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30 Juin 1934 : Nuit des longs couteaux en Allemagne

Posted on juin 30, 2025juin 30, 2025 By Lordkelvin765@gmail.com Aucun commentaire sur 30 Juin 1934 : Nuit des longs couteaux en Allemagne

La Nuit des Longs Couteaux : Anatomie d’une Purge Politique et Consolidation du Pouvoir Nazi

Bienvenue dans cet article dédié à l’un des épisodes les plus sombres et décisifs de l’histoire allemande du XXe siècle : la Nuit des Longs Couteaux. Cette expression désigne les assassinats perpétrés par les nazis en Allemagne, majoritairement au sein de leur propre mouvement, entre le vendredi 29 juin et le lundi 2 juillet 1934, avec une intensité particulière durant la nuit du 29 au 30 juin 1934. Cet événement crucial a permis à Adolf Hitler de consolider son pouvoir de manière brutale et irréversible, éliminant les menaces internes et externes à son régime. Plongeons dans les détails de cette purge sanglante, ses origines, son déroulement et ses conséquences profondes pour l’Allemagne nazie.


1. Comprendre la Nuit des Longs Couteaux : Définition et Contexte Historique 📈

1.1. Qu’est-ce que la Nuit des Longs Couteaux ? 🔪

L’expression « Nuit des Longs Couteaux » est couramment utilisée dans les historiographies francophone et anglophone pour désigner la purge de 1934. Cependant, elle est quasiment absente chez les auteurs germanophones, qui emploient le plus souvent la locution « Röhm-Putsch ». Otto Strasser, quant à lui, la qualifiait de « nuit de la Saint-Barthélemy allemande ». Son origine exacte est incertaine, certains faisant référence au refrain d’une chanson de marche des SA. Adolf Hitler lui-même n’a utilisé l’expression qu’une seule fois, lors de son discours du 13 juillet 1934 devant le Reichstag, pour qualifier la tentative supposée de coup d’État de Röhm. Selon l’historien François Kersaudy, l’expression pourrait venir des SA eux-mêmes, qui, fin 1933, évoquaient une « deuxième révolution » pour laquelle « ils aiguisaient leurs longs couteaux ».

Concrètement, il s’agit d’une série d’assassinats menés par les nazis contre des membres de leur propre mouvement, principalement la Sturmabteilung (SA), ainsi que d’autres opposants politiques. Ces exécutions eurent lieu majoritairement dans la nuit du 29 au 30 juin 1934, mais s’étendent sur plusieurs jours, jusqu’au 2 juillet.

1.2. L’Ascension de Hitler et les Tensions Croissantes 💥

Depuis son accession au pouvoir en janvier 1933, Adolf Hitler était confronté à des tensions croissantes. Deux forces principales s’opposaient alors : d’un côté, les milieux conservateurs et la Reichswehr (l’armée allemande) et de l’autre, la Sturmabteilung (SA), dirigée par Ernst Röhm.

La violence et la terreur de rue exercées par la SA, principalement entre 1926 et 1933, avaient été des outils précieux pour Hitler dans sa conquête du pouvoir et immédiatement après. Elles avaient été marquées par plusieurs centaines d’assassinats. Cependant, en 1934, cette même brutalité et autonomie de la SA devinrent encombrantes pour Hitler. Son objectif était alors de stabiliser son régime et, pour ce faire, il avait impérativement besoin du soutien des partis conservateurs et, surtout, de l’armée. Cette nécessité était d’autant plus pressante que se profilait la succession du président Paul von Hindenburg, âgé et de santé fragile, sur qui l’armée dépendait encore.

Officiellement, la purge fut présentée comme une action visant à contrecarrer une tentative de coup d’État de Röhm. Cette conspiration était en réalité une pure invention, échafaudée de toutes pièces par des figures clés du régime : Heinrich Himmler, Reinhard Heydrich et Hermann Göring. La véritable motivation de cette purge était de briser définitivement toute velléité d’indépendance de la SA. Elle permit à Hitler de se débarrasser de l’aile populiste du parti nazi qui, prenant au sérieux les promesses du NSDAP, souhaitait qu’une véritable révolution sociale suive la révolution politique déjà opérée. La purge frappa également des milieux conservateurs, en particulier la droite catholique, que Hitler considérait comme « non fiables ».


2. La Sturmabteilung (SA) : Force de Frappe et Foyer de Conflit ⚔️

2.1. Les Racines et le Rôle Originel de la SA (H3)

La Sturmabteilung (SA), dont l’histoire est intrinsèquement liée à celle d’Ernst Röhm, fonctionnait depuis les années 1920 comme une milice autonome. Hitler l’utilisait efficacement pour intimider ses rivaux politiques et perturber les réunions des partis adverses, notamment celles des sociaux-démocrates et des communistes.

Sa création et son essor furent étroitement liés au climat chaotique et à la violence politique qui caractérisaient la République de Weimar dès sa naissance. Des événements tragiques comme les assassinats de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht en 1919, celui de Walther Rathenau en 1922, ou encore le putsch de Kapp en 1920, témoignaient de cette atmosphère tendue. Les agissements des membres de la SA, à l’instar de ceux du Stahlhelm, démontraient que la violence était devenue un argument politique. Un grand nombre de SA étaient d’anciens membres des Freikorps (corps francs), des unités paramilitaires qui avaient violemment réprimé les révolutions communistes, socialistes et anarchistes.

La Grande Dépression des années 1930 favorisa la montée en puissance de la SA. La crise économique avait ébranlé la confiance de nombreux Allemands envers les institutions traditionnelles. La SA réussit ainsi à attirer de nombreux ouvriers au nazisme, en associant habilement une forme de solidarité de classe à une ferveur nationaliste.

Les membres de la SA étaient tristement célèbres pour leur agressivité et leur brutalité. En juin 1932, l’un des mois les plus violents de la République de Weimar, on dénombra plus de 400 batailles de rue à travers l’Allemagne, causant 82 morts et 400 blessés graves. Ces confrontations violentes entre la SA et les opposants aux nazis, en particulier la milice du KPD (Parti communiste d’Allemagne), contribuèrent à déstabiliser l’expérience démocratique de la République de Weimar. Elles servirent même de prétexte aux mesures autoritaires prises par le chancelier Franz von Papen en juillet 1932, un objectif précisément visé par Hitler.

2.2. Ernst Röhm : Le Chef Charismatique et ses Ambitions (H3)

La SA était dirigée par Ernst Röhm, un vétéran prestigieux de la Première Guerre mondiale, qui avait également fait partie de l’état-major de la Reichswehr en Bavière. Nazi de la première heure, il avait participé au putsch de la Brasserie en 1923, menaçant même d’exécuter douze hommes pour chaque victime de la SA. Après l’échec du putsch, il s’était réfugié en Bolivie, mais Hitler le rappela en Allemagne en 1930 pour qu’il reprenne le commandement de la SA.

Röhm nourrissait une ambition claire : il souhaitait que la SA soit indépendante du parti nazi et qu’elle puisse jouer un rôle politique à part entière. Comme de nombreux membres de la SA, Röhm prenait très au sérieux la promesse de révolution sociale du NSDAP. Pour eux, l’arrivée au pouvoir des nazis devait être suivie de mesures économiques et sociales radicales, une vision qui allait entrer en conflit avec les plans de Hitler.

2.3. La SA après la Prise de Pouvoir : Entre Exactions et Frustrations (H3)

La nomination de Hitler comme chancelier le 30 janvier 1933 ne mit pas fin aux exactions de la Sturmabteilung. Au contraire, ses membres, imprégnés d’une culture de la violence, continuèrent à pourchasser les opposants réels ou supposés. Sous l’emprise de la boisson, ils écumaient les rues allemandes, battant des passants et s’en prenant même aux policiers chargés de faire régner l’ordre.

À Berlin, la SA créa une cinquantaine de « microcamps de concentration » improvisés dans des caves ou des dépôts, où leurs victimes étaient battues à mort, torturées ou égorgées. Les plaintes concernant le comportement des SA devinrent fréquentes dès l’été 1933. Rudolf Diels, le premier chef de la Gestapo, décrivit après la guerre l’horreur de ces prisons SA, où les interrogatoires se terminaient par des passages à tabac, causant « dents brisées et os cassés ». Le ministère des Affaires étrangères lui-même se plaignit des agressions de SA envers des diplomates étrangers.

Un tel comportement dérangeait profondément les classes moyennes, les éléments conservateurs traditionnels et l’armée. Il suscita également des protestations de la part des milieux de l’industrie, du commerce, des administrations locales et de l’Église protestante. Le ministre de l’Intérieur, Wilhelm Frick, insista sur la nécessité de poursuivre « énergiquement » les actes répréhensibles commis par les membres de la SA.

Le soutien des responsables militaires était crucial pour Hitler, car il souhaitait mener à bien ses projets expansionnistes, tels que la conquête d’un Lebensraum (« espace vital ») à l’Est, déjà annoncée dans Mein Kampf, ou l’annexion de l’Autriche. Ce soutien était également fondamental en vue de la succession de Paul von Hindenburg. C’est pourquoi, le 6 juillet 1933, Hitler déclara la fin de la révolution nationale-socialiste, affirmant que le temps était venu de consolider le pouvoir. Il précisait dix jours plus tard que « les révolutions ayant réussi au départ sont beaucoup plus nombreuses que les révolutions, qui, une fois réussies, ont pu être contenues et stoppées au moment opportun ».

