Skip to content
wikipodcast.fr

wikipodcast.fr

  • Art
    • Musique
    • Littérature
  • Politique
    • Guerre
  • Science
    • High Tech
  • Philosophie
  • Sport
    • Football
  • Toggle search form
podcast biographie de Boris Vian 1920 - 1959 www.wikipodcast.fr

23 Juin 1959, mort de Boris Vian, retour sur un génie inclassable

Posted on juin 23, 2025juin 23, 2025 By Lordkelvin765@gmail.com Aucun commentaire sur 23 Juin 1959, mort de Boris Vian, retour sur un génie inclassable

Boris Vian : Portrait d’un Géant aux Mille Vies, entre Littérature, Jazz et Pataphysique 🎷📚✨

Né le 10 mars 1920 à Ville-d’Avray et décédé prématurément le 23 juin 1959 à Paris, Boris Vian demeure une figure emblématique et inclassable du paysage culturel français du XXe siècle. Ingénieur de formation, il a embrassé une multitude de rôles avec une énergie débordante : écrivain, poète, parolier, chanteur, critique musical, musicien de jazz, et directeur artistique. Son existence, bien que brève, fut d’une intensité rare, marquée par une créativité foisonnante et un non-conformisme revendiqué.

Cet article propose de plonger dans la vie et l’œuvre de cet « homme aux mille vies », explorant ses multiples facettes, ses scandales, ses passions et son héritage qui continue d’inspirer bien au-delà de son époque.

1. Une Enfance Bourgeoise et une Jeunesse Marquée par la Maladie 🏡🎶

Boris Vian est issu d’une famille aux origines piémontaises, le nom « Viana » venant des Alpes-Maritimes. Son grand-père, Henri Vian, était un artiste du bronze, créateur des grilles de la villa Arnaga d’Edmond Rostand et des bronzes du Palais Rose. C’est dans l’opulence que naît son père, Paul Vian, en 1897, qui épousera Yvonne Ravenez, fille d’un riche industriel, en 1917. La famille s’installe à Ville-d’Avray dans un hôtel particulier, où Boris voit le jour le 10 mars 1920.

Les enfants Vian, dont Lélio, Boris, Alain et Ninon, grandissent dans une vie insouciante, entourés de personnel à domicile et bénéficiant d’une mère musicienne qui les initie à la harpe et au piano. Les prénoms des aînés, Boris et Lélio, sont d’ailleurs inspirés d’opéras, témoignant de l’environnement culturel stimulant dans lequel ils évoluent. Ils côtoient même Jean Rostand, leur voisin, et ses enfants.

1.1. Le Krach de 1929 et ses Conséquences 📉

Le krach boursier de 1929 bouleverse cette quiétude. Paul Vian perd l’essentiel de sa fortune, ruiné par des manipulations boursières, et se voit contraint d’abandonner leur luxueuse villa pour la maison du gardien, tout en conservant une petite bande de terrain. La villa est louée à la famille Menuhin, et Paul Vian, ancien bourgeois ruiné, ne se résout pas à une vie de labeur, bien qu’il s’essaie à des traductions et devienne représentant pour un laboratoire homéopathique, puis démarcheur immobilier. Il gardera une fierté et une posture d’« aristocrate fin de race » jusqu’à sa mort en 1944. La famille conserve néanmoins un « paradis » à Landemer, en Normandie, avec des chalets sur les falaises, un univers que Boris recréera dans son roman L’Arrache-cœur.

1.2. Une Santé Fragile et une Protection Maternelle Excessive ❤️‍🩹

Dès l’âge de douze ans, Boris est frappé par des rhumatismes articulaires aigus à la suite d’une angine infectieuse, entraînant une insuffisance aortique. Dès lors, il est élevé de manière excessivement protégée, une thématique qu’il explorera dans L’Herbe rouge, décrivant un enfant couvé par ses parents. Pour compenser, son père construit une salle de jeux, propice aux fêtes et aux bals, où Boris et ses frères fondent leur première formation musicale, L’Accord jazz, en 1938. Cette bulle protectrice, si elle rassure sa mère, coupe Boris du monde extérieur, un isolement qu’il regrettera plus tard, se révoltant contre son ignorance des faits politiques et sociaux.

