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André Malraux : L’Écrivain-Aventurier, Résistant et Bâtisseur de la Politique Culturelle Française 🇫🇷
Georges André Malraux (né à Paris le 3 novembre 1901 et mort à Créteil le 23 novembre 1976) fut une figure emblématique et complexe du XXe siècle, dont la trajectoire croisa l’écriture, l’action politique, la résistance et l’art. Écrivain, aventurier, résistant, homme politique et intellectuel français, Malraux est notamment célèbre pour avoir été le premier Ministre des Affaires culturelles et pour son œuvre romanesque majeure, couronnée par le prix Goncourt.
Son héritage fut consacré de manière solennelle lorsque ses cendres furent transférées au Panthéon de Paris le 23 novembre 1996, vingt ans jour pour jour après sa mort.
1. Biographie : De l’Autodidacte à l’Intellectuel Engagé 🎓
1.1. Jeunesse et Formation Littéraire
Georges André Malraux, dit André, est né dans le 18e arrondissement de Paris. Ses origines familiales sont dunkerquoises. Après la séparation de ses parents en 1905, il est élevé à Bondy par sa mère, sa grand-mère maternelle, et sa tante. Son grand-père paternel, un commerçant et armateur flamand, décède en 1909. Plus tard, son père, Fernand-Georges Malraux, se suicide en décembre 1930.
André Malraux abandonne ses études secondaires en 1918 et n’obtient jamais son baccalauréat, ce qui ne l’empêche pas de développer une passion profonde pour la littérature contemporaine, la critique et les arts. Dès 1915, il fréquente assidûment les théâtres, cinémas, salles d’exposition et bouquinistes de Paris. Il cultive une admiration pour Victor Hugo, Michelet et Michel-Ange.
Il débute professionnellement en 1919 en travaillant pour l’éditeur René-Louis Doyon. Il se lance rapidement dans la publication de ses premiers textes dès 1920 dans la revue La Connaissance. Ces premières œuvres sont classées dans le genre « farfelu » et sont influencées par l’expressionnisme allemand et la poésie cubiste. À dix-huit ans, il publie son premier livre, Lunes en papier, dédié à Max Jacob. En 1920, il devient directeur littéraire chez Simon Kra et côtoie des figures comme Jean Cocteau et Paul Morand.
1.2. Le Temps des Aventures : Indochine et Affaire d’Angkor 🗿
Poussé par son goût pour l’aventure, son érudition et son amour de l’art, Malraux, tout juste marié à Clara Goldschmidt (mariage en 1921), se rend en Indochine à 22 ans.
L’Affaire du Vol d’Œuvres d’Art
Son premier séjour est marqué par le scandale du vol d’œuvres d’art à Angkor. Après avoir pris contact avec des marchands de tableaux et des collectionneurs, Malraux, avec son ami Louis Chevasson, prétend faussement suivre des cours de langues orientales pour obtenir une mission archéologique gratuite. En réalité, à la mi-décembre 1923, au temple de Banteay Srei (Cambodge), ils découpent à la scie près d’une tonne de pierres sculptées et bas-reliefs dans le but de les revendre, le larcin étant estimé à environ un million de francs.
Ils sont arrêtés à Phnom Penh le 23 décembre 1923. Malraux est condamné le 21 juillet 1924 à trois ans de prison ferme, et Louis Chevasson à un an et demi. Grâce à la mobilisation d’intellectuels parisiens (dont André Gide, André Breton, et François Mauriac), la peine de Malraux est réduite en appel en octobre 1924 à un an et huit mois avec sursis. Ironiquement, la médiatisation de ce procès contribuera au classement et à la restauration du temple de Banteay Srei.
Critique du Colonialisme
Malraux retourne en Indochine en juillet 1925 avec l’avocat progressiste Paul Monin, cette fois dans l’intention de combattre les injustices du système colonial. Ensemble, ils fondent le journal L’Indochine, qui dénonce les abus de l’administration coloniale, puis L’Indochine enchaînée, malgré les pressions. Bien qu’il ait regagné la France au début de 1926, ses préoccupations anticolonialistes ne disparaissent pas totalement, même s’il adopte une position plus modérée que son ami Monin.