Cependant, ces propos et la prudence du régime en matière de réformes sociales et économiques déçurent la majorité des SA. Ceux-ci attendaient une révolution économique aussi bien que politique, fidèle aux racines anticapitalistes du parti nazi. Hitler manifesta alors son intention de limiter progressivement le pouvoir de la SA, dont le nombre de membres avait rapidement augmenté. Sous son instigation, Hermann Göring retira à la SA son rôle de police auxiliaire en Prusse, fit fermer les camps de concentration « sauvages » et transféra le contrôle du camp de Dachau à la SS en octobre 1933.

Malgré ces tentatives de restriction, Ernst Röhm continua d’appeler à une poursuite de la révolution allemande, exigeant des réformes sociales radicales. En juin 1933, il déclara : « Le moment est venu pour la révolution nationale de venir à son terme et de devenir une révolution nationale-socialiste. […] Nous nous débarrasserons d’eux sans pitié s’ils osent mettre en pratique leurs idées réactionnaires ». D’autres figures nazies, comme le président de Haute-Silésie ou un représentant de la Fédération ouvrière nazie, partagèrent ce désir de poursuivre la révolution, critiquant les gros industriels et la domination capitaliste. La « tendance sociale » au sein du parti nazi, malgré la mise à l’écart de Gregor Strasser en 1932, était donc toujours bien vivante.


3. Le Conflit Inévitable : Reichswehr contre SA 🇩🇪⚔️

3.1. Les Tensions Armées : Une Question de Pouvoir et de Statut (H3)

La promotion d’Ernst Röhm en tant que ministre sans portefeuille en décembre 1933 ne tempéra en rien ses ardeurs. Il ne se contentait plus de diriger la SA et insistait auprès de Hitler pour qu’il le nomme ministre de la Défense, un poste alors occupé par le général Werner von Blomberg. Bien que Blomberg fût proche des nazis et qu’il fût surnommé le « lion en caoutchouc » par certains détracteurs, il n’était pas membre du parti nazi et représentait un pont essentiel entre l’armée et le NSDAP.

La Reichswehr, composée majoritairement de noblesse prussienne, considérait la SA comme une « foule plébéienne » qui mettait en danger la position de l’armée en tant que seule dépositaire de la puissance militaire allemande. À l’inverse, de nombreuses « chemises brunes » (membres de la SA) estimaient que l’armée n’était pas suffisamment engagée dans la révolution nationale-socialiste. Un chef SA de Rummelsburg déclara même lors d’une réunion que « certains des dirigeants de l’armée sont des porcs. La plupart des officiers sont trop vieux et doivent être remplacés par de plus jeunes. Nous voulons attendre jusqu’à ce que « papa » Hindenburg soit mort, et alors la SA marchera contre l’armée ».

Bien que Blomberg et d’autres responsables militaires virent la SA comme un vivier de recrues pour une future armée agrandie, Röhm avait une vision radicalement différente : pour lui, la SA devait devenir le noyau de la nouvelle armée du Reich. La Reichswehr, limitée à cent mille hommes par le traité de Versailles, observait avec inquiétude la croissance spectaculaire de la SA, qui atteignait 4,5 millions d’hommes en juin 1934, un effectif quarante-cinq fois supérieur à celui de l’armée régulière. En janvier 1934, Röhm adressa même un mémoire à Blomberg, proposant que la défense nationale soit assurée par la SA, réduisant le rôle de la Reichswehr à la seule instruction militaire.

3.2. Le Pacte de Février 1934 et la Colère de Röhm (H3)

Face à cette exigence, Hitler organisa une rencontre le 28 février 1934 avec Blomberg, les responsables de la SA et ceux de la SS. Sous la pression de Hitler, Röhm signa, à contrecœur, un pacte confirmant que la Reichswehr était bien la seule organisation armée officielle du Troisième Reich. La SA n’obtenait alors que le monopole de la formation pré et postmilitaire.

Après le départ de Hitler et des dirigeants de l’armée et de la SS, Röhm laissa éclater sa colère, déclarant : « Ce que dit le prétendu Führer ne compte pas pour nous. […] Hitler est un traître, il faut qu’on lui fasse prendre des vacances, [et] si les choses ne peuvent se faire avec Hitler, qu’à cela ne tienne, nous les ferons sans lui ». Il avait déjà tenu des propos séditieux en public, affirmant qu’Hitler était un « ignoble » traître, un « barbouilleur » et un « rêveur » qui n’avait jamais été à la même « école » que lui en matière militaire.

Ces propos séditieux de Röhm furent rapportés à Rudolf Hess par le SA-Obergruppenführer Viktor Lutze. Hess fit à son tour un rapport à Hitler, qui se contenta de dire qu’il fallait « laisser mûrir l’affaire ». Lutze dénonça ensuite l’attitude de Röhm au général Walter von Reichenau, qui était en contact étroit avec Reinhard Heydrich. C’est ce dernier qui parvint à convaincre son supérieur, Heinrich Himmler, qu’une action contre la SA était devenue inévitable.

3.3. La Volonté de Purge : Stratégies et Alliances (H3)

Malgré son accord avec Hitler, Röhm s’accrochait toujours à sa vision d’une nouvelle armée allemande avec la Sturmabteilung comme noyau. Au printemps 1934, cette vision s’opposait frontalement aux projets de Hitler, qui entendait, au contraire, consolider et augmenter la puissance de la Reichswehr. Parmi les vétérans du mouvement nazi, les Altkämpfer, seul Röhm continuait à faire preuve d’une telle indépendance et osait s’opposer à Hitler. Son mépris pour la bureaucratie du parti irritait Hess, et la violence des membres de la SA en Prusse préoccupait gravement Göring, qui dirigeait cette région. De plus, les prises de position publiques de Röhm devenaient de plus en plus menaçantes.

Face à cette situation, Hermann Göring, ministre-président de Prusse et président du Reichstag, forgea une alliance d’opportunité avec son rival pour le contrôle de la Gestapo, le Reichsführer-SS Heinrich Himmler. Himmler associa à leur projet son adjoint le plus proche, Reinhard Heydrich, dirigeant du Sicherheitsdienst (SD). Göring prit également contact avec le ministre de la Défense Blomberg. Ensemble, ces hommes voulaient persuader Hitler qu’il était indispensable de se débarrasser de Röhm.

Le 18 avril 1934, Röhm déclara devant des représentants de la presse étrangère que « la révolution que nous avons faite n’est pas une révolution nationaliste, mais une révolution nationale-socialiste. Nous tenons même à souligner ce dernier mot : socialiste ». Il poursuivit en dénonçant les « réactionnaires, conformistes, bourgeois », affirmant : « Nous avons envie de vomir lorsque nous pensons à eux ». Fin mai, son adjoint direct, Edmund Heines, abonda dans le même sens : « Nous ne nous reposerons que lorsque la révolution allemande sera achevée ».

Afin d’apaiser les tensions, Hitler interdit fin mai à la SA d’effectuer des exercices militaires, puis, début juin, ordonna à la SA de prendre un mois de congé. Si Röhm accepta cette démobilisation temporaire, il demeura menaçant, avertissant que « La SA est et reste le destin de l’Allemagne » et que ses ennemis recevraient « la réponse appropriée ». En écho, Rudolf Hess, lors d’un discours radiophonique le 25 juin, adopta un ton menaçant, déclarant : « Malheur à qui rompt son serment en croyant servir la révolution par la rébellion ».


4. Le Compte à Rebours : L’Ultimatum et les Préparatifs ⏳

4.1. Le Discours de Marbourg et la Pression Conservatrice (H3)

Le début du désamorçage de la crise par Hitler n’apaisa pas les milieux conservateurs, qui craignaient qu’aucune action ne soit entreprise contre la SA. Le 17 juin 1934, le vice-chancelier Franz von Papen, proche de Hindenburg, fit monter la pression en prononçant à l’université de Marbourg un discours « téméraire et provoquant ». Il y mentionna explicitement la menace d’une « seconde révolution » et stigmatisa « tout ce qui se dissimule d’égoïsme, de prétention sous le manteau de la révolution allemande […] la confusion entre brutalité et virilité […] les méthodes terroristes dans le domaine de la justice ». Il dénonça également un « culte de la personnalité mensonger » et affirma qu’« aucune nation ne peut vivre dans un état de révolution continue ». Accueilli par un tonnerre d’applaudissements, ce discours, rédigé par un jeune avocat, Edgar Julius Jung, eut l’effet d’une « bombe sur la place publique ». Le ministre de la Propagande, Joseph Goebbels, tenta immédiatement d’interdire sa reproduction dans la presse, sans pouvoir empêcher la publication d’extraits dans le Frankfurter Zeitung. En privé, von Papen menaça de démissionner si Hitler n’agissait pas. Bien qu’une démission de von Papen n’aurait pas réellement menacé la position de Hitler, elle aurait rendu publique la division entre les conservateurs et le parti nazi, ce que Hitler voulait éviter.

