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3 Septembre 1189 : Richard Coeur de Lion devient Roi d’Angleterre (Biographie)

Posted on septembre 3, 2025septembre 4, 2025 By Lordkelvin765@gmail.com Aucun commentaire sur 3 Septembre 1189 : Richard Coeur de Lion devient Roi d’Angleterre (Biographie)

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Richard Cœur de Lion : Vie, Règne et Héritage d’un Roi Légendaire 🦁

Richard Ier, dit Cœur de Lion, est une figure emblématique du XIIe siècle, dont la vie fut un mélange fascinant de chevalerie, de stratégie militaire et d’intrigues politiques. Roi d’Angleterre, duc de Normandie, duc d’Aquitaine, comte de Poitiers, du Maine et d’Anjou de 1189 à 1199, Richard incarne l’idéal du souverain-guerrier médiéval. Surnommé « Cœur de Lion » en Occident et « Malek al-Inklitar » par les Sarrasins, il fut considéré comme un héros de son vivant, inspirant d’innombrables récits légendaires. Son règne, bien que principalement passé hors d’Angleterre, eut un impact durable sur l’histoire de l’Europe et du Levant.

Les Jeunes Années et l’Ascension au Pouvoir 👑

Naissance et Famille 👨‍👩‍👧‍👦

Richard naquit le 8 septembre 1157, probablement au palais de Beaumont à Oxford, en Angleterre. Il était le troisième fils d’Henri II d’Angleterre et d’Aliénor d’Aquitaine. Sa naissance en troisième position ne le destinait pas initialement à succéder à son père sur le trône d’Angleterre. Confié à une nourrice nommée Hodierna, Richard passa ses premières années en Angleterre auprès de sa mère. Par la suite, Henri II fit venir Aliénor et Richard à Rouen en mai 1165, avant qu’Aliénor ne s’installe à Angers avec ses enfants.

Héritier de l’Aquitaine 🏞️

En 1168, conformément à la coutume qui voulait que le deuxième fils héritât du patrimoine maternel, Richard fut désigné, à la demande d’Aliénor (qui semblait le préférer), comme héritier du duché d’Aquitaine avec le titre de comte de Poitiers. C’est sa mère, Aliénor, qui lui dispensa une véritable formation dans l’art de gouverner les hommes pendant les cinq années suivantes. Le jeune Richard grandit à Poitiers, immergé dans une atmosphère de poésie courtoise, et s’exerçant à l’équitation, au maniement des armes et à la chasse.

En juin 1172, à l’âge de quatorze ans, Richard fut solennellement investi du comté de Poitou et proclamé duc d’Aquitaine lors de deux cérémonies distinctes. La première eut lieu à Saint-Hilaire de Poitiers, où il reçut la lance et la bannière, symboles du pouvoir ducal, des mains de l’archevêque de Bordeaux et de l’évêque de Poitiers. La seconde se déroula peu après en l’abbaye Saint-Martial de Limoges, où il reçut l’anneau sacré de sainte Valérie, patronne de l’Aquitaine. Malgré cette investiture, Henri II continua de porter le titre de duc d’Aquitaine jusqu’à la fin de son règne, et Richard était souvent désigné comme comte de Poitou du vivant de son père.

Fiançailles Controversées avec Aélis de France 💍

Le 6 février 1169, lors de la rencontre de Montmirail, Richard prêta hommage au roi de France pour l’Aquitaine et fut fiancé à Aélis de France, fille du roi Louis VII le Jeune. Henri II la fit venir à sa cour afin de prendre possession des terres constituant sa dot : le comté d’Aumale et le comté d’Eu. Bien que le traité de Montlouis en 1174 renouvelât la promesse du mariage, Henri II le retarda constamment.

Selon une rumeur rapportée par Giraud de Barri, Henri II aurait eu une liaison avec la jeune Aélis, alors âgée de seize ans, après la mort de sa maîtresse Rosemonde Clifford en 1176. Le pape Alexandre III intervint en 1177, sommant Henri II, sous peine d’excommunication, de procéder au mariage convenu, qui aurait dû inclure le Berry comme dot de l’épousée. Les promesses furent renouvelées en 1183 et 1186, mais le mariage n’eut jamais lieu. Une rumeur voulait même qu’Aélis ait donné naissance à un fils, prétendument d’Henri II.

Après la mort d’Henri II en 1189, Richard fit venir Aélis à Rouen en 1190. Cependant, en 1191, en Sicile et peu avant l’arrivée de Bérengère, Richard informa le roi de France Philippe Auguste qu’il ne pouvait épouser sa sœur en raison du déshonneur qu’il lui reprochait. L’historien Roger de Howden, considéré comme sérieux, rapporta les paroles de Richard : « Je ne rejette pas ta sœur ; mais il m’est impossible de l’épouser, car mon père a couché avec elle et a engendré d’elle un fils. ».

Les Révoltes contre Henri II et la Pacification de l’Aquitaine 🔥

En 1170, son frère aîné, Henri le Jeune, fut couronné roi d’Angleterre du vivant de leur père. En septembre de la même année, Henri II, gravement malade, procéda à une « donation-partage » confirmant les dispositions antérieures, par laquelle Richard reçut l’Aquitaine. En 1171, Aliénor et Richard parcoururent l’Aquitaine lors d’une « tournée de réconciliation », annulant les confiscations et sanctions imposées par Henri II et posant la première pierre du monastère Saint-Augustin de Limoges.

Cependant, les tensions familiales dégénérèrent en révolte. Le 8 mars 1173, Henri le Jeune se souleva contre son père, Henri II, et s’enfuit à la cour de son beau-père, le roi de France. Il fut soutenu par ses frères Richard et Geoffroy II de Bretagne, ainsi que par les principaux barons du Poitou et de l’Aquitaine. Poussés par leur mère, Aliénor, les fils espéraient effectivement remplacer leur père au pouvoir. Aliénor incita Richard à rejoindre le roi de France à Paris, où il fut adoubé chevalier par ce dernier. Avec l’appui du comte Philippe de Flandre, les fils lancèrent une offensive en Normandie en juin 1173.

