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L’Affaire O. J. Simpson : Chronique du « Procès du Siècle » 🤯
L’affaire O. J. Simpson, officiellement désignée comme People of the State of California v. Orenthal James Simpson, est une procédure pénale qui s’est déroulée devant la Cour supérieure du comté de Los Angeles. Elle mettait en cause O. J. Simpson, ancien joueur de football américain talentueux des années 1970 et acteur à Hollywood, doté d’une forte notoriété et charismatique. Simpson était accusé du double meurtre survenu le 12 juin 1994, dont les victimes étaient son ancienne épouse, Nicole Brown Simpson, et son ami, Ronald Goldman.
Médiatisée comme aucun autre cas judiciaire auparavant, l’affaire a défrayé la chronique dans les années 1990. Le procès, qui a duré plus d’une année, a soulevé des questions profondes sur les divisions raciales, la crédibilité de la police de Los Angeles (LAPD) et l’impact de l’argent dans le système judiciaire américain.
Contexte et Antécédents des Meurtres
O. J. Simpson : Athlète, Acteur et Célébrité 🌟
Orenthal James Simpson était l’un des sportifs afro-américains les plus populaires aux États-Unis. Ancien joueur de football américain, reconnu comme le meilleur running back de la National Football League (NFL) dans les années 1970, il était considéré comme un héros après neuf saisons passées sous les couleurs des Bills de Buffalo. Son charisme et son talent lui avaient conféré une célébrité nationale. Après sa carrière sportive, il s’était reconverti en commentateur sportif et acteur à Hollywood, apparaissant dans des films et des publicités à grand budget, ce qui a encore renforcé sa notoriété internationale. Surnommé « The Juice », il entretenait de bonnes relations avec son voisinage et la police.
Une Relation Conjugale Toxique 💔
O. J. Simpson a rencontré Nicole Brown en 1977, alors qu’elle était âgée de 18 ans et travaillait comme serveuse dans une boîte de nuit privée de Beverly Hills. Bien qu’O. J. fût marié à Marguerite Whitley, ils entamèrent une liaison. Simpson a divorcé de sa première épouse en mars 1979, puis a épousé Nicole Brown le 2 février 1985 [5, t 1]. Ils eurent deux enfants ensemble : Sydney Brooke (née en 1985) et Justin Ryan (né en 1988).
Cette relation était complexe et conflictuelle. Dès 1989, un appel au 911 fut passé depuis leur domicile. À l’arrivée d’un policier, Nicole Simpson s’écria qu’O. J. Simpson allait la tuer, indiquant que la police s’était déjà déplacée huit fois sans jamais intervenir [6, t 2]. Elle signa un rapport de police, entraînant une plainte contre son mari [6, t 3]. En 1989, O. J. Simpson fut condamné à 24 mois de probation, une amende de 470 dollars, 120 heures de travaux d’intérêt général et l’obligation de recevoir un conseiller thérapeutique deux fois par semaine [6, t 5].
Nicole Brown Simpson demanda le divorce en février 1992, principalement motivée par les violences conjugales réitérées de son mari. Le divorce fut prononcé en octobre 1992, avec un arrangement financier important pour Nicole afin qu’elle puisse acquérir un bien immobilier, ainsi qu’une pension mensuelle pour les enfants [7, t 1].
Tensions Raciales à Los Angeles et le LAPD 🚨
L’affaire Simpson s’est déroulée dans un contexte de fortes tensions raciales à Los Angeles, trois ans après les émeutes dévastatrices de 1992. Le Los Angeles Police Department (LAPD) avait la réputation d’être une organisation quasi-militaire, souvent hors du contrôle des élus locaux [8, t 8]. Des figures de la police comme William H. Parker et son successeur Daryl Gates avaient tenu des propos controversés sur la communauté noire [8, 9, t 9].