En réponse à cette pression conservatrice visant à juguler Röhm, Hitler se rendit à Neudeck pour rencontrer Hindenburg. Blomberg, qui avait déjà rencontré le président, reprocha à Hitler de ne pas s’être opposé plus tôt à Röhm. Il affirma à Hitler que Hindenburg était disposé à décréter la loi martiale et à confier le gouvernement à la Reichswehr si Hitler ne prenait pas des mesures immédiates contre Röhm et ses chemises brunes.

4.2. Hindenburg, l’Armée et l’Hésitation de Hitler (H3)

Hitler avait déjà pris des mesures pour limiter le rôle de la SA : le 20 avril 1934, sur son ordre, Göring confia le commandement de la police politique allemande à Himmler, qu’il pensait capable de contrer Röhm. Mais Hitler hésitait toujours à s’opposer frontalement à Röhm, le seul compagnon qu’il tutoyait et auquel il était lié par une longue amitié. Une lettre de Hitler à Röhm datant du 31 décembre 1933 en témoigne, le remerciant pour ses « inestimables services » et se disant « reconnaissant à la Destinée de pouvoir donner à un homme tel que toi le nom d’ami et de frère d’armes ».

De plus, Röhm contrôlait toujours la SA, forte de deux millions de membres, soit vingt fois plus que les effectifs de l’armée. La menace d’une proclamation de la loi martiale par Hindenburg, la seule personne en Allemagne ayant assez d’autorité pour déposer le régime nazi, mettait Hitler sous pression et limitait sa marge de manœuvre pour trouver un compromis. Cependant, Hitler hésitait encore malgré les plaintes de plus en plus nombreuses concernant « l’arrogance brutale et les violences perturbatrices des SA ivres de pouvoir [qui] offensaient profondément le sens de l’ordre public et de la moralité qu’avaient les Allemands de la classe moyenne ». Lors d’un entretien avec le journaliste américain Louis P. Lochner, Hitler affirmait être entouré de « vrais hommes » et de personnalités, mais qui « se conforment entièrement à mes vœux ».

4.3. La Décision Finale et la Fabrication des Preuves (H3)

Après le discours de Marbourg et l’entrevue avec Hindenburg et Blomberg à Neudeck, Hitler mit fin à ses tergiversations et prit la décision de détruire le pouvoir de Röhm, mais aussi de frapper les milieux conservateurs. Himmler et Göring accueillirent cette nouvelle attitude avec satisfaction, le premier espérant débarrasser la SS de la tutelle de la SA et assurer son indépendance, et le second, la mise à l’écart d’un rival pour le commandement de l’armée.

Depuis avril 1934, les services de renseignement, notamment le Forschungsamt (le service d’écoute téléphonique de Göring), la Gestapo et le Sicherheitsdienst (SD), recueillaient des informations sur les dirigeants de la SA. Ces renseignements, mêlant propos réels et inventions complètes, étaient transmis à Hitler afin de le convaincre d’agir. En vue du déclenchement de la purge, Göring, Himmler et Heydrich fabriquèrent un dossier de fausses preuves, prétendant que Röhm s’était allié avec Schleicher et Strasser, qu’il était soutenu par la France, et allant même jusqu’à dresser une liste imaginaire d’un gouvernement provisoire. Ce dossier fut révélé aux principaux dirigeants du régime le 24 juin, et Himmler, selon le témoignage de Wilhelm Frick au procès de Nuremberg, réussit à convaincre Hitler de la réalité du projet de putsch et de la nécessité de l’étouffer.

Tout en préparant l’épuration de la SA et en dressant la liste de ses responsables à éliminer, sous l’impulsion de Heydrich, le SD, la SS et la Gestapo élargirent la liste des futures victimes à des personnes sans lien avec la SA, notamment des conservateurs. Les listes circulaient entre la Gestapo et les services de Göring, qui en retirèrent Rudolf Diels. Un des rédacteurs de ces listes de proscription aurait déclaré : « Vous savez ce que c’est d’être ivre de sang ? J’ai l’impression d’avoir le droit de patauger dans le sang ».

4.4. La Coopération de l’Armée et les Derniers Préparatifs (H3)

Le 27 juin, Hitler obtint la coopération de l’armée. Blomberg et le général Walter von Reichenau, qui faisait l’intermédiaire entre l’armée et le parti, firent expulser Röhm de la Ligue des officiers allemands et placèrent l’armée en état d’alerte. Le même jour, Sepp Dietrich, chef de la Leibstandarte SS Adolf Hitler, obtint de Reichenau des armes et des moyens de transport pour 700 de ses hommes à destination du sud de l’Allemagne, en vue d’une « mission très importante confiée à ses soins par le Führer ».

Les généraux Ewald von Kleist et Gotthard Heinrici, qui avaient mené leur propre enquête sur la réalité du projet de coup d’État et étaient convaincus de son inexistence, prirent contact avec le général von Fritsch. Lors d’une entrevue avec Reichenau, ils reçurent comme toute réponse : « C’est bien possible, mais de toute façon, il est trop tard ».

Le 28 juin, Hitler et Göring se rendirent au mariage du gauleiter Josef Terboven à Essen. Hitler y retrouva Viktor Lutze, qui eut le sentiment que « certaines gens avaient intérêt à profiter de l’absence de Hitler pour accélérer le train de l’affaire ». Hitler quitta la noce assez tôt et, depuis son hôtel, s’entretint par téléphone avec l’adjudant-major de Röhm à Bad Wiessee, demandant aux dirigeants de la SA de venir le rencontrer le 30 juin. Il était alors décidé à passer à l’action et renvoya Göring à Berlin pour y coordonner la purge en Prusse et dans d’autres régions.

Le 29 juin, Hitler arriva à l’hôtel Dreesen à Bad Godesberg. Le même jour, il fut assuré du soutien total de l’armée. Le Völkischer Beobachter publia un article sans précédent signé par Blomberg, dans lequel ce dernier écrivait que « l’armée est derrière Adolf Hitler […] qui est toujours l’un d’entre nous ».


5. Le Déroulement des Événements : La Nuit Macabre 🌑🔪

5.1. Le Déclenchement de l’Opération et l’Arrestation de Röhm (H3)

Le vendredi 29 juin, Göring mit en alerte la « Leibstandarte SS Adolf Hitler » et la Landspolizeigruppe « General Göring ». Il donna également des instructions de mobilisation des commandos de tueurs à Reinhard Heydrich et Heinrich Müller. Sepp Dietrich et ses hommes s’envolèrent pour Munich. À son arrivée dans la capitale bavaroise, vers minuit, Dietrich téléphona à Hitler, qui lui donna l’instruction de marcher sur Bad Wiessee. Peu de temps après, Himmler appela Hitler de Berlin pour lui annoncer que le putsch de la SA devait se déclencher à 16h sous le commandement du SA-Gruppenführer Karl Ernst. Goebbels, qui était aux côtés de Hitler et savait que Karl Ernst était en réalité sur le point de s’embarquer pour un voyage de noces, ne démentit pas l’information.

Le 30 juin 1934, à deux heures du matin, Hitler et son entourage prirent l’avion pour Munich. De l’aéroport, ils se rendirent au ministère de l’Intérieur de Bavière, où étaient rassemblés les responsables d’une prétendue émeute de la SA qui aurait eu lieu la nuit précédente. L’incident avait manifestement été amplifié et exploité par les nazis. « Dans un état de colère indescriptible », Hitler arracha les épaulettes du SA-Obergruppenführer August Schneidhuber, chef de la police de Munich, le menaça d’exécution et le fit immédiatement incarcérer à la prison de Stadelheim. Tandis que les membres de la SA étaient transférés en prison, Hitler rassembla un groupe de membres de la SS et de l’Ordnungspolizei, puis se dirigea vers l’hôtel Hanselbauer à Bad Wiessee, où se trouvaient Ernst Röhm et ses hommes.

Sans attendre les troupes de Dietrich, le samedi matin à 6h30, Hitler arriva personnellement à la pension Hanselbauer à Bad Wiessee. Pistolet au poing, il entra en trombe dans la chambre de Röhm, le qualifia de traître et le déclara en état d’arrestation. Hitler poursuivit sa course, frappant à la porte d’une chambre voisine, où il découvrit le chef de la SA de Breslau, Edmund Heines, dans une situation « manifestement obscène » avec un jeune membre de la SA. Cet incident fut par la suite cyniquement utilisé par les nazis pour justifier la purge par des motifs de « moralité ».

Les dirigeants de la SA furent enfermés dans la cave de l’hôtel en attendant l’arrivée de l’autobus pour la prison de Stadelheim. Un incident fut évité de justesse lorsque Hitler, sortant de l’hôtel, se retrouva face à la garde armée de l’état-major de Röhm, à qui il ordonna de regagner Munich sur-le-champ. Pendant ce temps, les SS arrêtèrent un certain nombre de chefs de la SA alors qu’ils descendaient du train à la gare de Munich ou que leur voiture croisait le convoi des prisonniers.

De retour vers midi au quartier général du parti nazi à Munich, la « maison brune », Hitler s’adressa aux quelque cinquante à soixante responsables de la SA qui y étaient rassemblés. « Fou de rage et l’écume à la bouche », il dénonça « la plus grosse trahison dans l’histoire du monde ». Dans son discours d’une heure, Hitler fustigea le comportement de Röhm, notamment son train de vie fastueux, insista sur la nécessité de délimiter les rôles de la Reichswehr et de la SA, tout en renouvelant sa confiance à cette dernière, et termina en dénonçant le complot de Röhm qui aurait eu pour but de l’assassiner et de livrer l’Allemagne à ses ennemis.

