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24 juin 1894 assassinat de Sadi Carnot, président de la République www.wikipodcast.fr

24 Juin 1894, Assassinat du président de la République Sadi Carnot

Posted on juin 24, 2025juin 24, 2025 By Lordkelvin765@gmail.com Aucun commentaire sur 24 Juin 1894, Assassinat du président de la République Sadi Carnot

Bienvenue sur notre exploration approfondie de l’un des événements les plus marquants de la Troisième République française : l’assassinat de Sadi Carnot. Cet acte, survenu en 1894, a non seulement coûté la vie au Président en exercice, mais a également eu des répercussions considérables sur le mouvement anarchiste et le cadre législatif français. Préparez-vous à plonger dans le contexte politique tendu, le parcours singulier de l’assassin, le déroulement glaçant de l’attentat, et les ondes de choc qui ont traversé la nation.

L’Assassinat de Sadi Carnot : Un Tournant Majeur de la Troisième République 🇫🇷💥

L’année 1894 fut marquée par un événement qui allait durablement imprégner l’histoire politique française : l’assassinat du Président de la République, Sadi Carnot, à Lyon. Cet attentat, perpétré le 24 juin, quelques mois seulement avant la fin de son mandat présidentiel, ne fut pas un acte isolé mais s’inscrivit dans un climat de fortes tensions sociales et politiques. Il survint notamment peu après l’adoption des deux premières « lois scélérates », des textes législatifs spécifiquement conçus pour réprimer le mouvement anarchiste en France. L’impact de cet acte fut tel qu’il déclencha l’adoption, par la Chambre des députés, de la dernière et sans doute la plus significative de ces « lois scélérates », une mesure drastique qui interdisait toute forme de propagande anarchiste sur le territoire français. Bien que ce texte ait été abrogé en 1992, son existence même témoigne de la profonde empreinte laissée par cet assassinat sur l’histoire législative et sociale du pays.

Contexte Historique et Politique Tendue 🕰️🏛️

Comprendre l’assassinat de Sadi Carnot nécessite de se plonger dans le contexte politique et social de la France à la fin du XIXe siècle, une période caractérisée par des évolutions républicaines et une montée des contestations.

La Présidence de Sadi Carnot : Un Homme d’État Issu d’une Lignée Illustre

Sadi Carnot, né le 11 août 1837 à Limoges, était une figure bien établie de l’establishment politique français. Son ascendance témoignait d’une lignée républicaine et scientifique illustre, renforçant son prestige. Il était le fils de Lazare Hippolyte Carnot, le petit-fils de Lazare Carnot, surnommé « le Grand Carnot », une figure majeure de la Révolution française, et le neveu du physicien Sadi Carnot. Sa famille comptait également son frère, Marie-Adolphe Carnot, et son fils, Ernest Carnot.

Avant d’accéder à la fonction suprême, Sadi Carnot avait bâti une solide carrière en tant que haut fonctionnaire. Il avait occupé de nombreuses responsabilités politiques et gouvernementales, témoignant de son expérience et de son expertise dans les affaires publiques. Il fut député de la Côte-d’Or, puis préfet de la Seine-Inférieure, avant d’être nommé sous-secrétaire d’État aux Travaux. Son parcours l’amena ensuite à diriger des ministères clés, assumant les portefeuilles des Travaux publics, puis des Finances.

Son accession à la présidence de la République intervint dans un climat politique agité. Suite à la démission de Jules Grévy, éclaboussé par le scandale des décorations, Sadi Carnot se présenta à l’élection présidentielle de 1887. Il devança Jules Ferry au premier tour, démontrant déjà une popularité notable, et remporta la victoire au second tour le 3 décembre 1887, face au général Félix Gustave Saussier. Sa présidence, marquée par une volonté de stabilité et de consolidation républicaine, fut néanmoins confrontée à des défis croissants, notamment l’agitation sociale et la montée des idéologies extrêmes.

La Montée de l’Anarchisme et la « Propagande par le Fait » 💣📢

La fin du XIXe siècle fut une période d’intense agitation syndicale et anarchiste en France. Le mouvement anarchiste, en particulier, se distinguait par une stratégie militante connue sous le nom de « propagande par le fait ». Cette doctrine prônait l’action violente comme moyen de diffusion des idées anarchistes, visant à inspirer la révolte et à déstabiliser l’ordre établi. Dans ce contexte explosif, Sadi Carnot, en tant que Président de la République depuis 1887, était devenu une figure particulièrement haïe et une cible privilégiée au sein des rangs anarchistes.

