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Jacques Brel : Le Grand Jacques 🎙️, Génie de la Chanson Française et Révolutionnaire de la Scène
Jacques Brel (né le 8 avril 1929 à Schaerbeek et décédé le 9 octobre 1978 à Bobigny) était un auteur-compositeur-interprète, poète, acteur et réalisateur belge. Considéré universellement comme l’un des plus grands interprètes que la chanson française ait jamais portés, Brel a laissé derrière lui une œuvre monumentale, riche de drames et de passions.
Sa carrière, marquée par une intensité scénique inégalée, fut relativement courte, puisqu’il choisit d’abandonner le tour de chant en 1966, au sommet de sa popularité. Après avoir quitté la scène, il se consacra au cinéma et à la réalisation, avant de s’exiler volontairement dans les îles Marquises.
Avec plus de 25 millions d’albums vendus à l’international, Jacques Brel est une icône dont l’influence a largement dépassé les frontières francophones. Ses chansons ont inspiré de nombreux artistes anglophones contemporains, tels que David Bowie, Leonard Cohen et Scott Walker. De grandes figures américaines, comme Ray Charles, Nina Simone et Frank Sinatra, ont enregistré des traductions de ses œuvres aux États-Unis.
Ⅰ. Jeunesse, Famille et Aspirations Brûlantes (1929–1953) 👨⚕️
A. Une Enfance Bourgeoise et un Profond Ennui
Jacques Romain Georges Brel est né à Schaerbeek, en Belgique. Il était issu d’une famille catholique d’industriels. Son père, Romain Jérôme Brel, était un Flamand francophone de Zandvoorde, et sa mère, Elisa Lambertine, surnommée « Lisette » Van Adorp, était bruxelloise.
Enfant, le futur artiste n’accordait que peu d’intérêt à l’école, manifestant un goût pour les cours de français et de dessin. Il fréquenta le collège catholique l’institut Saint-Louis et fut également membre des scouts, une activité qu’il n’appréciait pas. Élève turbulent et rêveur, il dut doubler ses classes de sixième et de quatrième, avant d’être finalement renvoyé du collège en décembre 1946, à l’âge de 17 ans.
Brel décrivait son enfance comme « morose » et « trop tranquille », insistant sur le fait qu’il ne s’y passait « jamais rien ». Il se sentait seul, parlant parfois au plafond de sa chambre, et se voyait très différent du reste de sa famille. C’est ce sentiment d’ennui et d’isolement, ainsi que la perception de ses parents comme étant « très âgés », qui lui inspireront plus tard la chanson Les Vieux.
B. Le Rejet des Valeurs Matérielles
Dès son plus jeune âge, Brel confiait qu’il ne partageait pas les valeurs de sa famille, notamment celles liées à l’argent. Il déclara avoir été élevé dans l’argent et avoir été témoin des « saloperies qu’il fallait faire pour en avoir », insistant sur le fait que « L’argent ne [lui] a jamais donné de bonheur ».
Bien qu’il fût musicien autodidacte, il apprit le piano en observant sa mère jouer. Ses premières compositions virent le jour sur cet instrument familial. Il était déjà un grand lecteur, rédigeant de longs poèmes et des nouvelles dès l’âge de 15 ans, après avoir dévoré les œuvres de Jules Verne et de Jack London.
À 16 ans, il acquit sa première guitare grâce à l’argent gagné lors de divers petits boulots, notamment à l’église. Il rejoignit ensuite la Franche Cordée, un mouvement de jeunesse catholique mixte, où il fonda une troupe de théâtre. Il écrivait et jouait lui-même les pièces et les chansons pour cette troupe.
C. La Cartonnerie et le Choix Artistique
Après avoir effectué son service militaire en 1948, et sans diplôme lui garantissant un avenir, son père le fit entrer dans l’entreprise familiale de cartonnerie, « Vanneste & Brel ». De 1947 à 1953, Jacques y fut affecté au service commercial, un travail pour lequel il n’éprouvait aucun goût. Il résumera plus tard cette période en disant : « Mon père m’a encartonné ».