5.2. Les Exécutions : Des Cibles Multiples (H3)

Dans l’après-midi du samedi, alors que les assassinats de personnalités comme Herbert von Bose, Erich Klausener et Kurt von Schleicher avaient déjà été commis à Berlin, Hitler convoqua une réunion à la « maison brune » pour décider du sort de la trentaine de chefs de la SA emprisonnés à Stadelheim. Après des débats animés, Hitler cochait six noms de personnes à exécuter sur la liste des détenus, parmi lesquels August Schneidhuber, Wilhelm Schmid, Peter von Heydebreck, Hans Hayn, le comte Hans Erwin von Spreti-Weilbach et Edmund Heines. Initialement, Hitler refusa l’exécution de Hans-Karl Koch, Fritz von Krausser et de Röhm lui-même. Rudolf Hess, présent dans l’assemblée, se porta volontaire pour exécuter les traîtres lui-même. Goebbels, qui avait accompagné Hitler à Bad Wiessee, déclencha alors la phase finale du plan en téléphonant à Göring et en lui donnant le mot de code « Colibri », pour déclencher l’action des escouades de tueurs dans le reste de l’Allemagne. Plus tard, Heinrich Himmler témoignerait qu’« accomplir son devoir et aligner au mur les camarades qui avaient fauté et les fusiller […] chacun en frémissait, et, pourtant, chacun savait avec certitude qu’il le referait la prochaine fois qu’on lui ordonnerait et quand ce serait nécessaire ».

En fin d’après-midi du samedi, vers 18h, lorsque Sepp Dietrich et ses tueurs se présentèrent à la prison de Stadelheim, son directeur protesta, jugeant qu’un simple coup de crayon rouge sur une liste de noms n’était pas « très réglementaire » comme ordre d’exécution. Il tenta de prendre contact avec le ministère de l’Intérieur de Bavière, puis fut appelé par le ministre de l’Intérieur du Reich, Wilhelm Frick, tenu à l’écart des événements, qui lui annonça son arrivée immédiate. Dietrich, ne voulant pas attendre l’arrivée de Frick, retourna à la « maison brune » où il obtint confirmation de la liste des personnes à exécuter, la faisant signer par le ministre de l’Intérieur de Bavière, Adolf Wagner. Pendant ce temps, Frick, arrivé sur place, avait également obtenu confirmation de l’ordre du Führer au cours d’un entretien téléphonique avec Hess.

Les prisonniers furent amenés dans la cour de la prison et fusillés individuellement par un peloton d’exécution sous les ordres de Sepp Dietrich, qui ne commanda personnellement que les deux premières exécutions. Schneidhuber supplia Dietrich en vain, s’écriant : « Camarade Sepp, qu’est-ce qui se passe ? Nous sommes innocents ! ». Selon Jean Phillipon, après des protestations à l’annonce de la décision du Führer, les condamnés moururent en s’écriant « Je meurs pour l’Allemagne : Heil Hitler ! ».

Des exécutions eurent également lieu à Berlin, dont celle de Karl Ernst, chef de la SA de Berlin-Brandebourg, arrêté à Brême la veille de son embarquement pour une croisière dans l’Atlantique Sud en voyage de noces. Celui-ci cria au peloton : « Visez juste, camarades ! ». En Silésie, le chef SS Udo von Woyrsch perdit le contrôle de ses hommes, qui traquèrent et abattirent Werner Engels, SA-Sturmbannführer et responsable de la police de Breslau, dans les bois. L’action de la SS en Silésie fut particulièrement violente et dépassa les ordres de Himmler : quatorze membres de la SA furent exécutés, dont sept fusillés un par un dans les bois d’Obernigk à la lueur des phares des véhicules. Huit civils, dont un médecin juif et trois communistes, furent assassinés, et des centaines d’opposants ou de sympathisants tièdes au régime furent emprisonnés ou passés à tabac. La répression sévit aussi en Poméranie, où le SA-Gruppenführer Peter von Heydebreck et son chef d’état-major furent passés par les armes.

5.3. Le Sort d’Ernst Röhm (H3)

Ernst Röhm fut emprisonné à la prison de Stadelheim à Munich. Il manifesta le plus grand calme, même après avoir entendu les salves du peloton d’exécution. Il participa à la promenade des prisonniers et demanda qu’on lui apporte des effets personnels. Hitler hésitait toujours sur le sort à lui réserver, compte tenu des services rendus par Röhm au mouvement nazi. Il ne pouvait être retenu indéfiniment ni exilé en raison de son réseau d’influence et de l’importance de sa position. Un procès public n’était pas envisageable pour Hitler, notamment suite à l’échec des poursuites judiciaires après l’incendie du Reichstag.

De nombreux dignitaires nazis, parmi lesquels Hess, Rosenberg et Amann (les inventeurs du complot imaginaire de Röhm), ainsi que Göring, Himmler, Heydrich et Reichenau, firent pression sur le Führer. En conclusion d’un débat « hystérique », Hitler revint sur la grâce accordée la veille, mais exigea que l’on offre à Röhm la possibilité d’éviter le déshonneur en se suicidant.

L’ordre de Hitler fut transmis le 1er juillet en début d’après-midi par toute la ligne hiérarchique de la SS : Himmler, Heydrich et Carl Oberg. Il aboutit au SS-Oberabschnittsführer de Munich, qui désigna les bourreaux : Theodor Eicke, commandant du camp de concentration de Dachau, et Michel Lippert, commandant de la garde du camp. Le directeur de la prison de Stadelheim fit à nouveau des difficultés, contactant le ministre de la Justice de Bavière, Hans Frank, qui lui conseilla seulement de rédiger un rapport détaillé.

Les tueurs se rendirent auprès de Röhm dans sa cellule. Ils lui remirent un pistolet chargé et la dernière édition du Völkischer Beobachter, lui expliquant qu’il avait dix minutes pour se suicider afin d’éviter une exécution. Röhm refusa, déclarant : « Si je dois être tué, laissez Adolf le faire lui-même ». Après le temps imparti, les tueurs revinrent dans la cellule de Röhm, où ils le trouvèrent « debout, torse nu, leur faisant face : il voulait par ce geste spectaculaire souligner sa loyauté et son honneur ». Les derniers mots de Röhm furent « Mon Führer, mon Führer », auxquels Eicke répondit : « Il fallait songer à tout cela un peu avant, maintenant il est un peu tard ». Eicke et Lippert l’assassinèrent à bout portant. Pour ménager Hitler, la version officielle fut que Röhm avait été abattu lors d’une tentative d’évasion. Le corps de Röhm fut évacué dans la nuit du dimanche au lundi.

La mort de Röhm fut suivie d’une nouvelle série d’exécutions à Berlin, dont celles du SA-Obergruppenführer Hans-Joachim von Falkenhausen et du SA-Gruppenführer Georg von Detten, précédemment gracié par Hitler. La dernière victime à assassiner fut le SA-Gruppenführer Karl Schreyer, qui fut embarqué dans une voiture à 4h du matin le lundi 2 juillet pour être fusillé dans la caserne de la « Leibstandarte ». Cependant, Schreyer fut sauvé par l’arrivée d’un SS-Standartenführer de la caserne ayant connaissance de l’ordre de Hitler d’arrêter les exécutions.


6. Au-Delà de la SA : Les Règlements de Comptes Conservateurs 🏛️🔫

6.1. La Chute des « Non-Fiables » (H3)

L’opération ne se limita pas à une purge de la SA. Après avoir déjà fait emprisonner, exiler ou exécuter des sociaux-démocrates et des communistes dès la prise du pouvoir, Hitler profita de l’occasion pour s’occuper des conservateurs qu’il considérait comme non fiables. Cette « épuration » visait notamment le vice-chancelier von Papen et son entourage. À Berlin, les assassinats furent perpétrés à la fois par des membres de la Landespolizei de Prusse, dépendante de Göring, et par la Gestapo et la SS, sous l’autorité de Himmler, ce qui entraîna parfois des confusions.

Une unité armée de la SS boucla la vice-chancellerie, pendant qu’en présence de Himmler, Göring informait von Papen de l’opération en cours dans son bureau, sans lui donner de détails. Alors que Herbert von Bose, le secrétaire de von Papen, recevait un visiteur, les tueurs, « deux messieurs très corrects », lui demandèrent d’interrompre l’entretien sous prétexte d’une communication urgente. En quittant son bureau, von Bose remit son portefeuille et sa chevalière à deux de ses collaborateurs. Il fut emmené dans un bureau au fond du bâtiment, d’où l’on entendit claquer dix coups de feu, suivis d’un onzième. Arrivé sur les lieux, von Papen protesta en vain et fut reconduit en résidence surveillée à son domicile.