Henri II réagit promptement, reprenant les forteresses normandes une à une. En novembre 1173, Aliénor fut arrêtée alors qu’elle tentait de s’enfuir vers la cour de France, et fut livrée à son mari. Elle fut placée sous bonne garde, prélude à une captivité de plus de quinze ans en Angleterre. Richard continua seul la lutte en Aquitaine. Bien qu’une trêve fût signée à Gisors le 8 septembre 1174, Richard continua de résister en Poitou, contrairement à ses frères. Henri II, avec une armée de mercenaires brabançons, assiégea Saintes et Taillebourg. Richard fut finalement contraint de se rendre et implora le pardon de son père à Poitiers le 23 septembre 1174. Ses frères l’imitèrent quelques jours plus tard, rétablissant la paix.

Le 30 septembre 1174, la paix fut officiellement signée à Montlouis. Richard reçut deux « domaines convenables » et la moitié des revenus du comté. En janvier 1175, il fut chargé de « pacifier » l’Aquitaine révoltée au nom de son père. Il reprit successivement Agen, Aixe, puis Limoges en 1175, défaits et châtiant sévèrement les rebelles. C’est lors de ces campagnes, où son frère aîné Henri le Jeune s’illustrait dans les tournois, que Richard gagna le surnom de « Cœur de Lion ».

En 1176, Richard escorta sa sœur Jeanne jusqu’à Saint-Gilles-du-Gard pour son mariage avec le roi Guillaume II de Sicile. Début 1177, il mena une nouvelle expédition pour sécuriser les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, s’emparant de Dax et Bayonne. En 1179, lors d’une campagne contre les seigneurs rebelles Geoffroy IV de Rancon et Vulgrin d’Angoulême, Richard s’empara en trois jours de la forteresse jugée imprenable de Taillebourg. En novembre 1179, il assista au couronnement du roi Philippe II de France à Reims et lui rendit hommage pour le duché d’Aquitaine.

De 1182 à 1183, Richard continua de lutter contre les barons rebelles, affrontant une coalition armée des seigneurs de Limoges, Angoulême, Ventadour et Turenne, rejoints par le comte de Périgord. Il ravagea le Limousin, faisant preuve d’une brutalité notoire envers les barons révoltés, ce qui fut rapporté par certains chroniqueurs. Roger de Hoveden, dans une première version de sa chronique, décrivit Richard comme enlevant « de force les épouses, les filles et les parentes des hommes libres » pour en faire ses concubines avant de les livrer à ses milites. Cette brutalité servit de prétexte à Henri le Jeune, jaloux de l’autonomie de Richard, pour soutenir les seigneurs aquitains. Richard refusa de rendre hommage à Henri le Jeune à moins que l’Aquitaine ne lui soit reconnue « en pleine légitimité ». Les luttes reprirent, attisées par Philippe Auguste. Richard, en difficulté, dut faire appel à son père. Cependant, Henri le Jeune tomba gravement malade en juin 1183, pressé par les troupes de son père et de Richard.

Héritier de l’Empire Plantagenêt et Roi d’Angleterre 👑

La mort d’Henri le Jeune, le 11 juin 1183 à Martel, mit fin à la rébellion. Richard devint l’héritier désigné, mais il était peu désireux d’endosser un rôle de roi présomptif privé de pouvoir et n’envisageait pas de renoncer à son Aquitaine. Pourtant, Henri II prévoyait de l’en évincer au profit de Jean. Richard refusa ce remaniement et regagna le Poitou pour défendre son héritage maternel. Ses frères Geoffroy et Jean s’allièrent alors contre lui, ravageant le Poitou avec des mercenaires. Richard engagea un fidèle chef routier, Mercadier.

Les hostilités entre les fils reprirent en 1184. Henri II les convoqua en Angleterre à l’automne 1184 et les réconcilia avant Noël, Aliénor jouant un rôle manifeste dans cet accord de paix. La paix fut de courte durée, Richard reprenant les armes contre Geoffroy peu après Noël. Henri II fit alors venir Aliénor en Normandie, la rétablit (en apparence) dans ses États et exigea de Richard qu’il remette l’Aquitaine à sa mère. Roger de Hoveden rapporta que Richard acquiesça aux conseils de ses amis et revint à son père avec docilité. Cependant, Geoffroy, probablement poussé par le roi de France, continua de réclamer une partie de l’Anjou. Geoffroy mourut brutalement en août 1186 des suites de blessures reçues lors d’un tournoi. En mai 1187, les escarmouches reprirent avec le roi de France.

Philippe Auguste soutint alors le comte Raymond de Toulouse, avec lequel Richard était en conflit. En juillet 1188, Richard captura le chevalier français Guillaume II des Barres. En novembre, lors d’une entrevue en Normandie, Richard se réconcilia soudainement avec le roi de France et lui prononça l’hommage lige pour l’ensemble de ses domaines français, ce qui équivalait à une déclaration de guerre à son propre père, Henri II. Richard passa ensuite les festivités de Noël à Paris en compagnie de Philippe. Richard s’opposa à son père, lui reprochant d’avoir fait d’Aélis sa maîtresse. Henri refusa de confesser son erreur, voulant éviter un incident diplomatique. Richard, résolu à partir en Terre sainte, demanda également à son père de laisser son frère Jean l’accompagner, craignant qu’Henri ne profite de son absence pour couronner son fils cadet. La guerre reprit au printemps 1189, menant à une nouvelle entrevue à Colombiers sans accord, et finalement à la mort d’Henri II à Chinon le 6 juillet 1189.

Après avoir assisté aux funérailles de son père à Fontevraud, Richard se rendit en Normandie, où il reçut l’épée ducale. Il confia à son frère Jean le comté de Mortain ainsi que des possessions en Angleterre. Il reçut également le roi Philippe Auguste, qui lui réclama, sans succès, le château de Gisors. Richard s’embarqua peu après pour l’Angleterre à Barfleur, en compagnie de son frère Jean, et débarqua à Portsmouth. Il retrouva sa mère Aliénor, libérée au préalable par Guillaume le Maréchal, et se rendit à Westminster pour son couronnement. Le chroniqueur Benoît de Peterborough nota que « le royaume tout entier se réjouit de l’arrivée du duc ». Richard fut couronné roi d’Angleterre le 3 septembre 1189 en l’abbaye de Westminster, des mains de l’archevêque de Cantorbéry, Baudouin de Forde. Ses premières mesures en tant que roi furent consacrées à la préparation de son expédition en Terre sainte.

La Troisième Croisade : Gloire et Défis en Terre Sainte ⚔️

Préparatifs et Financements Douteux 💰

Peu après son accession au trône, Richard désigna sa mère Aliénor comme régente en son absence. Pour l’assister en Angleterre, il lui associa Hugues du Puiset, évêque de Durham, et surtout, après la mort de Guillaume de Mandeville, Guillaume de Longchamp, évêque d’Ely, son chancelier et grand justicier du royaume, formant ainsi une sorte de « conseil de régence ».

