cinglant et ironique. Hemingway s’attache à une esthétique où l’émotion n’est évoquée qu’une fois l’émoi passé. Le roman suit un ambulancier américain qui, parti en Suisse avec une infirmière anglaise, se rend compte qu’il est pris au piège d’un destin auquel il pensait avoir échappé. Malgré un titre emprunté à un poème patriotique, l’ouvrage n’est pas élogieux ; au contraire, il souligne l’absence de sens de cette guerre et se montre pessimiste quant au sentiment amoureux lui-même.

Malgré le désenchantement véhiculé par ses premières œuvres, Hemingway parvient à trouver un certain équilibre personnel en s’adonnant à ses passions, notamment les courses de chevaux et la chasse. Il s’installe à Key West, en Floride, en 1928, une ville qui deviendra un de ses ancrages importants. Il y hébergera d’ailleurs une centaine de chats, dont la moitié étaient polydactyles, ce qui popularisera le terme « Hemingway cat ».

Dans les années 1930 et 1940, il passe également beaucoup de temps à Cuba, où il acquiert en 1940 la villa Finca La Vigía près de La Havane, qu’il ne quittera définitivement qu’en 1960.

Pendant un temps, Hemingway semble détaché des préoccupations sociales et géopolitiques, passant ses journées à pêcher l’espadon sur son yacht. Cependant, il réalise que l’on ne peut vivre éternellement en retrait des autres. Cette prise de conscience inspire son roman de 1937, En avoir ou pas. Ce livre met en scène Harry Morgan, un homme qui, faute d’argent pour subvenir aux besoins de sa famille, se lance dans des aventures périlleuses auxquelles il finit par succomber. Fidèle représentant de l’individualisme américain, il ne comprend que trop tard que « un homme seul est foutu d’avance ».

Cette œuvre marque une rupture significative dans la vie solitaire de Hemingway, le poussant vers l’engagement. L’arrivée du franquisme en Espagne ne le laisse pas indifférent. Conscient de l’impossibilité de vivre indéfiniment à l’écart du monde, il choisit de s’engager dans la Guerre Civile Espagnole dès 1937.

Il participe au conflit en tant que journaliste, aux côtés des Républicains. Installé à l’hôtel Florida à Madrid, comme beaucoup de ses confrères correspondants de guerre, il écrit le recueil Paradis perdu, suivi de La Cinquième Colonne, et commence l’ébauche de Pour qui sonne le glas. Ce roman, publié en 1940 après la victoire des Franquistes, le rend encore plus célèbre. Il s’agit d’un récit d’aventures mêlé à un reportage de guerre, combinant épopées exaltantes, tragédies antiques et méditations sur le destin humain. C’est aussi pendant cette période qu’il rencontre et s’éprend de Martha Gellhorn, une romancière qui deviendra sa troisième épouse, et qu’il croise Malraux.

Les carnages dont il est témoin en Espagne le confortent dans l’idée de la vacuité et du mensonge du langage abstrait. Cette période est également marquée par une rupture définitive entre Hemingway et son ami John Dos Passos, cristallisée par la disparition suspecte de l’écrivain José Robles Pazos, attribuée aux services secrets soviétiques. L’analyse de la guerre d’Espagne par Hemingway, sa compromission locale avec la propagande stalinienne et son absence d’aide face à la disparition de son ami insupportent Dos Passos.

Fait notable, à partir des années 1940, J. Edgar Hoover place Ernest Hemingway sous la surveillance du FBI, et sa ligne téléphonique est placée sur écoute pendant plusieurs années.

💥 La Seconde Guerre Mondiale : Controverses et Légendes Urbaines (1940-1945)

En 1940, Hemingway épouse Martha Gellhorn, sa troisième femme, seulement trois semaines après son divorce avec Pauline Pfeiffer. Leur relation est tendue, notamment en raison des longues absences de Gellhorn pour ses reportages. En 1943, alors qu’elle part couvrir le front italien, Hemingway lui écrit avec agacement : « Es-tu reporter de guerre ou es-tu ma femme dans mon lit ? ».