1.3. Romancier de la Condition Humaine et Militant Antifasciste ✍️
De retour en France, Malraux se consacre à l’écriture. Il publie en 1928 Les Conquérants, un roman à succès qui met en scène les affrontements en Chine en 1925, et La Voie royale en 1930, inspiré de son expédition archéologique au Cambodge.
Son roman La Condition humaine, inspiré du massacre de Shanghai de 1927, est publié en 1933. L’œuvre rencontre un immense succès et obtient le prix Goncourt en décembre 1933.
Dès l’avènement d’Adolf Hitler en 1933, Malraux s’engage activement contre le fascisme et le nazisme. Il adhère au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes et participe à des congrès internationaux d’écrivains, dont le Congrès des écrivains soviétiques en URSS en 1934, où il prononce le discours L’art est une conquête. Bien qu’il ait aidé les Soviétiques à limiter l’action des protestataires à certains moments, il exprime des craintes que les principes du réalisme socialiste n’étouffent la création littéraire.
1.4. L’Engagement dans la Guerre Civile Espagnole 🇪🇸
L’engagement antifasciste de Malraux atteint son apogée lorsqu’il combat aux côtés des Républicains espagnols après le déclenchement de la guerre civile en juillet 1936. Il se rend à Madrid et, avec le soutien du ministre français de l’Air, Pierre Cot, il recrute des pilotes et monte de toutes pièces l’escadrille internationale España.
Malraux en prend le commandement avec le grade de colonel (homologué par le ministère espagnol de l’Aviation au grade de lieutenant-colonel). Malgré le fait qu’il n’ait jamais piloté ni manié une arme avec aisance, il participe à soixante-cinq missions aériennes et aux combats à Tolède, Madrid et Teruel. Son courage est apprécié par ses hommes.
Son expérience du combat nourrit son roman L’Espoir, publié en décembre 1937. Il en réalise également une adaptation cinématographique, Espoir, sierra de Teruel, dont le tournage est achevé en 1939, bien que sa sortie soit initialement interdite en France.
2. La Résistance et le Colonel Berger 🛡️
2.1. Dragon de Deuxième Classe et Évasion (1939-1940)
À la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, Malraux, malgré des ajournements et une réforme précédents, s’engage comme simple soldat de deuxième classe dans les chars d’assaut et est incorporé en avril 1940. Il est fait prisonnier en juin 1940 près de Sens. Il parvient à s’évader en septembre, déguisé en charpentier, avec l’aide de son demi-frère Roland.
Après son évasion, il s’installe en zone libre. Il refuse initialement de s’engager dans la Résistance intérieure, doutant de son efficacité, mais il maintient des liens personnels, notamment avec Drieu la Rochelle (devenu collaborateur, mais qui est le parrain de son second fils, Vincent).
2.2. L’Action dans le Sud-Ouest et la Brigade Alsace-Lorraine
Suite à l’arrestation de ses deux demi-frères (Roland et Claude, agents du SOE, qui périront tous deux), André Malraux entre dans la Résistance active fin mars 1944 dans la vallée de la Dordogne. Il adopte le pseudonyme célèbre de « colonel Berger ». Son rôle est alors celui d’un compagnon prestigieux et d’un témoin, davantage que celui d’un commandant d’unité.
Il est arrêté par les Allemands à Gramat le 22 juillet 1944 et incarcéré à la prison Saint-Michel de Toulouse, où il aurait subi un simulacre d’exécution. Il est libéré le 19 août 1944, lorsque les Allemands quittent la ville.
En septembre 1944, il prend la tête de la Brigade Alsace-Lorraine, nouvellement créée, qui rassemble d’anciens maquisards de l’Est. Malraux, en tant que chef charismatique, participe à la campagne de la Première Armée française, notamment :
- À la prise de Dannemarie .
- À la prise de Colmar .
- À la défense de Strasbourg .
