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Paul Valéry : Écrivain, Poète et Philosophe Français 🇫🇷
Paul Valéry, né Ambroise Paul Toussaint Jules Valéry, est une figure incontournable de la littérature et de la pensée française du XXe siècle. Né à Sète le 30 octobre 1871, et décédé à Paris le 20 juillet 1945, il est célébré à la fois comme écrivain, poète et philosophe. Son parcours est marqué par une longue période d’ombre et de travail intellectuel solitaire, les « Cahiers », suivie d’une explosion de célébrité après la Première Guerre mondiale, faisant de lui une sorte de « héros intellectuel » national.
Son œuvre poétique majeure, notamment La Jeune Parque et Le Cimetière marin, ainsi que ses réflexions profondes sur la connaissance et la civilisation, consignées dans ses essais et ses Dialogues, lui ont valu d’être un membre éminent de l’Académie française et professeur au Collège de France. Sa renommée exceptionnelle a perduré jusqu’à sa mort, survenue à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
1. Biographie et Formation Intellectuelle 🧠
1.1. Origines et Jeunesse Méditerranéenne
Ambroise Paul Toussaint Jules Valéry voit le jour en 1871 à Sète, dans l’Hérault. Ses origines familiales reflètent l’ouverture méditerranéenne : son père, Barthélemy Valéry, était d’origine corse et exerçait la fonction de vérificateur principal des douanes, tandis que sa mère, Fanny Grassi, était génoise, fille du consul d’Italie Giulio Grassi.
Il entre à l’école des dominicains à Sète en 1876, avant d’intégrer le collège de Sète en 1878. Il poursuit ensuite sa formation au lycée de Montpellier de 1884 à 1888. Cette période d’études est qualifiée de « maussades et sans grand éclat » [lm 1]. Attiré par l’École navale, il doit y renoncer, étant jugé « pas assez mathématicien » [lm 1]. Il s’oriente alors vers les beaux-arts et, plus spécifiquement, vers la poésie [lm 1].
Durant sa jeunesse, il admire la poésie de grands maîtres tels que Victor Hugo, Théophile Gautier et Charles Baudelaire, et rédige ses premiers poèmes [lm 1].
1.2. L’Immersion dans le Symbolisme 📝
En 1889, il entame des études de droit, qui sont interrompues par son service militaire (1889-1890). C’est durant cette période qu’il effectue des lectures et des rencontres déterminantes qui l’orientent vers la poésie symboliste [lm 1].
La lecture d’À rebours de Joris-Karl Huysmans s’avère être une révélation, lui faisant découvrir Stéphane Mallarmé et la mouvance du symbolisme [lm 1]. En cette même année 1889, il écrit plus d’une centaine de poèmes et commence à en publier dans la Revue maritime de Marseille.
L’année 1890 marque une rencontre cruciale pour son développement poétique : celle avec Pierre Louÿs. Ce dernier joue un rôle essentiel en l’introduisant dans le cercle de Stéphane Mallarmé, ainsi qu’en lui présentant André Gide et José-Maria de Heredia. Paul Valéry restera un fidèle disciple de Mallarmé jusqu’à la mort de ce dernier. Il publie ses premiers textes dans la revue L’Ermitage et des poèmes dans Le Conque, la revue de Pierre Louÿs [lm 1, ja 2].
2. La Nuit de Gênes et le Retrait Intellectuel 🌑
2.1. La Crise Existentielle de 1892
Un événement fondamental dans la vie de Paul Valéry, qu’il considèrera plus tard comme sa véritable origine et le début de sa vie mentale, se produit durant la nuit orageuse du 4 au 5 octobre 1892. Alors qu’il est en vacances à Gênes, chez sa famille maternelle, il traverse une grave crise existentielle.
De cette crise, il tire la résolution de « répudier les idoles » de la littérature, de l’amour et de l’imprécision. Il décide de consacrer l’essentiel de son existence à ce qu’il nomme « la vie de l’esprit ». Il réoriente alors son esprit vers de nouvelles valeurs qu’il juge incompatibles avec la création littéraire traditionnelle : la rigueur, la sincérité de l’esprit et la connaissance de soi [lm 1, 4].
C’est suite à cet engagement qu’il s’astreint à la rédaction quotidienne de ses célèbres Cahiers.
2.2. Le Secrétariat et le « Cloître de l’Intellect »
En 1894, Paul Valéry s’installe à Paris. Il travaille comme rédacteur au ministère de la Guerre à partir de 1897, et se lie notamment avec Paul Léautaud. Fidèle à sa résolution de Gênes, il prend ses distances avec l’écriture poétique pour se vouer à la connaissance de soi et du monde.