C’est durant la Seconde Guerre mondiale qu’Hemingway revient en Europe, de juin à décembre 1944. Au moment du Débarquement de Normandie, les responsables militaires le considèrent comme une « cargaison précieuse » et le laissent sur une péniche de débarquement. Cela contredit les affirmations de Hemingway qui prétendit être allé à terre.

Cependant, vers la fin juillet, il est attaché au 22e régiment d’infanterie, commandé par le colonel Charles Buck Lanaham, qui se dirige vers Paris. C’est là que l’écrivain prend la tête d’un petit groupe de combattants à Rambouillet, dans la lointaine banlieue de Paris. Cette action, où un correspondant de guerre dirige des troupes, est une violation des Conventions de Genève. L’historien Paul Fussell, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, note qu’Hemingway « créa une gêne considérable en jouant les capitaines d’infanterie pour un groupe de résistants qu’il avait rassemblé ». Formellement accusé, Hemingway s’en tire en affirmant qu’il s’était simplement contenté de donner des conseils. Ce « scandale » met en lumière sa tendance à brouiller les frontières entre son rôle de journaliste et son désir d’action.

Le 25 août 1944, Hemingway est présent à la libération de Paris. Cependant, les affirmations selon lesquelles il serait entré le premier dans la ville, ou qu’il aurait « libéré le Ritz », sont largement considérées comme faisant partie de la légende. En réalité, Hemingway s’est présenté en tenue mi-militaire, mi-civile au général Philippe de Hauteclocque (Leclerc) pour demander un blindé de reconnaissance et des hommes pour « libérer » le bar du Ritz. Le général, pressé par de Gaulle d’investir Paris, l’aurait éjecté en le traitant de clown. À Paris, il fait la paix avec Gertrude Stein lors d’une réunion organisée par Sylvia Beach.

Hemingway est également présent lors de violents combats dans la forêt de Hürtgen vers la fin de 1944. Le 17 décembre, malade et fiévreux, il se fait conduire au Luxembourg pour couvrir la bataille des Ardennes. Hospitalisé pour une pneumonie sur ordre du colonel Lanaham, il sort de l’hôpital une semaine plus tard, une fois les combats majeurs terminés.

Pendant ce temps, Martha Gellhorn, déterminée à faire son métier de reporter de guerre, devient la seule femme à poser le pied sur les plages normandes le 6 juin 1944 avec les troupes américaines. À son retour à Londres, elle annonce à Hemingway qu’elle le quitte. Leur divorce a lieu en 1945. Gellhorn refuse d’être « une note de bas de page dans la vie de quelqu’un d’autre ». Après leur séparation, Hemingway refuse de lui renvoyer ses affaires et ses manuscrits qu’elle avait laissés dans la maison. Comme l’écrit Bernice Kert dans The Hemingway Women, « Hemingway n’a jamais pu entretenir une relation durable et pleinement satisfaisante avec l’une ou l’autre de ses quatre femmes. La domesticité conjugale a pu lui sembler l’aboutissement désirable de l’amour romantique, mais tôt ou tard, il s’est ennuyé et s’est impatienté, il est devenu critique et tyrannique ».

🥇 Le Ciel et la Mer : Reconnaissance, Passions et Tragédie (1945-1961)

Après son divorce avec Martha Gellhorn, Hemingway épouse Mary Welsh en mars 1946, qui deviendra sa quatrième et dernière épouse.

En 1948, alors que Hemingway et son épouse se rendent sur la Côte d’Azur, une panne de bateau à Gênes les pousse à faire escale à Venise. C’est à l’hôtel Gritti, où ils descendent, qu’ils fréquentent le Harry’s Bar. Invité à une chasse au canard, Hemingway rencontre et tombe amoureux de la comtesse Adriana Ivancich. Cette aventure, bien qu’Hemingway démente toute ressemblance avec la réalité dans la préface, lui redonne l’inspiration et se reflète dans son roman Au-delà du fleuve et sous les arbres, publié alors qu’il est fatigué, malade et dépressif. Il y mêle ses souvenirs de la Première Guerre mondiale. Cependant, la critique américaine se montre féroce envers cette œuvre qu’il pensait remarquable.

C’est en 1952 qu’il publie Le Vieil Homme et la Mer. Ce roman, qui narre la lutte épique d’un vieux pêcheur cubain avec un marlin géant, connaît un immense succès et lui vaut le Prix Pulitzer en 1953.