Après la dissolution de la brigade en mars 1945 , Malraux joue un rôle politique essentiel au congrès du Mouvement de Libération nationale (MLN) en janvier 1945, où son talent oratoire permet d’écarter la fusion du mouvement avec le Front national contrôlé par le Parti communiste. Cette action lui vaudra plus tard la gratitude du général de Gaulle.
Il est décoré à l’issue de la guerre : il est notamment Compagnon de la Libération, titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 et de la Médaille de la Résistance française.
3. Le Ministre : L’Âge d’Or de la Culture (1958-1969) 🏛️
Après la guerre, Malraux s’attache profondément à la personne du général de Gaulle.
3.1. Militant du Gaullisme et Premières Fonctions
Il est nommé une première fois ministre de l’Information dans le gouvernement de Gaulle II, de novembre 1945 à janvier 1946. Il suit ensuite de Gaulle dans l’aventure du Rassemblement du peuple français (RPF), où il organise la propagande de 1947 à 1953. Pendant la traversée du désert de De Gaulle (1953-1958), Malraux s’écarte de la politique .
Lorsque De Gaulle revient au pouvoir en juin 1958, Malraux est nommé ministre délégué à la présidence du Conseil et chargé de l’Information.
3.2. Le Ministre des Affaires Culturelles
Le 8 janvier 1959, André Malraux prend ses fonctions en tant que Ministre d’État, chargé des Affaires culturelles. Ce ministère, créé par De Gaulle, avait pour but de donner au génie français « du panache, du rayonnement ». Il exercera cette fonction pendant plus de dix ans, jusqu’en juin 1969.
Ses fonctions gouvernementales couvrent diverses périodes et rôles :
- Ministre de l’Information : Du 21 novembre 1945 au 26 janvier 1946 (Gouvernement de Gaulle II).
- Ministre d’État, chargé des Affaires culturelles : Du 8 janvier 1959 au 20 juin 1969 (Gouvernements Debré, Pompidou I, II, III, IV et Couve de Murville).
- Ministre chargé de la Radio, de la Télévision et de la Presse : Du 12 juin au 7 juillet 1958 (Gouvernement de Gaulle III).
3.3. Bilan de la Politique Culturelle de Malraux
La politique culturelle de Malraux fut marquée par la volonté de démocratiser la culture consacrée et d’élargir le rôle de l’État-providence aux questions culturelles. Il privilégia les arts ayant le plus d’effet sur les masses, tels que le cinéma, les musées, et les arts vivants.
Principales Réalisations et Initiatives :
- Décentralisation et Diffusion : Il crée les Maisons de la Culture le 4 août 1962, poursuivant l’idée de décentralisation.
- Patrimoine et Urbanisme : Il donne une impulsion nouvelle à la restauration des monuments (comme le château de Versailles). Il est à l’origine de la fameuse Loi Malraux du 4 août 1962 (Plan de sauvegarde et de mise en valeur – PSMV), permettant la création de secteurs sauvegardés dans les quartiers anciens.
- Inventaire et Musées : Il crée l’Inventaire général des richesses artistiques de la France (1964). Il fonde également le Centre national d’art contemporain (CNAC) en 1967.
- Cinéma : Il crée le label Art et Essai et met en place le système d’avance sur recettes (juin 1959), un moteur essentiel pour la création cinématographique française. Il rattache le Centre national de la cinématographie au ministère de la Culture.
- Rayonnement International : Malraux s’emploie à faire rayonner la culture française dans le monde. Il fait convoyer La Joconde aux États-Unis en 1963 pour une exposition. En 1965, il voyage en Chine et s’entretient avec Mao Zedong. Il lance une campagne de sauvegarde des monuments de Nubie en 1960.
Malraux quitte ses fonctions ministérielles le 20 juin 1969, après la démission du Général de Gaulle. Il lui est resté fidèle jusqu’au bout, même pendant la crise de Mai 68.
3.4. La Voix Solennelle de la Nation
En tant que ministre, Malraux est chargé de prononcer plusieurs oraisons funèbres mémorables, qui restent des sommets de l’éloquence française.