Entre 1900 et 1922, il occupe le poste de secrétaire particulier d’Édouard Lebey, administrateur de l’agence Havas. Ce poste est décrit comme un « poste de choix » qui lui procure énormément de temps libre pour approfondir ses connaissances et son expérience du monde. Cette période de vingt ans est caractérisée par une production littéraire modeste, ce que Berne-Joffroy appellera le « cloître de l’intellect » de Valéry [lm 1, 6].
Malgré son éloignement de la poésie, il publie quelques textes de jeunesse remarquables pendant cette décennie :
- Introduction à la méthode de Léonard de Vinci (1895).
- La Soirée avec monsieur Teste (1896).
- Un essai, dès 1897, où il anticipe l’expansion de l’économie allemande [lm 1, 6].
2.3. L’Œuvre de l’Ombre : les Cahiers 📔
Les Cahiers constituent l’œuvre véritable et secrète de Paul Valéry durant près de cinquante ans, poursuivie jusqu’à la fin de sa vie. Ces notes, prises chaque matin aux petites heures, servent de journal intellectuel et psychologique.
Cette pratique matinale lui permettait, selon sa propre boutade, de se sentir « le droit d’être bête le reste de la journée ». Il y consignait toutes ses réflexions, cherchant à discipliner son esprit et à percer les secrets de l’activité intellectuelle, notamment en réétudiant les mathématiques [lm 1, 7]. Il envisageait parfois de publier ses recherches, ou d’en tirer un « conte singulier » intitulé Manuscrit trouvé dans une cervelle [lm 2, 7], mais ne s’y résolvait jamais.
L’ensemble des notes conservées couvre plus de 30 000 pages, réparties dans 257 cahiers. L’essentiel de ce travail colossal ne sera publié qu’après sa mort. Dans ces Cahiers, on retrouve des passages de Tel Quel, ainsi que des indications graphiques destinées au regroupement futur en ouvrages, comme Nombres plus subtils ou Robinson.
Une première édition en fac-similé fut publiée par le CNRS entre 1957 et 1961.
3. L’Éclat Poétique et la Gloire Nationale 🏆
3.1. Le Retour à la Poésie : La Jeune Parque (1917)
Après un long silence poétique, Valéry revient à la poésie en 1917, sous l’influence notable d’André Gide. Il publie chez Gallimard La Jeune Parque.
Initialement, en 1912, Gallimard et Gide lui avaient simplement suggéré de rééditer ses premiers poèmes en y ajoutant une courte préface poétique [réf. souhaitée, 10]. Cependant, Valéry se met à retoucher ses anciens vers et décide d’y adjoindre un nouveau poème, qu’il concevait comme un « adieu à ces jeux de l’adolescence » [lm 3].
Il consacrera finalement environ quatre années à ce poème de 512 vers. Ce travail s’est étendu sur la période de la Première Guerre mondiale, processus qu’il comparait à « la croissance naturelle d’une fleur artificielle » [lm 3, 10]. Ce poème est considéré par certains comme son chef-d’œuvre. Il s’agit du monologue intérieur d’une jeune femme aux prises avec un combat entre le corps et l’esprit, écrit dans un formalisme qui rappelle son maître, Mallarmé.
Le succès de La Jeune Parque est immédiat. Surpris par la facilité avec laquelle il retrouve l’inspiration, il se remet alors à l’écriture poétique [lm 2, 11].
3.2. Maîtrise Formelle et Postérité Poétique
Quelques années après La Jeune Parque, il publie un autre grand poème qui marquera l’histoire littéraire : Le Cimetière marin (1920).
Valéry, toujours sous l’influence de Stéphane Mallarmé, met l’accent sur la maîtrise formelle et la construction rigoureuse, plutôt que sur le sens immédiat ou la seule inspiration. Il résumait cette approche par la célèbre formule : « Mes vers ont le sens qu’on leur prête ».
Cette primauté de la forme et de l’esprit est illustrée par l’un de ses tercets, bien que le sens exact du verbe utilisé prête à controverse (« fondre » ou « fonder ») :
« Cette main, sur mes traits qu’elle rêve effleurer Distraitement docile à quelque fin profonde, Attend de ma faiblesse une larme qui fonde ».
Après la guerre, Paul Valéry devient une figure immensément célèbre et est comblé d’honneurs. Il s’amuse d’ailleurs de son statut de « poète officiel ». En 1920, il publie Album des vers anciens, une sélection de poèmes datant de 1890 à 1893. En 1921, un référendum le consacre même comme le plus grand poète contemporain [lm 2, 12]. Son recueil de nouveaux poèmes, Charmes, paraît en 1922. Après cette publication, il mettra fin à toute production poétique [lm 2].