L’année suivante, 1954, marque l’apogée de sa carrière : Ernest Hemingway reçoit le Prix Nobel de littérature. Le prix lui est décerné « pour le style puissant et nouveau par lequel il maîtrise l’art de la narration moderne, comme vient de le prouver Le Vieil Homme et la Mer ». Absent de la cérémonie, il est représenté par l’ambassadeur américain en Suède, John C. Cabot, qui lit le discours le plus bref de l’histoire de cette institution.

La même année que l’attribution de son Prix Nobel, Hemingway et Mary Welsh survivent à deux accidents d’avion en Afrique. Lors d’un safari en Ouganda, leur appareil s’écrase dans la jungle près des chutes de Murchison. Le lendemain, l’avion de secours dans lequel ils montent prend feu au décollage et se pose en catastrophe. Ces accidents le laissent perclus de douleurs et en mauvaise santé pour le reste de sa vie.

Hemingway continue de partager son temps entre sa résidence de Key West en Floride et sa villa à La Havane, Cuba. En 1959, il quitte Cuba pour Ketchum, dans l’Idaho.

Les dernières années de sa vie sont marquées par une détérioration physique et mentale alarmante. À son retour aux États-Unis en septembre 1960, après des voyages à Cuba et en Espagne, il souffre d’hypertension, d’une cirrhose, et se sent sombrer dans la cécité à cause du diabète. Il présente également un trouble bipolaire diagnostiqué en 1960, dont il souffre toute sa vie, ainsi qu’un comportement paranoïaque, peut-être lié à un début d’Alzheimer ou, plus probablement, à une encéphalopathie énolique entraînant une atrophie corticale.

En décembre 1960, il est envoyé à la prestigieuse clinique Mayo du Minnesota, où il est traité par sismothérapie et sédatifs. Il en ressort en janvier 1961, mais doit y retourner trois mois plus tard pour de nouveaux électrochocs. Rentré chez lui le 30 juin, Ernest Hemingway se suicide le 2 juillet 1961, se tirant un double coup avec son fusil préféré. Ironiquement, il est rapporté qu’il avait autrefois blâmé son père Clarence après le suicide de celui-ci, considérant cela comme un acte de lâcheté.

Le dossier médical d’Hemingway, rendu accessible en 1991, a révélé qu’il souffrait d’une hémochromatose (surcharge en fer), une maladie dont le mécanisme n’était pas entièrement compris à l’époque. Cette condition, combinée à une atteinte hépatique (cirrhose diagnostiquée en 1960) liée à une consommation soutenue d’alcool, ainsi qu’une carence en vitamine B1 (Syndrome de Wernicke-Korsakoff), a sans doute contribué à ses troubles mentaux. Les nombreux suicides dans la famille Hemingway (son père, son frère, sa sœur, sa petite-fille Margaux Hemingway) pourraient être liés à un fardeau génétique du trouble bipolaire, dont le caractère transmissible est avéré.

🧊 L’Héritage d’un Style Révolutionnaire : L’Influence d’Ernest Hemingway

L’impact d’Ernest Hemingway sur le roman du XXe siècle est indéniable. Son style d’écriture est caractérisé par une économie de mots et la litote, ce qui a été décrit comme un style « télégraphique » par son traducteur français Maurice Edgar Coindreau. Hemingway lui-même aspirait à « écrire une seule phrase vraie », déclarant dans sa nouvelle Sur l’écriture que son personnage fétiche, Nick Adams, voulait « écrire comme Cézanne peint ». Cette approche est souvent associée à la « théorie de l’iceberg », où seule une petite partie de l’histoire est visible en surface, tandis que la majeure partie du sens et de l’émotion reste implicite, cachée en dessous.

Il est un représentant majeur de la « Génération Perdue », une expression inventée par Gertrude Stein pour désigner les écrivains et artistes expatriés à Paris après la Première Guerre mondiale, marqués par une désillusion profonde.

Son œuvre explore des thèmes universels et récurrents, souvent en lien avec ses propres expériences :

• Les grands combats politiques du siècle, comme la Guerre Civile Espagnole.
• La guerre et ses conséquences.
• Le dépassement de soi et la confrontation avec la nature sauvage (chasse, pêche).
• La mort et l’absurdité de la vie.
• L’amour et les relations humaines, souvent complexes et empreintes de désillusion.
• L’individualisme et sa confrontation avec la nécessité de l’engagement.