Afin de lever des fonds colossaux pour la croisade, Richard eut recours à la vente massive d’offices et de biens. Le chroniqueur Benoît de Peterborough décrivit cette politique avec amertume, notant que « tout lui était vendable, aussi bien puissance, domination, comtés, vicomtés, châteaux, villes, butins et autres choses semblables ». Grâce au produit de ces ventes, Richard acquit un immense trésor en argent. Il fut accusé de faire peu pour l’Angleterre, qu’il semblait considérer uniquement comme une source de revenus pour financer son expédition en Terre sainte. Il augmenta les taxes, dépensa la majeure partie du trésor de son père, et rassembla et emprunta autant d’argent qu’il le put, libérant par exemple le roi d’Écosse Guillaume le Lion de son hommage en échange de dix mille marcs d’esterlins. Les réformes importantes de son père en matière de législation et de justice lui permirent de quitter l’Angleterre pour une longue période.

Richard craignait que Philippe Auguste n’usurpe ses territoires en son absence, et le roi de France partageait les mêmes craintes. Les deux rois s’engagèrent donc à défendre mutuellement leurs territoires pendant la croisade et partirent ensemble pour la Palestine. Richard se rendit à Douvres et débarqua en France en décembre 1189, où il fut reçu à Calais par le comte Philippe de Flandre. Il rencontra Philippe Auguste au gué de Saint-Rémy-sur-Avre pour arrêter les détails de l’expédition, et ils se jurèrent une alliance mutuelle, s’engageant à ne pas mener d’hostilités pendant leur pèlerinage. Le départ des croisés eut lieu le 4 juillet à Vézelay, à l’issue d’une cérémonie solennelle.

Le 7 août 1190, Richard s’embarqua à Marseille pour la troisième croisade, confiant sa flotte à Robert de Sablé, vassal du comté du Maine et futur grand maître de l’ordre du Temple. En Angleterre, les relations de Guillaume Longchamp avec les frères de Richard, Jean et Geoffroy, étaient difficiles.

Au cours de l’été 1190, tandis que Philippe Auguste se dirigeait directement vers Messine, où il débarqua le 14 septembre, Richard rejoignit la Sicile en longeant la côte italienne. Il fit étape à Nice, Savone, Gênes, Pise, Ostie, puis Salerne. À Mileto, accompagné d’un seul chevalier, il s’empara d’un oiseau de proie appartenant à un villageois, ce qui lui valut d’être attaqué par les habitants et de devoir user de son épée pour s’échapper. Il atteignit finalement Messine en grande pompe le 3 septembre, son arrivée contrastant avec le débarquement plus modeste de Philippe.

Le Détour Sicilien ⛵

Les vents contraires empêchèrent les deux rois de gagner la Terre sainte, les forçant à passer l’hiver en Sicile. Le royaume normand de Sicile traversait une grave crise de succession depuis la mort du roi Guillaume II de Sicile en novembre 1189 sans héritier direct. Le pape Clément III, hostile aux Hohenstaufen, favorisait l’accession au trône de Tancrède de Lecce, un cousin du roi, aux dépens de l’héritière désignée, Constance de Hauteville, femme de l’empereur Henri VI. Tancrède, couronné roi de Sicile en janvier 1190, était soutenu par la majeure partie des barons de Sicile et d’Apulie, qui refusaient d’être gouvernés par un souverain allemand.

Lors de son accession au trône, Tancrède avait emprisonné la reine Jeanne, veuve de Guillaume et sœur de Richard, et lui avait confisqué les biens hérités du roi de Sicile. Dès son arrivée, Richard réclama la libération de sa sœur et la restitution de son douaire. Pendant ce temps, la présence des deux armées étrangères causa des troubles parmi la population de Messine, exaspérée par le comportement des soldats. Grecs, musulmans et Lombards étaient agacés par l’attitude des croisés, qui agissaient en Sicile comme en terrain conquis.

Le 2 octobre, Richard occupa le monastère de Saint-Sauveur pour faire pression sur Tancrède. Des rixes éclatèrent peu après entre les soldats anglais et la population de Messine. En représailles à l’attaque d’un campement aquitain, Richard prit Messine d’assaut le 4 octobre 1190. Il ordonna l’érection d’un château sur les hauteurs de la ville, qu’il nomma « Mate-Grifons ». La ville fut ensuite remise aux Templiers et Hospitaliers.

Un accord fut rapidement trouvé avec Tancrède, et un traité de paix fut ratifié en novembre. Selon ce traité, la reine Jeanne reçut vingt mille onces d’or en dédommagement de son douaire ; Richard reçut une somme équivalente, et un mariage fut projeté entre son neveu Arthur et la fille de Tancrède. Arthur de Bretagne fut par ailleurs proclamé héritier de Richard si le roi mourait sans descendance. Ce traité ébranla les relations entre l’Angleterre et le Saint-Empire et provoqua la révolte de Jean sans Terre, qui espérait être proclamé héritier à la place de son neveu. En mars 1191, Richard et Philippe signèrent un nouveau traité d’alliance, autorisant Richard à épouser Bérengère de Navarre à la place d’Aélis contre le versement de dix mille marcs d’argent. Durant son séjour en Sicile, Richard rendit également visite au moine Joachim de Flore, qui prophétisa la déroute des infidèles en Terre sainte.

La Conquête Éclair de Chypre 🏝️

L’armée de Richard, forte de 200 navires et 17 000 soldats, prit la mer le 10 avril 1191. Richard s’arrêta sur l’île byzantine de Rhodes pour éviter une tempête. Il la quitta en mai, mais une nouvelle tempête amena sa flotte à Chypre, où trois de ses navires s’échouèrent. L’attitude hostile du prince Isaac Doukas Comnène provoqua, le 6 mai 1191, le débarquement de la flotte de Richard dans le port de Limassol, qui fut prise d’assaut.

Le 12 mai, Richard célébra son mariage avec Bérengère de Navarre à Limassol. Sa sœur Jeanne l’avait suivi depuis la Sicile et assista à la cérémonie. Le mariage ne produisit pas d’héritier, et les opinions divergent sur l’entente entre les époux. Bérengère fut la seule reine d’Angleterre à ne jamais mettre le pied sur cette terre.

