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Les Monty Python : Analyse Approfondie d’une Révolution Comique Absurde 🎭🎬

Introduction : L’Essence de l’Humour Pythonesque ✨

Les Monty Python sont une troupe d’humoristes dont l’influence dans le domaine comique est fréquemment comparée à celle des Beatles dans la musique populaire. Cette troupe, composée de six membres, a débuté sa carrière télévisuelle avec la série révolutionnaire Monty Python’s Flying Circus. L’impact de leur œuvre s’est largement étendu au-delà des frontières du Royaume-Uni et du monde anglo-saxon.

Leur nom a même donné naissance au mot « pythonesque » dans la langue anglaise, un terme créé pour décrire leur humour distinctif et qui a été intégré dans les dictionnaires. Des personnalités de l’humour français, comme Alain Chabat et les Robins des Bois, se sont notamment réclamés de leur héritage.

La formation comprenait six individus:

• Graham Chapman
• John Cleese
• Eric Idle
• Michael Palin
• Terry Jones
• Terry Gilliam

Tous les membres étaient anglais, à l’exception notable de Terry Gilliam, originaire des États-Unis, et de Terry Jones, d’origine galloise.

Leur humour tire ses racines dans le burlesque absurde d’émissions d’avant-guerre diffusées sur la BBC, telles que ITMA (It’s that Man Again !), ainsi que dans The Goon Show, une émission d’humour radiophonique mettant en vedette Peter Sellers et Spike Milligan.

Formation et Débuts : Les Racines Universitaires 🎓

La fondation des Monty Python est le fruit de rencontres effectuées sur les bancs des universités prestigieuses d’Oxford et de Cambridge.

La Rencontre des Talents

Jones et Palin se sont rencontrés pour la première fois à l’université d’Oxford. De leur côté, Cleese et Chapman ont fait connaissance à l’université de Cambridge. Eric Idle était également à Cambridge, bien qu’il y soit arrivé un an après Cleese et Chapman.

John Cleese a ensuite rencontré Terry Gilliam à New York alors qu’il était en tournée avec le spectacle Cambridge Circus des Cambridge University Footlights. Ce spectacle portait initialement le nom de A Clump of Plinth.

Cleese, Chapman et Idle étaient tous trois membres des Footlights. Cette troupe d’humoristes comptait également d’autres figures notables, y compris les futurs « Goodies » (Tim Brooke-Taylor, Bill Oddie et Graeme Garden) et Jonathan Lynn (coauteur de Yes Minister). Sous la présidence d’Idle, l’autrice féministe Germaine Greer et le producteur Clive James étaient aussi membres des Footlights.

Les Travaux Précurseurs avant le Flying Circus 📝

Avant de former le Monty Python’s Flying Circus, les futurs membres de la troupe ont écrit ou joué dans divers sketchs et émissions. Ces travaux ont permis de forger leur célèbre style. The Frost Report est souvent considéré comme la première œuvre commune des Python britanniques :

Émission / Média	Années	Python Impliqués (Rôles)
I’m Sorry, I’ll Read That Again (radio)	1964-1973	Cleese (acteur & auteur), Idle et Chapman (auteurs)
The Frost Report	1966-1967	Cleese (acteur & auteur), Idle (auteur du monologue de Frost), Chapman, Palin & Jones (auteurs)
At Last the 1948 Show	1967	Chapman & Cleese (auteurs & acteurs), Idle (auteur)
Twice a Fortnight	1967	Palin & Jones (acteurs & auteurs)
Do Not Adjust Your Set	1967-1969	Palin, Jones & Idle (acteurs & auteurs), Gilliam (animation)
How to Irritate People	1968	Cleese & Chapman (acteurs & auteurs), Palin (acteur)
Docteurs en folie	1969	Cleese & Chapman (auteurs)

Après le succès de l’émission Do Not Adjust Your Set (initialement destinée aux enfants, mais populaire auprès des adultes), la chaîne privée ITV offrit à Palin, Jones, Idle et Gilliam l’opportunité de créer leur propre série. Simultanément, la BBC, impressionnée par les prestations de Cleese et Chapman dans The Frost Report et At Last The 1948 Show, leur proposa également une émission.