Pour Hemingway, l’esthétique de son écriture était indissociablement liée à une éthique, plutôt qu’à une métaphysique. Ses romans ont rencontré un immense succès auprès du public grâce à la véracité avec laquelle il dépeignait ses personnages. Plusieurs de ses œuvres sont devenues des classiques de la littérature américaine. De son vivant, il a publié sept romans, six recueils de nouvelles et deux œuvres non romanesques. Trois romans, quatre recueils de nouvelles et trois œuvres non romanesques ont été publiés à titre posthume.

Au-delà de son œuvre, l’image publique d’Ernest Hemingway a fortement contribué à sa légende. Sa vie d’aventurier, de chasseur, de pêcheur et de correspondant de guerre a fasciné le public, façonnant l’archétype de l’écrivain viril et engagé.

🌟 Facettes Méconnues et Postérité : Anecdotes et Adaptations

La vie d’Ernest Hemingway est riche en détails qui vont au-delà de ses exploits littéraires et guerriers :

• Sa Foi Catholique : Converti à l’âge de dix-neuf ans, Hemingway se considérait comme un contre-exemple et refusait que son œuvre soit associée au romanesque catholique. Dans une lettre de décembre 1927 au père Vincent Donavan, il écrit : « Je n’ai jamais voulu qu’on me considère comme un auteur catholique car je sais l’importance de l’exemple qu’on donne – et je n’ai jamais donné le bon exemple ».
• Les Chats Polydactyles 🐈🐾 : Hemingway était un grand amateur de chats polydactyles (à six doigts). Sa maison de Key West, devenue un musée, hébergeait près d’une centaine de chats, dont environ la moitié étaient polydactyles. Cette passion lui venait d’un cadeau du capitaine d’un bateau. Aujourd’hui encore, ses descendants, appelés les « Hemingway cats », vivent dans le jardin de sa maison-musée.
• Parrainage Célèbre : Ernest Hemingway est le parrain de l’acteur français Claude Brasseur, une anecdote qui souligne son réseau et ses connexions internationales.

La vie fascinante d’Hemingway a naturellement inspiré de nombreuses adaptations au cinéma et à la télévision :

• 🎬 Le Temps d’aimer (1996) de Richard Attenborough, retrace son histoire d’amour avec Agnès von Kurowsky.
• 🎬 Minuit à Paris (2011) de Woody Allen, évoque sa vie parisienne des années 1920.
• 🎬 Papa: Hemingway in Cuba (2016), relate sa vie à La Havane dans les années 1950.
• 📺 Hemingway (1988), une mini-série biographique avec Stacy Keach.
• 📺 Hemingway and Gellhorn (2012) de Philip Kaufman, avec Clive Owen et Nicole Kidman, explore sa romance avec Martha Gellhorn.
• 📺 Ernest Hemingway, quatre mariages et un enterrement (2021), un documentaire diffusé sur Arte.

Sa vie amoureuse a également été le sujet de romans, comme Mrs. Hemingway (2017) de Naomi Wood, qui retrace la vie de ses quatre épouses et maîtresses.

🎯 Conclusion : Une Légende Intemporelle

Ernest Hemingway, l’écrivain, le journaliste, le correspondant de guerre et l’aventurier, demeure une figure complexe et intemporelle de la littérature mondiale. De sa jeunesse à Oak Park à son tragique suicide à Ketchum, sa vie fut une quête constante d’intensité, de vérité et d’expérience.

Son style, marqué par l’économie et la force, a redéfini la narration moderne, influençant des générations d’écrivains. Ses thèmes, souvent sombres mais toujours profondément humains, résonnent encore aujourd’hui. Malgré ses démons personnels et les controverses qui ont jalonné son parcours, Ernest Hemingway reste l’un des plus grands conteurs du XXe siècle, un maître de la phrase vraie qui, par sa plume et sa vie, a su capturer l’essence de l’existence humaine avec une force rare. Son héritage continue d’inspirer, de provoquer et de fasciner, assurant sa place éternelle parmi les légendes littéraires.