Face à l’ennui mortel que représentait pour lui un avenir assuré dans l’industrie familiale, il envisagea sérieusement de se reconvertir. Ses idées variaient : éleveur de poules, cordonnier, ou auteur-compositeur. Il choisit la dernière voie, se mettant à écrire partout et tout le temps. Il était d’ailleurs un grand amateur de musique classique, citant Maurice Ravel et Franz Schubert parmi ses compositeurs préférés.
D. Mariage et Débuts Bruxellois
Le 1er juin 1950, Jacques Brel épousa Thérèse Michielsen, surnommée « Miche », une secrétaire qu’il avait rencontrée trois ans plus tôt à la Franche Cordée. Le 6 décembre 1951 naquit leur première fille, Chantal.
Parallèlement à son travail à la cartonnerie et à sa vie de famille, Brel commença à chanter le soir, dès 1950, dans des cabarets de l’« îlot sacré » à Bruxelles. Pour ne pas embarrasser son père, qui désapprouvait ses activités artistiques, il utilisa le pseudonyme de Jacques Bérel. Dès cette époque, il faisait preuve de cette puissance lyrique (dans les textes et l’interprétation) qui déplaisait à sa famille, laquelle tenta, sans succès, de le dissuader de poursuivre dans cette voie.
C’est en fréquentant les cabarets belges qu’il fit la connaissance de Barbara, avec qui il établit une relation d’amitié indéfectible et pleine de complicité. Trois ans après la mort de Brel, en 1981, Barbara joua La Valse de Franz, composée par Brel, dans tous ses spectacles. Brel, qui disait d’elle : « Barbara, c’est une fille bien. Elle a un grain, mais un beau grain. On est un peu amoureux, comme ça, depuis longtemps », l’encouragea à écrire ses propres chansons.
Ⅱ. L’Ascension Difficile à Paris (1953–1959) 🇫🇷
A. La Découverte par Jacques Canetti
Le véritable tournant survint en 1953. Une journaliste belge qu’il avait rencontrée lors d’une audition en 1952, Angèle Guller, envoya, à son insu, un disque maquette 78 tours à Paris. Le destinataire était Jacques Canetti, célèbre découvreur de talents, directeur artistique de Philips et propriétaire du théâtre Les Trois Baudets. Séduit par le contenu du disque, Canetti appela Jacques Brel dans la nuit du 1er juin 1953 pour le rencontrer immédiatement.
Alors que sa deuxième fille, France, naissait le 12 juillet 1953, Brel quitta Bruxelles seul pour s’installer à Paris, logeant dans une petite chambre inconfortable de l’hôtel Stevens à Pigalle. Si sa mère le soutint financièrement et moralement par des lettres, son père, n’approuvant pas ce choix, l’avertit qu’il ne lui verserait plus de salaire et qu’il ne pourrait jamais réintégrer l’entreprise familiale. Malgré cette réticence, Jacques parvint à convaincre son père de l’autoriser à utiliser son vrai nom de famille.
B. Des Débuts Scéniques Rudes
En arrivant à Paris, Brel avait initialement l’ambition de percer en tant qu’auteur-compositeur, et non en tant qu’interprète. Cependant, faute de trouver des chanteurs pour reprendre ses œuvres, il fut contraint de les interpréter lui-même.
Canetti lui permit de débuter aux Trois Baudets en septembre 1953, en première partie du spectacle de Marcel Mouloudji. En 1954, il participa à la revue Cinémassacre aux côtés de Boris Vian et Jean Yanne. Malgré la maigreur de son cachet d’artiste débutant, chanter aux Trois Baudets, et dans les tournées organisées par Canetti, lui garantissait de pouvoir chanter tous les soirs, de tester ses chansons et de gagner sa vie.
Ses premiers pas sur scène furent marqués par la maladresse et le trac, le laissant devant un public indifférent. En 1968, il reconnaîtra lui-même : « Au début, j’étais pas incompris. J’étais mauvais. ».