La haine des anarchistes à son égard était exacerbée par ses décisions en matière de justice. Sadi Carnot avait refusé de gracier plusieurs figures anarchistes emblématiques dont les actes avaient marqué les esprits, scellant ainsi son destin aux yeux du mouvement. Parmi eux, Ravachol, célèbre pour une série d’attentats, mais aussi Auguste Vaillant, guillotiné le 5 février 1894 après l’attentat de la Chambre des députés du 9 décembre 1893. Le Président avait également refusé la grâce à Émile Henry, un autre anarchiste dont les actions violentes avaient défrayé la chronique. Ces refus de grâce furent perçus par les anarchistes comme une position intransigeante du pouvoir face à leurs revendications, et firent de Carnot un symbole de l’oppression étatique.

Le gouvernement républicain, face à cette vague de violences et de propagande par le fait, avait réagi par une série de mesures répressives. C’est dans ce cadre que furent votées des lois visant spécifiquement à réprimer cette agitation, et qui furent qualifiées de « lois scélérates » par l’opposition socialiste. Ces textes, qui touchaient à la liberté individuelle et aux délits de presse, étaient le reflet d’une volonté politique d’endiguer la menace anarchiste par tous les moyens législatifs possibles.

Lyon, la ville où Carnot fut assassiné, n’était pas étrangère aux activités anarchistes. Plusieurs attentats anarchistes avaient eu lieu dans la cité quelques années avant l’acte fatal, conduisant notamment au célèbre « procès des 66 ». Cette histoire de violence anarchiste à Lyon ajoutait une couche de tension au moment de la visite présidentielle.

Il est également important de noter que Sadi Carnot avait déjà été la cible de tentatives d’attentat par le passé, ce qui souligne la menace constante qui pesait sur lui et sur la fonction présidentielle. Le 5 mai 1889, alors qu’il se rendait à Versailles pour célébrer le centenaire des états généraux de 1789, un magasinier de la Marine, Jean-Nicolas Perrin, avait tiré sur lui. L’intention de Perrin était de protester contre sa mutation au Sénégal. Il est à noter que sur les six cartouches de son revolver, trois — y compris celle tirée — ne contenaient que de la poudre sans balle, les trois autres ayant des balles mais pas de poudre. Cet incident, bien que n’ayant pas causé de blessure, démontrait déjà la vulnérabilité du chef de l’État.

Un autre incident survint le 14 juillet 1890, jour de la fête nationale. L’inventeur Martial Jacobs, pour protester contre le fait d’avoir été spolié de certaines de ses inventions, avait tiré en l’air au passage du président avenue de Marigny. Là encore, il s’agissait de balles à blanc. Ces événements, même s’ils furent sans conséquence physique pour Carnot, illustraient le climat d’instabilité et la persistance de menaces individuelles ou politiques.

Sante Geronimo Caserio : Le Poignard de l’Anarchie 🔪🇮🇹

Derrière l’acte fatal se trouvait Sante Geronimo Caserio, un jeune anarchiste italien dont le parcours personnel et l’engagement idéologique l’ont mené à commettre l’irréparable.

Jeunesse et Cheminement Anarchiste

Sante Geronimo Caserio est né le 8 septembre 1873 à Motta Visconti, une commune de Lombardie en Italie, au sein d’une famille rurale très nombreuse. Sa jeunesse fut marquée par la tragédie et la pauvreté. Son père, batelier de profession, mourut de la pellagre dans un asile alors que Caserio n’était encore qu’un enfant. La pellagre est une maladie grave causée par une mauvaise alimentation, et dans cette région à l’époque, les paysans et la population en général se nourrissaient presque exclusivement de maïs, ce qui entraînait des carences.

Cette situation difficile le poussa à prendre son indépendance très tôt. Ne voulant pas être une charge pour sa mère, qu’il aimait profondément, il quitta sa famille dès l’âge de douze ans pour Milan, où il commença un apprentissage de boulanger. Malgré cette séparation précoce, il resta étroitement en contact avec sa famille, témoignant d’un attachement fort à ses racines malgré son parcours politique radical.