Après une vaine tentative de pourparlers avec Isaac, Richard entreprit la conquête de l’île. Il fut renforcé par un contingent en provenance de Saint-Jean-d’Acre mené par Guy de Lusignan. Les quelques Latins de l’île se joignirent à lui, ainsi que les Grecs, révoltés par les sept années du joug tyrannique d’Isaac. Après avoir été défait à Kolossi, Isaac réorganisa sa défense à Trémithoussia, sur la route menant à la capitale Nicosie, où se livra une bataille décisive le 21 mai 1191. Nicosie fut prise, mais Isaac poursuivit la résistance. Une armée commandée par Guy de Lusignan prit alors le port de Cérines et captura la femme et la fille d’Isaac. Isaac capitula et se rendit à Richard, qui devint le nouveau maître de Chypre. Le butin fut considérable. Richard installa des garnisons latines et imposa un lourd tribut aux Grecs en échange du maintien de leurs coutumes.

Avant son départ pour Saint-Jean-d’Acre, Richard confia l’île de Chypre à ses lieutenants Richard de Canville et Robert de Thurnham. Les deux hommes furent chargés d’acheminer du blé, de l’orge et des bestiaux en Syrie pour soutenir l’armée croisée. Mais, peu après le départ du roi, les habitants de Chypre se soulevèrent et proclamèrent leur indépendance. Richard décida alors de vendre l’île à son ami Robert de Sablé, le grand-maître de l’ordre du Temple, pour cent mille besants d’or. Les Templiers y installèrent pendant quelques années leur première base en Orient avant de la vendre à Guy de Lusignan.

La rapide conquête de Chypre, mettant en évidence de réelles capacités stratégiques, rehaussa le prestige de Richard aux yeux de ses contemporains. Elle eut aussi un impact très important sur l’Orient latin. D’un côté, l’île, pleine de ressources, devint un centre de ravitaillement assuré pour la Terre sainte et une escale sûre pour les armadas italiennes. D’un autre côté, elle participa au déclin de l’Orient latin en attirant les colons européens et barons syriens.

Les Combats en Terre Sainte 🛡️

Richard débarqua à Saint-Jean-d’Acre en juin 1191, deux mois après Philippe Auguste. La ville, assiégée depuis deux ans par les Francs et encerclée par l’armée de Saladin, était à bout. L’arrivée du roi Richard, à la fois fabuleux combattant et tacticien, contribua de façon décisive à la prise de Saint-Jean-d’Acre en juillet 1191. Dans la querelle de succession qui opposait Guy de Lusignan à Conrad de Montferrat pour la couronne de Jérusalem, Richard se rangea du côté de Guy, son vassal en Poitou. Les rois croisés parvinrent à un accord selon lequel Guy conserverait la couronne de Jérusalem jusqu’à sa mort, après quoi elle serait confiée à la descendance de Conrad et d’Isabelle de Jérusalem. Le 31 juillet, le roi de France, Philippe Auguste, accompagna Conrad à Tyr puis s’embarqua pour Brindisi, laissant en Terre sainte un contingent mené par le duc Hugues de Bourgogne. Richard prit dès lors le commandement de l’armée franco-anglaise.

Le 20 août, Richard s’illustra sombrement en exécutant 2 700 prisonniers musulmans, avec femmes et enfants, en raison du retard pris par Saladin pour satisfaire les termes de la capitulation de Saint-Jean-d’Acre : la remise de la Vraie Croix, la libération de 1 500 prisonniers chrétiens et le paiement de la rançon convenue. À la suite de cette exécution de masse, le conflit entre chrétiens et musulmans se durcit et « l’on se massacre avec un entrain accru », comme le souligna le chroniqueur arabe Bahâ ad-Dîn. Richard se lança alors dans la conquête du littoral palestinien.

Harcelé par les troupes de Saladin sur son flanc droit, mais protégé par la flotte croisée sur son flanc gauche, Richard dirigea son armée vers le sud le long du littoral. Les croisés ne tombèrent pas dans le piège de la poursuite et restèrent solidement groupés. Cependant, Saladin, ayant reçu des renforts turcomans, engagea la bataille d’Arsouf le 7 septembre 1191 dans une position stratégique très favorable : les croisés étaient encerclés, adossés à la mer. Richard ne perdit pas son calme et tenta une habile manœuvre d’encerclement pour écraser totalement l’armée adverse. Mais un hospitalier et un chevalier anglais chargèrent pour la gloire, entraînant avec eux quelques autres chevaliers. Richard dut alors charger avec toute la cavalerie pour éviter une désorganisation potentiellement fatale. Après de durs combats, les croisés remportèrent la victoire. Celle-ci n’était cependant pas complète ; elle ne conduisit qu’à disperser et repousser l’armée ennemie, Richard n’ayant pu réaliser le mouvement tournant qui lui aurait permis une victoire décisive. Elle renforça néanmoins le moral des croisés et diminua le prestige de Saladin auprès de ses troupes.

Saladin fut contraint de se retirer à Ramla, sur la route de Jérusalem, d’où il guettait les prochains mouvements des croisés. Richard poursuivit son avancée jusqu’à Jaffa, mais marqua un temps d’arrêt pour reconstruire les fortifications de la ville et faire reposer ses hommes. L’armée de Saladin restait une menace pour les croisés, et Richard refusa de s’aventurer plus avant. Le sultan en profita pour renforcer les défenses de Jérusalem et raser la ville d’Ascalon.

Richard et Saladin entamèrent alors des négociations en vue d’une trêve. Le roi d’Angleterre exigea dans un premier temps la restitution de Jérusalem et de l’ensemble du territoire à l’ouest du Jourdain, ainsi que la Vraie Croix. Après avoir essuyé un refus, Richard proposa un mariage entre sa sœur Jeanne et le frère de Saladin, Al-Adel, ainsi que la restitution des villes côtières récemment conquises. Le 8 novembre, Richard participa à un banquet organisé par Al-Adel à Lydda. En parallèle, des négociations étaient menées entre Saladin et Conrad de Montferrat. Durant cette période, les combats entre les deux armées furent sporadiques ; Richard échappa néanmoins de justesse à une embuscade alors qu’il se livrait à la fauconnerie.

