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L’Assassinat de John F. Kennedy : Le Jour où l’Amérique a Perdu son Innocence 🇺🇸🕊️
L’assassinat de John F. Kennedy, le trente-cinquième président des États-Unis, est un événement historique qui a profondément marqué le XXe siècle. Il s’est déroulé le vendredi 22 novembre 1963 à Dallas, au Texas, à 12 h 30 CST (soit 18 h 30 UTC). Cet acte tragique, survenu en pleine Guerre Froide et période de tensions raciales, a engendré des vagues de choc et de deuil à travers le monde. Le cortège présidentiel traversait lentement le centre de Dallas dans une voiture décapotable lorsque John F. Kennedy fut mortellement atteint par des tirs d’armes à feu sur Dealey Plaza.

1. Contexte : L’Ascension et les Tensions du 35e Président 🗳️
1.1. Élection, Charisme et Nouvelle Frontière ✨
John Fitzgerald Kennedy (JFK), né en 1917, accède à la présidence en 1960. Sa victoire est acquise de justesse face au candidat républicain Richard Nixon, après avoir triomphé des figures du Parti démocrate comme Hubert Humphrey, Adlai Stevenson et Lyndon B. Johnson. Cette élection fut cependant marquée par des allégations de soutien financier de membres de la mafia de Chicago, dont Joe Fischetti, un associé de Sam Giancana, comme l’indiquait un rapport du FBI de mars 1960.
Malgré une victoire obtenue « à l’arraché », Kennedy devient rapidement un président populaire, en dépit des controverses. Sa popularité s’explique par sa jeunesse, sa maîtrise des médias, et le dynamisme qu’il insuffle, notamment par la création du concept de Nouvelle Frontière. Ce concept visait à donner un objectif ambitieux aux États-Unis, comme l’envoi d’un Américain sur la Lune. Le couple qu’il formait avec son épouse, Jackie Kennedy, ainsi que son approche simple et directe, ont achevé de faire de lui le symbole des espoirs d’une génération désireuse de sortir de la Guerre Froide.
1.2. Critiques Virulentes : La Politique Intérieure et Extérieure ⚔️
En novembre 1963, Kennedy était un président très populaire, mais sa politique était vivement dénoncée. Sa politique étrangère et intérieure était perçue par les conservateurs comme « molle » face au communisme. Dès janvier 1961, Kennedy lance un important programme d’armement et se déclare prêt à s’opposer à la progression communiste.
Un échec retentissant marque le début de son mandat : le débarquement de la baie des Cochons à Cuba en mars 1961, une opération préparée par la CIA que Kennedy accepta d’exécuter, mais qui se solda par un fiasco. L’échec entraîna le limogeage d’Allen Dulles, le directeur de la CIA. La droite américaine le tint pour responsable, notamment pour avoir refusé le soutien aérien de l’United States Air Force.
Néanmoins, il démontra sa fermeté face à l’Union soviétique lors de la crise des missiles de Cuba fin octobre 1962. Au Vietnam, il permit le renversement de Ngô Đình Diệm, bien qu’il semblait envisager la possibilité d’évacuer les conseillers militaires américains dès 1964. Sur le plan intérieur, sa politique la plus novatrice fut le processus de déségrégation raciale.
En 1963, Kennedy comptait des ennemis d’un bord à l’autre de l’échiquier politique : des anti-castristes, la CIA (qui ne pardonnait pas la baie des Cochons), la mafia (qui souffrait des attaques du département de la Justice dirigé par Robert Kennedy), et de nombreux groupes d’extrême droite comme la John Birch Society.
1.3. Dallas : Un Foyer d’Hostilité Radicale 😡
Dallas, en 1963, était un bastion de la droite radicale américaine. La ville haïssait Kennedy pour sa mollesse supposée contre le communisme et pour sa position sur les droits civiques. Les magnats locaux s’opposaient à ses positions sur la redistribution et l’intervention étatique dans l’économie.
Le climat de tension y était palpable. Le 24 octobre 1963, Adlai Stevenson, ambassadeur auprès des Nations unies, fut agressé par des extrémistes, recevant crachats et coups de pancarte. Cet incident poussa Stevenson et d’autres observateurs, tels que Billy Graham et William Fulbright, à conseiller à Kennedy d’annuler son voyage, mais le président refusa de passer pour un lâche.