De nombreux incidents impliquant des violences policières contre des Afro-Américains avaient émaillé l’histoire récente du LAPD. Par exemple, après les émeutes de Watts en 1965, Parker avait décrit les émeutiers noirs comme « des singes dans un zoo » [8, t 9]. En 1988, la star de baseball Joe Morgan avait été plaqué au sol et menotté à l’aéroport par des policiers l’ayant confondu avec un trafiquant de drogues parce qu’il était noir, une affaire qui s’était soldée par une condamnation de la police à 540 000 dollars d’amende [10, lat 1, lat 2].
L’événement le plus marquant fut le passage à tabac de Rodney King, un automobiliste noir, filmé en 1991 [11, t 10]. L’acquittement des quatre policiers impliqués, en 1992, avait déclenché les émeutes raciales de Los Angeles, faisant entre 53 et 55 morts et plus de 2 300 blessés. Ce climat de défiance envers la police allait jouer un rôle central dans la stratégie de la défense d’O. J. Simpson.
Les Faits et l’Enquête Policière
La Découverte Macabre du 12 Juin 1994 🔪
Le 12 juin 1994, vers 22 h 55, Steven Schwab a découvert un chien Akita blanc errant sur le trottoir, les pattes tachées de sang [12, t 11]. Le chien a finalement conduit Steven Schwab et ses voisins, Sukru Boztepe et Bettina Rasmussen, au 875 South Bundy Drive, le domicile de Nicole Brown Simpson [12, t 12].
Le policier Robert Riske, appelé pour une potentielle tentative de vol à proximité, a été interpellé par Boztepe et a découvert la scène de crime [13, t 13]. Il a trouvé le corps de Nicole Brown gisant dans une flaque de sang, son cou tranché net jusqu’aux vertèbres cervicales [13, 2, lat 4]. Près d’un palmier, il a découvert le corps de Ronald Goldman, lardé de trente coups de couteau [13, c 1, a 1]. Riske a également trouvé un bonnet noir, une enveloppe tachée de sang, et un unique gant en cuir près des pieds de Goldman [13, c 1, t 14].
Dans la maison, la porte d’entrée était ouverte, mais l’intérieur était calme. Des bougies étaient allumées et les deux enfants de Nicole et O. J., Sydney et Justin, dormaient à l’étage [13, t 14].
Sur la Piste des Preuves Sanguines 🩸
Peu après la découverte, de nombreux policiers ont été dépêchés sur place, dont les détectives Mark Fuhrman et son partenaire Brad Roberts [14, t 15, t 17]. Fuhrman, qui fut le dix-septième policier à arriver, fut brièvement désigné détective en chef avant que l’affaire ne soit confiée à l’équipe des vols et meurtres [14, t 17, t 18].
O. J. Simpson avait quitté Los Angeles pour Chicago la nuit du double meurtre afin de participer à un tournoi de golf [15, t 20]. Les détectives Philip Vannater, Tom Lange, Fuhrman et Philipps se sont rendus au domicile de Simpson à Rockingham pour le notifier des meurtres [14, t 19]. Ne trouvant personne, ils ont commencé à enquêter et ont trouvé du sang sur la Ford Bronco blanche d’O. J. Simpson ainsi que sur le chemin de la maison [15, a 2].
Pensant Simpson en danger, Mark Fuhrman a sauté par-dessus le portail pour ouvrir à ses collègues [15, cnn 1, t 22]. À l’extérieur, près de la chambre de l’invité Kato Kaelin (qui a indiqué avoir entendu des chocs importants vers 22 h 45) [16, t 23], Fuhrman a trouvé un gant en cuir ensanglanté [16, t 23]. Les analyses ultérieures ont montré que ce gant, jumeau de celui trouvé sur la scène de crime, contenait le sang d’O. J. Simpson et de son ex-épouse, désignant rapidement l’ancien joueur comme le principal suspect.