Cleese, réticent à travailler uniquement en duo avec Chapman à cause de la personnalité que l’on disait difficile de ce dernier, invita Palin à rejoindre l’équipe, se souvenant d’une collaboration positive. Palin accepta, l’émission ITV étant encore en pré-production, et suggéra l’ajout de Jones et Idle. Idle, à son tour, proposa que Gilliam se charge des animations. La troupe se forma ainsi, un peu par hasard, comme beaucoup l’ont souligné.

Les membres reconnaissent que c’est la BBC qui leur a permis de créer « une émission échappant à toute censure », même si, selon Terry Jones, la chaîne n’appréciait pas ce qu’ils faisaient.

Monty Python’s Flying Circus : Le Manifeste de l’Absurde 📺

La série télévisée Monty Python’s Flying Circus est la création fondatrice de la troupe. Sa diffusion a débuté sur la BBC le 5 octobre 1969 et s’est étendue sur 45 épisodes jusqu’au 5 décembre 1974.

Le Flying Circus a remis en question tous les principes établis des émissions télévisées.

Un Nom Mémorable et Aléatoire 🦉🐸

Avant d’opter pour le nom définitif, plusieurs titres ont été envisagés, souvent basés sur l’absurde :

• Owl Stretching Time (Le Temps où le hibou s’étire)
• The Toad Elevating Moment (Le moment d’élévation du crapaud)
• Vaseline Review (La revue de la vaseline)
• Bun, Wackett, Buzzard, Stubble and Boot

Le terme « Flying Circus » fut imposé par la BBC, qui expliqua au groupe que ce nom était déjà imprimé sur les programmes et qu’il était impossible de le modifier. Cependant, il y eut de nombreuses variations envisagées, telles que Gwen Dibley’s Flying Circus et Barry Took’s Flying Circus (en hommage à celui qui les avait rassemblés).

Quant à « Monty Python », le groupe a laissé entendre, dans un documentaire de 1998, que « Monty » avait été choisi en hommage affectueux au maréchal Lord Montgomery, figure légendaire de la Seconde Guerre mondiale. Cleese ajouta « Python », qu’il associait à l’image d’un individu perfide et faux jeton, mais aussi parce que l’association phonétique des deux mots leur paraissait drôle. D’autres théories existent, suggérant que « Monty » pourrait faire référence à un pilier de bar local ou à Monty Bodkin, un personnage de P. G. Wodehouse.

Rupture avec les Conventions : La Structure des Épisodes 💥

Les Python étaient de grands admirateurs d’artistes comme Peter Cook, Alan Bennett, Jonathan Miller et Dudley Moore. Cependant, une chose les troublait dans les comédies de l’époque : si les sketchs étaient souvent bons, la chute n’était généralement pas à la hauteur, affaiblissant considérablement la portée comique.

Ils prirent la décision de ne pas se forcer à conclure leurs sketchs de manière traditionnelle. Ainsi, les premiers épisodes étaient fréquemment dénués de chutes. Par exemple, une scène pouvait devenir de plus en plus chaotique jusqu’à ce qu’une remarque fuse (« C’est le sketch le plus stupide que j’ai jamais vu ») et que les acteurs quittent le plateau.

En observant la série de Spike Milligan, Q5, qui était encore plus irrévérencieuse et dont les sketchs étaient souvent interrompus en plein milieu, Terry Jones fut convaincu qu’ils devaient innover davantage.

Après discussion, Jones se rappela une animation décousue de Gilliam créée pour Do Not Adjust Your Set, intitulée Beware of the Elephants. Jones pensa que ce style permettrait de lier les sketchs entre eux de manière fluide. Palin fut également fasciné par une autre œuvre de Gilliam, Christmas Cards.

