Jack l’Éventreur : Le Mythe Implacable de Whitechapel Victorien 🔪🏙️
Introduction : L’Ombre Inconnue de l’East End
Jack l’Éventreur, ou « Jack the Ripper » en anglais, n’est pas seulement le surnom d’un tueur en série tristement célèbre ; il est devenu un véritable mythe moderne. Agissant dans le district londonien de Whitechapel en 1888, son identité demeure à ce jour un mystère insondable. L’affaire a donné lieu à d’innombrables hypothèses, inspirant une multitude d’œuvres à travers les genres.
Le nom même de Jack l’Éventreur est apparu pour la première fois dans la mystérieuse lettre « Dear Boss », reçue en septembre 1888 par une agence de presse. Son auteur s’y accusait des meurtres, signant de ce désormais célèbre pseudonyme. La large couverture médiatique de cette lettre, et de l’affaire en général, fut sans précédent et assura au tueur une notoriété durable, bien au-delà des frontières britanniques.
Les Meurtres Canoniques : Une Signature Terrifiante 🩸
Bien que des rumeurs persistantes aient lié plusieurs assassinats à Whitechapel en septembre et octobre 1888, seuls cinq sont communément attribués à Jack l’Éventreur. Ces meurtres, qualifiés de « canoniques » en raison de leurs similitudes frappantes, ont ciblé des femmes vulnérables, principalement des prostituées des bas-fonds de Londres.
Les cinq victimes canoniques sont :
- Mary Ann Nichols 🥀
- Annie Chapman 🥀
- Elizabeth Stride 🥀
- Catherine Eddowes 🥀
- Mary Jane Kelly 🥀
Le modus operandi du tueur était d’une brutalité choquante : les victimes avaient la gorge tranchée, suivie de mutilations abdominales. L’extirpation d’organes internes chez au moins trois victimes a suggéré une certaine maîtrise de notions d’anatomie ou de chirurgie. Cette hypothèse fut renforcée lorsqu’un membre du Whitechapel Vigilance Committee reçut, en octobre 1888, la sinistre lettre « From Hell » accompagnée de la moitié d’un rein, potentiellement celui d’une des victimes.
Il est important de noter que l’idée des « cinq canoniques » est principalement soutenue par l’analyse de documents contemporains qui établissent ce lien, tout en excluant d’autres meurtres de la même période. Melville Macnaghten, chef du département d’enquêtes criminelles de Scotland Yard en 1894, a affirmé que « l’assassin de Whitechapel tua 5 victimes — et seulement 5 victimes ». Le médecin légiste de la police, Thomas Bond, a également relié ces cinq meurtres dans une lettre de novembre 1888.
Cependant, cette classification n’est pas universellement acceptée par les spécialistes modernes. Certains chercheurs, comme Stewart P. Evans et Donald Rumbelow, estiment que seuls trois meurtres – ceux de Nichols, Chapman et Eddowes – peuvent être liés avec certitude. D’autres soutiennent que tous les meurtres survenus entre ceux de Martha Tabram et Mary Jane Kelly pourraient être l’œuvre d’un seul tueur.
Le Contexte de Whitechapel : Un Creuset de Misère et de Tensions Sociales 🏚️🤝
Pour comprendre l’affaire Jack l’Éventreur, il est essentiel de se plonger dans le contexte socio-économique de Whitechapel à la fin du XIXe siècle. La Grande-Bretagne connaissait alors un afflux migratoire important, notamment d’Irlandais, qui a gonflé la population des grandes villes, en particulier l’East End de Londres.
À partir de 1882, cette zone a également vu l’arrivée de nombreux Juifs fuyant les pogroms d’Europe de l’Ouest et de Russie tsariste, cherchant refuge dans les mêmes quartiers britanniques. Le district de Whitechapel est ainsi devenu terriblement surpeuplé.