À 6 h du matin, la police a localisé O. J. Simpson à Chicago [17, t 24]. Le père de Nicole, Lou Brown, a appris la nouvelle à 6 h 21. La sœur de Nicole, Denise Brown, a immédiatement accusé O. J. Simpson en criant : « Il l’a tuée ! Il l’a finalement tuée ! » [17, Cit 1, t 25].
Le 13 juin, O. J. Simpson est rentré chez lui. La police lui a présenté un mandat d’arrêt et l’a menotté. Ces dernières lui ont été retirées à la demande de son avocat, Howard Weitzman [19, cnn 1, t 28, t 29]. Les policiers ont observé un bandage sur un doigt de la main gauche de Simpson [19, t 29]. Simpson a accepté de répondre aux questions de la police au Parker Center (quartier général), où il a été interrogé pendant seulement 32 minutes avant d’être laissé repartir, au grand désarroi du bureau du procureur [19, c 2, t 30].
La Course-Poursuite de la Ford Bronco Blanche 🛣️
Le matin du 17 juin, Simpson était censé se rendre à la police, conseillé par son avocat Robert Shapiro. Cependant, peu avant l’arrivée des policiers, O. J. Simpson a fui à bord d’une Ford Bronco blanche de 1993, conduite par son ami d’enfance Al Cowlings [21, lat 7, note 3]. Le procureur Gil Garcetti a annoncé qu’O. J. Simpson était un « fugitif » [22, t 35].
Robert Kardashian, ami de Simpson, a lu une lettre de Simpson où il déclarait ne rien avoir à voir avec le meurtre, mais où il ajoutait : « Ne soyez pas désolés pour moi. J’ai eu une belle vie, de bons amis. Merci de penser au vrai O. J. et non à cette personne perdue » [22, t 37, nyt 1, cnn 2, Cit 3]. Cette lettre a été interprétée par certains journalistes comme une lettre de suicide.
La Ford Bronco a été repérée sur l’autoroute 405 [23, 2, t 38]. Cowlings a indiqué au shérif Larry Pool qu’O. J. Simpson tenait un pistolet .357 Magnum braqué sur sa tête, menaçant de se suicider [23, 4, 5, t 39]. La course-poursuite, menée à basse vitesse et impliquant de nombreux véhicules de police, a été retransmise en direct par plus de 40 chaînes de télévision, attirant une audience record d’environ 95 millions de téléspectateurs [24, 2, 4, nyt 3, t 40]. Des centaines d’anonymes se sont massés autour de la route pour encourager O. J. [24, lat 7, nyt 4, t 41].
La Bronco s’est finalement arrêtée à la villa de Rockingham [25, nyt 2, t 41]. Simpson est sorti du véhicule et s’est rendu à 20 h 53 [25, t 42]. À l’intérieur du véhicule, la police a trouvé un sac de voyage avec le passeport d’O. J., ainsi qu’un sac plastique contenant une fausse moustache, une fausse barbe et un revolver .357 Magnum chargé [25, t 42]. Simpson a été transporté au Parker Center, puis à la prison du comté de Los Angeles, placé sous surveillance particulière en raison du risque de suicide [25, nyt 5, nyt 6, t 42].
La Préparation Judiciaire
Les Audiences Préliminaires et l’Exclusion de la Peine de Mort ⚖️
Le 20 juin, O. J. Simpson a plaidé non coupable pour les deux chefs d’accusation [26, c 3, t 43]. L’accusation a ajouté une clause de « circonstances spéciales », rendant l’accusé passible de la peine de mort [26, c 3]. Cependant, après une longue réflexion, le procureur du district, Gil Garcetti, a écarté la peine de mort le 9 septembre 1994, demandant plutôt une peine de prison à vie sans possibilité de libération, car les experts estimaient que Simpson n’était pas un candidat typique à la peine capitale [30, nyt 7, nyt 8, was 3].