Le jour même de la visite, des affiches accusant Kennedy de trahison furent placardées dans Dallas et le Dallas Morning News publia un article violemment critique de sa politique. La droite radicale réclamait la révocation d’Earl Warren, et des pamphlets anti-Kennedy circulaient dans les écoles publiques.
2. Les Faits du 22 Novembre 1963 🗓️
2.1. Le Voyage Risqué au Texas 🚗
Le voyage de Kennedy au Texas, entamé le 21 novembre 1963, s’inscrivait dans sa campagne pour sa réélection en 1964, visant à lever des fonds et rallier cet État du Sud qui lui résistait. Il était accompagné de son épouse Jacqueline, dont la popularité devait l’aider à obtenir des soutiens, malgré son propre état dépressif suite à la mort prématurée de leur fils Patrick en août 1963.
Le matin du 22 novembre, après un bain de foule à Fort Worth, le couple s’envole via Air Force One vers Dallas Love Field, arrivant à 11 h 33.
Le cortège présidentiel démarre à 11 h 55. La voiture présidentielle était une Lincoln Continental décapotable de 1961. À bord se trouvaient le couple Kennedy, le gouverneur du Texas John Bowden Connally et son épouse Nellie, ainsi que deux agents du Secret Service, Roy Kellerman et le conducteur Bill Greer. Dallas était considérée comme une destination à risque, le Texas étant un État sudiste.
Le président avait insisté pour que la voiture soit décapotée et circule lentement (17,5 km/h au moment de l’assassinat) pour pouvoir saluer la foule. Contre toute attente, la foule était largement enthousiaste et amicale, avec très peu de manifestations hostiles.
2.2. L’Attentat sur Dealey Plaza 💥
Vers la fin du trajet, le cortège s’engagea sur Elm Street en contournant Dealey Plaza. Alors que la voiture décélérait (environ 15 km/h) en passant devant le dépôt de livres scolaires (Texas School Book Depository ou TSBD), il était 12 h 30. Nellie Connally venait de remarquer au Président qu’il ne pourrait pas dire que Dallas ne l’aimait pas.
Le Chronologie des Coups de Feu ⏱️
Selon la version officielle de la Commission Warren, trois coups de feu furent tirés.
- Premier Impact (Corps) : Un coup de feu retentit. Le président est touché. Selon la version officielle, une balle le frappe dans le haut du dos et ressort par la gorge. Kennedy porte les mains à la gorge et se tasse. Cette blessure était grave mais potentiellement non mortelle. Le gouverneur Connally, assis devant lui, est également touché : une seule balle, selon la Commission Warren et le HSCA (théorie de la balle unique), l’aurait atteint dans le dos, traversé le poumon, fracturé une côte et son poignet droit, avant de pénétrer sa cuisse gauche. Connally s’exclame : « Oh ! Non, non, non ! Mon Dieu ! Ils vont tous nous tuer ! ». Le corset que portait Kennedy pour ses douleurs dorsales aurait pu, en le ramenant en position assise après le premier impact, augmenter sa vulnérabilité.
- Deuxième Coup de Feu (Manqué) : Le deuxième ou le troisième tir aurait manqué la limousine et blessé le spectateur James Tague en percutant le trottoir.
- Tir Mortel (Tête) : Quelques instants après, une deuxième balle atteint le président à la tête. Les dégâts sont irréparables, détruisant une bonne partie du cerveau. Du sang, des fragments d’os et de matière cérébrale sont projetés vers l’arrière. Jackie Kennedy tente de récupérer des fragments cérébraux sur le coffre arrière. L’agent Clint Hill se précipite sur la limousine pour protéger le couple.
La limousine présidentielle accélère alors, fonçant vers le Parkland Hospital.
La Prise en Charge à l’Hôpital Parkland 🩺
Le convoi arrive à l’hôpital à 12 h 35. Le président est pris en charge d’urgence dans la Trauma Room numéro 1, encore moribond. Une équipe d’une dizaine de praticiens tente de le sauver, mais l’inutilité de leurs efforts est rapidement constatée.
Les médecins du Parkland Hospital, dont les docteurs MacClelland, Clarck, Perry et Peters, constatent une blessure d’entrée par balle sur la gorge (confirmée par la trachéotomie pratiquée) et une blessure de sortie majeure à l’arrière droit du crâne. Le docteur Perry précisa devant la Commission Warren qu’il avait constaté une large lésion par arrachement de la zone occipito-pariétale droite, avec un point d’entrée par la tempe droite. Fait notable : aucun des médecins de Dallas ne constata de trou d’entrée de balle au sommet du crâne, contrairement à ce que détermina par la suite la Commission Warren.