Le 22 novembre 1191, l’armée de Richard gagna Ramla, préalablement rasée et vidée de ses habitants par Saladin. Richard passa Noël à Latroun puis gagna la forteresse de Betenoble, à une vingtaine de kilomètres de Jérusalem. Les barons syriens et les maîtres du Temple et de l’Hôpital lui déconseillèrent néanmoins de mener un assaut contre la Ville sainte. La saison était mauvaise, et ces derniers savaient qu’ils ne pourraient tenir Jérusalem une fois tous les croisés repartis. Ambroise, dans son Estoire de la guerre sainte, rapporta : « Ils disaient que même si la cité était prise, ce serait une entreprise fort périlleuse si elle n’était pas aussitôt peuplée de gens qui y demeurassent car les croisés, tous autant qu’ils étaient, dès qu’ils auraient fait leur pèlerinage, retourneraient dans leur pays, chacun chez soi, et une fois dispersés, la terre serait perdue à nouveau. ».

Le 20 janvier 1192, Richard et les restes de son armée revinrent à Ascalon, où ils demeurèrent près de quatre mois pour en reconstruire les fortifications. Conrad refusa de lui venir en aide, tandis que le contingent français se replia à Saint-Jean-d’Acre. En difficulté financière et à la tête d’une armée affaiblie, Richard entama de nouvelles négociations de paix avec Saladin. Afin de mettre définitivement un terme à la querelle entre Guy de Lusignan et Conrad de Montferrat, il convoqua une assemblée de barons à Ascalon et les invita à se choisir un chef. Tous désignèrent le marquis de Montferrat et supplièrent Richard de l’établir comme roi. Richard envoya donc son neveu Henri de Champagne en ambassade à Tyr pour confier à Conrad le royaume de Jérusalem. Alors qu’il préparait la cérémonie de couronnement, Conrad fut subitement assassiné le 28 avril 1192 par deux ismaëliens. Pour ne pas laisser le royaume sans roi, sa veuve Isabelle fut remariée quelques jours plus tard, le 5 mai 1192, à Henri de Champagne.

Le 22 mai 1192, Richard s’empara de la forteresse de Daron. Il fut renforcé peu après par les troupes françaises d’Henri de Champagne, qui l’enjoignirent d’attaquer à nouveau Jérusalem. Richard reçut au même moment de mauvaises nouvelles en provenance d’Angleterre : Jean, soutenu par des barons anglais et la complicité de Philippe Auguste, complotait pour s’emparer du royaume. Richard informa ses proches de son intention de quitter la Palestine. Il ne s’engagea qu’à contrecœur dans cette nouvelle campagne. Après un séjour d’un mois à Beit Nouba et plusieurs escarmouches entre croisés et musulmans, Richard renonça et ordonna la retraite.

Le 26 juillet 1192, Richard était à Saint-Jean-d’Acre et préparait une nouvelle opération en direction de Beyrouth. Plus au sud, Saladin en profita pour attaquer Jaffa par surprise. Après cinq jours de siège et de bombardements, la ville céda et les Francs furent contraints de se replier vers la citadelle. Une barque fut envoyée à Acre pour annoncer l’événement. Le 1er août, la citadelle était sur le point de céder lorsque Richard débarqua avec une petite armée ainsi que l’appui de navires pisans et génois. Les troupes musulmanes furent repoussées, et l’armée de Saladin prit la fuite jusqu’à Yazour. Les 4 et 5 août, une contre-offensive musulmane fut de nouveau écrasée, et Saladin fut contraint de se replier vers Jérusalem.

Les deux hommes débutèrent alors des pourparlers de paix qui se poursuivirent pendant un mois. Le 2 septembre 1192, Richard signa avec Saladin le traité de Jaffa, une trêve de « trois ans, trois mois, trois jours et trois heures ». Ce traité autorisait les pèlerins chrétiens (y compris les croisés actuels en qualité de pèlerins sans armes) à visiter les Lieux saints sans avoir à payer de taxes ou droits, ni à subir de vexations. Richard fit également libérer les prisonniers chrétiens, notamment Guillaume de Préaux. Il refusa cependant de se rendre à Jérusalem, puisqu’il « n’a pu l’arracher des mains de ses ennemis ». Richard finit par rembarquer à Acre le 9 octobre 1192, en direction de l’Angleterre.

La Capture en Autriche et la Rançon Royale ⛓️

Un Voyage Semé d’Embuches 🌍

Sur le chemin du retour, le mauvais temps contraignit Richard à faire escale sur l’île de Corfou, possession de l’Empire byzantin. Afin d’éviter d’être capturé, il se déguisa en marchand puis monta à bord d’un bateau pirate qui le déposa près de Zara. Richard poursuivit son voyage par voie terrestre à travers la Carinthie et l’Autriche, dans le but de rejoindre les terres de son beau-frère Henri le Lion.

L’Arrestation et la Détention 🏰

Le 21 décembre 1192, il fut reconnu et arrêté alors qu’il effectuait une halte dans une auberge de Vienne. Il fut amené devant le duc Léopold d’Autriche, son ennemi depuis qu’il l’avait humilié à Acre. Léopold le fit étroitement garder, nuit et jour, par des chevaliers en armes, mais il ne fut pas mis aux fers. Après un séjour de trois mois au château de Dürnstein, Richard fut livré à l’empereur Henri VI contre la somme de soixante-quinze mille marcs d’argent ; il fut ensuite détenu au château de Trifels.

Le Jugement et la Rançon Colossale 💲

En mars 1193, Richard fut conduit devant la diète d’empire à Spire pour être jugé. Il fut de nouveau accusé du meurtre de Conrad de Montferrat et de trahison envers la Terre sainte. L’empereur fixa la rançon de Richard à cent cinquante mille marcs d’argent du poids de Cologne, soit 34 tonnes de ce métal. Bien que les conditions de sa captivité ne fussent pas strictes, il était frustré par l’impossibilité de voyager librement. C’est de cet emprisonnement qu’est tirée la légende de Blondel.

En soutien à Richard, le pape Célestin III excommunia le duc Léopold et menaça d’interdit Philippe Auguste s’il tentait de s’emparer des terres du roi d’Angleterre. Le roi de France s’empara néanmoins de la forteresse de Gisors en avril 1193.

Aliénor d’Aquitaine parvint à faire libérer Richard le 4 février 1194, contre le versement de cent mille marcs d’argent et la remise de plusieurs otages. Richard fut par ailleurs contraint de devenir le vassal de l’empereur, avec le devoir de payer un tribut de cinq mille livres sterling par an. Richard et Aliénor gagnèrent ensuite Cologne, puis Anvers. Ayant appris la libération de Richard, Philippe Auguste aurait envoyé un message à Jean sans Terre : « Prenez garde, le diable est lâché ».