Les audiences préliminaires ont été marquées par la forte médiatisation. Après une fuite dans la presse d’un enregistrement d’appel au 911 de Nicole Brown, le grand jury fut écarté, car la juge estima qu’il était influencé par l’emballement médiatique [28, t 46, was 2]. Lors de l’audience préliminaire du 30 juin, le procureur Marcia Clark fut ébranlée par la défense qui mit en évidence plusieurs inexactitudes de l’enquête policière, notamment sur le motif d’urgence ayant justifié l’entrée sans mandat au domicile de Simpson [29, t 49]. Néanmoins, la juge Kathleen Kennedy-Powell conclut le 8 juillet qu’il y avait suffisamment de raisons de croire l’accusé coupable pour ouvrir un procès [30, c 8].
La Constitution d’un Jury Isolé et Contesté 🧑⚖️
Le procureur Gil Garcetti a décidé que le procès se déroulerait dans le centre-ville de Los Angeles, et non à Santa Monica, afin de garantir une meilleure perception de la justice et d’éviter un retour des tensions liées au cas Rodney King [31, t 50].
La sélection du jury fut cruciale. Des enquêtes sociologiques menées par des consultants des deux camps ont révélé un fort clivage racial : les Blancs pensaient l’accusé coupable, tandis que les Noirs penchaient pour l’acquittement [32, t 52, c 10]. Marcia Clark, ignorant les conseils de son consultant, décida de suivre son instinct [32, t 52].
Plus de 900 individus furent convoqués [33, t 53]. Le jury fut isolé (séquestré) pendant toute la durée du procès pour ne pas être influencé par les médias, une condition qui causa le désistement de nombreux candidats en raison de la faible compensation financière (cinq dollars par jour) [33, 4, 7, t 53]. Le questionnaire de sélection de 80 pages comprenait 294 questions détaillées, abordant notamment l’ethnie et l’opinion sur les violences conjugales [34, t 54].
La défense, sous la houlette de Johnnie Cochran Jr, utilisa la sélection pour rendre difficile la récusation des jurés noirs par l’accusation, en médiatisant l’idée d’un ciblage racial [34, t 54]. Finalement, parmi les 24 jurés sélectionnés, quinze étaient afro-américains, six blancs et trois hispaniques [35, t 55, note 11]. Neuf des douze jurés finaux pensaient qu’O. J. Simpson était moins susceptible d’avoir commis le crime du fait de son excellence comme joueur de football américain [35, t 55].
Le jury a enduré un isolement prolongé (séquestrés dès janvier 1995), vivant à l’hôtel Intercontinental sans accès à la télévision ni au téléphone, ce qui a rapidement provoqué des tensions internes et des divisions raciales [46, 47, t 67]. De nombreux jurés ont été récusés ou sont partis volontairement, certains montrant des signes d’anxiété ou de tentative de suicide [47, 48, 49, t 67, t 70, 12].
Les Acteurs Clés : Accusation et « Dream Team » 💼
L’Accusation
L’accusation était menée par la procureure Marcia Clark [2, 37, c 14], figure stricte dont l’image publique et la vie privée (y compris son divorce et ses changements de coiffure) étaient constamment chroniquées par la presse [37, lib 1, lib 2, lib 3, nyt 13, c 10]. Elle était assistée par Bill Hodgman, procureur expérimenté, et Christopher Darden, afro-américain, dont la présence devait contrebalancer le charisme de Johnnie Cochran [38, 39, t 47, t 56, nyt 14]. L’équipe comprenait également des experts en ADN, Rockne Harmon et Woody Clarke, ainsi que des spécialistes des violences domestiques [38, t 57, c 11].
La Défense : La « Dream Team »
La défense d’O. J. Simpson fut baptisée la « Dream Team » par les journalistes en raison du prestige des avocats qui la composaient [2, 45, lib 3, lib 4, lib 5]. Elle fut l’équipe de défense la plus prestigieuse jamais rassemblée par un homme accusé de meurtre, pour un coût total dépassant les 6 millions de dollars pour le procès pénal [45, lib 4, lib 5].