Malgré son statut, Valéry n’était pas unanimement reconnu de son vivant comme un poète de premier plan. Des critiques le considéraient « plus habile aux mondanités érudites qu’à la poésie proprement dite ». Paul Nizan ira jusqu’à le qualifier de « haut fonctionnaire de la langue française ». Valéry lui-même était conscient de ces divergences d’appréciation.
3.3. Un « Héros Intellectuel » au service de la France 🇫🇷
Suite au décès de M. Lebey en 1922, Paul Valéry se consacre entièrement à sa carrière d’homme de lettres. Éditeurs, revues et organismes le sollicitent constamment pour des préfaces, des essais et des recueils.
Il devient un orateur très demandé, donnant des conférences en France et à l’étranger. Lors de ses déplacements, il est reçu avec les plus grands honneurs, par des souverains et chefs d’État, de manière similaire aux personnalités de premier plan lors de déplacements officiels [lm 2, 14]. Ces conférences sont d’ailleurs également publiées. Il accède ainsi au statut de « héros intellectuel » de la France [lm 2, 14].
Son statut et ses honneurs institutionnels sont impressionnants :
- 1924 : Président du PEN club français.
- 1925 : Élu membre de l’Académie française.
- 1927 : Discours de réception à l’Académie. Il fait alors l’éloge de son prédécesseur, Anatole France, sans jamais prononcer son nom, un geste dû au fait qu’il ne pardonnait pas à France de s’être opposé autrefois à la publication de poèmes de Mallarmé.
- 1931 : Promu commandeur de la Légion d’honneur. Il prononce le discours de réception de Philippe Pétain à l’Académie.
- 1933 : Nommé administrateur du Centre universitaire méditerranéen de Nice.
- 1937 : Création pour lui de la chaire de poétique au Collège de France.
- 1938 : Élevé à la dignité de grand officier de la Légion d’honneur.
- 1939 : Président d’honneur de la SACEM.
Il fut par ailleurs membre du comité d’honneur de l’Association du Foyer de l’Abbaye de Royaumont. Son intelligence vive et sa curiosité intellectuelle en font un interlocuteur privilégié des plus grands scientifiques et penseurs de son époque, incluant Henri Poincaré, Louis de Broglie, Henri Bergson, Auguste Perret et Albert Einstein.
Il est également l’auteur des quatre inscriptions en lettres d’or commandées spécifiquement pour les frontons des pavillons monumentaux du Palais de Chaillot.
4. L’Œuvre en Prose : Dialogues et Réflexions Philosophiques 📖
4.1. Les Dialogues : Une Pensée Complexe
Les Dialogues de Valéry sont cités parmi ses chefs-d’œuvre en prose [lm 4]. Valéry y utilise une forme dialoguée, inspirée des Dialogues de Platon, qui met en scène plusieurs personnages [lm 4, 23].
Cette structure lui permet d’exprimer une pensée complexe en soulevant et en répondant à des objections [lm 4, 23]. C’est aussi une occasion pour l’auteur de déployer toute l’étendue de ses talents littéraires, offrant une grande variété de formes, allant de l’humour à la poésie. Il transpose dans ces dialogues certaines réflexions et observations initialement notées dans ses Cahiers.
Parmi les contributions majeures de cette série, on peut citer des œuvres centrées sur divers domaines de la pensée :
- L’Âme et la danse (1923) : Contribution à la philosophie de la danse.
- Eupalinos ou l’Architecte (1923) : Centré sur la philosophie de l’architecture. Cet ouvrage met en scène un dialogue entre Socrate et Phèdre au royaume des ombres, revisitant des concepts platoniciens comme la mimesis, le réel, ou les effets de l’écriture.
- L’Idée fixe (1924) : Contribution à la psychologie.
- Le Dialogue de l’arbre (1943) et certains fragments de Mon Faust (1945) : Contributions à la philosophie environnementale.
4.2. Inquiétudes sur la Civilisation : La Série Variété
Les essais de Valéry explorent ses inquiétudes profondes concernant l’avenir de la civilisation. Il est l’auteur de la célèbre formule prophétique : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles ». Ses réflexions portent également sur l’avenir des « droits de l’esprit », le rôle de la littérature dans la formation, et l’impact du progrès sur l’homme.
La série des cinq tomes intitulée « Variété » (I-V) regroupe des écrits d’un genre particulier. L’auteur confesse que la plupart de ces textes lui ont été commandés et qu’il ne les aurait sans doute jamais écrits de lui-même. Malgré cela, ils témoignent d’une profondeur d’analyse remarquable.