Les conditions de travail étaient souvent pénibles. Lors de son premier passage à l’Olympia en « lever de rideau » (quand les spectateurs entrent et s’installent), il n’avait pas de loge et devait se changer derrière le bar. Malgré ses difficultés, Bruno Coquatrix le remarqua et le félicita, mais Brel n’était pas encore prêt pour les grandes salles.
C. Les Premiers Signes de Reconnaissance
Brel continuait de se heurter aux difficultés, notamment à cause de son physique : « encombré qu’il est de ses longs bras, de son grand corps maladroit ». Cependant, une première avancée notable se produisit en 1954, lorsqu’il rencontra le chef d’orchestre Jacques Hélian à Bruxelles. Hélian ajouta l’une des premières chansons de Brel, Il peut pleuvoir, au répertoire de son orchestre, permettant à la France d’entendre pour la première fois parler du « Grand Jacques ».
En janvier 1955, Brel fit ses débuts dans la célèbre salle bruxelloise l’Ancienne Belgique, en avant-programme de Bobbejaan Schoepen. Canetti continua de l’envoyer en tournée, le programmant souvent en vedette américaine pour des artistes comme Philippe Clay, Dario Moreno, et Catherine Sauvage, qui devint sa maîtresse.
En 1955, sa femme et ses deux fillettes le rejoignirent en France, et la famille s’installa à Montreuil. C’est aussi cette année-là qu’il publia son premier 33 tours et rencontra Georges Pasquier, qui deviendrait son régisseur, son chauffeur, son factotum, et surtout son meilleur ami. Brel lui dédiera la chanson Jojo sur son dernier album Les Marquises.
Durant cette période, encore imprégné de son éducation catholique et du scoutisme, il chantait pour des organisations chrétiennes, ce qui lui valut le surnom de « L’abbé Brel » donné par Georges Brassens.
Ⅲ. L’Ère de la Consécration (1956–1966) ⭐
A. Les Collaborations Musicales Fondamentales
Entre 1954 et 1965, Brel continua ses tournées en France et à l’étranger, souvent programmé avec des artistes reconnus comme Sidney Bechet et Catherine Sauvage.
L’année 1956 fut décisive avec la rencontre du pianiste François Rauber, qui devint son arrangeur musical, puis l’orchestrateur qui l’accompagnera tout au long de sa carrière de chanteur. C’est également en 1956 que survint son premier grand succès public : Quand on n’a que l’amour.
En 1957, Rauber fut temporairement remplacé par un autre étudiant du conservatoire, Gérard Jouannest, qui composera les musiques de trente-cinq des chansons de Brel. Jouannest devint l’accompagnateur exclusif de Brel sur scène, tandis que Rauber, revenu après l’obtention de son diplôme, resta le principal orchestrateur. Les deux musiciens maintinrent leur fidélité à Brel et à son œuvre bien après sa mort.
B. Le Triomphe Scénique et l’Apogée Créative
Grâce à un travail incessant, Brel parvint à trouver son style unique et son public, connaissant enfin le succès lors de ses galas. Il était connu pour refuser catégoriquement de céder à la tradition du rappel, qu’il jugeait démagogique.
La reconnaissance officielle arriva rapidement :
- En 1957, son second 33 tours remporta le grand prix de l’académie Charles-Cros.
- Fin 1958, Brel triompha à l’Olympia, programmé en première partie. C’est aussi l’année de naissance de sa troisième fille, Isabelle.
- En 1959, il fut tête d’affiche à Bobino, où il créa deux de ses chefs-d’œuvre : La Valse à mille temps et Ne me quitte pas (cette dernière ayant été écrite, selon elle, pour l’actrice Suzanne Gabriello, sa maîtresse de 1955 à 1961).
Dès lors, le rythme des tournées devint « infernal », Brel donnant souvent plus de concerts qu’il n’y avait de jours dans l’année.
En 1960, il s’installa dans une maison sur la plage de Cabbé, au Golfe bleu (entre Monaco et le Cap Martin), où il vécut jusqu’en 1970. C’est là qu’il composa notamment La Fanette et l’inoubliable Amsterdam.