La Guerre Contre Philippe Auguste et la Mort à Châlus 💔

Retour en Angleterre et Reprise en Main 🇬🇧

Le 13 mars 1194, Richard débarqua au port de Sandwich et retrouva l’Angleterre, où il reçut un bon accueil. Durant son absence, Jean sans Terre s’était allié au roi de France afin de récupérer les terres de son frère. Richard reprit immédiatement à son frère les forteresses de Nottingham et de Tickhill.

Décidé à reprendre les territoires cédés par son frère au roi Philippe Auguste, Richard s’embarqua pour la Normandie le 12 mai et confia le gouvernement du royaume à l’archevêque Hubert Gautier. Il ne reviendra plus jamais en Angleterre.

Richard débarqua à Barfleur, où il fut accueilli avec enthousiasme par les Normands, puis gagna Lisieux. Il reçut alors le ralliement de son frère Jean sans Terre, à qui il accorda son indulgence : « N’ayez crainte, Jean, vous êtes un enfant. Vous avez été en mauvaise garde. Ceux qui vous ont conseillé le paieront ».

Campagnes Militaires et Victoires Stratégiques 💪

Richard se mit ensuite en route pour Verneuil-sur-Avre, assiégée par Philippe Auguste. Richard campa à l’Aigle, non loin de Verneuil. Le roi de France, sentant qu’il ne pourrait pas faire face à Richard, profita des fêtes de la Pentecôte pour lever le siège le 29 mai, abandonnant une partie de son camp et de son approvisionnement. Richard entra triomphalement à Verneuil le 30 mai. Dès lors, Richard eut pour dessein de reprendre le contrôle des forteresses objet du traité signé en janvier entre Philippe et Jean, ou d’en empêcher la prise, car tous les gouverneurs n’avaient pas accepté les clauses de ce traité. Il descendit sur l’Anjou.

Le roi Philippe Auguste, après avoir abandonné le siège de Verneuil le 28 mai, se dirigea vers Évreux d’où il chassa Jean et saccagea la ville, n’épargnant même pas l’église Saint-Taurin. Tandis qu’il assiégeait et détruisait le château de Fontaine puis Châteaudun à la mi-juin, les troupes de Richard, aidées des contingents navarrais du frère de Bérengère, Sanche de Navarre, encerclèrent Loches et investirent le château sans grand succès. Richard, pour sa part, se trouvait à Tours le 11 juin, où il imposa amendes et confiscations aux bourgeois et aux chanoines ralliés au roi de France. Le 13 juin, il rejoignit ses troupes à Loches. La ville fut prise d’assaut dès le lendemain. La prise de Loches fut une grande victoire en raison de sa position stratégique, permettant à Richard de pacifier rapidement la région et de la rallier à lui.

Philippe talonna Richard le long de la Loire afin de réduire sa liberté de manœuvre. Les deux rois se rejoignirent le 3 juillet près de Vendôme. Le 4 juillet, tandis que Richard provoquait son adversaire au combat à Fréteval, Philippe s’enfuit avec son armée. Richard engagea la poursuite, laissant le reste de ses troupes sous le commandement de Guillaume le Maréchal. À l’approche de Richard, le roi de France abandonna ses bagages et se réfugia dans une église. Richard, le croyant devant lui, le pourchassa, aidé par Mercadier qui lui fournit une nouvelle monture. Selon Jean Flori, « Richard a, ce jour-là, réellement l’intention de tuer Philippe ou pour le moins de le faire prisonnier ». Il ne parvint pas à capturer son rival, mais s’empara de son camp, de son trésor et de ses archives. La perte du sceau royal et de nombreux chartes et documents fiscaux et domaniaux à Fréteval serait à l’origine de la création des Archives royales. Cette bataille permit à Richard et à ses armées de prendre un ascendant certain ; il poursuivit la pacification de l’Aquitaine et soumit les barons révoltés. Dans une note à Hubert Gautier datée du 22 juillet, Richard résuma ainsi les précédents combats : « Sachez que, par la grâce de Dieu qui en toutes choses soutient le droit, nous nous sommes emparés de Taillebourg, de Marcillac et de tout le territoire de Geoffroi de Rancon ; aussi la ville d’Angoulême, Châteauneuf-sur-Charente, Montignac, Lachaise, tous les autres châteaux et tout le territoire du comte d’Angoulême ; nous avons capturé la ville et la citadelle d’Angoulême en une seule soirée ; nous avons pris en tout 300 chevaliers et 40 000 soldats. ».

Richard et Philippe signèrent une trêve le 23 juillet, favorable au roi de France puisqu’elle préservait le statu quo, et se maintint jusqu’en juillet 1195. Des pourparlers de paix s’engagèrent à nouveau, mais échouèrent à la suite de la destruction du château de Vaudreuil par Philippe. Richard gagna le Berry où il récupéra le terrain conquis et s’empara d’Issoudun. En novembre, les opérations militaires se succédèrent en Normandie et en Berry ; en décembre, une nouvelle trêve fut signée.

En janvier 1196, Richard et Philippe signèrent un traité de paix favorable au roi d’Angleterre. Richard céda Gisors et le Vexin normand à Philippe, qui lui abandonna les différentes conquêtes qu’il avait faites en Normandie et ses prétentions sur le Berry et l’Auvergne. Quelques mois après le traité, la guerre reprit en Normandie, et Richard assiégea Gaillon dont Lambert Cadoc était le châtelain. Du haut de la tour, Cadoc repéra Richard et le blessa d’un trait d’arbalète : le trait atteignit le roi au genou et tua son cheval. Ironiquement, c’est Richard lui-même qui avait recruté Lambert Cadoc au Pays de Galles ainsi que d’autres mercenaires gallois pour combattre le roi de France, mais une partie de ces Gallois, dont Lambert Cadoc, poussés par leur haine des Normands et des Saxons, avaient fait défection et rejoint l’autre camp.

Après une courte trêve, la guerre reprit à l’été 1196. Richard envahit la partie du Vexin sous contrôle français. Battu devant Aumale, Richard fit construire une série de châteaux, dont le célèbre Château-Gaillard aux Andelys, dont il dirigea lui-même les travaux. Il ordonna également la construction des châteaux de Radepont, Montfort-sur-Risle, Orival, et fit améliorer le château de Moulineaux. En parallèle, Richard sécurisa son flanc sud en mariant sa sœur Jeanne avec le comte Raymond VI de Toulouse. Il parvint également à soustraire deux puissants alliés de Philippe, Baudouin de Flandre et Renaud de Boulogne, qui passèrent dans le camp anglais.