Dans ce milieu, les conditions de logement et de travail se sont drastiquement détériorées. Le vol, la violence et l’alcoolisme sont devenus monnaie courante. Au sein de cette classe économique défavorisée, la prostitution était souvent la seule voie pour de nombreuses femmes pour assurer leur survie. En octobre 1888, le Metropolitan Police Service (MPS) estimait que Whitechapel comptait 62 lupanars et plus de 1 200 femmes pratiquant la prostitution.
Les difficultés économiques ont alimenté des troubles sociaux croissants, avec de nombreuses interventions policières lors d’émeutes entre 1886 et 1889, comme le Bloody Sunday du 13 novembre 1887. Le quartier était perçu par l’opinion publique comme un foyer d’immoralité, en raison de l’antisémitisme, de la criminalité, du nativisme et du racisme ambiants. Les meurtres de Jack l’Éventreur ont, en 1888, tragiquement confirmé cette perception, recevant une couverture médiatique sans précédent.
Les Victimes de Whitechapel : Au-delà des Cinq Canoniques 🕵️♀️
Le nombre élevé d’agressions contre des femmes dans l’East End à cette période rend difficile d’établir avec certitude combien de personnes furent assassinées par un seul tueur. Le Metropolitan Police Service (MPS) a enquêté sur onze meurtres commis entre le 3 avril 1888 et le 13 février 1891, regroupés dans un dossier intitulé « Whitechapel murders ».
Les Premiers Meurtres non Canoniques
Avant les cinq canoniques, deux meurtres ont marqué l’East End mais ne sont généralement pas attribués à Jack l’Éventreur par la majorité des spécialistes:
- Emma Elizabeth Smith (3 avril 1888) : Enlevée et agressée sexuellement sur Osborn Street. Un objet contondant lui fut introduit dans le vagin, entraînant une péritonite et son décès le lendemain. Elle a déclaré avoir été agressée par deux ou trois hommes. La presse l’a initialement liée aux meurtres ultérieurs, mais de nombreux auteurs modernes y voient plutôt le résultat d’une rivalité entre bandes criminelles.
- Martha Tabram (7 août 1888) : Assassinée de 39 coups de couteau près des George Yard Buildings. La brutalité, l’absence de motif et la proximité géographique et temporelle avec les autres meurtres ont incité la police à les relier. Cependant, la méthode (poignardée plutôt que la gorge tranchée et abdomen éventré) pousse de nombreux experts à l’exclure de la liste des victimes de l’Éventreur.
Les Cinq Victimes Canoniques en Détail 🔍
Les meurtres canoniques sont ceux qui ont défini la signature de Jack l’Éventreur :
- Mary Ann Nichols (vendredi 31 août 1888) : Son corps fut découvert sur Buck’s Row, la gorge tranchée de deux coups de couteau et une profonde blessure irrégulière à l’abdomen, accompagnée de plusieurs incisions. Aucun organe ne manquait.
- Annie Chapman (samedi 8 septembre 1888) : Son corps fut trouvé près du 29 Hanbury Street, l’abdomen complètement ouvert, et l’utérus avait été retiré. Un témoin aurait vu Chapman avec un homme à l’apparence « distinguée et minable ».
- Elizabeth Stride (dimanche 30 septembre 1888) : Découverte dans une cour près de Berner Street. Sa gorge présentait une coupe franche qui avait sectionné la carotide gauche. Son abdomen ne présentait aucune mutilation, possiblement parce que le tueur fut dérangé. Des témoignages la décrivant avec un homme étaient incohérents.
- Catherine Eddowes (dimanche 30 septembre 1888) : Découverte à Mitre Square, moins d’une heure après Stride. Sa gorge était tranchée et l’abdomen ouvert par une longue et profonde coupure. Le rein gauche et une grande partie de l’utérus avaient été retirés, et son visage fut mutilé. Un fragment de son tablier ensanglanté fut trouvé sur Goulston Street, près d’un graffiti qui semblait faire référence à un juif ou des juifs. Le chef de la police Charles Warren ordonna d’effacer ce graffiti de crainte d’émeutes antisémites. Stride et Eddowes sont souvent désignées comme le « double événement ».