6.2. Victimes Notables et Assassinats Ciblés (H3)

C’est sur l’insistance personnelle de Heydrich qu’est assassiné Erich Klausener, chef de l’Action catholique. Klausener était un adversaire résolu des nazis, figure de proue de l’opposition catholique, qui n’hésitait pas à les dénoncer publiquement. Pour Göring, « ce fut une action vraiment sauvage de Heydrich ». Kurt Gildisch, chargé de l’assassinat, abattit Klausener par-derrière, d’une balle dans la tête, pendant que celui-ci enfilait sa veste. Il téléphona ensuite à Heydrich depuis le bureau de la victime, et ce dernier lui ordonna de maquiller le crime en suicide. Parmi les personnalités catholiques tuées figurèrent aussi Kuno Kamphausen, ancien membre du Zentrum, et Adalbert Probst, responsable d’une association catholique de jeunesse.

Le général de brigade Ferdinand von Bredow, bras droit de Kurt von Schleicher, fut arrêté à son domicile de Berlin et tué par un commando de la Gestapo près de Lichtenberg. Le journaliste Walther Schotte, collaborateur de von Papen qui s’était opposé aux nazis en 1932, fut assassiné par la Gestapo à 6h30 du matin.

Hitler, Göring, Himmler et Heydrich utilisèrent la Gestapo et la SS contre leurs anciens ennemis. Kurt von Schleicher, prédécesseur de Hitler comme chancelier, et son épouse furent assassinés chez eux. Six hommes investirent la villa de Schleicher le 30 juin vers midi ; le général, assis à son bureau, fut immédiatement atteint de trois coups de pistolet lorsqu’il confirma son identité. Son épouse, entrant dans la pièce voisine, fut également abattue et mourut le jour même à l’hôpital. Afin de couper court aux rumeurs, la radio diffusa un communiqué affirmant que Schleicher entretenait des rapports subversifs avec la SA et des puissances étrangères, et qu’il était mort, ainsi que son épouse, lors d’un échange de coups de feu avec la police en résistant à son arrestation.

Parmi les autres victimes notables, on compte Gregor Strasser, un nazi de longue date qui avait rompu avec Hitler en 1932 et s’était retiré de la politique. Abattu d’une balle dans la tête, il agonisa dans une cellule pendant que Heydrich hurlait : « Il n’est pas encore mort ? Laissez ce porc se vider de son sang ». Hitler fut furieux lorsqu’il apprit la mort de Strasser, qu’il n’avait pas ordonnée, mais Himmler lui affirma qu’il s’agissait d’un suicide. Gustav von Kahr, ancien commissaire de l’État de Bavière qui avait contribué à faire échouer le putsch de la Brasserie en 1923, âgé de 71 ans, fit aussi partie des victimes. Le sort de Kahr fut particulièrement cruel : torturé à Dachau où il fut fusillé, son corps fut retrouvé dans un bois de la périphérie de Munich, mutilé à coups de pioche. Le prêtre et théologien Bernhard Stempfle, éditeur d’un journal antisémite et contributeur supposé à la rédaction de Mein Kampf, mourut de trois balles dans le cœur et la colonne vertébrale brisée.

6.3. Erreurs Tragiques et Bilan Humain (H3)

Les assassins firent également des victimes accidentelles. C’est le cas de Willi Schmid, un critique musical du Münchner Neuste Nachrichten confondu avec un homonyme. Malgré les protestations de son épouse, Schmid fut emmené à Dachau, et le 4 juillet, sa veuve reçut un cercueil contenant officiellement la dépouille de son mari, avec l’interdiction formelle de l’ouvrir. Le chef de la Hitlerjugend de Saxe, Karl Lämmermann, fut également exécuté par erreur.

Le bilan exact de la Nuit des Longs Couteaux est difficile à établir. Les assassinats ayant été commis sur ordre des plus hauts responsables du parti nazi et de la SS, mais aussi sur base d’initiatives locales, et Hermann Göring ayant fait détruire tous les dossiers liés à la purge le 2 juillet 1934, les chiffres varient. Hitler mentionna 77 tués dans son discours du 13 juillet devant le Reichstag. Les opposants allemands réfugiés à Paris estimaient le nombre des morts à 401 personnes, n’en identifiant que 116. Lors du procès de Munich en 1957, le chiffre avancé fut de plus de mille victimes. Selon l’historien Ian Kershaw, une liste de 81 victimes identifiées, dont seulement 50 membres de la SA, a pu être établie, mais le nombre total des tués se situe vraisemblablement entre 150 et 200 personnes.

Outre les assassinats, de très nombreuses personnes furent internées en camp de concentration. Environ 1 000 opposants ou supposés tels furent arrêtés à Berlin sur l’ordre de Göring. Cependant, la plupart furent rapidement libérés. Leur libération était le fruit d’un calcul politique : « La nuit des Longs Couteaux avait montré, à tous, que personne n’était à l’abri des arrêts discrétionnaires du nouveau pouvoir. Quelques notables avaient été assassinés, une centaine jetée en prison : les y garder avait plus d’inconvénients que d’avantages. La leçon avait porté ».


7. Justification et Réactions : La Propagande Nazie et la Perception Publique 🗣️📰

7.1. La Justification Officielle Nazie (H3)

L’ampleur de la purge, qui toucha des responsables politiques de premier plan, empêcha qu’elle reste secrète. Dans les premiers jours, ses organisateurs semblèrent partagés sur la manière de manipuler l’événement. Dès l’après-midi du samedi 30 juin, Hermann Göring organisa une conférence de presse à Berlin, au cours de laquelle il déclara que « le commandement suprême de la SA avait forgé des plans dont le but était de saper le mouvement, de porter la subversion dans l’État et d’édifier un État qui aurait été en quelque sorte la propriété de ces personnalités morbides ». En réponse aux questions des journalistes, il affirma que Schleicher était mort en résistant à son arrestation, ajoutant « qu’on ne fait pas d’omelette sans casser les œufs et que la saison de la trahison est terminée ». Il précisa également, de manière abusive, que Röhm n’appartenait plus au monde des vivants.

Le 2 juillet, Göring enjoignit aux services de la Gestapo, de la SS et de la Kripo de brûler tous les documents relatifs aux actions des deux jours précédents. Dans le même temps, Joseph Goebbels tenta d’empêcher les journaux de publier la liste des victimes, tout en expliquant à la radio comment Hitler avait empêché Röhm et Schleicher de renverser le gouvernement et de jeter le pays dans le chaos.

Selon un communiqué de presse du bureau de presse du Reich, l’homosexualité de Röhm fut une des justifications de la purge. Le communiqué affirmait que ses « penchants malheureux et connus ont conduit à des tares si détestables que le chef du mouvement et chef suprême de la SA [Adolf Hitler] a lui-même été amené à des graves problèmes de conscience ». Il décrivait des « images moralement si tristes » lors des arrestations, avec des chefs SA en compagnie de prostitués ou surpris dans des situations « les plus obscènes ». Hitler aurait alors donné l’ordre d’« exterminer impitoyablement cette pestilence ». De fait, cette accusation, bien que cynique, visait à jouer pragmatiquement sur l’homophobie populaire afin de justifier la purge. La Nuit des Longs Couteaux marqua d’ailleurs un tournant dans la persécution des homosexuels en Allemagne, avec une multiplication par cinq des condamnations entre 1934 et 1935, avant même l’aggravation du paragraphe 175 du Code pénal en 1935.

7.2. La Légalisation Rétroactive du Massacre (H3)

Pour donner un caractère légal au massacre, Hitler fit approuver, dès le 3 juillet, une loi rétroactive aux termes de laquelle « prises pour la défense de l’État, sont légales toutes les mesures qui ont été décidées afin de combattre les faits de haute trahison et de complot contre la sûreté de l’État le 30 juin, les 1er et 2 juillet ». Le ministre de la Justice du Reich, Franz Gürtner, un conservateur qui avait été ministre de la Justice de Bavière sous la République de Weimar, démontra sa fidélité au nouveau régime en rédigeant le texte de la loi. Les membres non nazis du gouvernement capitulèrent totalement lorsque le conseiller d’État et éminent juriste Carl Schmitt rédigea un article justifiant le discours officiel que Hitler prononcerait devant le Reichstag le 13 juillet.

Dans ce discours, Hitler déclara : « Quand on déclare qu’un procès aurait pu seul établir exactement les responsabilités et déterminer les peines, je proteste contre une telle affirmation. Quiconque s’élève contre l’Allemagne est un traître à la patrie. Quiconque est traître à la patrie ne doit pas être jugé d’après l’étendue de ce qu’il a fait mais d’après ce qu’il voulait faire ». Il ajouta : « Je suis responsable du destin de la nation allemande et donc son juge suprême. […] J’ai donné l’ordre d’exécuter les principaux coupables de cette trahison. J’ai en outre donné l’ordre de brûler ces abcès qui empoisonnaient nos sources de vie et de cautériser les plaies jusqu’à ce que l’on atteigne la chair vive. La nation doit savoir que son existence ne saurait être impunément menacée par qui que ce soit et que son existence est garantie par l’ordre intérieur et la sécurité. Chacun doit savoir dans l’avenir que, s’il lève la main contre l’État, son seul destin est la mort ». Carl Schmitt, quant à lui, justifiait ces actes en affirmant que « Le Führer protège le droit devant le pire des abus lorsque, face au péril, il crée le droit de façon immédiate en vertu de son pouvoir de Führer et de juge suprême. […] En réalité, l’acte accompli par le Führer était un acte de juridiction pure. Cet acte n’était pas soumis à la justice, il était lui-même la justice suprême ».