Comme Cleese, Chapman et Idle étaient moins intéressés par l’arrangement général du programme, Jones, Palin et Gilliam devinrent les principaux responsables du style de présentation du Flying Circus. Ils liaient des sketches divers pour donner une unité à chaque épisode, utilisant souvent une animation de Gilliam pour faire le lien entre la fin d’un sketch et le début du suivant.

Les Innovations du Style Pythonesque 🖼️

Le Flying Circus a introduit plusieurs méthodes narratives et visuelles uniques :

1. Le Démarrage à Chaud (Cold Open) : Les épisodes commençaient souvent sans le générique de début. De nombreuses introductions montraient Palin déguisé en Robinson Crusoé parcourant de longs chemins avant d’arriver à la caméra, de dire « c’est… », et d’être coupé par le générique sur l’air de la marche The Liberty Bell de John Philip Sousa.
2. L’Interruption : Les sketches étaient souvent coupés brutalement. Parfois, le « Colonel » Chapman arrivait pour ordonner l’arrêt immédiat du sketch, car les choses étaient devenues « beaucoup trop idiotes ». D’autres fois, les scènes se terminaient à la manière d’un dessin animé, comme un poids de 16 tonnes tombant sur la tête d’un personnage, ou un chevalier en armure (joué par Gilliam) arrivant sur scène pour frapper tout le monde avec un poulet en caoutchouc.
3. L’Animation Surréaliste : L’utilisation des collages surréalistes de Terry Gilliam était un élément innovant et distinctif. Beaucoup de ces images étaient tirées de gravures de l’époque victorienne, et le style de Gilliam a été largement copié depuis.
4. Le Pied de Cupidon : Le pied géant qui écrase le nom de l’émission à la fin du générique est une empreinte marquante du style Monty Python. Il s’agit du pied de Cupidon, tiré d’une reproduction de l’œuvre de Bronzino, Allégorie du triomphe de Vénus, datant de la Renaissance italienne.

Le Travestissement et la Répartition des Rôles 🎭

Traditionnellement, la comédie britannique utilisait le travestissement pour obtenir des effets grotesques. Les Monty Python adoptèrent une approche différente : ils écrivaient des rôles comiques féminins et masculins et jouaient presque tous ces rôles eux-mêmes.

Si une ménagère était nécessaire, l’un des Monty (généralement Terry Jones) enfilait une robe et un tablier, et jouait le rôle avec une voix râleuse et suraiguë. Un rôle féminin n’était interprété par une femme (souvent Carol Cleveland) que s’il était impératif qu’elle soit attirante. Dans la série et plus tard dans le film La Vie de Brian (scène de la lapidation), ils allèrent jusqu’à jouer des femmes travesties en hommes.

L’approche d’écriture était démocratique. Chaque membre se considérait d’abord comme un auteur plutôt qu’un acteur. Si la majorité trouvait une idée bonne, elle était retenue. Les jours de travail commençaient vers 9h et finissaient à 17h.

• Cleese et Chapman travaillaient ensemble, isolés des autres.
• Jones et Palin travaillaient ensemble, isolés des autres.
• Idle travaillait seul.
• Gilliam avait carte blanche pour produire les animations qui reliaient les sketchs.

Les Styles Distincts au Sein du Groupe 🗣️

Bien que la série fût une œuvre collective, des groupes distincts de styles d’humour peuvent être identifiés en fonction des affiliations universitaires :

• Les Anciens d’Oxford (Palin et Jones) : Leur humour était plus visuel et fantaisiste (ex. : l’arrivée de l’Inquisition espagnole devant un pavillon de banlieue). Les sketchs de Palin et Jones partaient souvent d’une situation ordinaire (des personnages discutant dans un salon ou un restaurant) qui introduisait soudainement un élément inattendu, et ils en élaboraient ensuite la suite logique ou improbable.
• Les Diplômés de Cambridge (Cleese et Chapman) : Leur humour était plus verbal et agressif. Leurs duos se terminaient souvent avec l’un des personnages intimidant ou insultant l’autre. John Cleese a confirmé que « la plupart des sketches où ça gueule venaient de Graham et de moi ».
• Eric Idle (L’Indépendant) : Ses contributions tournaient souvent autour des jeux de mots jusqu’à en devenir insupportables ou des personnages à l’élocution bizarre (comme l’homme parlant en anagramme). Son travail est caractérisé par une obsession du langage et de la communication.
• Terry Gilliam (L’Animateur) : Ses animations allaient de la fantaisie à la sauvagerie. Le format de l’illustration lui permettait de créer des scènes très violentes sans craindre la censure.