Le tome V de la série Variété classe les articles sous plusieurs rubriques [lm 5] :
- Études littéraires [lm 5].
- Études philosophiques [lm 5].
- Essais quasi politiques.
- Théorie poétique et esthétique.
- Enseignement.
- Mémoires du poète.
Dans la section des études littéraires (une vingtaine d’essais), Valéry exprime son admiration pour l’art classique tout en développant sa propre conception de l’art littéraire et poétique [lm 5, 26]. Parmi les essais les plus notables, on compte ceux consacrés à François Villon, Blaise Pascal, Jean Racine, Charles Baudelaire, et surtout, son maître Stéphane Mallarmé, qu’il a connu intimement [lm 5, 26].
Ses courts essais sur divers sujets d’actualité du XXe siècle ont été rassemblés sous le titre Regards sur le monde actuel.
4.3. Le Penseur : Critique et Constructivisme
Sur le plan philosophique, Paul Valéry est classé parmi les penseurs du constructivisme au XXe siècle, notamment en raison de l’importance qu’il accorde au rôle de la représentation et de l’action dans la théorie de la connaissance. Il s’inspire des travaux théoriques et de construction de Léonard de Vinci, à qui il a consacré une monographie.
Toutefois, sa relation avec la philosophie académique est souvent décrite comme problématique. Jean-François Dortier note que Valéry n’a pas développé de philosophie unifiée et achevée : « toute son œuvre est dispersée dans des notes, carnets, cahiers où il livre, formule après formule, des réflexions sur le rôle des idées, sans jamais les assembler en une théorie achevée ».
Valéry exprime une antipathie pour la longueur et la langue des philosophes classiques, écrivant dans ses Cahiers : « Je lis mal et avec ennui les philosophes, qui sont trop longs et dont la langue m’est antipathique » . S’il s’inspire de Descartes concernant une certaine méthode du « penser », il est très critique envers le discours philosophique lui-même, comme l’explique Jacques Bouveresse . Néanmoins, il est guidé par un besoin philosophique de comprendre le monde dans sa généralité, et d’analyser le processus même de la pensée .
Il se montre également très critique à l’égard de l’utilisation de l’histoire pour justifier des thèses ou des actions, notant qu’elle « contient tout et donne des exemples de tout » .
5. Vie Privée, Relations et Engagements 🌹
5.1. Mariage et Vie Familiale
En 1900, Paul Valéry épouse Jeannie Claudine Gobillard (1877-1970). Jeannie Gobillard était la cousine germaine de Julie Manet, elle-même fille de Berthe Morisot et d’Eugène Manet (le frère d’Édouard Manet). Le double mariage est célébré en l’église Saint-Honoré d’Eylau, le même jour où Julie Manet épouse le peintre Ernest Rouart.
Le couple Valéry s’installe dans l’immeuble de la rue de Villejust (aujourd’hui rue Paul-Valéry) dont Julie Manet avait hérité. Le couple aura trois enfants : Claude, Agathe et François. Les deux familles, Valéry-Gobillard et Rouart-Manet, demeureront très liées, partageant notamment leurs vacances au « Mesnil », une propriété acquise par Berthe Morisot et Eugène Manet sur les bords de Seine.
Par son mariage, Paul Valéry se rapproche des milieux artistiques et fréquente des figures comme les peintres Edgar Degas et Auguste Renoir.
5.2. Liaisons Amoureuses et Correspondance
Alors qu’il est déjà marié et qu’il approche de la cinquantaine, Valéry entame une liaison en 1920 avec la poétesse Catherine Pozzi (âgée de trente-huit ans et séparée de son mari, Édouard Bourdet). Cette relation tumultueuse dure huit ans et génère une importante correspondance qui sera par la suite détruite. La rupture est douloureuse, menant Catherine Pozzi à exprimer des jugements peu flatteurs à l’encontre du poète : « J’ai honte de vous, vieillard ironique et glorieux. ».
Son œuvre véritable continue de se développer dans l’ombre, tout comme sa passion pour la romancière Jean Voilier.
5.3. Positions Politiques et Anti-Propagande
Valéry a toujours refusé tout engagement politique formel. Il se qualifiait volontiers d’anarchiste [lm 6, 27]. Il nourrissait une piètre opinion de la propagande politique, qu’il jugeait incompatible avec son esprit critique, la décrivant comme ce qui « combine sentiments et syllogismes ».
Ses « essais quasi-politiques » consistent principalement en des observations pertinentes et clairvoyantes de son temps [lm 7, 27]. Il y mène également une critique de la discipline historique [lm 7].