7.3. Réactions en Allemagne : Soutien et Applaudissements (H3)

En Allemagne, l’armée applaudit quasi unanimement la « Nuit des Longs Couteaux », malgré la mort de deux de ses généraux, Kurt von Schleicher et Ferdinand von Bredow. Le président Paul von Hindenburg adressa même au Führer un télégramme de félicitations, dont l’authenticité est toutefois discutée : « D’après les rapports que je viens de recevoir, je constate que par votre esprit de décision et votre courage personnel, vous avez étouffé dans l’œuf les intentions des traîtres. Je vous exprime par ce télégramme ma profonde reconnaissance et mes remerciements très sincères ». Dans un ordre du jour à l’armée, Blomberg alla encore plus loin : « Le Führer a attaqué et écrasé les mutins avec la décision d’un soldat et un courage exemplaire. La Wehrmacht, en tant que seule force armée de l’ensemble de la nation, tout en restant à l’écart des luttes de politique intérieure, lui témoignera sa reconnaissance par son dévouement et sa fidélité ». Le général Walter von Reichenau alla même jusqu’à donner publiquement du crédit au mensonge selon lequel Schleicher avait comploté pour renverser le gouvernement. Le soutien de l’armée à la purge eut des conséquences importantes : la SA, humiliée, ne constituait plus une menace, mais, en se ralliant à la purge, l’armée se lia étroitement au régime nazi. Le capitaine à la retraite Erwin Planck résuma cette situation en déclarant au général Werner von Fritsch : « Qui approuve une telle action, comme vous l’avez fait vous-même, sans intervenir, sans tenter d’arrêter le carnage, risque de subir tôt ou tard un sort semblable ».

Les rapports de la Gestapo et du Sopade sont concordants : la purge rencontra un très large soutien dans l’opinion publique, même dans des villes ou régions qui n’étaient pas acquises au nouveau régime. Deux traits caractérisaient surtout l’image de Hitler dans les esprits : il était perçu comme l’« agent d’une justice naturelle » et le « défenseur de la moralité publique ».

La presse allemande, y compris des journaux qui n’avaient pas encore été entièrement « nazifiés », approuva la purge et reprit à son compte les arguments de Hitler, à l’exception notable du Frankfurter Zeitung, qui mit en doute la réalité d’une alliance entre Röhm, Schleicher et Gregor Strasser. Le discours de Hitler du 13 juillet 1934 devant les membres du Reichstag fut acclamé par des milliers de personnes massées à l’extérieur de l’opéra Kroll, où se tenaient les séances du Parlement depuis l’incendie du Reichstag.

Cependant, quelques voix s’élevèrent. À titre symbolique, malgré les ordres formels de von Blomberg, le général Kurt von Hammerstein, démis de ses fonctions depuis février en raison de son antipathie pour les nazis, fut présent aux funérailles de Kurt von Schleicher. Le maréchal August von Mackensen fut le seul autre officier supérieur à protester contre les meurtres de Schleicher et Bredow. Des protestations furent également le fait de quelques membres du clergé catholique, notamment dans la région de la Ruhr ou à Münster, où l’évêque Clemens August von Galen fut ovationné par la foule après avoir affirmé publiquement sa ferme opposition.

7.4. Réactions à l’Étranger : Condamnation Universelle 🌍🤬

À l’étranger, la presse condamna unanimement les crimes. Le Times évoqua un « retour à des méthodes médiévales ». Le Sunday Reference estima que « les gangsters de Chicago sont plus honnêtes ». Le New York Herald Tribune parla de « menace pour la civilisation » et considéra le discours de Hitler du 13 juillet comme « terrifiant parce qu’il est manifestement sincère ». Même la presse de l’Italie fasciste, comme le Popolo di Roma ou le Popolo d’Italia, réprouva la purge.

Pour le journal français Le Temps, « ce n’est pas un très beau crime… C’est une affaire de police des mœurs. On y sent la culpabilité, la trahison, l’hypocrisie. Ces cadavres sont exhibés dans la fange et les meurtriers se sont ménagés un alibi ». Pour Wladimir d’Ormesson dans Le Figaro, « la journée de samedi a remué de la boue et fait gicler du sang ». La Pravda soviétique déclara que « les événements du 30 juin rappellent les mœurs de l’Équateur ou du Panama ».

Léon Blum, dans Le Populaire du 3 juillet 1934, écrivit une condamnation cinglante : « Jamais il [le Führer] n’a témoigné d’une férocité plus calculée, plus volontaire et par là même plus répugnante. […] Et que dire de cette débauche de sauvagerie dans l’assassinat de von Schleicher et de sa femme, des fusillades en masse pour des motifs inconnus et invérifiables qui laissent apparaître une sorte de manie sadique dans la cruauté ? […] Jamais le racisme hitlérien ne m’est apparu plus nettement comme l’ennemi de toute civilisation, de toute moralité, de toute paix humaine ».


8. Conséquences à Long Terme : La Consolidation du Totalitarisme ⛓️🇩🇪

8.1. Déclin de la SA et Avènement de la SS (H3)

Adolf Hitler nomma Viktor Lutze pour remplacer Ernst Röhm à la tête de la SA. Il lui enjoignit de mettre un terme à « l’homosexualité, la débauche, l’ivresse et au train de vie fastueux ». Hitler lui interdit expressément d’utiliser les fonds de la SA pour des limousines et des banquets, qu’il considérait comme extravagants. Sans grande personnalité, Lutze renonça à l’indépendance de la SA, qui vit sa puissance décliner drastiquement au cours des années suivantes. Le nombre de ses membres passa de 2,9 millions en août 1934 à 1,6 million en octobre 1935, puis à 1,2 million en avril 1939, après avoir connu une croissance exponentielle avant la purge.

Heinrich Himmler s’affirma comme le principal bénéficiaire de la purge, démontrant sa loyauté absolue à Hitler. Il avait en effet ordonné l’exécution d’Ernst Röhm et de Gregor Strasser, alors même qu’il leur devait les débuts de sa carrière politique et qu’il entretenait de bonnes relations personnelles avec eux. Le 15 juillet 1934, le SD devint le seul service de renseignement du mouvement nazi. Le 20 juillet, la SS fut officiellement détachée de la SA et affirma son autonomie, consolidant ainsi son pouvoir. Reinhard Heydrich fut également remercié par une promotion au grade de SS-Gruppenführer, et Theodor Eicke fut gratifié en étant nommé, le 4 juillet, inspecteur général des camps de concentration.

8.2. L’Alliance avec l’Armée et le Pouvoir Absolu de Hitler (H3)

La Nuit des Longs Couteaux scella pour plusieurs années l’alliance de Hitler avec les milieux conservateurs et l’armée. L’initiative brutale de Hitler les apaisa, et l’élimination des nazis révolutionnaires (c’est-à-dire de la tendance populiste du parti national-socialiste) rassura la droite sur les intentions du nouveau régime. Cependant, elle créa également une certaine inquiétude dans ces mêmes milieux, car certaines victimes de la purge en étaient issues.

Cette purge représenta un triomphe pour Hitler, même si la répression avait dépassé les limites qu’il avait fixées, et marqua un tournant pour le gouvernement allemand. Le fait que le président Hindenburg fût mourant conféra à Hitler le rôle de « juge suprême des Allemands », pour reprendre ses propos lors de son discours du 13 juillet au Reichstag. Sur le plan judiciaire, une enquête lancée par le parquet de Potsdam suite à l’assassinat de Kurt von Schleicher fut étouffée le jour même par le magistrat nazi Roland Freisler, qui menaça le juge chargé du dossier d’internement en camp de concentration pour le convaincre d’arrêter la procédure. Malgré l’illégalité totale des meurtres au regard de l’État de droit, le ministre de la Justice Franz Gürtner estima que l’exemple donné par Hitler était une leçon salutaire permanente pour l’avenir et avait stabilisé l’autorité du gouvernement pour l’éternité, interdisant de fait toute procédure judiciaire.

La purge illustra également la méthode de gouvernement chaotique et imprévisible de Hitler. Elle envoya un message clair et glaçant à l’ensemble de la société allemande : tout Allemand, quel que soit son rang ou sa position, pouvait être arrêté et exécuté s’il était perçu comme une menace pour le nouveau régime.

Après la mort de Hindenburg, le 2 août 1934, Hitler cumula les fonctions de chef de l’État, du gouvernement, du parti nazi et de commandant suprême des forces armées, en vertu d’une loi adoptée la veille et ratifiée par plébiscite le 19 août. En l’espace de quelques semaines, de l’affaire Röhm à la mort de Hindenburg, Hitler avait éliminé tout ce qui pouvait encore le menacer. « Il avait conquis le pouvoir total. […] L’Allemagne s’était abandonnée, pieds et poings liés, à la dictature qu’elle avait créée ».

8.3. La Clarification de la Doctrine Raciale Nazie (H3)

Enfin, la purge clarifia la doctrine raciale du NSDAP, tranchant le débat sur la question entre les SS et la SA. En effet, l’hypothèse de l’origine septentrionale du peuple allemand ne rencontrait plus d’opposition dans les cercles intellectuels du parti nazi. Au sein de la SS, Hans Günther, proche de Himmler, était le principal défenseur de l’idée nordique au sein du NSDAP.