À 13 heures, les médecins prononcent la mort de John Fitzgerald Kennedy. L’annonce officielle est faite à 13 h 33 par l’assistant au porte-parole de la Maison-Blanche, Malcolm Kilduff.
Les Films et Témoignages Clés 🎥
La scène de l’assassinat a été filmée par plusieurs amateurs. Le plus célèbre est le film Zapruder, réalisé par Abraham Zapruder, un tailleur qui filma l’événement en 26 secondes. D’autres films, comme ceux d’Orville Nix et de Marie Muchmore, montrent le tir mortel sous des perspectives différentes.
Juste après les tirs, la foule, paniquée, s’enfuit ou se précipite vers le Grassy Knoll (la butte herbue), où des témoins (y compris des forces de l’ordre) pensaient que les coups de feu venaient de derrière une palissade en bois. Des témoins, comme Lee Bowers et J. C. Price, affirmèrent avoir vu des personnes suspectes près de la butte. Le sénateur Charles Yarborough fit état de l’odeur de poudre près du Grassy Knoll, alors qu’Oswald, d’après la version officielle, était loin derrière et en hauteur dans le TSBD.
2.3. Le Départ Pressé de Dallas et le Nouveau Président ✈️
Vers 14 heures, une altercation éclate à l’hôpital entre le Secret Service, le personnel du Parkland Hospital et la police de Dallas. La loi du Texas exigeait que l’autopsie soit pratiquée dans l’État. Les agents du Secret Service, cependant, usèrent de coercition, allant jusqu’à sortir leurs armes, pour soustraire le corps à l’autorité du juge texan et le transférer immédiatement à Washington, malgré l’opposition du directeur de l’hôpital. Les raisons de ce transfert vers la capitale fédérale n’ont jamais été élucidées.
Le corps fut transporté à l’aéroport Love Field à 14 h 4 et embarqué à bord d’Air Force One.
Lyndon B. Johnson (LBJ), qui était dans le cortège, n’a pas été blessé. LBJ devint officiellement président des États-Unis dès la mort de Kennedy. À 14 h 38, il prêta serment à bord d’Air Force One avant le décollage, avec Jackie Kennedy à ses côtés, portant toujours son tailleur taché de sang.
2.4. L’Arrestation du Suspect : Lee Harvey Oswald 🕵️
Pendant ce temps, l’enquête à Dallas se concentrait sur le dépôt de livres scolaires (TSBD). Certains témoins avaient vu un homme à une fenêtre du 5e étage (ou 6e étage selon la numérotation américaine). Trois douilles et un fusil de précision furent retrouvés au 5e étage.
La police identifie un employé manquant : Lee Harvey Oswald. À 12 h 45, un signalement est diffusé.
Entre 13 heures et 13 h 15, un policier de Dallas, J. D. Tippit, est abattu dans le quartier d’Oak Cliff.
Peu après, un suspect au comportement étrange, repéré par le vendeur John Brewer, entre sans payer dans le cinéma Texas Theatre. Six voitures de police convergent. À 13 h 50, Lee Harvey Oswald est maîtrisé et arrêté après une brève lutte, au cours de laquelle il aurait tenté de faire feu avec un revolver.
Oswald, 24 ans, ancien Marine ayant vécu en Union soviétique où il avait épousé Marina Nikolayevna Prusakova, était connu des services du renseignement pour des activités pro-castristes. Il est d’abord soupçonné du meurtre du policier Tippit, puis de celui du président. Il possédait une fausse pièce d’identité au nom d’Alek James Hidell, identité qu’il aurait utilisée pour acheter le fusil Carcano retrouvé au TSBD.
Le 22 novembre à 19 h 10, Oswald est inculpé du meurtre de Tippit. À 19 h 55, il déclare : « I’m just a patsy » (« je ne suis qu’un pigeon »). Le 23 novembre à 1 h 30 du matin, il est officiellement inculpé de l’assassinat du président, tout en continuant à nier sa participation aux deux homicides.