2. Formation, Guerre et Premiers Pas Artistiques 🎓🎺

Boris Vian suit ses études au collège de Sèvres, puis au lycée Hoche de Versailles, avant d’intégrer le lycée Condorcet à Paris. Malgré une scolarité ponctuée d’interruptions pour raisons de santé, il obtient brillamment ses baccalauréats et est admis à l’École Centrale en 1939, dont il sortira ingénieur en 1942.

2.1. L’Ingénieur et l’Artiste : Un Équilibre Paradoxal 🧪✍️

Engagé à l’Association française de normalisation (AFNOR) de 1942 à 1946, Boris Vian découvre l’absurdité du travail de bureau. Ce poste, bien rémunéré et peu contraignant, lui offre cependant la liberté nécessaire pour se consacrer à ses véritables passions : la poésie et le jazz. En 1943, il écrit Cent sonnets et Trouble dans les andains.

Son travail d’écriture est profondément lié à son épouse Michelle Léglise (qu’il épouse le 3 juillet 1941) et à l’ambiance familiale, où les jeux de mots, contrepèteries et calembours sont monnaie courante. Boris passe beaucoup de temps à compulser l’Almanach Vermot et écrit pour Michelle en 1942 un Conte de fées à l’usage des moyennes personnes. L’écriture devient une « obligation rituelle du loisir », avec des jeux raffinés ou plus potaches comme ceux du Cercle Legateux, créé en 1941, une entreprise familiale non lucrative dédiée à la farce et à la parodie.

2.2. Le Jazz, une Passion Dévorante 🎷🎶

Parallèlement à ses études, Boris se forme à la trompette et s’inscrit au Hot Club de France en 1937. Avec ses frères, il monte une petite formation, puis rejoint l’orchestre amateur de Claude Abadie en 1942, jouant du dixieland. Il s’investit ensuite dans l’ouverture du New Orleans Club avec Claude Luter en 1944. Après la Libération de Paris, l’orchestre Abadie est considéré comme l’un des meilleurs du moment.

Le jazz et les fêtes représentent pour Boris un moyen de compenser l’ennui de ses études d’ingénieur. Sa première chanson, La Chanson des pistons, une chanson gaillarde de grande école, date de cette époque. En dépit de ses obligations professionnelles, il rédige des chroniques de jazz pour Combat, Jazz-hot, Arts, rassemblées plus tard dans Écrits sur le jazz, et crée 48 émissions radiophoniques Jazz in Paris pour une radio new-yorkaise. Sa passion pour le jazz est telle qu’Henri Salvador dira de lui : « Il était un amoureux du jazz, ne vivait que pour le jazz, n’entendait, ne s’exprimait qu’en jazz ». Il prend même parti dans la querelle entre Charles Delaunay et Hugues Panassié sur le bebop, qu’il soutient tout en appréciant le jazz traditionnel de Duke Ellington. Il finira par renoncer à la trompette à cause de sa maladie de cœur.

2.3. Les Années Zazous et le Drame Familial 🕺💔

Michelle et Boris partagent un goût prononcé pour le swing et les fêtes, qu’ils organisent souvent à Ville-d’Avray. Bien qu’ils ne soient pas des zazous au sens strict, leur attitude est proche de celle de ces jeunes gens passionnés de jazz et de non-conformisme. Boris en fait d’ailleurs une description vestimentaire dans Vercoquin et le Plancton.

Cependant, l’année 1944 est celle d’un drame familial majeur : le père, Paul Vian, est assassiné à leur domicile dans la nuit du 22 au 23 novembre 1944 par deux intrus. L’enquête ne mènera à rien. Les chalets de Landemer sont détruits par les Allemands, et Boris, considéré comme le « plus sage de ses enfants », se voit confier la lourde tâche de vendre la maison familiale, dépréciée après avoir été louée à un diplomate peu scrupuleux.