La guerre reprit au printemps 1197, avec la capture de l’évêque Philippe de Dreux par les troupes de Mercadier. Philippe fut contraint d’affronter le comte Baudouin devant Arras, tandis que Richard lançait une offensive en Auvergne. Le roi d’Angleterre remporta de nouveaux succès diplomatiques en débauchant des vassaux de Philippe : les comtes Hugues de Saint-Pol, Baudouin de Guînes, Geoffroy du Perche et Louis de Blois. En septembre 1198, Richard battit une première fois Philippe Auguste entre Gamaches et Vernon, puis une deuxième fois le 27 lors de la bataille de Gisors. Le 13 janvier 1199, les deux rois signèrent une trêve de cinq ans favorable à Richard.

La Mort Tragique à Châlus 😔

Fort de ses réussites, Richard décida de pacifier l’aristocratie aquitaine. En mars 1199, une nouvelle révolte du comte d’Angoulême l’obligea à mener ses armées en Limousin. Le 23 mars 1199, Richard rejoignit Mercadier au siège du château de Châlus-Chabrol, possession du vicomte Adémar V de Limoges, dont il était venu châtier la révolte et prendre les châteaux.

Le 26 mars, le roi fut atteint à l’épaule par un carreau d’arbalète. L’auteur du tir n’est pas identifié avec certitude, les récits des chroniqueurs divergeant sur ce point.

  • Roger de Hoveden, dans un récit très romancé, accusa le chevalier Bertrand de Gourdon, qui aurait ensuite été écorché par Mercadier. Cependant, l’abbé Arbellot a démontré que Bertrand de Gourdon était toujours vivant en 1231.
  • De façon beaucoup plus certaine, selon Jean Flori, Mathieu Paris, Raoul de Diceto et Bernard Itier (dans une note marginale de la Chronique de Geoffroy de Vigeois), ainsi que Roger de Wendover, évoquèrent un petit noble local, Pierre Basile.
  • Gervais de Canterbury fut l’un des rares chroniqueurs à rendre Jean Sabraz responsable de la mort du roi.
  • Guillaume le Breton, dans un récit qui tient plus du mythe que de l’histoire, mentionna un certain Dudon.

Le carreau fut retiré, mais la gangrène s’installa. Les chroniqueurs s’accordent sur le fait que Richard, sur son lit de mort, fit venir l’auteur du trait mortel, lui accorda son pardon et demanda qu’il soit épargné. Richard mourut le 6 avril 1199, onze jours après sa blessure, au château de Châlus, qui était tombé entre-temps. Aliénor se trouvait à son chevet, arrivée à temps pour assister aux derniers instants du roi, son fils.

Son corps fut inhumé en l’abbaye de Fontevraud, le 11 avril 1199 (dimanche des Rameaux), avec les honneurs royaux, par l’évêque de Lincoln. Aliénor commanda alors un gisant polychrome, daté d’environ 1200. Son cœur embaumé fut enfermé dans un reliquaire et enterré dans un tombeau, surmonté plus tard d’un gisant à son effigie, en la cathédrale de Rouen. Ses entrailles furent déposées en l’église du château de Châlus-Chabrol. Cette partition du corps (dilaceratio corporis), avec des sépultures multiples (cœur, entrailles et ossements), était une pratique initiée au milieu du XIe siècle par les chevaliers et souverains du royaume d’Angleterre et du Saint-Empire romain germanique morts en croisade ou loin du lieu de sépulture qu’ils avaient choisi.

Selon Roger de Hoveden, Philippe de Cognac, fils illégitime supposé de Richard, aurait vengé la mort de son père en assassinant Adémar de Limoges. En mai 1199, Jean succéda à Richard sur le trône d’Angleterre. Les barons d’Anjou, du Maine et de Touraine le rejetèrent initialement, lui préférant Arthur de Bretagne, neveu de Richard et Jean, dont les droits étaient juridiquement meilleurs que les siens.

Personnalité, Réputation et Héritage 🌟

Le Caractère « Oc e No » et la Vaillance Légendaire 🤔

Richard reçut de Bertran de Born le surnom de « Oc e No » (Oui et Non) en raison de son impulsivité, marquée par de nombreux retournements de conduite et la prise soudaine de résolutions contraires. Après avoir mené de nombreuses actions contre son père, il partit en guerre avec la même résolution contre ses anciens partisans. Il tenait probablement ce trait de caractère de son père, Henri II, qui était également impulsif et violent. Pour John Gillingham, le surnom Oc e no renvoie au contraire à la détermination de Richard et à son esprit de décision.

La réputation de courage et de vaillance qui lui valut le surnom de Cœur de Lion apparut très tôt, sans doute dès la Troisième Croisade. Ambroise, dont l’Estoire de la guerre sainte fut rédigée du vivant de Richard, racontait déjà les faits d’armes du « preuz reis, le quor de lion ». Ce surnom apparaît également dans une notice nécrologique rédigée par le chroniqueur Bernard Itier. Plus d’un demi-siècle plus tard, la réputation de Richard était encore vivace en Terre sainte ; ainsi Jean de Joinville rapportait : « Le roi Richard fit tant d’exploits outre-mer la fois où il y fut que, quand les chevaux des Sarrasins avaient peur de quelque buisson, leurs maîtres leur disaient : “Crois-tu, faisaient-ils à leurs chevaux, que ce soit le roi Richard d’Angleterre ?” Et quand les enfants des Sarrasines criaient, elles leur disaient : “Tais-toi, tais-toi, ou j’irai chercher le roi Richard, qui te tuera !” ».

Cette réputation de bravoure était partagée par les sources musulmanes. Selon Ibn al-Athîr, un historien arabe du XIIIe siècle, Richard fut « l’homme le plus remarquable de son temps par sa bravoure, sa ruse, son activité, sa patience. À cause de lui les Musulmans furent éprouvés par une calamité qui n’avait pas sa pareille ». Bahā’ ad-Dīn, le biographe de Saladin, décrivit également Richard comme « un homme très puissant, de grand courage et de cœur élevé ». Il nota aussi que le roi d’Angleterre fut « inférieur au roi de France par son royaume et par son rang », mais « supérieur en richesses, plus fameux et plus preux dans la bataille ».