L’équipe fut initialement menée par Robert Shapiro, ami des stars, bien que peu habitué aux procédures pénales [41, t 59, nyt 15, c 17, 10]. Il recruta les meilleurs spécialistes : F. Lee Bailey, expert des procès criminels ; les spécialistes de l’ADN, Barry Scheck et Peter Neufeld [41, 42, t 59, nyt 16] ; ainsi que des médecins légistes comme le Dr Henry Lee [41, c 17, t 60].
En juillet 1994, Johnnie Cochran Jr, le plus grand avocat noir de Los Angeles, rejoignit l’équipe [44, lib 3, t 64]. Après des tensions internes, Cochran supplanta Shapiro pour devenir l’avocat principal en janvier 1995 [44, lib 4, t 66]. Les divisions au sein de la défense, Shapiro accusant Cochran d’avoir « bassement truqué le jeu », furent rendues publiques [46, lib 4].
Le Déroulement du Procès Pénal (1995)
Le procès pénal d’O. J. Simpson a débuté le 23 janvier 1995. Il s’est déroulé dans la petite salle d’audience du juge Lance Ito, en présence des familles des victimes (Kim, Patti et Fred Goldman, Juditha Brown) et des partisans de Simpson [51, t 72]. Le procès était retransmis en continu à la télévision, malgré une brève interdiction des caméras par le juge Ito [4, 99, t 72, t 73, t 112].
La Stratégie de l’Accusation : Violence Domestique et ADN 🧬
L’accusation, qui a conclu son argumentation après 92 jours de témoignages et 58 témoins [52, 67, t 86], a développé un double portrait d’O. J. Simpson : la vedette souriante et l’homme violent en privé [52, 53, t 74].
Violence Conjugale : Christopher Darden a diffusé l’appel au 911 de Nicole Brown et a insisté sur les violences conjugales, le harcèlement et la domination psychologique exercée par Simpson, suggérant que la jalousie était le motif du double crime [52, 53, t 74, t 75]. Le témoignage poignant de la sœur de Nicole, Denise Brown, décrivant les épisodes de violence, fut cependant entaché par les objections répétées de la défense [54, t 78, t 79, lat 9].
Preuves Matérielles et ADN : L’accusation a présenté de nombreuses preuves, notamment le gant ensanglanté trouvé par Mark Fuhrman, les nombreuses taches de sang sur la Ford Bronco et au domicile de Simpson. Les analyses ADN, technique encore balbutiante en 1995, constituaient l’élément central de l’argumentaire [52, nyt 16, nyt 26]. L’analyse RFLP a permis d’établir une correspondance entre le sang de la scène de crime et celui de Simpson avec une probabilité d’une chance sur 170 millions que le sang ne soit pas le sien [60, 12, t 83]. Le sang retrouvé sur les chaussettes de Simpson correspondait à celui de Nicole Brown Simpson, avec une probabilité d’une sur 6,8 milliards que ce ne soit pas le cas [60, 12, t 83, note 16].
Cependant, la crédibilité des preuves ADN a été mise à mal par la découverte qu’une technicienne de la police scientifique avait laissé traîner la fiole du sang de Simpson au laboratoire dans la poche de son manteau pendant près d’une journée avant analyse, soulevant des doutes sur la contamination des échantillons [61, nyt 27, lat 11].
L’Épisode Catastrophique du Gant en Cuir 🧤
Le 15 juin 1995, l’accusation a présenté les gants, preuves majeures de l’affaire. Ils étaient de marque Aris, taille extra-large, et la défense détenait un reçu montrant que Nicole Brown en avait acheté [61, t 84].
Malgré les réserves de Marcia Clark, le co-procureur Christopher Darden, provoqué par F. Lee Bailey, paniqua et demanda à O. J. Simpson d’essayer les gants devant le jury [62, t 85]. Simpson a enfilé les gants par-dessus des gants en latex, a grimacé et a mimé avec difficulté qu’il n’arrivait pas à rentrer sa main, déclarant que le gant était trop serré [63, t 85]. Cette démonstration fut un désastre pour l’accusation [63, t 85].