C. L’Évolution Dramatique et Commerciale
En mars 1962, Brel quitta la maison de disques Philips pour Barclay. Il signera d’ailleurs avec cette dernière un contrat exceptionnel de trente ans en 1972. Il enregistra Le Plat Pays, un hommage à sa Flandre natale.
Ses créations se firent de plus en plus dramatiques, surtout après la mort de son père, suivie de près par celle de sa mère, toutes deux en 1964. Ce deuil inspira La Fanette, Au suivant, Amsterdam et l’utilisation de la chanson Les Vieux, écrite en référence à ses parents.
En 1966, au sommet de son art, Brel sortit l’album Ces gens-là, qui devint une pierre angulaire de son œuvre, incluant des classiques comme Jef, La Chanson de Jacky, Le Tango funèbre, Fernand, et Mathilde.
D. La Décision d’Abandonner la Scène
Jacques Brel était très exigeant avec lui-même en matière d’authenticité et de spontanéité sur scène.
C’est lors d’un concert à Laon, au début de l’été 1966, qu’un incident le poussa à prendre la décision irrévocable d’arrêter les prestations scéniques. Alors qu’il interprétait Les Vieux, il s’aperçut qu’il avait doublé machinalement un couplet. Il refusa dès lors de « tricher » face à son public.
Il honora ses derniers contrats pendant plus d’un an, faisant ses adieux « officiels » à l’Olympia le 6 octobre 1966. À la fin du récital, il revint saluer le public debout (près de 2000 spectateurs) à sept reprises, sous les cris de « Ne nous quitte pas ». Son tout dernier récital eut lieu à Roubaix le 16 mai 1967.
Notons qu’en 1967, il fut berné par Paul Touvier, un individu à qui il avait autorisé l’utilisation d’un de ses thèmes musicaux pour un disque éducatif.
Ⅳ. Nouvelles Carrières : Cinéma et Aviation (1967–1974) 🎬✈️
A. La Reconversion Cinématographique
Même s’il abandonna la scène, Brel ne resta pas inactif. Durant l’été 1967, il tourna dans son premier long métrage, Les Risques du métier d’André Cayatte, qui fut un succès public.
Bien qu’il ait délaissé les concerts, il continua à enregistrer des albums :
- Jacques Brel 67 (incluant La Chanson des vieux amants et Le Cheval, dans laquelle il évoque les critiques moqueuses sur son allure dégingandée et ses « dents de cheval hennissant »).
- J’arrive (1968, avec des chansons phares filmées en studio, telles que Vesoul (avec Marcel Azzola à l’accordéon), L’Éclusier, et Regarde bien petit).
En octobre 1968, il se lança dans le théâtre musical en créant, au théâtre royal de la Monnaie à Bruxelles, la version francophone de L’Homme de la Mancha. Il y interpréta le rôle de Don Quichotte, avant que le spectacle ne soit repris à Paris en décembre avec Robert Manuel (après le décès soudain de son partenaire Dario Moreno).
Brel multiplia les rôles au cinéma, apparaissant dans Mon oncle Benjamin (1969), pour lequel il composa la musique avec François Rauber. L’actrice Claude Jade se souvint de Brel comme d’un homme « cordial, sympathique, ouvert et attentionné aux autres ».
Il réalisa également deux de ses propres films :
- Franz (1971), où il partagea l’affiche avec son amie Barbara.
- Le Far West (1973), qui fut malheureusement un échec commercial et critique.
Son dernier rôle au cinéma fut celui du dépressif François Pignon, face au tueur à gages (Lino Ventura) dans le film L’Emmerdeur d’Édouard Molinaro.
B. L’Héritage International et les Traductions
Malgré le fait que la plupart de ses chansons étaient enregistrées en français, le succès de Brel fut retentissant aux États-Unis et au Royaume-Uni.
Ses chansons furent traduites en anglais et enregistrées par des artistes majeurs :
- David Bowie (Amsterdam, My Death).
- Scott Walker (Amsterdam, Mathilde).
- Nina Simone et Frank Sinatra.
- La comédie musicale américaine Jacques Brel Is Alive and Well and Living in Paris (avec des traductions de Mort Shuman) fut jouée avec succès dans le monde entier, et adaptée au cinéma en 1974.