3. L’Écrivain Révélé et les Scandales Littéraires 🖋️💥

Après le drame, Boris et Michelle se réfugient à Paris. C’est à ce moment que Raymond Queneau, secrétaire général des éditions Gallimard, reçoit le manuscrit de Vercoquin et le Plancton. Boris signe son premier contrat d’auteur le 18 juillet 1945, marquant le début d’une relation de grande amitié avec Queneau, fondée sur leur amour commun des jeux de mots.

3.1. Saint-Germain-des-Prés, Foyer de Création 🌃✍️

Contrairement à la légende, Boris Vian n’a pas créé le quartier de Saint-Germain-des-Prés, mais il en devient un habitué assidu à partir de 1946 avec l’ouverture du Caveau des Lorientais. Surnommé « le Prince du Tabou » à partir de 1947, il y côtoie intellectuels et artistes comme Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Jacques Prévert, Juliette Gréco, et Lionel Hampton. C’est dans ce bouillonnement qu’il intègre une bande de journalistes de Combat, participant à la vie parisienne et même à un film, Madame et son flirt, dont il tirera une nouvelle, Le Figurant.

En 1946, il quitte l’AFNOR pour un poste moins contraignant, ce qui lui permet de rédiger son premier « véritable » roman, L’Écume des jours, qu’il achève en juin. Ce roman, mélange de bonheur et d’une menace sous-jacente, est dédié à Michelle et Queneau, qui le trouve très en avance sur son temps. Malgré le soutien de Sartre et Queneau, le livre ne remporte pas le prix de la Pléiade, décerné à Jean Grosjean, une décision motivée par des considérations politiques et une déception immense pour Vian. Les sorties rapprochées de Vercoquin et L’Écume, sans promotion significative, conduisent à un échec commercial retentissant.

3.2. Le Peintre Boris Vian 🎨

Boris Vian ne se contente pas d’écrire ou de faire de la musique ; il se lance aussi dans la peinture, considérant qu’il n’existe pas de hiérarchie dans l’art. En juin 1946, il peint frénétiquement pendant une semaine. Ses œuvres, décrites comme « néo-cubiques, résolument déprimées », avec des personnages somnambuliques, rappellent les styles de Chirico ou Max Ernst. Il expose ses toiles à la Galerie de la Pléiade en décembre 1946, lors de l’exposition « Peintres écrivains d’Alfred de Musset à Boris Vian », qui inclut aussi des œuvres de Picasso et Aragon. Deux de ses peintures sont même présentées lors d’une exposition à la Bibliothèque Nationale de France en 2011-2012.

3.3. Le Phénomène Vernon Sullivan et « J’irai cracher sur vos tombes » 👹⚖️

C’est à l’été 1946 que Boris Vian rencontre Jean d’Halluin, un jeune éditeur des éditions du Scorpion, qui lui commande un roman dans le style de Henry Miller. En seulement quinze jours, Boris s’amuse à pasticher le roman noir américain, en y intégrant des scènes érotiques et violentes. Pour brouiller les pistes, l’auteur supposé est un Américain du nom de Vernon Sullivan, que Boris se prétend traduire. Ce pseudonyme aurait été formé à partir de Paul Vernon, batteur, et Joe Sullivan, pianiste de jazz.

Le livre, J’irai cracher sur vos tombes, provoque un scandale retentissant dès sa parution. Les critiques l’accusent d’être « bassement pornographique », et la presse examine Vian à la loupe. Malgré les dénégations de Boris quant à son rôle d’auteur, un climat de suspicion s’installe chez Gallimard, qui refuse L’Automne à Pékin. Seul Queneau semble avoir deviné le canular et le trouve fort amusant, apportant un soutien indéfectible à Vian, notamment lors du procès.

Boris Vian est poursuivi en justice par Daniel Parker et son « Cartel d’action sociale et morale », risquant deux ans de prison et une forte amende. Accusé d’être un « assassin par procuration » après qu’un crime ait été lié à son livre, il doit prouver qu’il n’est pas Sullivan, allant jusqu’à rédiger une fausse version originale en anglais. Les poursuites sont suspendues en août 1947.