- Le 19 décembre 1964 : Il prononce le célèbre discours « Entre ici, Jean Moulin… » lors du transfert des cendres du résistant au Panthéon, en présence du général de Gaulle.
- Le 3 septembre 1965 : Il prononce l’oraison funèbre de l’architecte Le Corbusier dans la cour du Louvre.
- Il prononce également l’oraison funèbre de Georges Braque.
4. Dernières Années et Questions Existentielle 💭
4.1. L’Après-Politique et la Littérature
Après avoir quitté le gouvernement en 1969, Malraux s’installe au château de Vilmorin avec Louise de Vilmorin (avec qui il avait eu une liaison auparavant). Après la mort de Louise en 1969, il continue d’habiter le château en compagnie de Sophie de Vilmorin, sa dernière compagne.
Il se consacre à l’écriture de ses mémoires, les Antimémoires, publiés en 1967, très bien accueillis par la critique et le public. Il y brosse un portrait mythifié de Mao Zedong. Il publie ensuite Les Chênes qu’on abat (1971), à la suite du décès de De Gaulle. En 1971, âgé de 70 ans, il prend position en faveur de l’indépendance du Bangladesh et se propose d’aller combattre dans l’armée indienne, bien qu’Indira Gandhi lui fasse comprendre que son soutien moral est suffisant.
En novembre 1972, il est hospitalisé pour alcoolisme et dépression nerveuse, expérience qui donnera naissance à l’ouvrage Lazare.
4.2. Malraux et la Transcendance : Art et Humanisme 🖼️
Malraux est resté fidèle à un besoin de dépassement, agnostique mais cherchant une grandeur au-delà des dogmes. Il a trouvé cette transcendance dans l’Art.
Il a développé le concept de « Musée imaginaire » (présenté notamment dans Les Voix du silence en 1951), qui permet d’arracher les œuvres d’art à leurs fonctions traditionnelles pour les repenser dans leurs relations et leurs métamorphoses. Pour Malraux, l’art représente la seule chance d’éternité à la portée de l’homme.
Son humanisme est au cœur de son œuvre :
« L’humanisme, ce n’est pas dire : “Ce que j’ai fait, aucun animal ne l’aurait fait”, c’est dire : “Nous avons refusé ce que voulait en nous la bête, et nous voulons retrouver l’homme partout où nous avons trouvé ce qui l’écrase”. » — Les Voix du silence, 1951
Malraux est souvent associé, à tort, à la phrase apocryphe : « Le siècle prochain sera religieux ou ne sera pas » (ou « spirituel »). Il a clairement démenti cette assertion, même s’il reconnaissait la possibilité d’un « événement spirituel à l’échelle planétaire ». Il met en avant l’importance de l’Inde dans cette perspective de « réintégration des dieux », la considérant comme le seul pays ayant fait une révolution pour des raisons morales, grâce à Gandhi.
4.3. Mythomanie : L’Aventurier Né d’un Fabulateur 🎭
La personnalité de Malraux est indissociable d’une tendance marquée à la mythomanie. Son ex-épouse, Clara Malraux, le décrivait comme un « escroc génial ». Malraux lui-même a théorisé cette inclination, affirmant dans La Voie royale : « Tout aventurier est né d’un mythomane ». Pour lui, l’essentiel était que les fabulations soient « vécues », et il aurait déclaré durant la guerre : « Je fabule, mais le monde commence à ressembler à mes fables ».
Cette propension à l’affabulation lui a permis d’étoffer sa vie, même si certains critiques, comme Julien Gracq, y voyaient une « gravité calculée ».
4.4. Décès et Consécration Nationale ✨
André Malraux meurt des suites d’une congestion pulmonaire à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil le 23 novembre 1976, à l’âge de 75 ans. Un hommage national lui est rendu dans la Cour carrée du palais du Louvre. Il est initialement inhumé au cimetière de Verrières-le-Buisson.
Vingt ans après sa mort, le 23 novembre 1996, ses cendres sont transférées au Panthéon de Paris, à l’instigation de Pierre Messmer.