Brel se disait par ailleurs chanteur flamand de langue française. Il enregistra d’ailleurs quelques-unes de ses chansons en néerlandais, notamment Marieke (dont une partie des paroles originales est déjà en néerlandais), Mijn vlakke land (Le Plat Pays), et De burgerij (Les Bourgeois).
C. La Passion pour l’Aéronautique
Les nombreux allers-retours entre Biarritz et Charleville, nécessités par son emploi du temps en 1964, l’amenèrent à prendre goût à l’aviation après que son imprésario eut loué un petit avion.
Il devint pilote privé en passant son brevet le 28 juin 1965, puis devint pilote qualifié IFR (vol aux instruments) le 17 avril 1970, après dix semaines de formation.
Il acheta successivement plusieurs avions. En novembre 1976, il fit l’acquisition d’un bimoteur Beechcraft Twin Bonanza D 50, immatriculé F-ODBU. Il le baptisa « JoJo » en hommage à son grand ami Georges Pasquier, décédé en 1974.
Ⅴ. Maladie, Exil et Les Marquises (1974–1978) 🏝️
A. Le Départ en Mer et le Diagnostic du Cancer
Suite à l’échec de son film Le Far West, Brel mit un terme à sa carrière cinématographique en 1973. Il avait entre-temps développé une nouvelle passion, la voile.
Le 8 février 1974, il acheta un ketch, l’Askoy, et obtint son brevet de « capitaine au grand cabotage » le 1er juillet.
Le 24 juillet 1974, il quitta Anvers à bord de l’Askoy II, accompagné de sa fille France (21 ans) et de sa nouvelle compagne, l’actrice et danseuse Maddly Bamy (rencontrée lors du tournage de L’aventure c’est l’aventure). Le projet était un tour du monde de trois ans.
Ce voyage fut interrompu prématurément lors d’une escale aux îles Canaries. Victime d’une violente douleur à la poitrine, les médecins lui diagnostiquèrent un cancer du poumon gauche. Ce cancer était causé par son importante consommation de tabac (il fumait trois paquets de cigarettes par jour). Brel subit une ablation du lobe supérieur du poumon gauche à Bruxelles, puis retourna aux Canaries pour reprendre sa croisière en décembre 1974.
B. Le Refuge des Marquises
Lors d’une escale aux îles Marquises (Polynésie française), Jacques Brel, diminué par la maladie, abandonna définitivement son projet de tour du monde. Il prit la décision de se retirer dans cet archipel, précisément sur l’île de Hiva-Oa, un lieu où personne ne le connaissait.
En 1976, il revendit l’Askoy. Son avion, le bimoteur « JoJo » (le Beechcraft Twin Bonanza), lui fut acheté par Maddly Bamy. Brel utilisa cet avion comme avion-taxi pour la communauté marquisienne, assurant notamment des évacuations sanitaires vers Papeete, situé à 1430 kilomètres de Hiva-Oa (un vol d’environ cinq heures).
C. L’Ultime Album
Malgré la maladie, Brel revint à Paris en 1977 pour enregistrer son dernier 33 tours. L’album, intitulé Les Marquises, parut le 17 novembre 1977, rencontrant un succès phénoménal avec un record d’un million de précommandes.
Il y laissa son testament spirituel et poétique, avec la chanson homonyme Les Marquises, qui se conclut sur ces vers iconiques :
« Veux-tu que je te dise / Gémir n’est pas de mise / Aux Marquises. »
Il retourna aux Marquises après l’enregistrement.
Ⅵ. Mort, Héritage et Vie Privée 💔
A. Fin de Vie et Disparition
En juillet 1978, un cancérologue, Lucien Israël, lui diagnostiqua une récidive du cancer du poumon lors d’un passage à Tahiti. Brel fut ramené en France métropolitaine pour y être soigné à l’hôpital Avicenne de Bobigny, dans le service du docteur Israël.
Bien que son état se fût amélioré temporairement, Jacques Brel fut ramené à Avicenne depuis Genève deux jours avant son décès par son ami pilote Jean Liardon.