La Fin du Flying Circus 🚪

John Cleese a envisagé de quitter l’émission dès la fin de la deuxième saison et a finalement sauté le pas après la troisième, car il avait l’impression de se répéter et de n’avoir plus rien de neuf à offrir. Il trouvait également qu’il était devenu trop difficile de travailler avec Chapman en raison de son alcoolisme.

Eric Idle a raconté que Cleese avait annoncé son départ lors d’un vol : « J’arrête. » Idle a décrit Cleese comme quelqu’un qui s’ennuie rapidement et qui est difficile à fréquenter, mais dont le génie comique vient du fait qu’il ne cherche jamais à plaire, ce qui lui confère une liberté « fascinante et arrogante ».

Le reste du groupe a continué pour une quatrième saison, bien que celle-ci ne comptât que 6 épisodes, contre 13 pour les précédentes. Malgré son départ officiel, Cleese continua d’apparaître dans quelques sketchs de cette saison, et il fut cité comme coauteur, principalement pour des scènes recyclées du script de Sacré Graal !.

La Carrière Cinématographique : Du Sketch au Grand Écran 🍿

Après l’arrêt de la série en 1974, la troupe a poursuivi une carrière cinématographique, réalisant elle-même ses longs-métrages.

La Première Folie des Monty Python (1971) 🎥

Le tout premier film des Monty Python, intitulé And Now for Something Completely Different, était une compilation des meilleurs sketchs de la première saison, refilmés avec un budget très réduit. Le film sortit en France en 1974 sous le titre de Pataquesse, avec une affiche dessinée par Gotlib.

Ce projet, financé par Victor Lowndes, un producteur de Playboy, était conçu comme un « cheval de Troie » pour pénétrer le marché américain. Bien que cet objectif n’ait pas été atteint, le film a connu du succès au Royaume-Uni. Il a offert aux spectateurs l’occasion de voir la troupe en couleur au cinéma, beaucoup d’entre eux ne possédant alors que des téléviseurs noir et blanc.

Monty Python : Sacré Graal ! (1975) 🏰🥥

Le groupe s’est reformé (avec le retour de Cleese) en 1974 pour produire leur premier film original.

Sacré Graal ! (Monty Python and the Holy Grail) était librement inspiré de la légende Arthurienne. Il a été mis en scène par Terry Jones et Terry Gilliam, qui réalisa également les animations et le générique de début. Graham Chapman incarna le rôle du Roi Arthur.

Anecdotes et Conditions de Tournage :

• Le film fut tourné en Écosse, notamment autour du château de Doune et du château de Stalker.
• Le budget était très limité (estimé à 229 575 £).
• Le film fut tourné sans chevaux. Le célèbre gag du film consistait à ce que les chevaliers miment la chevauchée à pied pendant que leurs écuyers tapaient deux demi-noix de coco l’une contre l’autre pour imiter le bruit des sabots. Ce trucage, courant à la radio, était rarement montré au cinéma. (Le titre allemand du film est d’ailleurs Die Ritter der Kokosnuss – Les Chevaliers à la Noix de coco).
• Les cottes de mailles étaient en fait des pulls en laine teints avec de la peinture argentée, lesquels s’imbibaient d’eau de pluie à cause du mauvais temps.
• Le faible budget imposait des hôtels de qualité médiocre — l’un d’entre eux inspira d’ailleurs la série L’Hôtel en folie (Fawlty Towers).
• Les tensions étaient présentes : Gilliam et Jones se disputaient entre eux ou avec d’autres membres. L’alcoolisme de Chapman devint évident lorsqu’il souffrit de delirium tremens pendant le tournage.