En 1948, Vian adapte son roman en pièce de théâtre, mais cette adaptation est un échec critique et public. Les rumeurs les plus folles circulent avant la pièce, mais la réalité est une déception générale. La pièce est finalement retirée de l’affiche après moins de trois mois.

4. Années Sombres et Renaissance Créative 🌪️💡

La fin des années 1940 et le début des années 1950 sont difficiles pour Boris Vian. Son mariage avec Michelle se désagrège, et ils divorcent en 1953. Boris, très endetté et confronté aux demandes du fisc, vit difficilement de traductions et de piges. Son roman L’Arrache-cœur est refusé par Gallimard et ne rencontre aucun succès lors de sa publication en 1953, le poussant à renoncer à la littérature pour un temps.

4.1. Le Collège de ‘Pataphysique et les Inventions Farfelues 🌀⚙️

Malgré ces épreuves, Boris Vian montre une capacité étonnante à rebondir. Sa pièce Cinémassacre rencontre un grand succès, et en 1952, il est nommé « Équarrisseur de première classe » puis « Satrape » du Collège de ‘Pataphysique, où il rejoint Raymond Queneau et d’autres célébrités comme Joan Miró et Max Ernst. Ce cercle lui permet de donner libre cours à son imagination, proposant des communications et des inventions baroques telles que le gidouillographe ou le célèbre pianocktail, un instrument permettant de fabriquer des boissons en se laissant porter par la musique. Son titre exact est d’ailleurs « Satrape et promoteur Insigne de l’ordre de la grande Gidouille ».

Boris Vian est l’inventeur de nombreux mots et systèmes. Il avait déjà conçu des projets d’inventions originales à l’École Centrale, comme un « projet de récupérateur pour un groupe évaporatoire » ou un « projet de pont métallique ». Il a même déposé un brevet pour un procédé d’éclusage des canaux en 1942 et pour une roue élastique en 1953. Son dernier grand projet était une machine à écrire IBM transformée pour composer toutes les combinaisons musicales possibles. On lui attribue également l’invention du terme « tube » pour désigner une chanson à succès, remplaçant le mot « saucisson » qui lui déplaisait. Il a aussi inventé des mots comme « pologner » (payer) dans le jargon musical.

5. La Chanson : Voie de Succès et de Censure 🎤🚫

En 1953, Boris Vian rencontre Jacques Canetti et commence à écrire des chansons. Ses textes sont déposés à la SACEM en 1954, et Henri Salvador enregistre déjà l’un d’eux. Encouragé par Canetti, Boris fait ses débuts de chanteur aux Trois Baudets en 1955. Il compose pour Philippe Clay, Suzy Delair, Michel de Ré, et, face aux refus de certaines chanteuses, décide de chanter lui-même ses œuvres.

5.1. « Le Déserteur » et la Censure 🕊️🚨

Sa chanson pacifiste Le Déserteur, composée en réaction à la guerre d’Indochine en février 1954, connaît un certain succès après sa première interprétation par Marcel Mouloudji. La version originale, plus menaçante, est modifiée par Vian lui-même pour coller à l’idée de pacifisme.

Cependant, le scandale éclate au moment de la défaite de Diên Biên Phu. Lors d’une tournée en France, la chanson, jugée antimilitariste, est sifflée, et Boris est confronté à des commandos d’anciens combattants qui le voient comme un « bolchevik ». Bien que le Canard enchaîné prenne sa défense, le disque est retiré de la vente après 1000 exemplaires écoulés. La censure reste discrète dans l’immédiat, mais s’accentuera pendant la guerre d’Algérie. Boris cesse de la chanter, laissant Mouloudji, Serge Reggiani et plus tard Joan Baez la défendre.

Malgré le succès mitigé de ses propres chansons sur scène, des artistes comme Léo Ferré et Georges Brassens reconnaissent son talent.