- Mary Jane Kelly (vendredi 9 novembre 1888) : Le corps de Kelly fut découvert sur le lit de sa chambre au 13 Miller’s Court. La gorge avait été tranchée jusqu’à la colonne vertébrale, l’abdomen presque entièrement éviscéré, son visage sévèrement entaillé, et le cœur avait été retiré. C’est la victime dont les mutilations furent les plus sévères.
Tous ces cinq meurtres furent exécutés de nuit, et la sévérité des mutilations s’est accentuée d’une agression à l’autre, à l’exception de Stride.
Meurtres Subséquents à Whitechapel 🔚
Après Mary Jane Kelly, qui serait la dernière victime de Jack l’Éventreur (sa disparition étant liée à sa mort, son emprisonnement, son internement ou son émigration), le district de Whitechapel fut le théâtre de quatre autres meurtres inclus dans le dossier des « Whitechapel murders »:
- Rose Mylett (20 décembre 1888) : Étranglée, son corps découvert à Poplar. La police a d’abord pensé à une mort accidentelle ou un suicide, mais le jury a conclu au meurtre.
- Alice McKenzie (17 juillet 1889) : Décédée d’une section de la carotide. Le médecin légiste Thomas Bond a attribué ce meurtre à l’Éventreur, mais George Bagster Phillips, ayant examiné des victimes précédentes, s’y est opposé, suggérant qu’il pouvait s’agir d’une tentative d’imitation pour égarer la police.
- Le « torse de Pinchin Street » (10 septembre 1889) : Une partie de corps féminin sans tête ni jambes, trouvée sous un viaduc ferroviaire. Le meurtre aurait eu lieu ailleurs, et les membres dispersés.
- Frances Coles (13 février 1891) : Assassinée sous un viaduc ferroviaire. Sa gorge fut tranchée, mais son corps ne fut pas mutilé. James Thomas Sadler fut arrêté et même soupçonné d’être Jack l’Éventreur, mais fut relâché faute de preuves.
Autres Victimes Présumées et Cas Connexes 🗺️
L’ampleur de la notoriété de Jack l’Éventreur a conduit à l’attribution de nombreuses autres agressions à son compte, bien que les preuves soient souvent faibles ou inexistantes.
- « Fairy Fay » (26 décembre 1887) : Une prétendue victime morte après qu’un pieu lui fut planté dans l’abdomen. Cependant, aucun meurtre de ce type ne fut rapporté ce jour-là à Whitechapel, et il pourrait s’agir d’une confusion journalistique ou d’une invention.
- Annie Millwood (25 février 1888) : Admis à l’infirmerie avec des coups de couteau aux jambes et à l’abdomen, elle décéda de causes naturelles le 31 mars 1888. Des rumeurs la désignent comme une première victime, mais les indices ne confirment pas.
- Ada Wilson (28 mars 1888) : Aurait survécu à deux coups de couteau au cou.
- Annie Farmer (21 novembre 1888) : Une coupure superficielle au cou, potentiellement auto-infligée.
- Le « torse de Whitehall » (2 octobre 1888) : Le torse nu d’une femme fut découvert dans la cave des Norman Shaw Buildings sur la rue Whitehall, avec d’autres parties du corps repêchées de la Tamise. Ce meurtre, attribué à un « tueur aux torses », pourrait être lié au cas de Pinchin Street. Bien que les mutilations aient une ressemblance lointaine avec celles de l’Éventreur, le mode opératoire du « tueur aux torses » est différent, et la police a rejeté tout lien à l’époque.
- Elizabeth Jackson (juin 1889) : Une prostituée dont les parties du corps furent repêchées de la Tamise, également suspectée d’être une victime du tueur aux torses.
- John Gill (29 décembre 1888) : Un garçon de sept ans assassiné à Manningham, dont les blessures (jambes tranchées, abdomen ouvert, cœur et oreille retirés) ont fait dire à la presse que cela ressemblait au meurtre de Mary Jane Kelly.
- Carrie Brown (24 avril 1891) : Surnommée « Shakespeare », étranglée et mutilée à New York. L’affaire fut reliée aux meurtres de Whitechapel à l’époque, mais le MPS rejeta l’hypothèse.