C’est aussi la seule fois où Michael Palin, habituellement aimable, s’est franchement énervé lorsqu’il fut contraint de refaire plusieurs fois une scène où il jouait un « avaleur de boue » (une mare de chocolat) qui ne fut même pas conservée au montage final.

Monty Python : La Vie de Brian (1979) 🌟🙏

Après le succès de Sacré Graal !, Eric Idle répondit au hasard à un journaliste demandant le titre de leur prochain film : « Jésus-Christ ou la Soif de Gloire ». Cette plaisanterie devint la réponse officielle de la troupe.

Bien qu’ils aient initialement envisagé de se moquer de la vie du Christ, ils décidèrent finalement que Jésus était « quelqu’un de bien » et ne trouvèrent rien à ridiculiser dans ses enseignements. Ils choisirent plutôt de faire une satire se moquant de la crédulité et de l’hypocrisie des adorateurs d’un messie improbable. Le projet se concentra sur Brian Cohen, un individu né au même moment que Jésus, dans une étable voisine, et pris par erreur pour le messie.

Un Financement Inattendu :

Le tournage fut choisi pour la Tunisie, contrastant avec l’expérience rustique de Sacré Graal !. Cependant, l’imprésario Bernard Delfont retira soudainement les fonds promis, paniqué par le script, juste avant le début du tournage.

Le film fut sauvé par George Harrison, qui créa immédiatement Handmade Films pour financer La Vie de Brian (dont le budget était estimé à 5 millions de £). Harrison affirma qu’il voulait simplement voir le film, ce qui amena les Python à plaisanter sur le fait qu’il s’agissait du billet de cinéma le plus cher jamais acheté.

Controverses et Réactions :

Lors de sa distribution, de nombreux groupes chrétiens ont protesté, criant au blasphème, particulièrement choqués par la scène finale où les victimes d’une crucifixion de masse chantent « Always Look on the Bright Side of Life ».

• Le film fut interdit par plusieurs conseils municipaux au Royaume-Uni (y compris dans des localités sans cinéma).
• Il fut interdit pendant huit ans en Irlande et pendant un an en Norvège.
• En Italie, il ne fut distribué qu’en 1990.

Cleese et Palin ont participé à un débat télévisé sur la BBC2 avec Malcolm Muggeridge et l’évêque de Southwark. Cleese affirma avoir apprécié le débat car il trouvait le film intellectuellement défendable, tandis que Palin était visiblement bouleversé. Les Python ont toujours défendu que le film est hérétique plutôt que blasphématoire, car il se moque des pratiques religieuses, et non de Dieu lui-même.

Terry Jones fut le seul metteur en scène sur ce film, suite aux disputes survenues lors de la coréalisation de Sacré Graal !. Chapman, ayant pris l’engagement d’arrêter de boire, joua Brian avec une prestance jugée « noble ».

Monty Python : Le Sens de la vie (1983) 🌌

L’œuvre cinématographique finale des Monty Python, dirigée par Terry Jones, est un retour à l’esprit décousu du Flying Circus. Le film est une série de sketchs suivant vaguement les étapes de la vie humaine, de la naissance à la mort.

Ce film est souvent considéré comme leur œuvre la plus sombre, contenant des moments spectaculaires d’humour noir et des chansons grandioses. À sa sortie, les Python avaient l’intention de choquer « tout le monde ».

Un film d’introduction réalisé par Gilliam, The Crimson Permanent Assurance, est devenu si élaboré qu’il fut présenté en première partie du film principal (et comme prologue sur DVD/vidéo).

Bien qu’il ait remporté le Grand Prix Spécial du Jury au Festival de Cannes en 1983, Le Sens de la vie n’est généralement pas considéré comme aussi réussi que ses prédécesseurs, car il lui manque la structure narrative de Sacré Graal ! ou de La Vie de Brian. Idle pensait qu’il était « juste à une réécriture de la perfection ». Ils avaient envisagé d’introduire un personnage leitmotiv (comme Arthur ou Brian) que l’on suivrait tout au long du film, mais Cleese refusa, fatigué par l’écriture tortueuse du script.