5.2. Directeur Artistique chez Philips et Pionnier du Rock ‘n’ Roll 🎶📀

Fin 1955, Jacques Canetti lui propose de diriger le catalogue jazz de Philips, un emploi stable avec salaire et horaires. En peu de temps, Boris Vian devient indispensable chez Philips, puis directeur artistique adjoint.

En mai 1956, il se voit confier la tâche de « franciser » le nouveau rythme venu des États-Unis : le rock ‘n’ roll. Avec Henri Salvador et Michel Legrand, il crée Rock and Rol Mops, qu’il édite sous le nom d’Henry Cording, le parolier étant Vernon Sinclair. Le disque connaît un succès même aux Pays-Bas, faisant de Boris Vian un pionnier du rock ‘n’ roll parodique en France.

6. Passions Secrètes et Engagements Discrets 🚀🚗

Au-delà de ses activités publiques, Boris Vian nourrit des passions plus discrètes, notamment pour la science-fiction et l’automobile, des domaines où son esprit d’ingénieur et son goût pour l’originalité s’expriment pleinement.

6.1. Le Club des Savanturiers et la Science-Fiction 🌌📚

Cofondé par Raymond Queneau, Pierre Kast, et Boris Vian en 1951, le club des Savanturiers est une association secrète dédiée à la science-fiction, un genre alors peu populaire en France contrairement aux États-Unis. En octobre 1951, Boris Vian publie un article-manifeste, La Science fiction : nouveau genre littéraire, dans Les Temps modernes. Il est un grand admirateur d’auteurs comme Ray Bradbury, H. G. Wells, et A. E. van Vogt.

Le club, devenu le Cercle du futur en 1953, avec Queneau comme président et Vian comme vice-président, œuvre à faire connaître ce genre littéraire. Malgré leurs efforts, les éditeurs restent hésitants, et le cinéma français ne s’y intéresse pas. Le club se saborde en 1953 pour devenir la « Société d’Hyperthétique », un cercle encore plus secret d’échanges de livres de science-fiction. Cette période est l’occasion pour Boris de nouer des amitiés solides, loin des mondanités de Saint-Germain-des-Prés.

6.2. L’Amour des Automobiles 🏎️💨

Les voitures tiennent une place prépondérante dans la vie de Boris Vian. En 1947, il achète une BMW 6 cylindres délabrée, qui lui coûte cher en réparations mais lui permet de rencontrer les « casseurs de Colombes », un groupe d’artisans avec lesquels il envisage un roman inachevé. Il réalise même un premier « coup » de vendeur de voitures d’occasion en revendant astucieusement une ruine. Il achète ensuite une Panhard X 77 grand luxe et une Austin-Healey blanche.

Mais c’est la Brasier 1911 qui reste la plus célèbre de ses voitures. Achetée en 1950, cette voiture légendaire parcourt des milliers de kilomètres à une vitesse moyenne de 45 km/h. Elle est « célèbre dans tout Saint-Germain, vedette à Saint-Tropez ». Boris Vian la présente même dans un article de Jazz hot. Il la fait refaire entièrement, l’entretient méticuleusement, et elle figure même sur la seule photo couleur connue de lui, sur la pochette d’un de ses 33 tours. La Brasier sera finalement vendue et laissée à l’abandon.

7. Dernières Années et Postérité Immense 💔🌟

Après avoir longtemps refusé le mariage, Boris épouse Ursula Kübler, danseuse suisse rencontrée en 1950, le 8 février 1954 à Paris. Ils s’installent dans un petit appartement au 6 bis Cité Véron, près de la place Blanche, avec Jacques Prévert comme voisin. Boris aménage le logement, dont la grande terrasse domine le Moulin Rouge. C’est une manière pour lui de prendre ses distances avec Saint-Germain-des-Prés, sans pour autant couper les ponts avec ses frères et amis.