5. Œuvres Principales et Distinctions Notables 📚
L’œuvre de Malraux est immense, couvrant romans, essais sur l’art, et discours politiques.
5.1. Publications Sélectives
| Année | Titre de l’Œuvre (Genre) | Note |
|---|---|---|
| 1921 | Lunes en papier (Textes farfelus) | Premier livre, dédié à Max Jacob. |
| 1926 | La Tentation de l’Occident (Dialogue épistolaire) | . |
| 1928 | Les Conquérants (Roman) | Succès, met en scène la Chine de 1925. |
| 1930 | La Voie royale (Roman) | Inspiré par son expédition au Cambodge. |
| 1933 | La Condition humaine (Roman) | Prix Goncourt. |
| 1935 | Le Temps du mépris (Nouvelle) | . |
| 1937 | L’Espoir (Roman) | Inspiré par la Guerre d’Espagne. |
| 1948 | Les Noyers de l’Altenburg (Roman) | Fait suite à La Lutte avec l’ange (1943). |
| 1951 | Les Voix du silence (Essai sur l’Art) | Nouvelle version de La Psychologie de l’art. |
| 1967 | Antimémoires (Mémoires) | Première partie du Miroir des Limbes. |
| 1974 | Lazare (Récit) | Écrit suite à son hospitalisation pour dépression/alcoolisme. |
| 1976 | Le Miroir des limbes (Mémoires/Récits) | Intègre les Antimémoires et La Corde et les Souris. |
5.2. Discours Célèbres
Les discours de Malraux sont considérés comme des moments marquants de l’histoire oratoire :
- L’art est une conquête (1934, Congrès des écrivains en URSS).
- L’Homme et la culture (1946, pour la naissance de l’UNESCO).
- Hommage à la Grèce (1959, illumination de l’Acropole).
- La Joconde (1963, devant le président Kennedy à Washington).
- Transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon (19 décembre 1964).
5.3. Décorations et Distinctions
André Malraux a reçu de nombreuses distinctions françaises et étrangères, témoignant de l’étendue de ses engagements et de son rayonnement.
Décorations françaises :
- Officier de la Légion d’honneur.
- Compagnon de la Libération (décret du 17 novembre 1945).
- Croix de guerre 1939-1945.
- Médaille de la Résistance française, avec rosette.
- Commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres, de droit en tant que ministre des affaires culturelles.
Décorations étrangères (sélection) :
- Ordre du Service distingué (Grande-Bretagne).
- Grand-croix de l’ordre de Mai (Argentine).
- Grand-croix de l’ordre de la Couronne (Belgique).
- Grand officier de l’ordre national du Bénin.
- Grand officier de l’ordre national de la Croix du Sud (Brésil).
- Grand officier de l’ordre du Mérite (Italie).
- Grand Officier de l’ordre du Soleil levant (Japon).
Conclusion : L’Éternel Conquérant
André Malraux aura marqué le XXe siècle par son incarnation du romantique moderne : érudit autodidacte et intellectuel engagé, il a transformé ses aventures (du vol d’art khmer au commandement d’une escadrille républicaine en Espagne, puis à la tête d’une brigade de la Résistance) en matière littéraire et philosophique.
En tant que fondateur du Ministère des Affaires culturelles, il a institutionnalisé l’ambition culturelle de l’État français, laissant un héritage durable, symbolisé par les Maisons de la Culture et la protection du patrimoine historique. Son entrée au Panthéon en 1996 a scellé sa place au firmament des grandes figures de la République française, honorant l’homme qui avait fait de l’Art, selon ses propres termes, la seule grandeur capable de défier la mort.
Pour mieux comprendre la complexité de sa vie, on pourrait comparer Malraux à un palimpseste historique : chaque nouvelle aventure ou engagement (écrivain, pilleur, résistant, ministre) ne recouvrait jamais entièrement la couche précédente, mais y ajoutait une nouvelle écriture, rendant sa biographie riche, dramatique et constamment réinventée par l’homme lui-même.