Ce fut le dernier projet où les six Python apparurent ensemble.

Les Architectes de l’Absurde : Portraits des Membres 🧑‍🎨

L’identité et la cohésion du groupe reposaient sur les personnalités et les styles d’écriture de ses six membres.

Graham Chapman (1941–1989) : Le Gentleman Excentrique 🚬

Né le 8 janvier 1941, Graham Chapman a étudié la médecine à Cambridge, où il rejoignit les Footlights.

Il est surtout mémorable pour ses deux rôles majeurs au cinéma : le Roi Arthur dans Sacré Graal ! et Brian Cohen dans La Vie de Brian. Il jouait ces rôles avec le plus grand sérieux, contrastant avec ses personnages du Flying Circus qui reflétaient davantage son caractère de « fou furieux qui essaie de se contrôler ».

Chapman était le parfait gentleman britannique sous certains aspects (fumeur de pipe, pratiquant l’alpinisme et le rugby) et était ouvertement homosexuel. Son excentricité était notoire ; Terry Gilliam affirmait qu’il vivait dans un tout autre monde.

Son alcoolisme grandissant a souvent énervé ses partenaires, car il oubliait ses répliques et jouait saoul vers la fin de la série télévisée. Ses crises de delirium tremens ont culminé durant le tournage de Sacré Graal !. Il a cependant cessé de boire avant le tournage de La Vie de Brian.

Chapman est décédé d’un cancer de la gorge le 4 octobre 1989. Ses funérailles furent mémorables, notamment le discours de John Cleese, qui utilisa les euphémismes loufoques du sketch du « perroquet mort ».

John Cleese (né en 1939) : L’Ogre Agressif 😠

Né le 27 octobre 1939, John Cleese (dont le nom de famille original était Cheese) a étudié le droit à Cambridge, où il rencontra Chapman.

Avec les animations de Gilliam, les numéros du duo Cleese/Chapman contenaient les moments les plus noirs et les plus furieux des Monty Python. Ses personnages affichaient souvent une rage difficilement contenue, un trait que la critique a souvent lié à la propre névrose de Cleese (qui a admis avoir recours à la psychanalyse).

Il est célèbre pour incarner des rôles d’autorité qu’il sabote ensuite méthodiquement, utilisant son visage impassible, son accent de la classe moyenne et sa stature imposante. Son rôle le plus célèbre est celui du fonctionnaire du Ministère des Démarches Idiotes (Ministry of Silly Walks), où il exploitait ses jambes démesurées pour adopter une démarche grotesque.

Leur collaboration avec Chapman consistait souvent à satiriser des gens ordinaires dans des situations ordinaires qui se comportent de manière absurde. Le sketch du perroquet mort est un exemple classique de leur travail. Cleese a révélé que c’est Chapman qui a eu l’idée de remplacer le grille-pain ou la voiture en panne originaux par un perroquet décédé, conférant au sketch son aspect surréaliste et son succès.

Cleese aimait particulièrement travailler avec Michael Palin, le contraste entre l’agressivité de Cleese et l’innocence de Palin étant une marque de la série.

Après les Python, Cleese a connu le succès avec Un poisson nommé Wanda (avec Palin) et a incarné le personnage de Nick Quasi-Sans-Tête dans les deux premiers films Harry Potter. Il a également joué l’assistant de Q dans la série James Bond.

Terry Gilliam (né en 1940) : Le Maître du Collage Surréaliste ✂️

Né le 22 novembre 1940 à Minneapolis, aux États-Unis, Terry Gilliam est le seul Python d’origine non britannique, bien qu’il ait été naturalisé depuis. Il a commencé comme dessinateur d’animation et de bandes dessinées pour les magazines Mad puis Help (auquel Cleese a contribué).

Il était le concepteur des animations surréalistes qui reliaient les sketchs. Son style, souvent copié (et source d’inspiration pour des séries comme South Park), mélangeait sa propre production (formes arrondies, dégradés) avec des extraits d’anciennes photographies, en particulier de l’époque victorienne.