7.1. Épuisement et Combat Continu 😓📖

Cependant, les multiples activités de Boris l’épuisent. En juillet 1956, il est frappé d’un œdème pulmonaire, conséquence de son surmenage et de ses problèmes cardiaques. Il doit suivre un lourd traitement et sait qu’il a « un pied dans la tombe ». Malgré la réédition de L’Automne à Pékin qui ne rencontre toujours pas le succès, il continue d’écrire des chansons pour Henri Salvador, Magali Noël, Philippe Clay, et accepte de diriger une collection de jazz chez Philips.

L’année 1957 voit la création de son opéra Le Chevalier de neige à l’Opéra de Nancy. Cherchant un dérivatif à sa fonction de directeur artistique, il se lance dans l’écriture d’un livre sur le monde de la chanson, En avant la zizique… et par ici les gros sous, publié en 1958, qui propose l’invention d’une machine à écrire la musique et la création de radios libres. Il collabore également avec Le Canard enchaîné, défendant Georges Brassens et Serge Gainsbourg.

7.2. Une Fin Tragique et une Reconnaissance Posthume 🎬😔

Au début de 1959, malgré les avertissements de son médecin, Boris continue de se surmener. La Société Océan-Films le somme de produire une adaptation de J’irai cracher sur vos tombes. Boris leur remet un scénario plein d’ironie et de bouffonneries, jugé inexploitable par la société. Le film est remanié pour s’éloigner du roman original.

Le matin du 23 juin 1959, le film est projeté au cinéma Le Marbeuf. Boris Vian, qui a publiquement dénoncé le film et souhaité que son nom soit retiré du générique, est présent malgré ses hésitations. Dès le générique de début, alors que son nom apparaît comme traducteur de Vernon Sullivan, il se lève en s’écriant « Ah, non… » et s’effondre dans son fauteuil. Il meurt avant d’arriver à l’hôpital, à la suite d’une fibrillation ventriculaire. Il avait 39 ans.

Le Collège de ‘Pataphysique annonce alors la mort apparente du « Transcendant Satrape » et publie un hommage. Boris Vian est enterré au cimetière de Ville-d’Avray, sa tombe sobre ne mentionnant pas son identité, mais étant un lieu de recueillement pour ses admirateurs.

De son vivant, les œuvres signées de son vrai nom, qu’il considérait comme les plus importantes, furent occultées par le succès des romans de Vernon Sullivan. Cependant, après sa mort, L’Écume des jours et L’Arrache-cœur deviennent des classiques, étudiés dans les collèges et lycées.

En 1965, Jacques Canetti publie un coffret de 100 chansons de Boris Vian interprétées par divers artistes. Lors des événements de mai 1968, la jeunesse redécouvre Vian, l’« éternel adolescent », en qui elle se reconnaît. Ses œuvres complètes sont publiées en 2003, et ses romans entrent à la bibliothèque de la Pléiade en 2010. Des albums lui sont consacrés, rassemblant des reprises par des artistes contemporains.

En 2011, une exposition à la Bibliothèque nationale de France met en lumière sa genèse littéraire et son rapport à l’écriture, révélant de nombreux manuscrits. Elle souligne comment son humour et ses jeux de mots ont pu masquer un talent plus grave, créant un malentendu qui s’est dissipé avec le temps. Boris Vian est désormais reconnu comme une référence poétique et humoristique, et ses talents littéraires et musicaux sont largement salués. Son œuvre continue d’être adaptée au théâtre, et il a profondément inspiré des artistes comme Serge Gainsbourg.

8. Le Style Vian : Un Foisonnement Unique ✨💡

Le style de Boris Vian est aussi protéiforme que sa vie. Il se revendique de Rabelais pour ses énumérations interminables et de Céline pour son maniement du langage parlé, bien qu’il nie toute influence célinienne. Sa vitesse d’écriture est légendaire : trois romans majeurs (L’Écume des jours, L’Automne à Pékin, J’irai cracher sur vos tombes) rédigés la même année.