C’est à Milan que Sante Geronimo Caserio s’engagea sur la voie de l’anarchisme, à une période où ces idées connaissaient une recrudescence en Italie. Il fut témoin et acteur de cette effervescence idéologique. Un événement marquant de cette période fut le procès de Rome, qui fit suite à l’arrestation de 200 personnes considérées comme anarchistes après une manifestation du 1er mai 1891. Cet épisode contribua sans doute à radicaliser son engagement.

À Milan, Caserio ne se contenta pas d’adhérer aux idées anarchistes ; il fut un militant actif. Il créa même un petit groupe anarchiste qu’il nomma « A pe », expression qui signifie littéralement « Sans rien ». Avec ce groupe, il s’engageait dans des actions concrètes de solidarité et de propagande : ils distribuaient du pain et des brochures aux chômeurs devant la bourse du travail, mêlant aide matérielle et diffusion des idées.

Ses activités politiques lui valurent rapidement des ennuis avec les autorités. En 1892, il fut condamné à Milan à huit mois de prison pour avoir distribué des tracts antimilitaristes lors d’une manifestation. Cette condamnation fut un tournant, et ses activités politiques le conduisirent finalement à l’exil d’Italie. En tant que déserteur, il quitta son pays natal pour la Suisse, s’installant à Lugano.

Son périple le mena ensuite en France. Le 21 juillet 1893, il arriva à Lyon, où il travailla comme portefaix pendant un certain temps. Il parvint ensuite à exercer son métier d’ouvrier boulanger à Vienne, puis à Sète, où il fut employé à la boulangerie Viala. C’est dans cette dernière ville qu’il mûrit l’idée d’accomplir « un grand exploit », une expression qui suggère une action spectaculaire et décisive au nom de ses convictions anarchistes. Au moment de son exécution, il n’était âgé que de vingt ans, le 16 août 1894, un fait qui souligne la jeunesse de l’auteur de cet acte retentissant.

Le Déroulement Tragique de l’Attentat de Lyon 🔪🩸

Le 24 juin 1894, la ville de Lyon était en effervescence, accueillant l’Exposition universelle, internationale et coloniale au parc de la Tête-d’Or. Sadi Carnot s’y rendait pour l’occasion, participant à un banquet en son honneur, ignorant que cette journée serait sa dernière.

La Soirée du 24 Juin 1894 : Un Banquet et une Décision Fatale

La journée du 24 juin 1894, qui devait être un moment de célébration et de rayonnement pour la ville de Lyon, se transforma en tragédie. Le président Sadi Carnot était l’invité d’honneur d’un banquet organisé par la chambre de commerce au palais du Commerce, situé place des Cordeliers, dans le cadre de l’Exposition universelle, internationale et coloniale. Lors de son discours prononcé à cette occasion, Sadi Carnot sembla donner une indication importante concernant son avenir politique, en suggérant qu’il ne se présenterait pas à un second mandat lors de l’élection présidentielle prévue à la fin de l’année. Cette déclaration, au milieu des festivités, ajoutait une dimension particulière à cette journée.

Après le banquet, le chef de l’État était censé assister à une représentation d’Andromaque par la Comédie-Française, prévue au Grand-Théâtre de la ville. Cet événement était réservé à un public très restreint, ce qui soulignait son caractère privilégié. Cependant, avant de se rendre au théâtre, le Président prit une décision qui allait sceller son destin : il choisit de saluer la population locale à bord de la voiture présidentielle. Cette initiative, dictée par un désir de proximité avec les citoyens, contrastait avec le protocole strict des événements officiels. Il prévoyait ensuite de rentrer quelques minutes à la préfecture du Rhône pour se reposer et se changer avant le spectacle. Initialement, Sadi Carnot avait même exprimé le souhait de faire le trajet à pied, ce qui aurait accru encore davantage sa vulnérabilité. Toutefois, le docteur Antoine Gailleton, alors maire de Lyon, parvint à le convaincre de monter dans un landau très bas, un type de voiture qui, paradoxalement, le rendrait plus accessible à un éventuel assaillant.