Les Enquêtes : Un Défi pour la Police Victorienne 🚓🕵️♂️
Les dossiers encore disponibles sur les meurtres de Whitechapel offrent un aperçu précieux des méthodes d’enquête policière de l’époque victorienne. La police a inspecté un grand nombre de logements, recueilli des matériaux pour les médecins légistes et dressé des listes de suspects. Plus de 2 000 personnes furent interrogées, et 80 furent emprisonnées.
Le Criminal Investigation Department (CID) de la division Whitechapel, sous la supervision de l’inspecteur-détective Edmund Reid, fut initialement en charge. Après le meurtre de Mary Ann Nichols, des renforts de Scotland Yard, dont l’inspecteur en chef Frederick Abberline, furent dépêchés. Après le meurtre de Catherine Eddowes dans la Cité de Londres, la City of London Police s’est également impliquée. Cependant, la supervision globale fut compliquée par l’absence du nouveau responsable du CID, Robert Anderson, en congé en Suisse durant les assassinats de Chapman, Stride et Eddowes. Le chef de la police Charles Warren nomma finalement l’inspecteur en chef Donald Swanson pour superviser l’ensemble des enquêtes depuis Scotland Yard.
Face à l’insatisfaction du public et les maigres résultats, des citoyens de l’East End formèrent le Whitechapel Vigilance Committee. Ces membres patrouillaient les rues, offraient des récompenses pour des informations et embauchaient leurs propres détectives.
Parmi les premiers suspects, on retrouvait des bouchers, des assommeurs, des chirurgiens et des médecins, en raison de la nature des mutilations. Les alibis de 76 bouchers et assommeurs de la Cité de Londres furent vérifiés, et l’enquête s’étendit à tous leurs employés. Certains pensaient que le coupable pouvait être lié aux navires transportant du bétail accostant aux docks de Whitechapel, mais cette piste ne mena à rien de concluant.
Le Profilage Criminel : Une Première Ébauche 🧠🔎
À la fin d’octobre 1888, Robert Anderson demanda au médecin légiste de la police, le Dr Thomas Bond, d’émettre un avis sur les techniques et connaissances chirurgicales de l’assassin. Cette évaluation de la personnalité de « l’assassin de Whitechapel » est considérée comme le plus ancien document connu de profilage criminel.
L’analyse de Bond s’est basée sur son examen de Mary Jane Kelly, la victime la plus mutilée, et sur les notes d’autopsie des quatre autres victimes canoniques. Il a conclu que « Il ne fait aucun doute que les cinq assassinats sont de la même main ». Il a noté que les gorges semblaient avoir été tranchées de gauche à droite, et que les victimes devaient être étendues lors de l’assassinat.
Bond s’est cependant fermement opposé à l’idée que l’assassin possédait des notions scientifiques ou anatomiques approfondies, ou même « les connaissances techniques d’un boucher ou d’un assommeur de chevaux ». Selon son opinion, le meurtrier était un homme solitaire sujet à des « crises périodiques de manie meurtrière et érotique », les mutilations suggérant qu’il souffrait d’« hypersexualité ».
Bien qu’aucun indice ne suggère de relation sexuelle avec les victimes, des psychologues ont interprété la pénétration avec un couteau et l’exposition des corps dans des positions dégradantes comme des signes de plaisir sexuel. Cette interprétation est néanmoins rejetée par d’autres auteurs.
Les Suspects : Une Liste Sans Fin 🤯❓
La liste des suspects dans l’affaire Jack l’Éventreur s’est allongée au fil des années pour inclure pratiquement toute personne impliquée de près ou de loin, ainsi que de nombreuses personnalités qui n’ont jamais été considérées par la police de l’époque. Il n’existe aucun consensus parmi les spécialistes, et le nombre de suspects dépasse la centaine.
- Certains spécialistes ont conclu que Jack l’Éventreur occupait un emploi stable et vivait à proximité des lieux des crimes, car les meurtres survenaient souvent près des week-ends et des jours fériés et à quelques rues les uns des autres.