Mécène et Poète 🎶

Richard fut un mécène et protecteur des troubadours et trouvères de son entourage, bénéficiant d’immenses ressources matérielles. Élevé à la cour de Poitiers auprès de sa mère, il montra un goût prononcé pour la littérature. Il était lui-même poète, intéressé par l’écriture et la musique, et deux poèmes lui sont attribués. Le premier est un serventois en langue d’oïl, Dalfin je us voill desrenier, et le second est une complainte (dite rotrouenge) en langue d’oc, Ja nus homs pris. Selon Martin Aurell, les dernières recherches de Charmaine Lee ont établi que cette chanson a été écrite en langue d’oïl, et la tradition manuscrite le prouve. Richard composa cette chanson, dédiée à sa « comtesse-sœur », Marie de Champagne, durant sa triste captivité en Allemagne. Selon Jean Flori, cette complainte « fournit à la postérité une nouvelle image de cet homme aux talents multiples, roi, chevalier, poète et troubadour ».

Voici un extrait de cette complainte : Ja nuls hom pres par Richard (en langue d’oc) I Ja nuls hom pres non dira sa razon, Adrechament, si com hom dolens non; Mas per conort deu hom faire canson. Pro n’ay d’amis, mas paure son li don; Ancta lur es si, per ma rezenson, Soi sai dos ivers pres. … V Suer comtessa, vostre pretz soberain, Sal Dieus, e gart la bela qu’ieu am tan, Ni per cui soi ja pres.

(en langue d’oil) I Ja nuls homs pris [prisonnier] ne dira sa raison, Adroitement, s’ainsi com dolans non [comme ceux qui ne souffrent pas] ; Mais par confort puet il faire chançon. Molt ai d’amis, mais povre sont li don : Honte en auront, se por ma reançon Sui ces deux hivers pris. … VII Contesse suer, vostre pris souverain, Vos salt et gart cil a cui je me claim Et par cui je sui pris.

Le Mythe de Robin des Bois 🏹

La légende de Robin des Bois, d’abord située sous le règne d’Édouard II (vers 1322), fut déplacée pour la première fois par John Major en 1521, pour la situer au règne de Richard Ier. Il n’y a pas de certitude historique sur Robin, qui peut avoir vécu au XIIe, XIIIe ou XIVe siècle. C’est donc bien plus tard qu’un lien fut établi entre les deux hommes, affirmant que le but poursuivi par Robin était de restaurer Richard sur le trône usurpé par le prince Jean lors de la captivité de Richard, entre 1192 et 1194. Cependant, en réalité, Richard n’avait guère plus de soutien populaire en Angleterre que son frère Jean.

Débats sur la Sexualité de Richard 🏳️‍🌈

L’amitié entre Philippe Auguste et Richard, qui se connaissaient depuis l’enfance, a parfois été assimilée à une relation homosexuelle, notamment par l’historien britannique John Harvey en 1948. Pour l’historien britannique John Gillingham, biographe de Richard Cœur de Lion, cette idée d’un roi homosexuel, apparue au XXe siècle, s’appuie sur des interprétations anachroniques des éléments connus. Pour lui, la sexualité de Richard ne peut être établie avec certitude. Pour l’historien William E. Burgwinkle, le fait qu’il n’y ait pas de preuves formelles de son homosexualité ne doit pas pour autant faire conclure à son hétérosexualité.

Certains chroniqueurs du XIIe siècle, notamment Benoît de Peterborough, parlent d’« amour » entre les deux jeunes hommes qu’étaient alors Richard et Philippe Auguste, et soulignent qu’ils partageaient le même lit. Ce lien très fort unissant les deux hommes fut définitivement brisé peu après et se transforma en haine. Quoi qu’il en soit, ses contemporains le supposaient hétérosexuel. L’historien Jean Flori n’adhère pas à la thèse d’un roi homosexuel. Pour lui, conclure à une relation homosexuelle relève d’une interprétation trop « moderne » du terme « amour », et il ajoute que partager le même lit « n’avait pas alors la connotation sensuelle qu’on peut y déceler aujourd’hui ». Toutefois, sur la base des récits des pénitences de Richard en 1191 et 1195 pour des péchés de sodomie et de bougrerie, Jean Flori conclut à la probabilité d’une bisexualité. Pour l’historien William E. Burgwinkle, rien dans les chroniques contemporaines ne permet d’affirmer qu’en dehors de la forte affection qu’il avait à l’égard de Philippe Auguste, Richard ait été épris de quiconque, homme ou femme.

À 34 ans, sous la pression de sa mère, Richard épousa Bérengère de Navarre. Le couple se voyait très rarement, et ce mariage fut avant tout un mariage de convenance. D’après le chroniqueur contemporain Roger de Hoveden, après l’avertissement d’un ermite et étant tombé subitement malade, Richard fit pénitence pour s’être éloigné de sa femme et se réconcilia charnellement avec elle. Il ne montra toutefois aucune volonté visible de concevoir un héritier. Le chroniqueur contemporain Benoît de Peterborough accusa aussi Richard de viols sur des femmes du peuple. Pour Burgwinkle, un viol n’est pas l’indication d’un désir sexuel pour les femmes mais un désir de contrôle, et dans le cas de Richard, certainement un contrôle politique. Sa conclusion est qu’affirmer que Richard Cœur de Lion était hétérosexuel est illusoire.

Richard eut un fils illégitime, Philippe de Cognac, avec une maîtresse inconnue. Ce dernier épousa Amélie de Cognac et aurait vengé son père en assassinant Adémar V de Limoges en 1199.

Un Héritage Durable ⏳

Richard Cœur de Lion demeure une figure complexe et fascinante, un roi absent de son royaume mais omniprésent dans la légende et l’imaginaire collectif. Son règne de dix ans, bien que marqué par une seule année passée en Angleterre et son incapacité à apprendre l’anglais, fut dédié à l’utilisation de toutes ses ressources pour la Troisième Croisade, où il s’illustra par des victoires retentissantes contre Saladin. Par la suite, il défendit ses territoires français contre Philippe Auguste, avec qui il avait pourtant pris la croix.

Ses prouesses militaires, sa détermination inébranlable et sa participation à la croisade ont forgé une image de chevalier exemplaire qui a transcendé les siècles. Malgré les controverses entourant sa personnalité, sa vie privée et ses méthodes parfois brutales, Richard Ier reste l’un des monarques les plus célèbres de l’histoire anglaise et française, incarnant l’idéal du souverain-guerrier médiéval. Son héritage est celui d’un roi dont le cœur appartenait à la guerre et à l’aventure, laissant derrière lui une légende plus grande que le royaume qu’il dirigeait.

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