2.5. L’Assassinat d’Oswald par Jack Ruby 🎭
Le matin du 24 novembre 1963, alors qu’il est transféré vers la prison du comté de Dallas, Lee Harvey Oswald est abattu par Jack Ruby, propriétaire d’une boîte de nuit. L’assassinat a lieu dans les sous-sols du commissariat à 11 h 21, devant les caméras du monde entier.
Gravement touché, Oswald est transporté au Parkland Hospital, où il meurt à 13 h 7, dans le même établissement que Kennedy.
Du fait de son assassinat, l’action publique contre Oswald est éteinte, alors qu’il était le principal suspect. Jack Ruby est interpellé immédiatement. Ses motivations ne sont pas claires. Ruby affirma avoir voulu éviter à Mme Kennedy la douleur d’un procès public, mais des enquêtes ultérieures suggérèrent qu’il aurait été téléguidé par des conspirateurs en raison de ses liens avec la mafia (confirmés par le HSCA en 1978). La Commission Warren accepta la version de Ruby, le considérant comme un citoyen épris de justice agissant seul, sans chercher à analyser ses connexions avec la pègre.
3. L’Autopsie Controversée et les Funérailles Nationales ⚰️
3.1. L’Autopsie à Bethesda : Contradictions et Disparitions 🔬
Le corps de Kennedy est transporté à la base d’Andrews, puis à l’Hôpital naval de Bethesda pour l’autopsie. L’autopsie est pratiquée dans la nuit du 22 novembre à partir de 20 heures par trois médecins militaires. Elle est supervisée par Bob Kennedy, qui souhaitait dissimuler la maladie d’Addison de son frère.
Les conclusions des médecins de Bethesda affirment que le président a été touché par deux projectiles tirés de l’arrière.
- Le premier tir : Frappe le haut du dos, ressort par la gorge, blessure détruite par la trachéotomie pratiquée à Parkland.
- Le second tir : Frappe l’arrière droit de la tête, causant d’importants dégâts cérébraux, avec une large blessure de sortie à l’avant droit du crâne.
Cependant, les circonstances de l’autopsie attirent de fortes critiques. Les travaux furent orientés et limités par les autorités militaires présentes. Des radiographies et clichés furent confisqués et remplacés par des croquis. Les légistes n’avaient pas les compétences ou l’expérience nécessaires pour une autopsie de blessures par balles, et ils n’ont pas sondé ou exploré les trajectoires des balles.
Le résultat le plus troublant est la disparition du cerveau de Kennedy, qui aurait pu révéler l’origine des tirs. L’explication avancée est que Robert Kennedy aurait lui-même récupéré le cerveau pour dissimuler la maladie d’Addison de son frère.
Ces conclusions contredisent les témoignages des médecins du Parkland Hospital qui, ayant pris en charge Kennedy moins de 10 minutes après les tirs, affirmaient avoir constaté des tirs venant de face, avec une blessure majeure de sortie à l’arrière du crâne. Un des chirurgiens de Dallas, Charles Crenshaw, cria à l’imposture en voyant les photos officielles de l’autopsie, accusant : « Quelqu’un a modifié les blessures du président entre Dallas et Washington ! ».
3.2. Réactions Mondiales et Deuil National 🌍
La nouvelle de l’assassinat stupéfia le monde entier. Aux États-Unis, les réseaux de télévision nationaux annulèrent leurs programmes pendant 70 heures pour assurer une couverture permanente, un record à l’époque.
Le jour des funérailles, le 25 novembre, fut déclaré journée de deuil national. Les funérailles nationales furent organisées par Jacqueline Kennedy sur le modèle de celles d’Abraham Lincoln, incluant une marche funèbre de 220 personnalités politiques entre la Maison-Blanche et la cathédrale Saint-Matthieu. JFK fut inhumé au cimetière national d’Arlington, où une flamme éternelle fut installée, un souhait de Jackie.
Toutefois, dans le Sud ségrégationniste, où l’opposition à Kennedy était forte, des applaudissements spontanés éclatèrent dans des salles de classe en Alabama, Louisiane, Mississippi, et même dans les banlieues de Dallas. Malcolm X affirma que l’assassinat était un « juste retour de boomerang ».
4. Les Enquêtes Officielles et la Contestation 📑
L’assassinat et celui d’Oswald deux jours plus tard soulevèrent d’emblée des interrogations au sein de la population.