Il mourut le 9 octobre 1978, à l’âge de 49 ans, des suites d’une embolie pulmonaire massive, dans la chambre 305 de l’hôpital Avicenne.
Il est inhumé au cimetière du Calvaire d’Atuona, sur l’île de Hiva-Oa, aux îles Marquises. Sa tombe se trouve non loin de celle du peintre Paul Gauguin.
B. La Controverse de la Tombe et la Postérité
Sa sépulture fut l’objet d’un différend entre sa famille et sa dernière compagne, Maddly Bamy. En 1978, Maddly Bamy fit apposer sur la pierre tombale l’effigie de leurs deux visages.
Vingt ans plus tard, en 1998, la fondation Brel remplaça les portraits par l’inscription d’un poème et les noms de sa femme et de ses enfants. Alertée, Maddly Bamy revint sur l’île, entama une action en justice qu’elle remporta, obtenant le droit de remettre leurs portraits sur la tombe.
Malgré les controverses, l’héritage de Brel est immense :
- Sa fille France créa en 1981 la fondation Jacques-Brel à Bruxelles, dédiée à la diffusion de son œuvre et au soutien de la recherche contre le cancer et à l’aide à l’enfance hospitalisée.
- En décembre 2005, Jacques Brel fut élu « plus grand Belge » par le public de la RTBF.
- Cinq chansons inédites de 1977, que Brel lui-même jugeait inabouties, furent finalement publiées en 2008, malgré l’opposition initiale de ses fidèles musiciens, Rauber et Jouannest.
C. Vie Personnelle et Relations Intenses
Jacques Brel épousa Thérèse Michielsen, dite Miche, en 1950. Le couple n’a jamais divorcé et a eu trois filles : Chantal (1951–1999), France (née en 1953) et Isabelle (née en 1958).
Avec l’accès à la notoriété, Miche accepta que le chanteur vive ses nombreuses aventures extraconjugales. Ses maîtresses notables furent :
- Suzanne Gabriello (1955 à 1961), pour qui il écrivit Ne me quitte pas.
- Catherine Sauvage (brièvement, au début des tournées).
- Sylvie Rivet (entre 1961 et 1970), attachée de presse de Philips qui renonça à son métier à sa demande.
- L’actrice Annie Girardot (le temps d’un tournage).
- Danièle Évenou (pour une brève période).
Sa dernière compagne fut l’actrice Maddly Bamy, rencontrée en décembre 1971 sur le tournage de L’aventure c’est l’aventure. Elle aussi renonça à sa carrière pour partager la vie de Brel jusqu’à sa mort en 1978. Maddly Bamy l’accompagna notamment lors de son exil aux Marquises.
Ⅶ. Le Répertoire Brel : Synthèse des Œuvres Clés 🎵
L’œuvre de Jacques Brel est reconnue pour sa profondeur poétique, son énergie et son exploration des thèmes universels tels que l’amour, la mort, l’ennui et la Flandre.
A. Chansons Emblématiques
Parmi les titres incontournables qui ont marqué la carrière de Brel et établi son statut d’icône, on retrouve :
- Quand on n’a que l’amour (Son premier grand succès public)
- Ne me quitte pas
- La Valse à mille temps
- Amsterdam
- Les Vieux
- Le Plat Pays (Hymne à la Flandre, qu’il a également chanté en néerlandais, Mijn vlakke land)
- Mathilde
- La Chanson des vieux amants
- Vesoul
- Jef
- Ces gens-là (Titre de l’album majeur de 1966)
- J’arrive
- Les Marquises (Titre de son dernier album)
B. Brel et le Néerlandais
Né à Schaerbeek et se disant chanteur flamand de langue française, Brel a enregistré plusieurs de ses chansons en néerlandais. Les traductions sont principalement dues à Ernst van Altena.
Exemples de chansons adaptées :
- De apen (Les singes) (1961)
- Marieke (1961)
- Laat me niet alleen (Ne me quitte pas) (1961)
- Mijn vlakke land (Le Plat Pays) (1962)
- De burgerij (Les Bourgeois) (1962)