- D’autres ont suggéré un homme éduqué issu d’une classe sociale aisée, peut-être un médecin ou un aristocrate, qui s’aventurait dans Whitechapel mais résidait dans un quartier plus riche. Ces théories reflétaient souvent une méfiance envers les professions médicales, la science moderne, ou l’exploitation des pauvres par les riches.
Le mémorandum de Melville Macnaghten de 1894, par exemple, liste trois suspects de l’époque, mais les preuves étaient au mieux circonstancielles. L’impossibilité d’identifier le tueur aujourd’hui tient en partie au fait que toute personne ayant vécu à cette époque est décédée, permettant aux auteurs contemporains d’accuser qui bon leur semble sans preuve historique.
Les Lettres : Entre Horreur et Canular ✉️🤡
À l’époque des meurtres, la police, les journaux et d’autres institutions ont reçu des centaines de lettres prétendument liées à l’affaire. La plupart étaient sans valeur, mais quelques-unes provenaient de personnes bien intentionnées offrant des conseils .
Trois lettres se distinguent particulièrement et sont devenues célèbres:
- La lettre « Dear Boss » (datée du 25 septembre, oblitérée le 27 septembre 1888) : Reçue par la Central News Agency et transmise à Scotland Yard. La police l’a d’abord considérée comme une plaisanterie. Cependant, lorsque le corps de Catherine Eddowes fut découvert avec une oreille partiellement coupée, et que la lettre promettait de « couper les oreilles de la femme », les enquêteurs y prêtèrent plus d’attention. C’est dans cette lettre que le surnom « Jack the Ripper » apparaît pour la première fois, propulsant le nom et l’affaire sur la scène internationale.
- La carte postale « Saucy Jacky » (oblitérée le 1er octobre 1888) : L’écriture manuscrite ressemblait à celle de la lettre « Dear Boss ». Elle faisait allusion à un « événement double cette fois-ci », potentiellement les meurtres d’Elizabeth Stride et Catherine Eddowes. Bien que certains aient cru qu’elle avait été postée avant que les meurtres ne soient connus, elle fut oblitérée plus de 24 heures après, lorsque les détails étaient déjà publics.
- La lettre « From Hell » (reçue le 16 octobre 1888 par George Lusk, président du Whitechapel Vigilance Committee) : Son écriture et son style différaient des deux précédentes. Elle était accompagnée de la moitié d’un rein humain conservé dans de l’éthanol. L’auteur affirmait avoir « frit et mangé » l’autre moitié. Si certains pensaient que le rein provenait d’Eddowes, d’autres la considéraient comme une macabre farce.
Fait intéressant, la police elle-même a fini par suspecter que la lettre « Dear Boss » et la carte postale « Saucy Jacky » étaient des canulars journalistiques. Le chef de la police Charles Warren a même écrit : « Je pense que toute cette affaire est un canular ». Des journalistes, comme George Robert Sims, ont implicitement suggéré que les écrits étaient rédigés pour « propulser dans la stratosphère le tirage d’un journal ». Plus tard, la police aurait identifié un journaliste comme l’auteur des deux écrits, et en 1931, un journaliste nommé Fred Best a confessé les avoir rédigés pour « maintenir les affaires à flot ».
La Couverture Médiatique : Naissance du Sensationnalisme Criminel 📰🌐
Les meurtres de Whitechapel ont marqué un tournant majeur dans le journalisme criminel. Bien que Jack l’Éventreur ne soit pas le premier tueur en série, il est le premier à avoir bénéficié d’une couverture médiatique internationale et intensive. Les réformes fiscales britanniques des années 1850 avaient favorisé l’émergence de médias écrits bon marché, permettant une diffusion massive. Des périodiques comme The Illustrated Police News ont largement profité de l’engouement du public pour l’affaire, assurant une publicité sans précédent.