Le Départ du Cortège Présidentiel et l’Agression

Peu après 21h, le cortège présidentiel quitta le banquet par une issue secondaire. Escorté par des cavaliers, le dispositif de sécurité semblait classique. L’itinéraire prévu devait le mener par la rue Sainte-Bonaventure (aujourd’hui devenue la rue du Président Carnot), puis par la rue de la République, jusqu’à la place des Terreaux.

Dans le landau, le président était assis sur la banquette arrière, du côté droit. À sa gauche se trouvait le général de brigade Léon Borius, qui avait été chef de la Maison militaire du président. En face de Sadi Carnot, le général Nicolas Joseph Voisin, gouverneur militaire de Lyon, était assis, tandis que le docteur Antoine Gailleton, le maire de Lyon, occupait la place à la droite de ce dernier. Cette configuration plaçait le Président dans une position où il était facilement visible de la foule massée le long du parcours.

Un quart d’heure plus tard, alors que Sadi Carnot saluait une foule dense et enthousiaste, et qu’il venait de demander à un cavalier de s’écarter car il lui gênait la vue, la voiture présidentielle s’engagea rue de la République. C’est à cet instant précis que le drame se noua. L’anarchiste italien Sante Geronimo Caserio, saisissant l’occasion, monta sur le marche-pieds du landau. D’un geste rapide et délibéré, il blessa mortellement le président en le frappant au foie à l’aide d’un couteau. L’arme, au manche bombé, présentait une lame damasquinée de 16,5 centimètres, une caractéristique qui sera plus tard détaillée.

Le président s’effondra immédiatement en arrière sur le siège, portant machinalement la main à sa blessure. Ses premiers mots, teintés de douleur et de stupeur, furent simplement : « Je suis blessé ». L’acte fut d’une rapidité et d’une violence inouïes, laissant peu de temps aux personnes présentes pour réagir.

Après avoir frappé, Caserio laissa tomber son arme, un geste à la fois de défi et de délaissement. Il s’éloigna ensuite en criant « Vive l’anarchie ! », revendiquant ainsi clairement le caractère politique de son acte et sa motivation idéologique. Cependant, son évasion fut de courte durée. Peu après, il fut immobilisé et arrêté par la foule des badauds et les gendarmes qui se trouvaient sur place. Parmi les témoins de la scène se trouvait le député Gaston Doumergue, qui deviendra plus tard président de la République.

L’arrestation de Caserio fut brutale, comme en témoignent les marques de coups qu’il portait. Son visage était tuméfié et il avait trois dents cassées. Il fut ensuite rapidement enfermé dans la nuit à la prison Saint-Paul. Fait notable, la porte de sa cellule fut laissée ouverte, une mesure de précaution visant à l’empêcher de se suicider. Cependant, Caserio lui-même avait une ferme intention d’assister à son procès, affichant une volonté de confronter la justice. Pendant ses interrogatoires, il fit preuve d’une grande clarté, décrivant tous les faits dans les moindres détails, sans chercher à nier ou à minimiser son geste.

Suites et Conséquences : Un Choc National et des Répercussions Durables 🌍⚖️

L’assassinat de Sadi Carnot eut des conséquences immédiates et profondes, plongeant la France dans le deuil et l’incertitude, et entraînant une série de réactions en chaîne.

Le Coma et la Mort du Président : Un Deuil National

La réaction après l’attentat fut immédiate et chaotique. Rapidement après les faits, le cortège présidentiel fit demi-tour, se précipitant vers l’hôtel de préfecture du Rhône, situé dans le 3e arrondissement de Lyon. Le docteur Gailleton, le maire de Lyon qui accompagnait le président, prodiguait les premiers secours à Sadi Carnot, qui agonisait. Une fois à la préfecture, l’urgence de la situation fut pleinement comprise. La plaie du président fut examinée par un grand nombre de médecins et de chirurgiens, qui avaient été rapidement appelés de la faculté de médecine de Lyon.

L’intervention chirurgicale, menée dans l’espoir de sauver le président, fut conduite par le professeur de médecine opératoire et de clinique chirurgicale Antonin Poncet. Il était entouré de plusieurs confrères éminents, dont les professeurs Jean Lépine et Louis Léopold Ollier, ainsi que Fabre et Michel Gangolphe. Malgré les efforts concertés de ces spécialistes, les chirurgiens ne purent maîtriser l’hémorragie interne massive dont souffrait le président. Sadi Carnot succomba à cette hémorragie peu après minuit, son décès étant constaté à 0h38 le 25 juin 1894, dans les locaux mêmes de la préfecture du Rhône. Cette mort en fonction fut un choc immense pour la nation.