4.1. La Commission Warren : Le Tueur Solitaire 👤
Le 29 novembre 1963, le président Lyndon B. Johnson nomme une commission d’enquête fédérale, officieusement nommée Commission Warren, présidée par Earl Warren, président de la Cour Suprême. LBJ, conseillé par J. Edgar Hoover (directeur du FBI), cherchait à dissiper les doutes d’un complot et à éviter qu’une découverte de complot communiste ne dégénère en guerre avec l’URSS.
Le rapport de 888 pages fut remis le 27 septembre 1964. Les conclusions furent les suivantes :
- Lee Harvey Oswald a agi seul et n’avait pas de complice.
- Il a tiré trois fois du dépôt de livres scolaires (TSBD) : une balle a manqué, et deux ont touché le président.
- L’une des deux balles a traversé le corps de Kennedy et ensuite causé toutes les blessures du gouverneur Connally (la théorie de la balle unique).
- Jack Ruby a également agi seul et n’avait pas de complice. Ruby et Oswald ne se connaissaient pas.
Dès le début, l’enquête fut critiquée pour sa rapidité et son objectif politique prémédité : un mémorandum interne datant du 25 novembre 1963 préconisait déjà de convaincre le public qu’Oswald était le seul assassin. De plus, la Commission n’eut pas accès aux photos et radios originales de l’autopsie, se contentant de dessins du FBI.
4.2. Les Premières Critiques : La « Balle Magique » 🔎
La Commission Warren, notamment à travers la théorie de la balle unique (ou « balle magique »), fut fortement critiquée. Cette théorie, émise par Arlen Specter, affirmait qu’une seule balle (retrouvée quasi intacte sur un brancard) aurait causé sept blessures au président et au gouverneur Connally, en changeant de direction.
Les critiques jugèrent la trajectoire improbable et remirent en cause l’état « quasiment intact » de la balle, arguant qu’elle aurait dû être bien plus endommagée. Des tests balistiques ultérieurs (sur des cadavres d’humains et de chèvres) ont confirmé que des balles comparables étaient généralement très déformées après de tels impacts.
De plus, le gouverneur Connally a toujours affirmé avoir été touché par un tir séparé après le président, contredisant le postulat de la balle unique.
L’incertitude planait également sur le tir mortel. Les témoignages des médecins de Dallas et de Jackie Kennedy, qui firent état d’une blessure majeure à l’arrière du crâne (signe de sortie de balle) et des projections de matière cérébrale vers l’arrière, accréditaient la thèse d’un tir venant de face (potentiellement du Grassy Knoll). Le brusque mouvement de la tête de Kennedy vers l’arrière-gauche, visible sur le film Zapruder (image 313), fut interprété par beaucoup comme la preuve d’un tir frontal.
4.3. L’Enquête de Jim Garrison : Conspiration et Mafia 💼
Jim Garrison, procureur de La Nouvelle-Orléans, fut la seule personne à engager des poursuites dans l’affaire. À partir de 1966, il relance l’enquête, étonné par les omissions de la Commission Warren.
En 1968, il accusa l’homme d’affaires Clay Shaw d’être un agent de la CIA et d’avoir comploté l’assassinat avec des exilés cubains. Garrison soupçonna l’implication des services secrets (CIA) et de la mafia (notamment Carlos Marcello, parrain de La Nouvelle-Orléans, ennemi de Robert Kennedy). Le procès de Clay Shaw en 1969 permit de révéler au public le film Zapruder pour la première fois. Bien que Clay Shaw fut acquitté, le jury estima que l’assassinat résultait d’une conspiration.
Des années plus tard, des informations révélées par le HSCA et des anciens agents de la CIA confirmèrent que Clay Shaw avait travaillé pour le Domestic Contact Service de la CIA.
4.4. La Seconde Enquête : Le HSCA et la Probabilité d’un Complot 🤫
Face aux doutes persistants (87 % des Américains doutaient de la version officielle en 1975) et aux révélations de la Commission Church (1975) sur les activités illégales des agences fédérales, le Congrès des États-Unis créa le House Select Committee on Assassinations (HSCA) en 1976 pour réexaminer les meurtres de JFK et Martin Luther King.
Le HSCA mena une enquête rigoureuse. En 1979, il confirma l’essentiel des conclusions techniques de la Commission Warren (Oswald tireur), y compris la théorie de la balle unique. Cependant, le HSCA conclut également à la probabilité d’un complot, en raison de la présence d’un second tireur.