La SA constituait, avant sa décapitation politique, le principal foyer d’opposition au développement des thèses nordicistes de Günther. La SA, proche des thèses de Friedrich Merkenschlager, défendait la thèse du « peuple-race » et se montrait réservée sur la constitution d’une aristocratie raciale au sein du peuple allemand. La purge permit ainsi à la vision de la SS de s’imposer.


Conclusion : Un Tournant Décisif 🔚

La Nuit des Longs Couteaux, du 29 juin au 2 juillet 1934, fut bien plus qu’une simple purge interne au parti nazi. Ce fut un acte de brutalité calculée qui marqua un tournant décisif dans la consolidation du pouvoir d’Adolf Hitler et l’établissement du régime totalitaire en Allemagne. En éliminant les ambitions indépendantes de la SA et en frappant les éléments conservateurs jugés « non fiables », Hitler cimenta son alliance avec la Reichswehr et les élites traditionnelles, assurant ainsi un soutien crucial à ses projets expansionnistes.

L’événement démontra la cruauté et l’absence totale de scrupules du régime, légitimant a posteriori des meurtres de masse par une loi rétroactive. Il envoya un message clair et terrifiant à l’ensemble de la société allemande : personne, quel que soit son rang, n’était à l’abri s’il était perçu comme une menace. La Nuit des Longs Couteaux fut le tremplin qui permit à Hitler, après la mort de Hindenburg, de cumuler tous les pouvoirs, devenant le chef incontesté de l’État, du gouvernement, du parti et de l’armée. C’est à partir de cet événement que la machine totalitaire nazie, désormais débarrassée de ses freins internes, put fonctionner à plein régime, ouvrant la voie aux horreurs futures.

Chronologie Détaillée des Événements Principaux :

  • Années 1920 : La Sturmabteilung (SA) est créée et fonctionne comme une milice autonome, utilisée par Hitler pour intimider les rivaux politiques et perturber les réunions des partis adverses.
  • 15 janvier 1919 : Assassinats de Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht lors de l’écrasement du soulèvement spartakiste, contribuant à un climat de violence politique.
  • 13 mars 1920 : Putsch de Kapp.
  • 1920-1921 : Répression des révoltes communistes dans la Ruhr, en Saxe et à Hambourg par les Freikorps.
  • 24 juin 1922 : Assassinat de Walther Rathenau par l’organisation Consul.
  • 1926-1933 : La violence de rue exercée par la SA est cruciale pour la conquête du pouvoir par Hitler, entraînant des centaines d’assassinats.
  • 1930 : Ernst Röhm, après s’être réfugié en Bolivie, revient en Allemagne à la demande de Hitler et reprend le commandement de la SA.
  • Début des années 1930 : Le nombre de membres de la SA augmente rapidement.
  • Juin 1932 : Plus de 400 batailles de rue éclatent en Allemagne, faisant 82 morts et 400 blessés graves, démontrant la violence de la SA.
  • 1932 : Gregor Strasser est mis à l’écart du parti nazi.
  • 6 novembre 1932 : Élections au cours desquelles le journaliste Walther Schotte s’oppose aux nazis.
  • 30 janvier 1933 : Paul von Hindenburg nomme Adolf Hitler chancelier, avec un gouvernement majoritairement conservateur.
  • 9 mai 1933 : Le président de Haute-Silésie attaque les gros industriels.
  • Juin 1933 : Ernst Röhm prononce un discours appelant à une poursuite de la révolution nationale-socialiste et à des réformes sociales radicales.
  • 6 juillet 1933 : Hitler proclame la fin de la révolution nationale-socialiste lors d’une réunion avec les gouverneurs du Reich, insistant sur la consolidation du pouvoir.
  • 14 juillet 1933 : Le parti nazi devient le seul parti politique autorisé.
  • Été 1933 : Hermann Göring, alors ministre de l’Intérieur pour la Prusse, retire à la SA son rôle de police auxiliaire et ferme les camps de concentration « sauvages ».
  • Juillet 1933 : Wilhelm Kube, chef de groupe nazi au parlement de Prusse, exige le morcellement des terres des grands propriétaires fonciers.
  • Octobre 1933 : Le contrôle du camp de concentration de Dachau est transféré à la SS.
  • 31 décembre 1933 : Hitler envoie une lettre amicale à Ernst Röhm, le remerciant pour ses services à la SA.
  • Décembre 1933 : Ernst Röhm est nommé ministre sans portefeuille, aux côtés de Rudolf Hess.
  • Janvier 1934 : Röhm envoie un mémoire à Werner von Blomberg, exigeant que la défense nationale soit assurée par la SA.
  • Février 1934 : Le général Kurt von Hammerstein est démis de ses fonctions de commandant de l’armée de terre en raison de son antipathie pour les nazis.
  • 28 février 1934 : Hitler rencontre Blomberg, Röhm et Himmler. Sous la pression de Hitler, Röhm signe à contrecœur un pacte confirmant la Reichswehr comme seule organisation armée officielle. Après le départ de Hitler, Röhm exprime sa colère et critique ouvertement Hitler, ses propos étant rapportés par Viktor Lutze.
  • Avril 1934 : Hermann Göring confie le commandement de la police politique allemande à Heinrich Himmler. Les services de renseignement (Forschungsamt, Gestapo, Sicherheitsdienst) commencent à recueillir et falsifier des informations contre Röhm.
  • 18 avril 1934 : Röhm déclare à la presse étrangère que la révolution est « nationale-socialiste » et vise les « réactionnaires, conformistes, bourgeois ».
  • Fin mai 1934 : Hitler interdit à la SA d’effectuer des exercices militaires. Edmund Heines, adjoint de Röhm, se prononce pour la poursuite de la révolution.
  • Début juin 1934 : Hitler ordonne à la SA de prendre un mois de congé. Röhm accepte la démobilisation temporaire mais maintient un ton menaçant.
  • Juin 1934 : Les effectifs de la SA atteignent 4,5 millions d’hommes.
  • 17 juin 1934 : Le vice-chancelier Franz von Papen prononce le discours de Marbourg, critiquant la violence de la SA et le culte de la personnalité, et menaçant de démissionner.
  • 25 juin 1934 : Rudolf Hess adopte un ton menaçant à la radio, avertissant contre la rébellion.
  • 27 juin 1934 : Hitler obtient la coopération de l’armée. Blomberg et Reichenau font expulser Röhm de la Ligue des officiers allemands et placent l’armée en état d’alerte. Sepp Dietrich obtient des armes et des transports. Les généraux Ewald von Kleist et Gotthard Heinrici s’inquiètent de la situation.
  • 28 juin 1934 : Hitler et Göring assistent au mariage de Josef Terboven à Essen. Hitler s’entretient avec Viktor Lutze et téléphone à l’adjudant-major de Röhm pour fixer une rencontre le 30 juin. Hitler renvoie Göring à Berlin pour coordonner la purge.
  • 29 juin 1934 : Hitler arrive à l’hôtel Dreesen à Bad Godesberg. Le Völkischer Beobachter publie un article de Blomberg assurant le soutien de l’armée à Hitler. Göring met en alerte la « Leibstandarte SS Adolf Hitler » et la Landspolizeigruppe « General Göring » et donne des instructions aux commandos de tueurs. Sepp Dietrich et ses hommes s’envolent pour Munich. Dans la nuit, Himmler informe Hitler d’un prétendu putsch imminent de la SA dirigé par Karl Ernst.
  • 30 juin 1934 (matin) : Hitler et son entourage prennent l’avion pour Munich. Ils se rendent au ministère de l’Intérieur de Bavière suite à une émeute de la SA. Hitler arrête August Schneidhuber. Hitler et un groupe de SS et d’Ordnungspolizei se dirigent vers l’hôtel Hanselbauer à Bad Wiessee. À 6h30, Hitler arrive à la pension, pistolet au poing, et arrête Röhm, le qualifiant de traître. Il découvre Edmund Heines avec un jeune SA et les fait également arrêter. Les dirigeants de la SA sont emprisonnés à Stadelheim.
  • 30 juin 1934 (après-midi) : Hitler rentre à la « maison brune » à Munich et dénonce une « trahison ». Une réunion est convoquée pour décider du sort des chefs de la SA emprisonnés à Stadelheim. Hitler coche six noms pour exécution, mais refuse dans un premier temps l’exécution de Röhm. Goebbels téléphone à Göring, utilisant le code « Colibri » pour déclencher les assassinats à travers l’Allemagne.
  • 30 juin 1934 (fin d’après-midi) : Sepp Dietrich se présente à la prison de Stadelheim pour exécuter les prisonniers. Le directeur de la prison proteste, mais Dietrich obtient confirmation de l’ordre de la part d’Adolf Wagner, ministre de l’Intérieur de Bavière, et de Hess. Les prisonniers sont fusillés par un peloton d’exécution sous les ordres de Dietrich.
  • 30 juin – 2 juillet 1934 : Assassinats perpétrés dans toute l’Allemagne.
  • Berlin : Karl Ernst est exécuté. Herbert von Bose et Erich Klausener sont assassinés. Kurt von Schleicher et son épouse sont assassinés à leur domicile. Gregor Strasser est assassiné. Ferdinand von Bredow est tué. Walther Schotte est assassiné.
  • Silésie : Udo von Woyrsch et ses hommes exécutent Werner Engels et d’autres membres de la SA, ainsi que des civils.
  • Poméranie : Peter von Heydebreck et son chef d’état-major sont fusillés.
  • Munich : Gustav von Kahr est torturé et exécuté à Dachau. Bernhard Stempfle est assassiné. Willi Schmid est exécuté par erreur, confondu avec un homonyme.
  • Prusse-Orientale : Anton von Hohberg und Buchwald est assassiné.
  • 1er juillet 1934 (après-midi) : Hitler, sous la pression de nombreux dignitaires nazis (Hess, Rosenberg, Amann, Göring, Himmler, Heydrich, Reichenau), ordonne l’exécution de Röhm, mais exige qu’il ait la possibilité de se suicider.
  • 1er juillet 1934 : Theodor Eicke et Michel Lippert se rendent à la cellule de Röhm, lui offrent un pistolet pour qu’il se suicide. Röhm refuse et est abattu par Eicke et Lippert.
  • 2 juillet 1934 (matin) : Nouvelles exécutions à Berlin, dont Hans-Joachim von Falkenhausen et Georg von Detten. Karl Schreyer est sauvé in extremis par l’ordre d’arrêter les exécutions.
  • 2 juillet 1934 : Hermann Göring ordonne la destruction de tous les dossiers liés à la purge.
  • 3 juillet 1934 : Hitler fait approuver une loi rétroactive légalisant les mesures prises pour la défense de l’État les 30 juin, 1er et 2 juillet. Franz Gürtner rédige le texte de loi.
  • 4 juillet 1934 : Theodor Eicke est nommé inspecteur général des camps de concentration.
  • 10 juillet 1934 : L’évêque Clemens August von Galen proteste publiquement contre les arrestations à Münster.
  • 13 juillet 1934 : Hitler prononce un discours devant le Reichstag, justifiant les assassinats et se déclarant « juge suprême » de la nation. Carl Schmitt publie un article justifiant les actions de Hitler.
  • 15 juillet 1934 : Le SD devient l’unique service de renseignement du mouvement nazi.
  • 20 juillet 1934 : La SS est officiellement détachée de la SA et affirme son autonomie.
  • 2 août 1934 : Décès du président Paul von Hindenburg.
  • 19 août 1934 : Plébiscite ratifiant la loi du 1er août permettant à Hitler de cumuler les fonctions de chef de l’État, du gouvernement, du parti nazi et de commandant suprême des forces armées.
  • Après la purge : La SA décline, ses effectifs passant de 2,9 millions en août 1934 à 1,2 million en avril 1939. La doctrine raciale nazie est clarifiée, avec le triomphe des thèses nordicistes de la SS sur celles de la SA.