En tant qu’acteur, Gilliam jouait généralement dans des rôles silencieux ou peu bavards que les autres ne voulaient pas faire, souvent à cause d’un maquillage épais ou d’un costume inconfortable, comme le chevalier en armure. Il a coréalisé Sacré Graal ! et est aujourd’hui un metteur en scène respecté et imaginatif, réalisateur de films acclamés tels que Brazil, Les Aventures du baron de Münchausen et L’Armée des douze singes.

Eric Idle (né en 1943) : Le Solitaire Linguistique et Musical 🎶

Né le 29 mars 1943, Eric Idle était le seul membre à travailler seul pour l’écriture, les couples Cleese/Chapman et Jones/Palin étant déjà établis. Il appréciait l’indépendance que cela lui conférait. Cependant, il lui était parfois difficile de présenter ses sketchs aux autres et de les défendre, Cleese reconnaissant qu’Idle « n’avait qu’un vote » lors des délibérations.

Le travail d’Idle est marqué par une obsession pour le langage et la communication. Ses sketchs incluent des particularités verbales (l’homme qui parle par anagrammes, le boucher alternant grossièreté et politesse) ou des monologues longs. Le sketch du nudge nudge, célèbre pour ses sous-entendus et allusions délicates, est un exemple de son travail.

Idle, étant l’un des plus jeunes, était le plus proche de l’esprit des fans adolescents de la troupe, et ses sketchs traitaient souvent des préoccupations de l’époque (pop musique, tolérance sexuelle, drogues « légères »).

Guitariste compétent, il a composé les airs les plus connus du groupe, dont le célèbre morceau final de La Vie de Brian : « Always Look on the Bright Side of Life ». Il a repris ce titre lors de la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques de Londres en 2012.

Idle a retrouvé le succès en 2005 avec Spamalot, une parodie de comédie musicale basée sur Sacré Graal !.

Terry Jones (1942–2020) : Le Catalyseur et Réalisateur Visionnaire 💡

Né le 1er février 1942, Terry Jones était le membre le moins flamboyant, mais souvent décrit comme la pierre angulaire de l’opération. Il était caractérisé par un grand enthousiasme et une volonté constante de maintenir le groupe.

L’une de ses préoccupations majeures était de trouver un nouveau format pour les épisodes. C’est lui qui développa largement le style du courant de conscience, abandonnant les séparations formelles pour aller vers un enchaînement fluide des gags. Il souhaitait également éviter les trucs éculés (séquences en accéléré, musique trop insistante) et s’impliqua grandement dans la réalisation des épisodes.

Il fut impliqué dans la mise en scène des trois films majeurs des Python, parvenant à avoir le contrôle complet de ces projets en tant que réalisateur. Il introduisit un format visuel qui donnait de l’espace aux personnages (par exemple en filmant de longs dialogues dans un décor large).

En tant qu’acteur, ses parodies de femmes d’âge mûr parlant d’une voix suraigüe sont les plus frappantes. Son humour, souvent en collaboration avec Palin, était conceptuel, basé sur l’absurdité du scénario (comme le concours de résumé de Proust en 15 secondes).

Jones est décédé le 21 janvier 2020, souffrant de démence.

Michael Palin (né en 1943) : Le « Gentil » et Maître des Transformations 😇

Né le 5 mai 1943, Michael Palin est affectueusement surnommé « le gentil » de la troupe. Il a rencontré Jones à Oxford, son partenaire d’écriture.

Leurs sketchs (Palin/Jones) partaient d’une situation ordinaire avant d’introduire soudainement un élément inattendu, comme les cardinaux de l’Inquisition espagnole ou M. Creosote (l’homme obèse qui explose). Leur méthode d’écriture aboutissait à des contributions moins décousues que les autres, créant des situations bizarres et hilarantes dont ils faisaient le tour complet.