8.1. Maître de l’Incongruité et de la Satire 🎭😂

Vian est un maître des « décrochages dans la narration », des ruptures de cohérence sémantique qui mènent à l’incongruité et à la drôlerie. Son style se caractérise par des titres préliminaires fantaisistes et déconnectés du titre final de l’œuvre. Il utilise ses pseudonymes, notamment Vernon Sullivan, non pas comme un exutoire, mais comme un moyen d’explorer différentes facettes de l’écriture en parallèle. Paradoxalement, son humour et sa facétie ont parfois joué contre lui, son œuvre sérieuse étant souvent prise à la légère.

Son « monde inversé » le rapproche de Jean Cocteau ou des premiers dadaïstes, débanalisant le quotidien par la poésie. Il aime parodier la littérature sérieuse, démythifier les institutions et remettre en question les conventions romanesques, ses romans étant des « Nouveaux romans » avant l’heure.

8.2. L’Héritage de l’Ingénieur et du Surréalisme 🛠️💭

La formation d’ingénieur de Vian est indissociable de son écriture poétique. La technique, intégrée à l’imaginaire, nourrit l’esthétique de ses récits. Ses descriptions d’androïdes ou de machines imaginaires sont des mélanges savants d’idées farfelues et de données scientifiques authentiques, créant un effet de cocasserie. L’ingénieur en lui invente des gadgets absurdes comme la guillotine de bureau ou le « lapin modifié ». Il a même rédigé un « Mémoire concernant le calcul numérique de Dieu par des méthodes simples et fausses », un chef-d’œuvre de pataphysique.

L’héritage surréaliste est également très présent dans son œuvre, notamment à travers ses images et son individualisme vital.

9. Anarchisme et Pseudonymes : Les Masques de Vian 🎭🤔

Les positions politiques de Boris Vian sont complexes et souvent qualifiées d’anarchistes ou d’antimilitaristes. Il entreprend en 1950 la rédaction d’un Traité de civisme, inachevé, qui révèle une collection d’aphorismes anarchistes prônant le « bonheur pour chacun plutôt que l’égalité pour tous ». Sa pièce L’Équarrissage pour tous est qualifiée de « pièce contre la guerre » ou de « vaudeville anarchiste ». Quant à Le Déserteur, bien que Vian la considère « violemment pro-civile » plutôt qu’antimilitariste, elle est souvent perçue comme un « hymne pacifiste ». Il participe même à des galas de soutien au journal Le Libertaire.

9.1. Un Non-Conformisme Inclassable 🙅‍♂️✨

Plusieurs de ses contemporains, comme Jean-Paul Sartre ou Jimmy Walter, le considèrent comme un anarchiste, Ursula Kübler le décrivant comme un « doux anarchiste ». Marcel Scipion souligne cependant la subtilité de sa position et son refus de s’engager, le faisant passer pour un « apolitique ». Philippe Boggio le décrit comme « inclassable, ni de droite ni de gauche, s’évertuant à brouiller les pistes ». Pour Marc Lapprand, Vian est « plus excentrique qu’anarchiste, plus dandy que révolté ». Il refuse l’esprit de sérieux et démystifie toute forme d’autorité, qu’il s’agisse du pouvoir politique, du communisme, de l’existentialisme, ou même du surréalisme.

9.2. La Multitude de Noms de Plume 🖋️🕵️‍♂️

La liste des pseudonymes de Boris Vian est longue et difficile à établir, Marc Lapprand en ayant analysé vingt-sept. Vian utilisait ces noms de plume pour marquer ses textes d’un sceau approprié au style et au lieu de production. Si Vernon Sullivan est le plus connu, il a aussi signé sous des noms comme Bison Ravi, Brisavion, Agénor Bouillon, Xavier Clarke, S. Culape, Michel Delaroche, Eugène Minoux, Gédéon Molle, Jack K. Netty, et Anna Tof de Raspail. Ces pseudonymes lui permettaient d’explorer différents genres, du journalisme aux textes littéraires plus « alimentaires », et de jouer avec l’identité d’auteur.