Il est à noter que, durant sa jeunesse, Valéry était anti-dreyfusard, une position conforme à son nationalisme de l’époque, qu’il abandonnera par la suite. En 1899, il contribua, bien que non sans réflexion (comme il l’écrira plus tard), à la souscription lancée en faveur de la veuve de l’accusateur d’Alfred Dreyfus, le Monument Henry, en donnant trois francs.
6. Occupation, Décès et Postérité 🕊️
6.1. Acte de Résistance sous l’Occupation
Durant l’Occupation allemande, Paul Valéry adopte une position ferme en refusant de collaborer.
En janvier 1941, en sa qualité de secrétaire de l’Académie française, il prononce l’éloge funèbre du « juif Henri Bergson ». Cette prise de position publique est considérée comme un « acte de résistance ». Cet événement lui vaut probablement de perdre son poste d’administrateur du Centre universitaire méditerranéen de Nice, mais il conserve son siège à l’Académie et poursuit son enseignement au Collège de France.
De 1941 à 1945, il est président de l’Union française pour le sauvetage de l’enfance. Il est également membre du comité national des écrivains, une émanation du Front national de la résistance.
En 1942, il dédicace un de ses livres à Hélène Berr, une initiative qui encourage la jeune femme à tenir le journal qui fera d’elle l’« Anne Frank française ».
6.2. Mort et Funérailles Nationales
Paul Valéry meurt le 20 juillet 1945 au 40 rue de Villejust (aujourd’hui rue Paul-Valéry) à Paris.
Ayant été proposé sans succès pour le Prix Nobel de littérature une dizaine de fois durant les années 1920 et 1930, il était pressenti comme le favori pour l’obtenir en 1945. Cependant, le prix Nobel ne pouvant être attribué à titre posthume, il n’a pu recevoir cette distinction.
Sur ordre du général de Gaulle, Paul Valéry bénéficie de funérailles nationales, les premières organisées après la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Conformément à son souhait, il est inhumé à Sète, dans la partie haute du cimetière marin. Ce lieu est immortalisé dans son poème Le Cimetière marin. Il repose dans le caveau de son grand-père maternel, Giulio Grassi. Les vers choisis comme épitaphe proclament :
Ô récompense après une pensée Qu’un long regard sur le calme des dieux.
Son épouse, Jeannie Gobillard, survivra jusqu’au 9 juillet 1970, décédant à Paris à l’âge de 93 ans.
7. Analyse Critique de l’Œuvre et de la Pensée 🔬
7.1. Le Poète de la Création Poétique
Paul Valéry est souvent associé, aux côtés de Rimbaud et Mallarmé, à l’avant-garde poétique qui centre son attention sur le processus de création lui-même. Selon le critique littéraire Clement Greenberg, Valéry figure dans une liste de poètes dont l’attention se porte sur « l’effort pour créer la poésie et sur les « moments » mêmes de la conversion poétique, plutôt que sur l’expérience à convertir en poésie ». Mallarmé et Valéry sont considérés comme les plus radicaux à cet égard.
Valéry privilégiait la construction et l’intellect dans l’art, une approche qu’il a manifestée dès ses premières œuvres en prose comme Introduction à la méthode de Léonard de Vinci et La Soirée avec monsieur Teste.
7.2. L’Homme de Lettres Polyvalent
Outre son œuvre de poète et d’essayiste, Valéry était reconnu comme un traducteur et critique littéraire avisé.
Il s’est notamment distingué en tant que traducteur en vers des Bucoliques de Virgile. Il était également apprécié pour ses préfaces critiques, ayant commenté des œuvres majeures telles que Lucien Leuwen de Stendhal, Les Chimères de Nerval, et les Lettres persanes de Montesquieu.
Son besoin philosophique de comprendre le monde et le processus de la pensée l’a guidé tout au long de sa carrière, qu’il manifeste notamment dans Eupalinos ou l’Architecte . Le travail qu’il a mené pendant des décennies dans les Cahiers, bien que non destiné à la publication immédiate, constitue la profondeur des réflexions qui alimenteront l’ensemble de son œuvre.
Le rapport entre ses réflexions intimes et ses œuvres publiques (les essais de la série Variété et les Dialogues) est crucial pour comprendre sa démarche. Les Dialogues lui permettaient d’élever la pensée complexe de ses Cahiers vers une forme littéraire dynamique. Valéry a cherché, tout au long de sa vie, à sonder les mystères de l’activité intellectuelle, même s’il se décourageait parfois face à ces énigmes « sans cesse reprises, réobscurcies, redégagées ».