Palin était le Python avec lequel John Cleese aimait le plus travailler. Le contraste entre les agressions folles de Cleese et l’innocence de Palin était une des marques de la série.

Après les Python, Palin a gagné une popularité considérable au Royaume-Uni grâce à ses nombreux documentaires de voyage pour la BBC, tels que Du pôle Nord au Sud et Le Tour du monde en quatre-vingts jours. Il a également joué dans plusieurs films de Terry Gilliam (Brazil, Bandits, bandits) et avec John Cleese (Un poisson nommé Wanda, Créatures féroces).

Héritage, Retrouvailles et Philanthropie 🤝🌍

Projets Post-Python et Collaborations 📽️

Après la dissolution du Flying Circus et la réalisation des quatre longs-métrages, chaque membre a poursuivi des projets solo, collaborant fréquemment. Des films tels que Brazil (réalisé par Gilliam, avec Palin), Un poisson nommé Wanda (avec Cleese et Palin), et Les Aventures du baron de Münchausen (par Gilliam, avec Idle) ont connu un grand succès.

Les membres survivants se sont retrouvés occasionnellement, notamment en 1998 pour l’événement Live At Aspen. En 2009, un documentaire a retracé leur histoire en six épisodes : Monty Python, toute la vérité ou presque.

Les Spectacles d’Adieu 🎤 Farewell

En 2013, les cinq Python survivants ont annoncé la tenue d’un ultime spectacle, officialisé lors d’une conférence de presse au Palace Theatre de Londres le 21 novembre.

Ce spectacle, intitulé Monty Python Live (Mostly) : One Down, Five To Go (« un mort, cinq suivront »), se composait de 10 représentations à l’O2 Arena de Londres en juillet 2014. Ils y ont joué leurs meilleurs sketchs, entrecoupés de gags vidéo de Graham Chapman.

Le succès fut immédiat : les 20 000 billets de la première représentation se sont vendus en 45 secondes, et toutes les représentations affichèrent complet. La dernière représentation, le 20 juillet 2014, fut diffusée dans le monde entier. Les sources mentionnent que l’organisation de ce spectacle s’expliquait en partie par d’importants problèmes financiers du groupe.

Engagement Caritatif : Amnesty International 🎗️

Séparément ou ensemble, les Monty Python ont participé à de nombreux galas de bienfaisance, soutenant notamment les efforts d’Amnesty International en faveur des droits de l’homme.

Entre 1976 et 1981, le groupe a contribué à quatre galas de bienfaisance pour Amnesty, connus sous le nom de The Secret Policeman’s Balls. Ces spectacles ont généré de multiples films, enregistrements et albums.

Cet engagement a non seulement apporté une contribution financière significative à Amnesty, mais a aussi sensibilisé le public aux problèmes des droits de l’homme et encouragé d’autres personnalités du spectacle à s’impliquer politiquement et socialement.

L’organisation Amnesty International a reconnu que ce show avait grandement aidé l’association à se faire connaître aux États-Unis.

Deux des six Python — Cleese, le créateur du spectacle, et Jones — ont travaillé (comme interprète, auteur ou directeur) dans les quatre représentations. Palin a participé à trois, Chapman à deux et Gilliam à un seul. Eric Idle n’a participé à aucun de ces spectacles.

Des musiciens reconnus, tels que Bono, Bob Geldof et Sting, ont publiquement reconnu avoir été influencés par les Python.

Conclusion : L’Héritage Durable

L’œuvre des Monty Python, née de l’alliance accidentelle de six esprits créatifs, reste un pilier de l’humour moderne. Leur capacité à rejeter les conventions télévisuelles et cinématographiques, à l’instar des ruptures narratives et du recours aux animations surréalistes de Terry Gilliam, a défini un nouveau genre comique. Qu’il s’agisse de la frustration verbale de John Cleese et Graham Chapman, des mondes fantaisistes de Michael Palin et Terry Jones, ou de l’esprit musical d’Eric Idle, la troupe a su créer un univers dont l’écho résonne encore fortement, garantissant que leur « Flying Circus » ne sera jamais oublié.