La veuve du président, Cécile Carnot, confrontée à cette tragédie, refusa dans un premier temps que le corps de son défunt époux ne soit autopsié. Cependant, elle finit par se laisser convaincre par Antoine Gailleton, qui invoqua l’intérêt national pour la persuader. La condition qu’elle posa fut que l’examen soit effectué par le professeur Ollier, une figure respectée de la profession. En présence d’une dizaine de professionnels de la médecine, parmi lesquels Alexandre Lacassagne, Antonin Poncet, Fleury Rebatel et le médecin personnel du président, François Planchon, le Dr Ollier put procéder à l’examen. L’autopsie révéla une plaie profonde de dix centimètres au foie et constata un double sectionnement de la veine porte, ce qui expliquait l’hémorragie interne fatale.

La mort de Sadi Carnot revêt une signification historique particulière : il fut le premier président de la République française à mourir en fonction, et le premier à avoir été assassiné. Cet événement marqua les esprits et laissa une empreinte indélébile sur la conscience nationale. Des funérailles nationales grandioses eurent lieu le 1er juillet 1894 à Paris, à la cathédrale Notre-Dame, en présence d’une foule immense et de dignitaires du monde entier. Le même jour, Sadi Carnot fut inhumé au Panthéon, le monument dédié aux grandes figures de la nation, où il rejoignit son grand-père, Lazare Carnot, soulignant le poids de son héritage familial.

Émeutes Anti-Italiennes : La Violence en Réponse à la Tragédie 🇮🇹🔥

Bien que la mort de Sadi Carnot ait été un événement d’une grande portée symbolique, elle ne remit pas en question la stabilité des institutions républicaines. La Troisième République, déjà confortée par les échecs de mouvements comme le projet de Troisième Restauration (visant le retour à la monarchie) et le boulangisme (un mouvement populiste et nationaliste), démontra sa résilience. Cependant, cette stabilité institutionnelle ne prévint pas une flambée de violences populaires.

Les quatre jours qui suivirent l’attentat furent le théâtre d’exactions brutales dirigées contre la communauté italienne de Lyon. La nationalité de l’assassin, Sante Geronimo Caserio, attisa une haine xénophobe qui se traduisit par des actes de vandalisme et de pillage. Les maisons, magasins et commerces appartenant à des ressortissants italiens furent incendiés et saccagés. Les voleurs, profitant du chaos, s’intéressèrent particulièrement aux produits de luxe comme le chocolat. Au-delà des dégâts matériels, des Italiens furent également victimes de violences physiques.

Face à cette vague d’émeutes, l’armée dut intervenir pour rétablir l’ordre. Elle quadrilla les rues de Lyon à partir du 26 juin et ce, jusqu’au 5 juillet, dans le but de contenir les troubles. Le consulat italien fut également placé sous protection militaire, soulignant la gravité de la situation. La répression fut massive : 1 300 personnes furent arrêtées. Sur ce nombre, 348 furent jugées en correctionnelle, et de nombreuses peines de prison furent prononcées, certaines allant jusqu’à trois mois ferme. Les dégâts matériels subis par la communauté italienne furent malheureusement mal indemnisés, et ce, même cinq ans après les faits, ajoutant une injustice aux violences subies. Les troubles ne se limitèrent pas à Lyon : le consulat italien de Grenoble fut également mis à sac, témoignant d’une propagation de la haine anti-italienne.

Le bilan humain de ces émeutes fut tragique, bien qu’aucun Italien ne figure parmi les victimes directes de mort violente. Trois personnes perdirent la vie : un policier et deux émeutiers. En revanche, des milliers d’Italiens, terrifiés par les violences, quittèrent la région lyonnaise dès le début des émeutes, cherchant refuge loin de cette flambée de xénophobie. Un cas particulièrement déchirant fut celui d’au moins un suicide d’Italien, directement lié aux troubles : un marchand de légumes, ruiné par les dégâts subis par son magasin, décida de mettre fin à ses jours. Ces événements soulignent la dimension humaine et sociale souvent négligée des conséquences d’un attentat politique.