Conclusion : L’Homme qui Défiait les Catégories 🌟♾️

Boris Vian a vécu une vie d’une richesse incroyable, jonglant avec les arts, la science et les provocations. Son œuvre, initialement peu comprise et saluée de son vivant, est devenue un pilier de la littérature et de la culture française, notamment L’Écume des jours, désormais un classique. Sa mort prématurée, survenue lors d’une projection du film tiré de son roman J’irai cracher sur vos tombes, ajoute une dimension tragique à sa légende.

Vian, c’est l’écrivain qui ne datant pas toujours ses manuscrits rend la tâche ardue à ses bibliographes, le musicien qui a dû abandonner la trompette à cause de son cœur fragile, l’ingénieur qui inventait des machines farfelues, le chanteur censuré mais dont la chanson est devenue un hymne universel, le peintre exposé aux côtés des plus grands, et le pataphysicien qui explorait les limites de l’absurde. Son style, mélange de fantaisie, d’humour, d’ironie et de profondeur, continue de fasciner et d’inspirer. Soixante ans après sa mort, son « corpus protéiforme » est réévalué et restauré dans toute sa dimension humaniste. Boris Vian reste, plus que jamais, un « génie incompris devenu classique ».

Littérature, Musique Tags:adaptation cinématographique J'irai cracher sur vos tombes, Boris Vian, censure chanson, chansons Boris Vian, critique musical Vian, écrivain français, expositions Boris Vian, humoriste Boris Vian, influence littéraire Vian, ingénieur Vian, J'irai cracher sur vos tombes, L'Écume des jours, Le Déserteur, mort Boris Vian, musique jazz Vian, œuvre Boris Vian, pacifisme Vian, pianocktail, poète Boris Vian, pseudonymes Vian, roman L'Arrache-cœur, Saint-Germain-des-Prés jazz, Satrape 'Pataphysique, scandale littéraire, science-fiction Vian, théâtre Boris Vian, Vernon Sullivan, vie Boris Vian, zazou culture

Navigation de l’article

Previous Post: 22 Juin 1815 : Seconde abdication de Napoléon Bonaparte
Next Post: 24 Juin 1894, Assassinat du président de la République Sadi Carnot

Related Posts

25 juin 2009 - Décès de Michael Jackson www.wikipodcast.fr 25 Juin 2009 : Décès de Michael Jackson Musique
1 juillet 1979 Sony lance le walkman www.wikipodcast.fr 1 Juillet 1979 : Sony lance le premier Walkman, qui révolutionnera l’écoute de la musique High Tech
podcast biographie jean-jacques rousseau www.podcastalivreouvert.fr 2 Juillet 1778 : Décès de Jean-Jacques Rousseau, biographie d’un personnage complexe Littérature
30 juin 1900 naissance et biographie de Saint-Exupéry www.wikipodcst.fr 30 Juin 1900 : Naissance d’Antoine de Saint-Exupéry, biographie et mystère sur sa mort Guerre
Podcast histoire de la fête de la musique www.wikipodcast.fr 21 juin 1982 : Première fête de la musique Musique
podcast biographie de George Orwell www.wikipodcast.fr 25 Juin 1903, Naissance de George Orwell, l’auteur de 1984 Littérature

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Recent Posts

  • 3 Juillet 1978 : Première diffusion en France de Goldorak, sur Antenne 2
  • 2 Juillet 1778 : Décès de Jean-Jacques Rousseau, biographie d’un personnage complexe
  • 1 Juillet 1903 : Départ du premier Tour de France de Cyclisme
  • 1 Juillet 1979 : Sony lance le premier Walkman, qui révolutionnera l’écoute de la musique
  • 30 Juin 1976 : Création officielle de Bison Futé en France

Recent Comments

Aucun commentaire à afficher.

Archives

  • juillet 2025
  • juin 2025

Categories

  • Cyclisme
  • Football
  • Guerre
  • High Tech
  • Littérature
  • Musique
  • Philosophie
  • Politique
  • Santé
  • Science
  • Société
  • Sport
  • Télévision

Copyright © 2025 wikipodcast.fr.

Powered by PressBook Masonry Blogs