La défense en a fait un argument central. Le célèbre aphorisme de Johnnie Cochran, « If it doesn’t fit, you must acquit » (S’il ne va pas, vous devez acquitter), tiré de cet incident, est resté dans les mémoires [84, cnn 3, note 17, t 106].
La Contre-Attaque de la Défense : Les Failles du LAPD 🛠️
La stratégie de la défense visait à réfuter par le doute tous les indices de l’accusation, répétant que la police avait conspiré contre Simpson [68, lib 7, 12]. Ils ont souligné l’absence d’arme du crime et de témoin direct [68, nyt 17].
Attaque contre l’Enquête : Johnnie Cochran Jr. a attaqué les failles de l’enquête policière, critiquant le retard dans le retrait des corps, l’impossibilité d’établir l’heure de la mort, et le fait qu’un policier (Tom Lange) ait emmené des preuves chez lui [70, t 91].
Discrédit de la Police Scientifique : Barry Scheck s’est concentré sur les preuves matérielles [71, t 92]. Il a détruit la crédibilité du criminaliste Dennis Fung en prouvant qu’il avait menti sur le rôle de son assistante inexpérimentée et en montrant des vidéos de Fung recueillant des preuves à main nue, sans changer ses gants suffisamment souvent [71, t 93]. Scheck a soulevé des doutes sur le sang retrouvé sur le portail trois semaines après le meurtre, suggérant qu’il avait été ajouté, et a calculé qu’il manquait 1,5 ml du sang prélevé à Simpson par la police [71, t 94]. L’hypothèse était que Mark Fuhrman avait pu utiliser ce sang pour piéger Simpson [71, t 57].
Le Portrait de l’Accusé : La défense a fait témoigner les proches de Simpson (sa fille Arnelle, sa sœur Carmelita et sa mère Eunice) pour présenter l’image d’un père et d’un fils aimant [72, t 95]. D’autres témoins ont cherché à réfuter l’emploi du temps de l’accusation, affirmant ne pas avoir vu de victimes sur Bundy Drive à l’heure supposée du meurtre [72, 73, t 95, t 96]. La défense a également fait valoir qu’O. J. Simpson, souffrant d’arthrite, aurait eu une mobilité réduite, ce qui contrastait avec la violence du crime, bien que le procureur ait réussi à montrer que Simpson pouvait être sous l’influence de l’adrénaline [74, t 98, 23].
Le Coup de Théâtre des Bandes Magnétiques de Fuhrman 🎙️
Le 7 juillet, la défense a découvert l’existence de bandes magnétiques enregistrées par Laura Hart McKinny, une écrivaine [75, t 99]. Ces enregistrements, appelés « Fuhrman tapes », sont devenus un tournant dans le procès.
Dans ces bandes, Mark Fuhrman, témoin clé de l’accusation qui avait trouvé le gant à Rockingham, utilisait le terme injurieux « nigger » à 41 reprises [77, lib 6, t 102]. Il y tenait des propos violemment racistes, se vantant par exemple de l’odeur de son ancien commissariat « qui a l’odeur de tous les nègres qu’on y a tués ou battus » [77, lib 6].
Lors de son contre-interrogatoire par F. Lee Bailey en mars, Fuhrman avait déjà été mis face à ses contradictions concernant le sang dans la Ford Bronco et son intérêt financier dans l’affaire. Interrogé directement pour savoir s’il était raciste ou s’il avait utilisé le terme « nigger », Fuhrman l’avait calmement nié, mentant sous serment [58, lib 6, nyt 23, t 82].
La découverte de ces bandes confirmait le mensonge de Fuhrman. Le juge Ito a dû statuer sur la recevabilité de ces preuves, ce qui a provoqué un conflit d’intérêts potentiel, car Fuhrman y parlait de l’épouse du juge, Margaret York-Ito [78, 25, lib 8]. Finalement, le juge Ito a limité l’utilisation des bandes à seulement deux extraits pour le jury [79, lib 6, 27, was 11].