Le HSCA basa notamment cette conclusion sur une expertise acoustique (l’enregistrement Dictabelt d’une moto de police), qui indiquait que quatre coups de feu avaient été tirés, le troisième provenant probablement de la butte herbeuse (Grassy Knoll). Bien que cette expertise fut critiquée par un panel de l’Académie Nationale des Sciences, le HSCA maintint son hypothèse de conspiration.
Le HSCA critiqua sévèrement la Commission Warren pour ne pas avoir enquêté adéquatement sur la possibilité d’un complot et pour avoir ignoré les liens de Jack Ruby avec le crime organisé. Il releva aussi une défaillance claire et prononcée du Secret Service dans la protection rapprochée du président à Dallas.
Enfin, le HSCA souligna le contexte historique : le changement progressif de la politique de Kennedy envers Cuba en 1963 visant à l’apaisement, ce qui avait dressé contre lui la CIA, la mafia américaine, et les groupes paramilitaires anti-castristes. Pour l’historien Thierry Lentz, le rapport du HSCA doit être considéré comme la version officielle la plus rigoureuse.
5. L’Héritage et les Doutes Persistants (Années 2000) 🤔
L’assassinat de Kennedy a provoqué un déclin durable de la confiance des citoyens américains envers leur gouvernement, un processus exacerbé par les assassinats ultérieurs de Robert Kennedy et Martin Luther King, et le scandale du Watergate.
5.1. La Déclassification des Archives et les Promesses 📜
La suspicion publique a mené à l’adoption en 1992 du JFK Assassination Records Collection Act, créant l’Assassination Records Review Board (ARRB), chargé de déclassifier les millions de documents. L’ARRB, actif jusqu’en 1997, a permis la révélation d’informations confidentielles, notamment sur la disparition des clichés de l’autopsie.
Le Congrès conclut que le secret avait nourri la conviction que le gouvernement avait quelque chose à cacher.
En 2017, le président Donald Trump a annoncé la publication de 3 100 documents inédits et de dizaines de milliers de documents caviardés. Cependant, environ 3 % des documents de la Commission Warren et 21 % de ceux du HSCA, ainsi que de nombreux documents de la CIA et du FBI, restaient secrets en 2017, leur teneur étant jugée trop sensible. Plus récemment, en 2025, un décret du président Donald J. Trump a ordonné la déclassification des dossiers relatifs aux assassinats de JFK, Robert F. Kennedy et Martin Luther King Jr.
5.2. L’Impact Durable sur la Confiance Américaine 💔
En 2013, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la mort de Kennedy, le président Barack Obama a proclamé le 22 novembre « jour du souvenir du président John F. Kennedy ».
Malgré les décennies d’enquêtes et la publication partielle des archives, la culpabilité exclusive d’Oswald ne fait toujours pas consensus. Au début des années 2000, seulement 20 à 30 % des citoyens croyaient qu’Oswald était le seul assassin. Un sondage de 2013 indiquait que 59 % des Américains croyaient à une conspiration.
Les théories du complot sont légion, impliquant Lyndon B. Johnson, la mafia, les anti-castristes, la CIA, et l’extrême-droite texane. L’hypothèse la plus souvent avancée par les chercheurs est une « collusion » entre les « officines anti-castristes de la C.I.A. et la mafia », excédées par les revirements de Kennedy sur Cuba et par la répression menée par Robert Kennedy contre le crime organisé.
Le général Charles de Gaulle, après les obsèques, résuma la situation à Alain Peyrefitte en affirmant qu’Oswald n’était qu’un « faux assassin » et Jack Ruby un « indicateur » de la police, concluant que la vérité était « trop terrible, trop explosive : c’est un secret d’État ».
L’assassinat de John F. Kennedy, qui a été un moteur pour la création d’une « trilogie de la conspiration » au cinéma dans les années 1970 (incluant À cause d’un assassinat, Klute et Les Hommes du président), demeure l’un des événements les plus étudiés et les plus mystérieux de l’histoire moderne, continuant de miner la foi dans les institutions gouvernementales américaines. L’assassinat de Kennedy est le point de départ de ce que l’on appelle les « films de paranoïa », où la vérité est masquée et les pouvoirs invisibles dominent. Tel un puzzle dont les pièces essentielles ont été scellées ou subtilisées dès le départ (le cerveau, les photos d’autopsie, les témoignages tronqués), l’énigme de Dallas reste ouverte.