Personnages Principaux

  • Adolf Hitler : Chancelier du Reich depuis le 30 janvier 1933, Führer du parti nazi. Il est le principal instigateur de la purge, cherchant à stabiliser son régime, à obtenir le soutien de l’armée et des conservateurs, et à éliminer la menace perçue de la SA et de Röhm. Après la purge, il consolide son pouvoir absolu en devenant chef de l’État et commandant suprême des forces armées.
  • Ernst Röhm : Chef de la Sturmabteilung (SA), vétéran prestigieux de la Première Guerre mondiale et nazi de la première heure. Proche ami de Hitler pendant un temps, il aspire à faire de la SA le noyau de la nouvelle armée allemande et prône une « seconde révolution » sociale. Ses ambitions et l’indiscipline de la SA en font une menace pour Hitler, le conduisant à son assassinat lors de la Nuit des Longs Couteaux.
  • Heinrich Himmler : Reichsführer-SS et chef du Sicherheitsdienst (SD). Il est l’un des principaux architectes et exécutants de la purge, fabriquant des preuves contre Röhm et supervisant les assassinats. Il profite de la purge pour renforcer le pouvoir de la SS et la libérer de la tutelle de la SA, consolidant ainsi sa propre position.
  • Hermann Göring : Ministre-président de Prusse et président du Reichstag. Rival d’Himmler pour le contrôle de la Gestapo, il s’allie à lui pour convaincre Hitler d’agir contre Röhm. Il est responsable de la coordination de la purge en Prusse et d’autres régions, et de la destruction des dossiers incriminants.
  • Reinhard Heydrich : Adjoint de Himmler et dirigeant du Sicherheitsdienst (SD). Il joue un rôle crucial dans la fabrication de fausses preuves contre Röhm et l’élargissement des listes de victimes au-delà de la SA. Il est gratifié d’une promotion après la purge.
  • Paul von Hindenburg : Président du Reich et commandant en chef des armées. Âgé et de santé fragile, il est une figure d’autorité qui maintient une certaine indépendance vis-à-vis de Hitler, notamment sur la Reichswehr. Sa menace de décréter la loi martiale et de confier le gouvernement à l’armée pousse Hitler à agir. Son décès peu après la purge permet à Hitler de cumuler tous les pouvoirs.
  • Werner von Blomberg : Général et ministre de la Défense. Proche des nazis mais non-membre du parti, il est un pont entre l’armée et le régime. Il est inquiet des ambitions de Röhm et apporte son soutien à Hitler pour l’élimination de la SA, voyant en elle une menace pour le rôle de la Reichswehr.
  • Franz von Papen : Vice-chancelier. Figure conservatrice et proche de Hindenburg, il critique publiquement la violence de la SA et le régime nazi dans son discours de Marbourg, menaçant de démissionner et mettant la pression sur Hitler. Son entourage est visé par la purge, mais il est épargné.
  • Kurt von Schleicher : Ancien chancelier et général. Il est l’une des victimes de la purge, assassiné à son domicile avec son épouse, accusé à tort d’avoir comploté avec Röhm.
  • Viktor Lutze : SA-Obergruppenführer. Il rapporte les propos séditieux de Röhm à Rudolf Hess, contribuant à la cristallisation du conflit. Après la purge, il est nommé successeur de Röhm à la tête de la SA, qu’il soumet à Hitler et dont il entame le déclin.
  • Rudolf Hess : Adjoint de Hitler et ministre sans portefeuille. Il est impliqué dans la dénonciation de Röhm et participe à la réunion où sont décidées les exécutions. Il se porte volontaire pour exécuter les « traîtres » et valide les ordres d’exécution.
  • Joseph Goebbels : Ministre de la Propagande. Il accompagne Hitler lors de la purge et joue un rôle clé dans la mise en œuvre du plan d’assassinat en téléphonant à Göring pour donner le mot de code « Colibri ». Il tente également de contrôler l’information après les événements.
  • Sepp Dietrich : Chef de la « Leibstandarte SS Adolf Hitler ». Il est un des principaux exécutants de la purge, responsable des assassinats à Munich et notamment des exécutions à la prison de Stadelheim.
  • Edmund Heines : Chef de la SA de Breslau et adjoint direct de Röhm. Il est arrêté et exécuté à Bad Wiessee aux côtés de Röhm.
  • Karl Ernst : Chef de la SA de Berlin-Brandebourg. Il est arrêté et exécuté, bien que son implication dans un putsch imaginaire ait été inventée.
  • Theodor Eicke : Commandant du camp de concentration de Dachau. Il est désigné par Himmler pour assassiner Ernst Röhm et devient par la suite inspecteur général des camps de concentration.
  • Michel Lippert : Commandant de la garde du camp de Dachau. Il assiste Eicke dans l’assassinat de Röhm.
  • Gregor Strasser : Ancien nazi de longue date, figure de la « tendance sociale » du parti, qui a rompu avec Hitler en 1932. Il est assassiné lors de la purge, bien que sans lien direct avec les événements de la SA.
  • Erich Klausener : Chef de l’Action catholique et opposant résolu aux nazis. Il est assassiné sur l’insistance personnelle de Heydrich, symbolisant la répression des milieux conservateurs catholiques.
  • Gustav von Kahr : Ancien commissaire d’État de Bavière, ayant contribué à l’échec du putsch de la Brasserie en 1923. Âgé, il est torturé et exécuté à Dachau.
  • Bernhard Stempfle : Prêtre et théologien, éditeur de journal antisémite et supposé contributeur de Mein Kampf. Il est assassiné lors de la purge.
  • Ferdinand von Bredow : Général de brigade et bras droit de Kurt von Schleicher. Il est assassiné à son domicile à Berlin.
  • Willi Schmid : Critique musical de Munich. Il est une victime accidentelle, confondu avec un homonyme et exécuté à Dachau.
  • Franz Gürtner : Ministre de la Justice du Reich. Il démontre sa fidélité au régime en rédigeant la loi rétroactive qui légalise les assassinats de la Nuit des Longs Couteaux.
  • Carl Schmitt : Éminent juriste et conseiller d’État. Il rédige un article justifiant les actions de Hitler et sa position de « juge suprême », apportant un soutien intellectuel et légaliste à la purge.
  • Walter von Reichenau : Général, intermédiaire entre l’armée et le parti nazi. Il soutient l’action contre la SA et donne publiquement du crédit aux mensonges concernant Schleicher.
  • August von Mackensen : Maréchal. Il est l’un des rares officiers supérieurs à protester contre les meurtres de Schleicher et Bredow.
  • Clemens August von Galen : Évêque de Münster. Il proteste publiquement contre les arrestations lors de la purge.
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