Rappelé à la barre par la défense en septembre, Fuhrman a invoqué le Cinquième Amendement de la Constitution pour ne pas répondre aux questions, cherchant à limiter les risques de parjure [80, t 102, lat 12].
La défense, menée par Johnnie Cochran Jr, a utilisé ces révélations pour jouer la « carte raciale » [81, 22, 28, was 12], insinuant que le policier raciste avait piégé O. J. Simpson.
Le Verdict et Ses Répercussions
Des Délibérations Éclair et Unanimes ⏱️
Le mardi 26 septembre 1995, Marcia Clark a prononcé son réquisitoire final, cherchant à minimiser l’influence des propos de Fuhrman, arguant qu’il serait tragique d’acquitter Simpson à cause du racisme d’un policier [82, lib 7, t 104]. Christopher Darden, quant à lui, a conclu en utilisant la boîte laissée par Nicole Brown contenant son testament et des photos d’elle avec des hématomes, disant aux jurés qu’elle leur laissait « une carte routière pour vous faire savoir qui allait finalement la tuer » [83, Cit 9, t 105].
Le 27 septembre, Johnnie Cochran Jr. a attaqué l’accusation avec son plaidoyer final, réfutant l’hypothèse du déguisement avec le bonnet et martelant la célèbre phrase sur le gant [84, cnn 3, Cit 10, t 106]. Il est allé jusqu’à comparer Mark Fuhrman à Adolf Hitler [84, 4, t 106].
Le jury, composé majoritairement de personnes de couleur, a commencé à délibérer le 2 octobre [86, t 107]. Lors du premier sondage secret, le résultat était de 10 « non coupable » contre 2 « coupable » [86, t 107]. Les jurés ont mis en évidence le manque d’ecchymoses sur le corps de Simpson, le peu de sang autour du gant de Rockingham, l’essai infructueux du gant, et le manque de fiabilité de l’analyse ADN issue de l’enquête [87, t 107].
Après seulement trois heures et demie de délibération — alors que les experts judiciaires prévoyaient au moins deux semaines — le jury a rendu son verdict [88, lib 9, t 108]. Certains jurés souhaitaient rentrer chez eux rapidement après de longs mois d’isolement.
Un Acquittement qui Divise la Nation 🇺🇸
Le 3 octobre 1995, le verdict de non-culpabilité fut prononcé à l’unanimité [90, t 108]. Plus de 100 millions de téléspectateurs suivaient l’annonce en direct [90, nyt 31]. La nouvelle a provoqué une chute spectaculaire des appels téléphoniques et un pic de consommation électrique, montrant que le pays s’était arrêté pour le verdict [90, nyt 32].
L’acquittement fut accueilli par des cris de joie et des célébrations, notamment au sein de la large communauté afro-américaine [91, cnn 4]. Un des jurés, Lionel Cryer, a salué Simpson du poing levé des Black Panthers [91, nyt 33]. Après 474 jours d’emprisonnement, O. J. Simpson fut libéré et retourna chez lui [91, nyt 33].
À l’inverse, le verdict choqua l’équipe d’accusation et une grande partie des citoyens blancs, qui étaient convaincus de la culpabilité de Simpson. Fred Goldman, père de Ronald, a estimé que c’était son « deuxième plus grand cauchemar » [92, nyt 33]. Christopher Darden s’est effondré en sanglots lors de la conférence de presse [92, lib 5].
L’Héritage Médiatique et le Clivage Racial 📺
L’affaire a révélé et amplifié une fracture sociale, culturelle et raciale profonde aux États-Unis.