Initialement, le tueur était surnommé « Tablier de cuir » (« Leather Apron ») par la presse. Des descriptions fantaisistes de ce personnage ont circulé, menant à l’arrestation de John Pizer, un juif polonais et cordonnier du quartier également surnommé « Tablier de cuir ». Cependant, Pizer fut rapidement relâché après que ses alibis furent confirmés.
Après la publication de la lettre « Dear Boss », l’expression « Jack l’Éventreur » a supplanté « Tablier de cuir » dans les médias et l’esprit du public. Le prénom « Jack » était déjà associé à un agresseur folklorique, « Jack Talons-à-Ressort », qui sautait et s’enfuyait rapidement après ses agressions. Ce surnom a eu une influence durable, inspirant d’autres tueurs en série à être affublés de sobriquets similaires, tels que l’Éventreur du Yorkshire ou l’Éventreur mexicain.
Postérité : Un Héritage Sombre et Fascinant 👻📚
La nature horrifique des meurtres et la condition misérable des victimes ont mis en lumière les aspects les plus sombres de l’East End londonien. L’affaire a attiré l’attention du public sur la surpopulation et le manque de salubrité des taudis, conduisant à des réformes et à la démolition des pires bidonvilles deux décennies plus tard. Aujourd’hui, les rues et quelques bâtiments de l’époque subsistent, et le quartier exploite la légende à travers des visites touristiques.
Jack l’Éventreur est devenu un véritable croque-mitaine, souvent décrit comme un spectre ou un monstre. Sa représentation a évolué au fil du temps :
- Dans les années 1920-1930, les films le montraient en tenue de tous les jours, avec un secret intérieur, agressant des victimes sans méfiance.
- Dans les années 1960, il est devenu un « symbole d’une aristocratie pillarde », souvent vêtu d’un haut-de-forme, personnifiant l’exploitation des pauvres par les riches.
- La littérature d’horreur a intégré ses traits, lui empruntant des symboles comme la cape de Dracula ou la collecte d’organes de Victor Frankenstein.
L’affaire Jack l’Éventreur a donné naissance au terme « ripperology » (éventrologie), forgé par Colin Wilson dans les années 1970. Ce champ d’études interdisciplinaire attire aussi bien des experts que des amateurs, avec des périodiques dédiés publiant des recherches.
Malgré sa notoriété, Jack l’Éventreur ne figure pas à la Chambre des horreurs de Madame Tussauds, car son identité est inconnue ; il y est seulement représenté comme une ombre. En 2006, un sondage du magazine BBC History a même désigné Jack l’Éventreur comme le « pire Britannique » des 1 000 dernières années.
Les Défis de l’Analyse Moderne 🧪🔬
Les articles sensationnalistes et l’échec de sa capture ont considérablement entravé les analyses savantes, créant une légende qui obscurcit les faits. Les tentatives d’identifier le tueur sont compliquées par la contradiction et le manque de fiabilité des documents de l’époque, ainsi que par le manque de matériel médico-légal. Les analyses génétiques des lettres subsistantes n’ont pas été concluantes, car les matériaux ont souvent été trop manipulés et contaminés pour donner des résultats utiles.
Jack l’Éventreur dans la Culture Populaire 🎬🎮🎶
Le personnage de Jack l’Éventreur a transcendé l’histoire pour devenir une figure omniprésente dans la culture populaire. Il apparaît dans des centaines d’œuvres de fiction, ainsi que des ouvrages mêlant faits et fiction, tels que de prétendues lettres ou journaux intimes. Le tueur est mentionné ou dépeint dans :
- Des romans et nouvelles 📚
- Des bandes dessinées 🦸♂️
- Des jeux 🎮
- Des chansons 🎵
- Des pièces de théâtre et opéras 🎭
- Des séries télévisées 📺
- Des films 🎬
En anglais, plus de 100 ouvrages non-fictionnels sont consacrés à l’assassin et à ses crimes, faisant de lui l’un des tueurs les plus étudiés de l’histoire. L’univers fictif de Jack l’Éventreur peut puiser dans divers genres, allant du roman policier à la Sherlock Holmes au cinéma d’horreur érotique japonais.