Le Vote des Lois Scélérates : La Répression de l’Anarchisme ⚖️📜

L’assassinat de Sadi Carnot par Caserio eut une conséquence directe et majeure sur le plan législatif français. Il accéléra et justifia le vote par le Parlement de la dernière, et de la plus significative, des lois dites « scélérates ». Ces lois, dont les premières avaient déjà été adoptées, visaient explicitement le mouvement anarchiste. L’objectif de ce nouveau texte était de compléter l’arsenal répressif dont disposait l’État contre les actions et la propagande anarchistes. Concrètement, cette loi privait les anarchistes de tout type de communication, cherchant à étouffer leur capacité à diffuser leurs idées et à organiser leurs actions. Cette mesure, d’une sévérité inédite, resta en vigueur pendant près d’un siècle, puisqu’elle ne fut abrogée qu’en 1992. Son existence est un témoignage puissant de la peur et de la détermination avec lesquelles l’État français a réagi à la menace anarchiste à la fin du XIXe siècle.

Le Procès et l’Exécution de Sante Geronimo Caserio : Un Anarchiste Face à Son Destin 👤⛓️

Le sort de Caserio fut scellé par une instruction rapide et un procès retentissant, où il afficha une détermination inébranlable.

L’Instruction Judiciaire par le Juge Henri Benoist

L’enquête sur l’assassinat de Sadi Carnot fut menée avec une célérité remarquable, reflétant l’urgence et l’importance de l’affaire aux yeux de l’État. Le juge Henri Benoist fut chargé de l’instruction quasi immédiatement après le crime, dès le soir même du 24 juin 1894.

À cette époque, les procédures judiciaires différaient notablement des pratiques actuelles. Il est important de noter que la présence d’un avocat n’était pas encore obligatoire pendant la phase d’instruction. Cette particularité permettait de multiplier les interrogatoires des suspects, sans la contrainte d’une assistance légale constante. Le juge Benoist tira pleinement parti de cette liberté, commençant son travail d’interrogatoire dès 23h le 24 juin 1894. L’instruction fut intense et concentrée, se terminant le 16 juillet, soit en seulement trois semaines. Durant cette période, Caserio fut soumis à neuf interrogatoires en tête à tête avec le juge. Ces séances permirent de recueillir les moindres détails de son acte, Caserio n’ayant jamais cherché à masquer ses motivations ou le déroulement des faits.

Le 16 juillet, une fois l’instruction jugée complète, le juge Benoist se dessaisit du dossier. Sante Geronimo Caserio fut alors renvoyé devant la cour d’assises du Rhône, où son procès allait se dérouler.

Le Procès en Cour d’Assises et la Condamnation

Le procès de Sante Geronimo Caserio se déroula en cour d’assises les 2 et 3 août 1894, moins de deux mois après l’attentat. Caserio fut assisté de deux avocats pour sa défense. Le premier était Maître Alfredo Podreider, un avocat italien né à Paris mais exerçant à Milan, ce qui soulignait la dimension internationale de l’affaire. Le second était Maître Dubreuil, bâtonnier au barreau de Lyon, une figure locale importante du monde juridique.

Les deux avocats, dans leur stratégie de défense, avaient l’intention de plaider la maladie mentale pour leur client. Cette approche visait à minimiser la responsabilité de Caserio en arguant d’une altération de son jugement au moment des faits. Cependant, Caserio s’opposa fermement à cette ligne de défense. Il les en dissuada catégoriquement, ne souhaitant pas que sa famille soit stigmatisée comme ayant des antécédents de folie. Sa déclaration à ses avocats est révélatrice de sa lucidité et de la force de ses convictions : « Moi non plus je n’ai jamais été fou et, quoique je me trouve en prison, je ne le suis pas. Si j’ai tué le président de la République, ce n’est pas parce que je suis fou, c’est mon idéal anarchiste ». Cette affirmation mettait en lumière sa motivation idéologique pure et sa revendication totale de son acte.