Clivage Racial : Le verdict a accentué le clivage entre les communautés. Un sondage de NBC en 2004 a révélé que 87 % des citoyens blancs estimaient Simpson coupable, contre seulement 18 % des citoyens noirs [94, a 4]. Si ce clivage persiste, la majorité des deux camps penche désormais vers la culpabilité [94, was 13, 34].
Surmédiatisation : Le procès fut le « Procès du Siècle », générant un million de lignes de retranscription [93, lib 10]. Il fut le deuxième procès le plus cher de l’histoire judiciaire américaine, coûtant près de 10 millions de dollars au comté de Los Angeles [93, lib 10, cnn 6]. Les avocats (tous, sauf le juge Ito, ayant publié un livre) sont devenus des célébrités [97, 39, lib 11]. L’argent investi par la défense a été perçu par certains commentateurs comme un facteur déterminant dans l’acquittement [93, cnn 7, 32].
Le procureur Vincent Bugliosi a critiqué sévèrement les erreurs de l’accusation, notamment le fait de ne pas avoir montré au jury la lettre de fuite de Simpson ou certaines preuves de blessures, et de ne pas avoir insisté auprès du jury afro-américain sur le manque d’engagement d’O. J. envers la communauté noire défavorisée.
La médiatisation a également engendré la polémique de la couverture de Time, où une photo de Simpson avait été retouchée pour le noircir et insérer son numéro de prisonnier, suscitant des accusations de manipulation raciste [98, 40, 41, t 110].
Suites Judiciaires : Le Procès Civil
La Responsabilité Financière Reconnue 💰
Quelques mois après l’acquittement pénal, O. J. Simpson a été poursuivi au civil par les familles des victimes (Fred Goldman et Lou Brown) [102, cnn 9]. Dans un procès civil, la charge de la preuve est moins stricte (prépondérance des faits, et non « hors de tout doute raisonnable ») et seulement neuf jurés sur douze sont requis pour la culpabilité [102, cnn 9]. De plus, les caméras de télévision n’étaient pas autorisées [102, cnn 10].
Le jury civil, dont la composition était très différente du jury pénal (composé de neuf Blancs, d’un Asiatique, d’un Asiatique noir et d’un Hispanique) [102, nyt 40], a déclaré Simpson responsable de la mort de Ronald Goldman, ainsi que de coups et blessures sur Ronald Goldman et Nicole Brown [102, lib 15, cnn 11].
En 1997, Simpson a été condamné à payer 33,5 millions de dollars de dommages et intérêts aux familles des deux victimes [4, 103, nyt 40]. Face à cette dette, le juge a ordonné la saisie de nombreux biens et trophées de Simpson [103, cnn 12]. Simpson a ensuite transféré une partie de son patrimoine restant à ses enfants pour le protéger des saisies [103, cnn 13].
La Controverse du Livre If I Did It 📖
Bien qu’acquitté, O. J. Simpson est resté largement perçu comme le principal suspect du double meurtre. En 2006, il a provoqué une immense controverse en préparant la publication d’un livre intitulé If I Did It (en), Here’s How It Happened (Si je l’ai fait, voici comment cela s’est passé). Dans cet ouvrage, il relatait comment il aurait commis le double meurtre, ce que les observateurs ont interprété comme une semi-confession.
Face au tollé général et à l’appel au boycott par des personnalités médiatiques, l’éditeur (ReganBooks) et la chaîne de télévision (Fox), qui avait payé pour une interview exclusive, ont annulé la publication et la diffusion [111, lib 16, 53].
En 2007, la justice a fait don des droits de l’ouvrage à la famille Goldman pour compenser une partie des dommages et intérêts dus [112, was 15, 55]. Le livre a finalement été publié par Beaufort Books sous le titre If I Did It: Confessions of the Killer (Si je l’avais fait, confessions du tueur), avec une typographie de couverture minimisant le mot « IF ».
Depuis ces procès, Simpson a été considéré comme un paria dans l’industrie du spectacle, perdant sa carrière d’acteur, de commentateur sportif, et ses contrats publicitaires.