Devant le tribunal qui le condamnait à mort, Caserio prononça des paroles qui résonnèrent comme un manifeste de l’anarchisme violent. Ses propos furent clairs et sans équivoque, réaffirmant sa détermination et la logique derrière son acte : « Eh bien, si les gouvernements emploient contre nous les fusils, les chaînes, les prisons, est-ce que nous devons, nous les anarchistes, qui défendons notre vie, rester enfermés chez nous ? Non. Au contraire, nous répondons aux gouvernements avec la dynamite, la bombe, le stylet, le poignard. En un mot, nous devons faire notre possible pour détruire la bourgeoisie et les gouvernements. Vous qui êtes les représentants de la société bourgeoise, si vous voulez ma tête, prenez-la. ». Cette déclaration sans repentance montrait un individu pleinement conscient de ses actes et de leurs conséquences, et résolu à les assumer.

Au cours du procès, Caserio ne tenta jamais de renier son geste. Ses paroles étaient limpides : « Il n’y a rien de changé en moi, et je referais encore s’il était à refaire l’acte pour lequel je vais être jugé. ». Il ne demanda pas non plus la pitié du jury, assumant pleinement son rôle d’exécutant de l’idéal anarchiste. La possibilité lui fut offerte de plaider la maladie mentale, mais en contrepartie, il aurait dû livrer les noms de quelques complices. Il refusa catégoriquement cette proposition, déclarant avec défi : « Caserio est boulanger, pas espion ». Cette phrase résume son éthique personnelle et son refus de la trahison.

Ne croyant qu’aux valeurs de l’anarchie, Caserio accepta sans réserve le jugement qui allait être prononcé à son encontre. Il ne se pourvut pas en cassation, confirmant sa volonté d’affronter son destin sans chercher à s’y soustraire par des voies légales.

L’Exécution : Le Dernier Cri de l’Anarchie

À l’issue de son procès, Sante Geronimo Caserio fut sans surprise condamné à la peine capitale. Il fut guillotiné le 16 août 1894, à la prison Saint-Paul de Lyon, par le célèbre bourreau Louis Deibler.

Pendant qu’il attendait son exécution dans sa cellule, une tentative fut faite pour lui apporter un réconfort spirituel. Le curé de Motta Visconti, son village natal, lui fut envoyé pour le confesser. Cependant, Caserio, fidèle à ses convictions antireligieuses et anarchistes, refusa de l’entendre et le chassa, rejetant toute forme de consolation cléricale.

Jusqu’à son dernier souffle, Caserio resta fidèle à son idéal. Sur l’échafaud, un instant avant de mourir, il lança un dernier message à la foule massée, un cri de ralliement qui traversa le temps : « Courage, les amis ! Vive l’anarchie ! ». Ses derniers mots résonnèrent comme une ultime provocation et un message posthume à ses compagnons anarchistes, confirmant la nature idéologique profonde de son acte jusqu’à la fin.

Héritage et Réflexion 🤔

L’assassinat de Sadi Carnot par Sante Geronimo Caserio demeure un événement pivot dans l’histoire de la Troisième République et du mouvement anarchiste. Il symbolise l’apogée de la « propagande par le fait » en France et les réponses répressives de l’État. La mort tragique du président, premier chef d’État français assassiné en fonction, a marqué un deuil national et a exacerbé les tensions, menant à des violences xénophobes envers la communauté italienne.

Sur le plan législatif, cet acte eut pour conséquence directe l’adoption des lois « scélérates », des textes qui muselèrent la liberté d’expression anarchiste pendant près d’un siècle. Ces lois, bien qu’abrogées en 1992, témoignent de la force de la réaction étatique face à une menace perçue comme existentielle.

Le parcours de Caserio, jeune ouvrier boulanger issu d’un milieu modeste, sa radicalisation et son acceptation lucide de la peine capitale, posent des questions profondes sur les motivations de l’engagement politique violent et sur la nature de la justice à cette époque. Ses dernières paroles, « Vive l’anarchie ! », encapsulent la ferveur idéologique qui animait ces acteurs de la « propagande par le fait ».

L’assassinat de Sadi Carnot est donc bien plus qu’un simple fait divers tragique ; c’est un miroir des tensions sociales, des confrontations idéologiques et des dynamiques de pouvoir qui ont façonné la France de la fin du XIXe siècle. Il rappelle l’impact durable que des actes individuels peuvent avoir sur le cours de l’histoire collective et la législation d’une nation.

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